En ce monde, nous n'échappons jamais à la peine, au chagrin et à la souffrance. Les plaisirs vont et viennent d'un vol léger, mais le chagrin et la souffrance de la vie elle-même demeurent près de nous en permanence. Si nous pouvions voir et comprendre l'origine de la douleur partout présente dans le monde – non seulement des afflictions de la vie quotidienne, mais aussi de celles qui résultent d'actes collectifs, comme les guerres – nous cesserions de la produire. Nous avons supposé que toutes ces souffrances étaient dues à des causes extérieures – à un ou plusieurs êtres de caractère supérieur, ou à des lois universelles qui nous échappent – mais jamais à nous-mêmes. Et comme nous n’avons jamais intégré l’idée que nous étions, d’une manière ou d’une autre, liés à la genèse des souffrances que nous endurons, nous continuons d'en chercher le remède à l’extérieur. Aucune des religions qui n'ont jamais existé à la surface de la terre, aucun des succès que les sciences ont pu (ou pourraient) remporter, ne nous donnera jamais cette connaissance, car la cause de la douleur ne nous est pas extérieure : elle réside en chacun de nous. Chacun, en effet, a en lui le pouvoir de produire de la souffrance et, aussi bien, celui de la faire cesser.

La sagesse des âges explique la cause de la souffrance. Elle enseigne que chaque être est esprit ; que le pouvoir de l’esprit ne peut être limité, bien que nous le restreignions, du fait que nous lui supposons des limites ; que l'esprit immuable dans le cœur de tout être se trouve derrière chaque forme, qu'il est la cause et le soutien de toutes les formes ; que l'esprit est la force qui sous-tend l'évolution, et aussi celle qui régit et relie entre elles toutes choses, à quelque degré qu'elles appartiennent ; que chaque être n'est que le résultat d'un épanouissement qui se déploie de l'intérieur vers l'extérieur – en fait, d'un désir d'expression de plus en plus grande. Mais nous qui, à la différence des règnes inférieurs, avons atteint le niveau actuel de la soi-conscience, nous disposons maintenant du pouvoir du choix, avec la possibilité de puiser à cette source intarissable de notre être, et d’y parvenir pendant que nous vivons dans un corps mortel soumis à des changements incessants.

Le désir, sous un angle limité, en rapport avec la personnalité, est la cause de tout péché, de toute peine et toute souffrance. Un tel désir a pour fondement la pensée égoïste ; ce n'est pas ce que désirent les autres : il ne répond à aucune autre impulsion que la sienne. Ce sont les désirs insatisfaits qui nous blessent. Mais les désirs satisfaits nous rendent-ils heureux ? Jamais, car, dès qu'ils ont atteint leur fin, voici que surgit un nouveau désir, de quelque chose d'autre, de plus grand. C'est ainsi que, pleins de désirs contradictoires, nous vivons aux crochets les uns des autres, en étant la proie les uns des autres, en nous dévorant et nous blessant les uns les autres, de toutes les manières imaginables. Mais tout cela n'a pas lieu d'être. Ce ne fut jamais le projet initial – le mode de développement prévu pour l'homme à l'origine. Le désir n'est jamais une nécessité. Nous nous infligeons nous-mêmes tous nos malheurs. C'est ce pouvoir inhérent même de l'esprit qui nous a plongés en eux, et nous y maintient.

La détresse, l'affliction et la souffrance ont cependant leur propre mission. En général, c'est seulement le malheur que nous nous attirons qui nous amène à cesser de mal agir, à faire le point, à nous demander et discerner ce qu'il convient de faire. C'est par le biais de nos erreurs que nous apprenons à distinguer entre le bien et le mal : dans la perception de cette différence, il y a toute l'histoire du progrès humain. Nous devons devenir capables de dire à quoi tient cette différence. C'est uniquement par les « opposés » – en comprenant leur nature et en les utilisant – que les êtres, à tous les niveaux, peuvent progresser. Il faut toujours qu'il y ait dualité dans la nature. Tous les êtres humains sont Un en esprit, et doubles dans leur expression. Il y a toujours l’acteur et ce sur quoi il agit. Et toujours les deux opposés – Purusha, l’esprit, et Prakriti, la matière – qui ne sont pas séparés, mais constituent les deux aspects d’une seule et même chose. Aucune perception n’est possible sans cette dualité. Il nous faut d’abord expérimenter les ténèbres pour pouvoir percevoir la lumière, et il en va de même pour les opposés que sont plaisir et douleur. Sans la souffrance, nous ne pourrions comprendre le plaisir, et l'inverse est vrai aussi. Ce qui sous-tend tout progrès de l’intelligence, du degré le plus bas au plus élevé, c'est la perception que tire l'« acteur » de « ce sur quoi il agit ».

Dans la nature, la loi régit toute chose sur la base de la dualité. Nous l’appelons la loi de périodicité, mais celle-ci n’est que l’expression de Karma, de l’action et de la réaction. Ce que nous appelons lois des éléments renvoie en fait aux perceptions des actions et réactions des divers degrés d'intelligence. Ce que nous appelons nos saisons, et les cycles relatifs au temps ou aux individus, tout cela est soumis à cette loi – celle de la réaction à une action précédemment accomplie. Les personnes qui forment une nation sont des êtres qui ont vécu ensemble à d’autres époques : leurs actions collectives leur ont amené des réactions collectives identiques. Chacune de nos pensées a son retour d'impression, et, de même, chacun de nos sentiments entraîne ses propres effets en retour. Tout cela réagit sur nous, en nous revenant appauvri, ou enrichi. Ainsi, en songeant à ce pouvoir inhérent en nous de produire toutes sortes d'effets, nous sommes en mesure de comprendre la puissance des idées fausses et erronées. Nous pouvons arriver à entretenir ces idées interminablement, par l'effet de cette loi de retour d'impression, et ainsi souffrir continuellement de leurs réactions. Tout le pouvoir de l'esprit employé dans une mauvaise direction, en ignorant notre propre nature, et celle des êtres en général, est à la source de toutes sortes de souffrances.

Nul ne peut nous arrêter dans notre voie erronée, aussi longtemps que nous entretenons stupidement des idées fausses. Nous avons déterminé notre évolution, par l'effet des lois que nous avons mises en œuvre – de l’action et de la réaction en nous-mêmes – et de nulle autre manière. C’est une erreur de penser que le bien nous vient de l’extérieur. Il ne le fait jamais. Quel que soit le bien ou le mal récolté, c'est la moisson de ce que nous avons semé, de toutes les manières et dans toutes les circonstances. Il n’existe aucune exception. Nous sommes en quête de « justice », et nous l’obtenons en fait selon nos propres pensées et actions. Car il ne faut pas oublier que le plan de l’action est la pensée elle-même ; autrement dit : les idées. L'action résulte simplement de la concrétisation de la pensée. Aussi est-il essentiel pour nous de jeter au panier les choses sans valeur que nous considérons comme des idées valables. Notre « mental » apparaît, en général, comme constitué d'un tas d'idées que quelqu'un nous a communiquées. Nous acceptons les idées de notre race humaine des gens qui nous entourent, de tel « isme » ou de telle « ologie », et nous appelons cela notre mental, alors qu'en réalité nous n'avons aucun mental qui soit nôtre. Le mental c'est le pouvoir de recevoir et de rejeter. Ce que nous recevons et ce que nous rejetons dépend de nous – de notre ignorance ou de notre sagesse. Il n'est rien d'extérieur que nous devions apprendre, mais tout se situe à l'intérieur. La tâche qui nous incombe est de comprendre notre propre nature.

Si un grand nombre de personnes dans ce monde parvenaient à comprendre leur propre nature, et exerçaient ainsi leurs pouvoirs spirituels inhérents pour le bénéfice de leurs semblables, on verrait en peu de temps la détresse du monde régresser d'une manière tout à fait prodigieuse. Comme il a été dit jadis, un peu de levain suffit à faire lever toute la pâte. Et l’un de nos Instructeurs a déclaré : « Donnez-moi cinq cents hommes et femmes bons, honnêtes, sincères et dévoués, et je changerai le monde ». Notre succès ne dépend d’aucune forme d’évolution physique, ni d’aucune espèce de progrès scientifique. Ce ne sont que des moyens et non des fins en soi, mais si nous connaissions seulement nos propres pouvoirs réels, nous pourrions les exploiter à un point dont on n'a encore aucune idée. Nous devons élever la civilisation du monde à un niveau supérieur à tout autre dans le passé, et nous y parviendrons finalement, mais cela ne se fera pas avant que les hommes aient compris ce qu'est leur propre nature et se soient mis à agir en conséquence. Nous pouvons continuer indéfiniment à penser et à agir comme à présent mais, tant que nous le ferons, il y aura toujours péché, chagrin et souffrance. Jamais ils ne cesseront, pas plus que les guerres, les maladies, les épidémies, les tornades, les cyclones et les tremblements de terre – car toutes ces choses proviennent de l’erreur humaine.

Il n’y aura jamais pour nous de rachat des péchés. Nous devons assumer la récolte de ce que nous avons semé. Reconnaissant que nous sommes responsables de nos propres conditions de vie, nous devons, de notre mieux, faire les corrections nécessaires. Ce réajustement n'est possible que si nous assumons notre propre héritage spirituel (au lieu de croire que nous sommes ces pauvres corps qui naissent, vivent un temps, puis meurent) et si nous accomplissons notre devoir dans tous les domaines, dans la mesure des opportunités qui nous sont offertes. Car nous ne pouvons pas seuls faire notre salut. Nous ne pouvons vivre seuls, ni progresser seuls. Nous ne pouvons pas nous élever au point de laisser en arrière le reste des hommes, mais nous devons les aider tous, quel que soit notre niveau, en progressant nous-mêmes encore et encore, afin de devenir plus aptes à aider et à instruire les autres. Jésus était ce qu’il était parce qu’il l’était devenu. Le Bouddha était ce qu’il était parce qu’il l’était devenu. Il y avait eu un temps où ils étaient des mortels, pécheurs et ignorants comme nous. Mais ils ont reconnu un jour le véritable sentier et l'ont suivi, comme devront le faire tous les êtres dans l'avenir.

Tant que nous pensons que nous sommes des entités physiques et nous laissons guider par tel ou tel désir, nous retardons l’échéance de ce réajustement et souffrons des causes que nous avons mises en œuvre. Tandis que si nous commençons à remplacer nos idées erronées par des idées correctes, pour fonder sur elles notre pensée et notre action, le cerveau vient à se clarifier et devient perméable à l’immense connaissance de l’homme intérieur, laquelle n’est pas encore enregistrée dans ce cerveau à cause du mauvais entraînement que nous lui avons imposé. Nous devons faire de lui un bon conducteur pour la connaissance spirituelle.

Si nous possédions la véritable connaissance, aurions-nous des désirs ? Rechercherions-nous telle ou telle chose dans le monde physique et y consacrerions-nous le meilleur de notre énergie ? Non. Nous saurions, en outre, que quoi qu'il puisse exister, ici ou là, dans l'univers, rien ne saurait arrêter le progrès tracé pour nous dans un sens spirituel. Nous saurions également que rien ne peut nous faire de mal, rien ne peut nous dérouter. Nous aurions confiance dans la loi de notre propre nature spirituelle, en ne cherchant à faire que tout le bien possible : rien pour nous-mêmes, mais tout pour le service d’autrui, sous toutes ses formes éventuelles. Nous serions alors en accord avec la nature de l’ensemble ; et ainsi, la nature et l’énergie de tous les êtres nous emporteraient dans le courant que ne peut arrêter aucun obstacle. Connaîtrions-nous l'affliction ? Jamais, car nous serions en train de réaliser le vrai projet de l'esprit et de l'âme, en aidant toutes les autres âmes sur le chemin, dans la mesure des opportunités qui nous seraient offertes. Dans cette voie, il n'y a pas de tension, ni de lutte : il suffit de saisir les occasions fournies par les effets de nos actions passées. Le mal qui nous arrive, eh bien ! c'est à nous de le corriger, de le compenser. De même, le bien qui nous échoit, c'est aussi le résultat de nos propres actions. Ainsi, nous pouvons prendre le bon et en jouir, et affronter le mal sans avoir peur, trembler ou résister aucunement, pour essayer de l’éviter.

La seule douleur que connaissent les Instructeurs ou les Maîtres de Sagesse, c’est de voir les hommes s’engouffrer perpétuellement dans le péché, la détresse et la souffrance sans qu’Ils puissent les en empêcher. Un jour, on demanda à l’un d’Eux : « Comment se fait-il qu’avec votre grande connaissance et vos pouvoirs, vous n'arriviez pas à faire penser les hommes comme ils devraient ? » Il répondit : « L’âme humaine n’est pas ainsi faite. Elle doit discerner et agir par elle-même ». L'action, en effet, procède de l’intérieur vers l’extérieur, et le pouvoir vient avec l’action. Nul ne peut nous sauver que nous-mêmes.

Il est absolument impossible de comprendre ou d'expliquer la nature d'un être quelconque si ce n'est par l'Évolution, qui constitue toujours un épanouissement de l'intérieur vers l'extérieur, une expression de l'esprit, ou de la conscience, par l'entremise de l'intelligence acquise. C'est la volonté de l'Esprit en action qui a produit tout ce qui existe.

Si nous comprenons qu'une volonté intelligente sous-tend tout ce qui existe, est la cause de tout ce qui est, opère comme le Créateur dans l'univers, nous serons peut-être capables de nous faire une idée de ce qu'il nous faudrait connaître pour pouvoir utiliser nos facultés d'une manière convenable.

Nous avons tous la position de créateurs au milieu de leurs créations. Aux degrés inférieurs de l'intelligence, il y a aussi des créateurs. Nous avons un statut différent, notre vision est plus large, et plus vaste notre fonds d'expérience ; ainsi nous pouvons concevoir qu'en dessous de nous, infiniment plus bas, existent des êtres si petits qu'une multitude d'entre eux pourraient tenir sur la pointe d'une aiguille. Et cependant, les savants qui les ont observés dans de nombreuses conditions ne peuvent dénier à ces organismes infinitésimaux une certaine forme d'intelligence, une aptitude à rechercher ce qui leur convient et à éviter ce qu'ils n'aiment pas. Depuis ce plus petit point concevable de perception et d'action, il y a une gamme toujours croissante d'expression, d'évolution, un développement qui se déploie sans cesse vers une plus large expression d'existence. Cette évolution de l'intelligence, ou de l'âme, procède très lentement dans les règnes inférieurs, plus rapidement dans le règne animal, pour atteindre chez l'homme le stade où l'être sait lui-même qu'il existe, qu'il est conscient, qu'il peut comprendre, dans une certaine mesure, sa propre nature et celle des êtres moins évolués que lui, et discerner les relations qui les unissent.

L'homme a maintenant gagné un niveau où il commence à se demander ce qui lui resterait encore à connaître. Il a cessé de ne se préoccuper que des choses matérielles ; il perçoit sa propre nature, et s'interroge : « Qui suis-je ? D'où suis-je venu, où vais-je ? »

Si nous avons ces pensées, nous pouvons concevoir qu'il y a eu nécessairement dans le passé des hommes qui se sont posé les mêmes questions que nous aujourd'hui, et qui ont fait la démarche qui les a amenés à un niveau d'expérience et de connaissance supérieur à celui qui est le nôtre actuellement. Ce sont ces mêmes êtres, aujourd'hui plus évolués que nous, qui forment comme une strate de conscience, de connaissance et de pouvoir, (à laquelle nous n'accédons pas) mais qui jadis sont passés par les stades que nous connaissons maintenant. Ce sont de tels hommes précisément qui viennent de temps en temps sur cette terre comme des Sauveurs.

En tant que chrétiens, nous gardons le souvenir d'un tel Être apparu jadis, et nous Le considérons comme unique. Pourtant II n'est venu en Son temps que dans une petite nation ; Lui-même a dit qu'Il n'était venu que pour les Juifs. Mais, ne savons-nous pas que toutes les civilisations, jusqu'à la moindre tribu connue dans l'Histoire, ont conservé la mémoire d'un événement similaire ‒ l'apparition en leur sein de quelque grand Personnage ?

Toutes les religions qui n’ont jamais existé, ont gardé ainsi la trace, ou la tradition, de l'intervention d'un grand Personnage. Et, en étudiant les Écritures et enseignements d'époques révolues, on constate avec étonnement que chacun de ces grands Instructeurs répandait les mêmes doctrines. Il n'y a pas de différence entre les enseignements de Jésus et ceux du Bouddha, même s'ils sont transcrits dans des langues différentes, et si un intervalle de six cents ans sépare ces deux grands Instructeurs. Ce qui est valable pour ces deux personnages l'est également pour tous les autres nombreux Sauveurs, à diverses époques et dans les différentes nations : ils enseignèrent tous les mêmes idées fondamentales.

Cela donne à penser qu'il existe un groupe d'Hommes, élevés à un niveau de perfection ‒ produits de civilisations passées, et d'une évolution antérieure ‒ qui sont, en fait, nos Frères Aînés, qui ont acquis la connaissance et l'expérience accumulées au cours d'immenses périodes de temps, et qui en restent les gardiens. Leur connaissance est effectivement la Science même de la Vie, car elle pénètre tous les domaines de l'existence, de la nature. Ils connaissent ce que sont et comment fonctionnent les êtres inférieurs à l'homme, ainsi que ceux qui les ont dépassés, tout comme nous connaissons les processus à l'œuvre dans notre vie quotidienne. Ils ont préservé et enregistré cette connaissance, et ils en gardent la mémoire, tout comme nous nous souvenons aujourd'hui des expériences et événements de la veille.

Ce n'est pas qu'ils ont développé leur pouvoir de connaissance : nous disposons tous du même pouvoir que le leur. Ils ont simplement développé et étendu la portée des instruments dont ils disposent. Ils ont amélioré ce qu'ils possédaient : ils ont de meilleurs cerveaux, de meilleurs corps. Comment les ont-ils acquis ? En remplissant tous les devoirs auxquels ils étaient confrontés, sans se soucier de ce qui en résulterait pour eux. Ils ne se préoccupèrent nullement de gagner connaissances et pouvoirs pour eux-mêmes : leur seule pensée fut d'acquérir des pouvoirs dont ils pourraient se servir pour le bien de toute créature vivante. Ce faisant, ils ont ouvert les portes au plein exercice du pouvoir de l'Esprit intérieur.

Nous faisons tout le contraire. Nous réduisons l'application du divin pouvoir de l'Esprit qui est en nous au champ ridiculement limité des désirs personnels et de l'égoïsme. Ne le comprenons-nous pas ? Ne voyons-nous pas que nous faisons nous-mêmes obstacle à l'utilisation de notre pouvoir intérieur en raison de la petitesse, de l'égoïsme et de la mesquinerie de nos pensées ?

Le grand travail de l'Évolution procède de l'intérieur vers l'extérieur. L'Âme est le Perceveur et contemple directement les idées (1) La volonté agit par l'entremise des idées qui lui impriment les directions. A idées mesquines, force minime ; à grandes idées, grande force ; cette Force elle-même est inimitable car c'est celle de l'Esprit, infini et inépuisable. Ce qui nous manque ce sont des idées universelles. Nous devons éveiller en nous le pouvoir de perception qui ouvrira pour nous tout le champ de l'être. Un cours d'eau ne peut pas remonter plus haut que sa source.

La nature de l'homme ne pourra jamais être comprise le moins du monde à l'aide des idées et des méthodes que suivent les psychologues et scientifiques modernes, et les religions populaires : elles se fondent toutes sur l'existence physique, et beaucoup d'entre elles sur la base d'une vie unique. En enregistrant toutes sortes d'expériences, sans disposer cependant d'une base solide sur laquelle arrimer la pensée, le raisonnement, on ne parvient jamais à aucune conclusion définitive, ni à aucune connaissance réelle de ce qu'est l'homme, ni des pouvoirs dont il peut faire preuve. Telle est l'utilisation moderne du pouvoir créateur, mais elle est limitée et incorrecte. Ceux qui agissent ainsi ont généralement un objectif égoïste pour base de leurs désirs, un projet qu'ils veulent réaliser pour eux-mêmes, un profit qu'ils envisagent pour eux-mêmes. Ce n'est pas la bonne méthode.

La Théosophie enseigne que lorsque le désir ou l'aspiration est d'une nature désintéressée, noble, universelle, la force qui circule par le canal de l'individu est d'un caractère élevé, noble et universel. Elle déclare, en outre, que chaque être humain possède en lui les mêmes éléments, les mêmes possibilités que tout autre, même que les êtres les plus nobles et les plus grands de notre monde, ou d'un système solaire quelconque. Cela donne à l'homme un statut bien différent de celui que lui accordent nos religions, notre science ou notre philosophie occidentale. Elles traitent toutes l'homme comme s'il était son corps ou son mental, comme s'il était la créature et non le créateur.

Le corps change ; nous changerons notre mental ; mais il y a en nous quelque chose qui ne change pas, qui ne dépend pas du changement, que ce soit du corps, du mental ou des circonstances, et qui est le créateur, le régent, l'expérimentateur de toutes les variétés de changement. C'est de cette partie de notre être ‒ l'Homme réel en nous ‒ que nous devons connaître la nature. Si nous pouvons atteindre un niveau de perception nous permettant de saisir la réalité de l'Esprit en nous, nous aurons gagné du même coup un accès à la connaissance de nous-mêmes ; et, avec une telle connaissance de nous-mêmes, viendra une pénétration de la nature de tous les autres êtres, quels qu'ils soient.

Les grands Instructeurs insistent sur le fait que la base réelle de la nature de l'homme est la Divinité, l'Esprit, Dieu. La Divinité n'est pas un autre être, différent, aussi grand soit-il. Ce n'est pas quelque chose d'extérieur. C'est ce qu'il y a de plus élevé en nous et en tous les êtres. C'est cela qu'il faut entendre par « Dieu », et tout ce qu'un homme peut savoir de cet Esprit c'est ce qu'il connaît en lui-même, de lui-même et par lui-même. Telle est l'idée que professaient tous les Anciens en déclarant qu'il n'y a qu'un Soi, et que nous devons percevoir ce Soi en toutes choses, et toutes choses dans le Soi. C'est ce que nous faisons tous, jusqu'à un certain point ; nous percevons le Soi, plus ou moins. Nous ne voyons rien qui soit extérieur à nous ; tout ce que nous percevons ou connaissons se trouve en nous. Mais nous pensons que le Soi intérieur est mortel, périssable, qu'il n'a pas d'existence en dehors de notre corps et de notre mental, et qu'il est séparé du Soi présent dans toutes les autres formes.

Si nous avions en nous et derrière nous tout le pouvoir qui réside dans l'univers, sans disposer de canaux où ce pouvoir pourrait circuler ‒ serait-ce même un canal étroit, sinueux ou distordu ‒ ce grand Pouvoir ne nous serait d'aucune utilité, il n'aurait aucune existence pour nous. Pour ouvrir ce canal, il nous faut comprendre sa base réelle : le Dieu intérieur, immortel et éternel, Source de tout être, de notre soi lui-même ; et réaliser ensuite que toute action procède de cette Source, de ce Centre de notre être et de tous les êtres.

Vient ensuite la question : qui a tout construit ? Comment cette évolution a-t-elle été produite ? Tous les êtres qui y sont impliqués constituent à la fois le monde et ses habitants ; tout ce qui existe est produit, évolué par le Soi ‒ c'est la création d'êtres spirituels agissant les uns avec les autres, ou par le canal des uns et des autres. Toute la force de l'évolution et tout le pouvoir qui la sous-tend, c'est la volonté humaine, en ce qui concerne l'humanité. Nous ne réalisons pas que chaque forme occupée par un être est composée de Vies, poursuivant chacune son évolution propre, en étant aidée, mise en mouvement, ou entravée, par l'énergie d'une forme de conscience plus élevée qui l'a évoluée. Car cet Univers est de la Conscience incorporée, ou de l'Esprit incorporé. Et de même qu'une seule goutte d'eau contient en elle tous les éléments et caractéristiques de l'océan tout entier, chaque être, aussi rudimentaire que soit son intelligence, contient les potentialités et les possibilités du plus élevé. La volonté de l'Esprit en action a tout produit.

Le grand Message de la Théosophie a fourni à toute personne intéressée le moyen de connaître la vérité à propos d'elle-même et de la nature. Tout comme Ils l'ont fait autrefois, les Frères Aînés ont donné à nouveau ce Message aujourd'hui. Tout ce dont l'Humanité a besoin a été mis à notre portée. Mais peut-on donner à quiconque ne veut pas recevoir ? Peut-on faire entrer dans le mental de quelqu'un ce que ce mental ne veut pas accepter ?

Ce qu'il nous faut avoir c'est un mental ouvert, un cœur pur, un intellect aiguisé, une vision spirituelle sans voiles, pour qu'il y ait le moindre espoir pour nous. Tant que nous sommes préoccupés de nous-mêmes, satisfaits de ce que nous savons et de ce que nous possédons, ce grand Message n'est pas pour nous. Il est destiné à ceux qui sont affamés, fatigués, assoiffés de connaissance, à ceux qui constatent l'indigence absolue de ce qui nous a été présenté comme connaissance par ceux qui se déclarent nos instructeurs ; il est pour ceux qui ne trouvent nulle part d'explications aux mystères qui nous entourent, qui ne savent pas qui ils sont, qui ne se comprennent pas. Pour eux, il y a une voie et pour eux de la nourriture en abondance. C'est pour eux que ce Mouvement est soutenu par une Volonté unique, la Volonté des Frères Aînés, qui ont apporté ces grandes vérités éternelles, contre vents et marées, afin que l'humanité puisse en bénéficier ; Ils n'attendent aucune récompense, aucune reconnaissance. Ils désirent uniquement que Leurs semblables, Leurs frères plus jeunes, puissent savoir, et comprendre ce qu’Ils savent.

Robert Crosbie
© Textes Théosophiques – Cahier Théosophique n°183.

Note (1) Voir Patanjali, Aphorismes du Yoga, Livre II, verset 20 : « L'âme est le Perceveur : elle est assurément la vision elle-même, pure et simple, non modifiée, et elle perçoit directement les idées ».

« Il y a deux sortes d’êtres dans le monde, l'une divisible, l'autre indivisible ; la divisible comprend toutes les choses et toutes les créatures, l’indivisible est appelée Kûtastha - qui se tient imperturbable sur la hauteur. Mais il existe un autre esprit appelé l’Esprit Suprême - Paramâtma - qui pénètre et soutient les trois mondes. » (Bhagavad-Gîtâ, XV, 16-17).

Quand on considère ces déclarations, on a aussitôt tendance à faire mentalement une séparation, ou une division ; mais, pour comprendre un tant soit peu la nature, pour nous comprendre un peu nous-mêmes, nous n'avons pas à le faire. Le divisible et l'indivisible, ainsi que l'Esprit suprême, existent tous à la fois dans chaque être. Les « trois mondes » existent dans la nature de l'homme en tant qu'être. L'homme « visible et invisible », est l'Homme, « divisible et indivisible ». Il existe différentes classes d'êtres visibles, comme d'êtres invisibles, mais tout ce que nous pouvons connaître de ces classes, doit venir d'une perception que nous en avons en nous-mêmes. Pour cette perception, aussi élevée soit-elle, il n'y a pas de limites d'aucune sorte : elle peut accéder aux confins ultimes de l'espace. Le pouvoir de perception en chacun est l'Esprit Suprême.

Lorsque nous regardons un être humain avec nos yeux physiques, nous ne pouvons en voir que la forme ; quand nous écoutons parler un être humain, nous ne sommes capables de comprendre que les sons que nous entendons, ou les idées communiquées par les mots. Nous ne pouvons dire précisément ce qu’est un être humain, ce que sont ses possibilités, ou la connaissance qui est la sienne simplement en le regardant ou en l’entendant parler. Il nous est possible de connaître telle ou telle assertion, ou les diverses circonstances qui nous ont mis en contact ; nous pouvons enrichir nos idées de ces contacts, mais connaître quelqu’un à fond, radicalement, cela n’est pas donné à un simple penseur physique. Il y a ainsi dans l'être humain ce qui est invisible - ce pouvoir de perception et d’expression dont nous ne captons qu’une partie. Cette partie invisible de l’homme n’a jamais été sondée, bien qu’elle existe en chacun, et que d'elle tout le visible ait surgi.

L’Esprit est invisible, mais peut-on imaginer un lieu où l'Esprit ne soit pas ? L’Esprit est partout, et en tout, il est la cause et le soutien de tout ce qui fut, est ou sera jamais. L’Esprit n’est pas extérieur à nous, c’est le même Esprit qui est présent en toute chose ; quelles que soient les différences que nous puissions percevoir chez les autres, elles ne concernent pas l’Esprit, mais le champ de notre perception. Tous nos pouvoirs ont pour base cette Nature Spirituelle Unique. Les limitations qui touchent le pouvoir d’expression ne nous sont pas imposées par une quelconque force extérieure, mais par nous-mêmes, par les idées que nous entretenons. Notre champ de perception est régi par les idées que nous avons sur nous-mêmes, sur notre nature et la vie qui nous entoure. Ces conceptions qui gouvernent notre vie physique et notre mental sont en fait les limitations qui sont en nous-mêmes ; cependant, quel que soit leur niveau ou leur diversité, leur permanence même repose sur l’Esprit, et chacune provient de perceptions de l’Esprit. La vérité et l’erreur procèdent toutes deux de perceptions de l’Esprit, et elles sont l'une et l'autre soutenues par le pouvoir même de l’Esprit. Les idées gouvernent les actes et, en tant qu'idées, elles ont, comme les actions, leur cycle de retour, si bien que nous créons un cercle vicieux où nous nous retrouvons enfermés, par le seul fait que nous nous identifions constamment avec telle ou telle condition. Pourtant ce pouvoir d’identification provient lui-même de l’Esprit.

Seul l’homme visible - son corps, son instrument physique - croît de bas en haut. Le corps physique n’est que l’enveloppe de l’homme, constituée de matière terrestre venant des trois règnes inférieurs - minéral, végétal et animal - et il se renouvelle constamment, de jour en jour, il s’use aussi au fil des jours. L’homme est, en lui-même, le pouvoir et l'entité invisible qui habite le corps, qui est la cause de la façon dont il se construit et se développe à partir de formes inférieures de conscience. L’homme réel transcende toute forme physique. Du point de vue physique, l’homme véritable est absolument invisible. Il est celui qui agit. Aucune forme ne peut le limiter, aucune ne peut, de quelque façon réelle, le contenir. N'importe quelle forme est susceptible de lui servir de foyer d'action, et peut être effectivement utilisée.

Selon l'Enseignement Réel, l'homme, en tant qu'être spirituel, descend du plan de la spiritualité ou de la soi-conscience spirituelle, étape par étape, en passant par tous les stades de condensation de la matière ; il rencontre la marée montante des formes des règnes inférieurs, et lorsque la plus perfectionnée de toutes ces formes a été amenée à un plus haut point de développement, il y pénètre. Tant que l'homme invisible n'était pas entré dans l'instrument physique, aucune espèce d'humanité ne pouvait exister. Ainsi, en tant qu'êtres humains, nous sommes le produit de l'Esprit Divin le plus élevé, de toute la connaissance d'une immense période passée, et, également, de tout ce qui est inhérent aux règnes inférieurs, et qui constitue notre nature inférieure.

La nature supérieure de l'homme n'est pas divisible. Elle est permanente, éternelle et vraie. Sa nature inférieure est impermanente et changeante, mais c'est l'homme invisible intérieur qui effectue ces changements, qui les impose et en récolte l'expérience et la connaissance. La condition d'un quelconque instrument ne peut jamais être statique, dans aucun des règnes, mondes ou systèmes. Un mouvement incessant, le pouvoir d'évoluer encore et encore vers des domaines de perception toujours plus vastes, tel est le droit de naissance de tout être humain. Nous sommes semblables à celui qui, après avoir quitté la maison de son père, en était venu à vivre avec les porcs, et à se nourrir de rebuts. Il est temps pour nous de dire, à l'instar de ce fils prodigue : « Je vais me lever et retourner chez mon père » - je vais me lever pour reprendre la vraie place qui me revient dans la Nature ; en utilisant tous les instruments dont je dispose, je vais œuvrer afin que tous les êtres puissent avoir leur part de toute la connaissance, qu'ils puissent progresser toujours plus haut et sans interruption, par une succession d'étapes sans les temps morts et les obstacles que génère une fausse conception de notre nature. Tel est, dans sa totalité, l'objectif de l'ancienne Religion-Sagesse : que l'homme retrouve le droit de naissance qui lui revient. Aucun être, ni ensemble d'êtres, à quelque niveau qu'il se trouve, ne peut conférer à l'homme la connaissance qu'il est seul capable d'acquérir. Cette connaissance complète se trouve en attente dans la partie invisible de son être, comme le résultat de chacune des expériences de tout son immense passé : elle est là, avec lui, bien qu'il se soit façonné un instrument physique d'une nature telle qu'il n'enregistre pas ce que lui, l'être réel - l'homme invisible - sait.

L'homme, l'être invisible, est éternellement ; il n'y a jamais pour lui un seul instant d'interruption de conscience. Le rideau tombe sur une scène pour se relever immédiatement sur une autre. Lorsque le corps est au repos, l'homme est encore à agir et à penser, d'une autre façon, dans une forme plus subtile, sur des plans qui ne sont pas limités comme l'est le plan physique. Là, il jouit de la liberté. Là, il voit, ressent, entend, parle et agit (comme il le fait sur le plan physique), mais il peut se trouver ici, là ou ailleurs, en fait, partout où sa pensée le conduit, où peut être son désir ; il peut se mouvoir librement, sans les entraves de la matière grossière du corps. Le pouvoir de percevoir toutes les sortes de substance, et toutes les espèces d'êtres, est le pouvoir de chacun d'entre nous, mais il réside au-delà de l'œil physique ; il appartient à l'œil intérieur - l'œil de l'âme.

Comment allons-nous reconnaître ce pouvoir ? En agissant sur la base de notre nature éternelle, divine ; en assumant notre identité propre ; en cessant de dépendre d'aucune philosophie, science, religion, ou affirmation d'aucune sorte ; en dépendant de la réalité de l'homme intérieur, réel, spirituel ; en clarifiant les conceptions de notre mental ; en pensant des pensées correctes et en agissant en accord avec elles. Ainsi chaque canal de notre corps deviendra ouvert à ce qui se passe lorsque, comme des êtres spirituels, nous quittons l'instrument physique pendant la nuit, et sommes actifs sur les plans intérieurs et spirituels de l'être. Tout individu humain doit ouvrir par lui-même ces canaux qui ouvrent sur sa nature supérieure. Il doit apprendre par lui-même et le seul lieu où il lui soit possible d'avoir la connaissance se trouve en lui. En réalité, chacun se tient au centre de l'univers, tout le reste n'étant qu'images, sons et expériences où il peut observer le jeu de l'esprit.

Comment parvenir à regagner la divinité ? Ce ne sera pas en parlant beaucoup, ni en argumentant, mais seulement en prenant la position convenable. Nous agissons toujours conformément à la position que nous avons adoptée. Ainsi donc, adoptons la plus élevée qui soit, celle que tout dans la nature indique. La plus élevée de toutes est la nôtre. Nous devons assumer cette position élevée. Nous devons l'affirmer. Comment acquérir une connaissance de l'immortalité autrement qu'en prenant la position de l'immortalité ? Nous prenons très facilement la position de la méchanceté, et agissons en conséquence. Si nous adoptons la position élevée, non seulement nous agissons en accord avec sa grandeur, mais nous en venons à la réaliser en nous-mêmes, là où se trouve toute perception, et tout accomplissement de ce que contient cette grandeur.

Quelle connaissance pourrions-nous avoir de l'immortalité, du point de vue de la mortalité ? En nous fondant sur l'imperfection, quelle idée pourrions-nous avoir de la perfection ? Elle ne pourrait être que fausse. Sur cette base, on pourrait tout au plus obtenir la notion d'une moindre imperfection. Réelle perfection ne signifie pas perfection relative, mais connaissance intime de la base essentielle de tout ce qui existe dans la nature. La véritable spiritualité n'est pas une notion vague, ni une simple existence exempte d'activité, mais le pouvoir de connaître et d'agir, la possession de ce que les anciens ont appelé « l'omniscience ». L'accès à « l'omniscience » nous rend véritablement divins - divins en connaissance, en puissance, actifs dans tous les états de matière concevables et au moyen de tous les instruments imaginables. Et c'est là notre grande destinée. Saisissons-là donc. La vie nous appartient, tout comme l'esprit et la conscience. La vie éternelle nous appartient. Nous n'avons qu'à nous en emparer.

La connaissance maximale existe. Toute l'expérience du passé, toutes les civilisations qui n’ont jamais existé, ont produit des êtres qui sont actuellement les gardiens de toute la connaissance acquise. Cette connaissance attend que nous ayons pris les mesures nécessaires pour devenir aptes à la posséder. Elle inclut toute la connaissance intellectuelle, toute la connaissance spirituelle, et toute la connaissance concernant chacune des forces de la nature. Aussi grandes et puissantes que soient certaines forces que nous connaissons actuellement, il y en a d'autres à découvrir qui les transcendent toutes de beaucoup. Le pouvoir de détruire un monde peut être acquis par celui qui fait la démarche convenable, mais celui-là ne détruira jamais rien : il ne fera que construire. Il utilisera tout le pouvoir à sa portée pour frayer un chemin où l'humanité puisse faire le trajet qu'il a déjà parcouru.

Ainsi donc, si nous nous concevons comme des êtres invisibles, et éternels, agissant au moyen d'instruments visibles, impermanents, nous aurons une conception de la vie meilleure et plus vraie ; et si nous voulons bien essayer d'accéder à la partie enfouie au plus profond de notre cœur, nous acquerrons une vision plus vaste - un pouvoir de perception embrassant des dimensions plus vastes, à une plus grande profondeur, avec une acuité dépassant tout ce que pourra jamais saisir l'organe physique de la vue. Un de nos Grands Instructeurs a dit : « Toute la nature est à vos pieds ; prenez ce que vous pouvez ». Chacun devrait l'écouter, en tirer la leçon et l'appliquer.

Article de Robert Crosbie

Naissance, vie, mort, sont des mots qui nous sont bien familiers ; cependant parmi tous les hommes qui parlent de naissance, lequel peut dire pourquoi et d'où il est venu ? La naissance est une chose familière pour nous tous, mais bien qu’étant familière, elle reste, pour chacun de nous, une expérience unique. Il en est de même de l’expérience de la mort qui est unique pour chaque individu ; comme, en outre, il en est de notre vie qui se déroule entre les deux.

Lorsque nous nous intéressons à la vie de grands personnages tels que Krishna, Bouddha, Jésus, Pythagore, Platon ou d'innombrables autres, qui, de temps en temps, ont répandu une lumière que la fumée accumulée des siècles n'a pas pu occulter, ne prenons-nous pas conscience que quelque chose d’autre a pris naissance en plus de leur corps physique, quand ces êtres naquirent ? Réalisons-nous que derrière ces êtres il y avait des hérédités autres que physiques ? Qui serait insensé au point de penser que le premier ancêtre connu de n'importe quelle lignée physique soit un être sorti du néant ? Nous pouvons remonter notre lignée physique sur une, deux, trois, cinq, ou peut-être sur dix générations, jusqu’à ce que les ténèbres de plus en plus profondes du passé enveloppent la lignée ; mais nous savons parfaitement bien que notre lignée se prolonge bien plus loin dans le passé. Pourquoi ne pourrions-nous pas nous rendre compte que l'homme a une hérédité morale, une hérédité mentale, intellectuelle, une hérédité psychique, et, encore plus puissante que toutes celles-ci, que chaque homme a une hérédité spirituelle.

De tout temps, des hommes sont venus au monde pour nous parler en termes humains de la vie divine. Dans la limite de la capacité d’expression du langage des mortels, ils nous parlent de choses et d'êtres existant hors de la chair, ou dans des états et conditions d’immortels. Et nous tentons d'interpréter ce qui n’est pas interprétable – pas interprétable, parce que nous imaginons Dieu comme une ombre grotesque et gigantesque, et que nous tentons d’expliquer le mystère de la vie éternelle dans des termes relatifs à une existence mortelle dans un corps périssable ; nous tentons de nous représenter ce que peut être une naissance divine provenant d’une immaculée conception physique. Nous avons matérialisé les choses les plus saintes qui sont présentées au mental de l’homme.

La naissance spirituelle est la naissance à la connaissance qui sait par elle-même qu'elle a toujours été ; qu'elle est immortelle ; qu'elle ne fait que passer d’une forme à une autre ; quelle ne fait qu’emprunter des corps différents, changer ses énergies, changer ses idées. Chacun est prêt à rejeter une moins bonne idée pour en adopter une meilleure, s’il peut juste percevoir laquelle est la meilleure. L'homme spirituel voit les causes ; il voit que nous avons une vision de la vie restreinte à la condition d’un être mortel. Il s'éveille au fait que la vie est immortelle. Il voit que la loi de la vie est propre à l'être et que ce que nous appelons loi est, plus ou moins, partout et toujours, une réaction à la masse des actions mise en branle par l’individu.

La naissance divine n'est pas une naissance dans un corps physique, dans un système de croyance, dans une condition permettant n’importe quelle action, ni dans une sphère intellectuelle quelconque, aussi brillante ou profonde soit-elle : c'est une naissance aux principes-mêmes des choses. La naissance à la Connaissance spirituelle est la naissance spirituelle : c’est la naissance à la perception que notre propre divinité est sans limites ; c’est la naissance à la perception que nos propres pouvoirs sont illimités. Un homme pourra être le pire homme qui n’ait jamais existé. Mais quel pouvoir a-t-il utilisé pour tomber si bas ? Il pourra perdre tous les pouvoirs, mais il lui restera toujours celui de souffrir. Pensez à la gigantesque prodigalité de forces mentale, morale et spirituelle que cet homme a semé et répandu à travers l'espace, pendant des âges innombrables, avant d’atteindre un état si bas ! Cependant, l'océan de vie est tout autant inépuisable qu’il a toujours été, et cet homme, quand il parvient son ultime degré de dégradation, que lui reste-t-il ? juste l’Esprit, c’est-à-dire, ce qu'il était au commencement.

Ainsi, le pire homme en ce monde, l'homme le plus faible au monde, l'homme le plus stupide du monde, peut s’appuyer sur un espoir sûr et une foi sûre. Il faut pour cela qu’il commence à agir, en se basant non pas sur le fait qu’il est un pécheur, mais sur le fait qu'il a le pouvoir de faire soit le bien, soit le mal. S'il choisit de faire le bien, personne ne pourra l’en empêcher ; s’il choisit de faire le mal, personne ne pourra aussi l’en empêcher, mais ce sera par son ignorance et ses actions néfastes qu'il aura atteint son état actuel.

Prenons, maintenant, le cas d’un être comme le Christ, qui représente, pour la plupart d’entre nous, le véritable exemple de naissance divine. Il est passé par toutes les étapes par lesquelles nous sommes passés. Il fut autrefois, ce que nous sommes aujourd’hui. Quelle que fut la connaissance qu'Il posséda, Il dû la tirer de l’océan universel de connaissance. Quels que soient les pouvoirs qu'il posséda, Il les tira du réservoir inépuisable de force infinie. Quelles que furent en Son cœur, sa philanthropie, son altruisme, ses bienfaits, sa bonté et son absence de sectarisme, Il les puisa dans l’immense et inépuisable Compassion qui est l'Esprit lui-même. Nous avons les mêmes pouvoirs. Dès que nous reconnaîtrons ce fait, nous commencerons à nous comporter comme des êtres spirituels. Chaque fois que nous abandonnerons la croyance que nous sommes mortels, nous prendrons conscience que nous devons être immortels, c’est alors nous commencerons à agir comme il se doit. Quand nous prendrons conscience que nous ne sommes pas séparés de nos semblables, supérieurs ou inférieurs, et que nous sommes liés tous ensemble par des milliers d’accords, physiques et métaphysiques, nous commencerons à agir, les uns envers les autres, comme agissent les membres d’un même corps, d’une manière cohérente, harmonieuse, fraternelle, envers tous les hommes, quelle que soit leur manière d'agir.

Chacun de nous parle du passé. Nous sommes à chaque instant tout notre passé, comme dans un état post-mortem. Quand nous parlons de notre avenir, nous sommes déjà dans un état prénatal, le milliard d'éternités de notre futur. Mais quand un homme a réalisé sa naissance spirituelle, il ne fait plus de distinction entre passé, présent, et avenir. Qu’est-il, à ce stade ? Il devient la présence intemporelle et immuable de l'Esprit Un ; c’est en cela, qu’il vit, se meut et a son être.

De grands êtres viennent parmi nous en prenant une apparence similaire à la nôtre ; mais ce sont des êtres divins issus d’une naissance divine, sous une forme humaine. Sur cette considération, qu’est-ce qu’une naissance divine ? Ils viennent en sachant pourquoi ils viennent. Ils choisissent leur moment, leur lieu, leurs circonstances, leur époque et leur mission. Ils viennent pour la sauvegarde des frères plus jeunes, vous-même, moi-même. Non pour nous émanciper - aucun homme ne peut émanciper un autre des liens de l'ignorance - mais pour nous montrer le chemin de l’émancipation. Cette route est si facile qu’aucun voyageur, même idiot, n’aura plus besoin d’errer. Ça commence par l’application simple de la Règle d’Or, dans l’altruisme, la pensée, la parole et l'action. C'est la voie du devoir, dont parle la Bhagavad-Gîtâ ; mais dès qu'un homme s'efforce de vivre une vie de service envers ses semblables, dès ce moment seulement, il découvre son ignorance spirituelle. La chose la plus difficile à faire, dans ce monde, c’est le Bien. Mais dès qu’un homme commence à pratiquer la Règle d'Or, il obtient sa récompense en découvrant combien il est ignorant quand il tente de faire le Bien. Il se donne comme idéal de vie de bien penser, bien agir, bien parler. Il commence, alors, à se poser les questions auxquelles ont répondu ceux qui ont montré, au cours des siècles, qu'Ils savaient comment faire le Bien, et ainsi, il découvre qu’en fait, l'unique Bien qu'Ils aient pu faire pour l'humanité c’était d’appliquer les préceptes et de donner l’exemple.

Quand un homme commence à se poser des questions, il s’aperçoit que le plus grand service qu'un homme puisse offrir à son prochain, c'est de lui indiquer le chemin de la libération de sa servitude. Beaucoup peuvent aider un homme dont le corps est malade pour qu’il retrouve la santé. Nombreux sont ceux qui qui peuvent aider un homme à sortir de son ignorance ; mais qui peut aider à combler un cœur vide ? Qui peut aider une âme égarée ? Qui peut aider à apporter la paix, le calme et le courage à un mental si égaré qu’il a perdu toute croyance à la réalité de sa propre existence, à la nature de son identité profonde ?

La véritable aide nous vient d'abord en accomplissant nos devoirs, puis à travers les questions que nous posons. Ensuite, le chemin devient de plus en plus clair, jusqu'à ce que, rapidement, l'homme soit capable d'entendre la voix de l'esprit, libre et indépendante de la voix de la matière. L’homme est capable de toucher la vie qui est sans fin, tout en étant dans la vie mortelle. Atteindre l’état où pointe la première lueur de l’aurore – le signe précurseur de l’aube naissante où l’homme découvre le vrai Dieu en lui-même – représente le moment de naissance divine de cet homme. Ce moment nous attend tous. Il pèse déjà sans cesse en nous tous, quand il nous presse à accomplir nos devoirs, à nous poser des questions, non sur ce qui concerne la naissance physique ou la mort physique, mais sur la route qui nous conduit à la connaissance de notre être essentiel et de nos pouvoirs immortels.

Article attribué à Robert Crosbie
Publié en anglais dans la revue Theosophy, vol. XI, pp. 86-88

La philosophie de la Théosophie concerne tout ce qui compose cet univers et montre quelles sont les interrelations qui relient ensemble toutes les parties. Mais nos préjugés personnels relatifs à nos intérêts individuels, notre religion, notre manière de penser ou nos idées, nous maintiennent prisonniers dans des limites étroites, et nous en arrivons à vivre exclusivement pour nous-mêmes, tout en profitant pour notre seul usage des efforts, des pensées et des idées développées par les autres. Nous devons élever nos regards et nos esprits pour s’ouvrir à une vision plus large de ce grand univers.

Comme nous le savons tous la terre que nous habitons est une planète. Mais il y a d'autres planètes que la nôtre qui sont aussi susceptibles d'être habitées. Notre système solaire aussi n'est qu'un des innombrables systèmes solaires dans l'univers. Tous font partie du grand tout ; tous sont par conséquent reliés. Il fut un temps où l’on connaissait ces interrelations – c’était l’époque où celles-ci étaient enseignées dans les anciens temples où se pratiquait la Grande Initiation. C'était la vraie Astrologie, qui n’est pas celle d'aujourd'hui, qui a perdu la connaissance ancienne de même que le vrai sens de la religion s'est perdu au fil du temps. Ainsi, aujourd'hui il ne subsiste dans le monde que les ruines des anciennes connaissances religieuses, et il subsiste que des bribes des anciennes connaissances astrologiques qui ne concernent que la personnalité physique ; et les influences planétaires qui sont analysées au moyen de graphiques et tables ne concernent que les affaires humaines relatives à notre plan physique. Le plan physique ne représente qu'un courant d'effets, qui restera le seul, si nous croyons que les planètes ne sont que de simples réalités physiques. Mais il y a d'autres aspects dans la nature des planètes, et nous avons besoin de le comprendre, si nous voulons avoir une véritable idée de ce que l’on entend par influence planétaire.

Tous les êtres et toutes les formes sont constitués de plusieurs « principes » différents. Par exemple, dans l'homme on distingue, le corps, le mental, les pouvoirs qu'il exerce, et l’être profond – le Perceveur, le connaisseur, ou l’expérimentateur qui apprend par le biais de son mental, de ses pouvoirs et de son corps. Il est donc évident qu'il y a, en nous, d'autres aspects que le corps physique qui sont susceptibles d’être touchés par des influences. Si chacun de nous peut constater que les planètes ont un effet sur notre nature physique, nous devons aussi rechercher quels peuvent être leurs effets sur les autres aspects de notre nature.Il n’y a pas que l'homme qui soit constitué de sept principes distincts, il en est de même de toutes les planètes qui sont elles aussi de nature septuple. Il y a « quelque chose » de spirituel, « quelque chose » de psychique, « quelque chose » d'intellectuel, « quelque chose » d’astral et « quelque chose » de physique ou de matériel pour chaque planète. Les planètes ne sont pas que des réalités que physiques, pas plus que nous, êtres humains, ne sommes réductibles à de simples corps physiques. Chaque planète abrite des êtres de différentes classes et degrés, tout comme notre planète est constituée des multiples entités qui composent les quatre règnes, qui produisent chacun une influence particulière. Si nous voulons comprendre quelle est la véritable réalité relative à l'influence planétaire nous devons maintenant considérer quels sont les aspects de ces planètes avec lesquels nous sommes le plus intimement liés.

Le Soleil donne la vie à notre système solaire. Il illumine toutes les planètes, mais les effets ressentis par chacune d’elles diffèrent en fonction de ses conditions particulières. Le Soleil est le « réservoir central » de notre système, il est le cœur de la vie physique, mais il a également d'autres aspects qui affectent nos constituants intellectuels, psychiques, astraux et spirituels. On peut dire qu'il donne à la fois la vie physique et la vie spirituelle. Nous devons comprendre que quand nous parlons du Soleil nous ne nous limitons pas au Soleil physique que nous percevons objectivement et qui n'est en corrélation qu’avec nos corps physiques. Car [étant septuple] il possède tous les autres principes, qui déversent aussi une influence sur nous ; les effets que nous ressentons de l’influence de ces autres principes va dépendre de notre capacité à les ressentir. Nous voyons que l’influence directe du Soleil sur notre terre, nous touche, mais touche aussi tout ce qui vit sur terre.

La Lune, la planète la plus proche de nous, nous influence sur les plans, physiques, astraux, et psychiques - car les forces qui l’animent sont aussi physiques, astrales et psychiques. Les phases de la Lune ont également des influences particulières sur nous, comme on peut le constater, par exemple,  chez les « lunatiques », qui sont particulièrement perturbés pendant certaines de ses phases. L'influence de la Lune s’observe sur les règnes inférieurs – minéraux, végétaux et animaux – mais aussi sur nous-mêmes qui sommes des êtres soi-conscients.

Les planètes plus proches du Soleil, comme Mercure, par exemple, ont une influence bien plus grande. Mercure reçoit sept fois plus de lumière du Soleil que la Terre, et reçoit aussi sept fois plus d’influence de ses autres principes. Vénus, un peu plus éloignée du Soleil que Mercure, reçoit deux fois la lumière du Soleil que la Terre et de surcroit transmet [à la Terre] sa propre lumière. Ce n'est pas une conclusion raisonnable de nos scientifiques de penser que si une planète est plus proche du Soleil que la nôtre, son climat et ses conditions font qu’aucun autre type de vie particulier n’y soit pas possible. La vie s'adapte toujours aux conditions qui prévalent localement. Par conséquent, aux conditions de matière qui existent à proximité du Soleil correspondent des corps et des intelligences compatibles avec ces conditions. Ainsi, nous pouvons considérer que les autres planètes sont comme des frères  ̶  des membres d'une même grande humanité dispersée dans les différentes parties du grand univers  ̶  qui appartiennent à une même famille dont les membres vivent dans des conditions différentes. Toutes exercent leurs effets directs sur nous et à un moment, compte tenu de sa position dans l’espace, l'influence d'une planète particulière prédominera sur les autres. Certaines planètes auront sur l’homme une influence bénéfique, et d’autres une influence négative. NOUS sommes des individus qui vivons au sein d’une  grande masse d’êtres dispersés dans tous le système solaire, et peut-être même au-delà  ̶  tous nous avançons dans une même direction, et tous nous sommes émanés d’une même source. Quelle que soit la différence de chemin pris par une humanité particulière ou par un individu – l’Origine et le But sont les mêmes.

Ainsi dans notre vie quotidienne nous sommes influencés par les autres planètes et par les autres hommes. Qu'est-ce qui fait que les autres semblent nous influencer contre notre volonté, ou s’opposer à nous ? Rien si ce n’est nos idées fausses, et la conviction que les autres peuvent nous influencer  ̶  nous devons donc reconsidérer notre attitude envers nos idéaux, envers les gens, envers les circonstances, envers la vie en général. Nous pensons être le fruit des conditions et des circonstances extérieures. Ce n'est pas vrai ! Ce ne sont pas les conditions ou les circonstances extérieures qui comptent véritablement, mais l'attitude intérieure que nous avons à leur égard ; une attitude intérieure convenable nous donne le pouvoir de faire face à n'importe quelle influence. Lorsque que nous voyons et comprenons que toutes les choses matérielles et physiques dépendent du spirituel et sont gouvernées par le spirituel, nous pouvons alors, en tant que véritables Penseurs, recevoir l'influence [bénéfique] de n'importe quelle planète. Aucun bien ni aucun mal ne peuvent nous atteindre si ce bien ou ce mal ne sont pas déjà en nous. Si nous agissons de manière altruiste, aucun mal ne pourra nous atteindre. Tant que nous sommes dans le faux, aucun bien ne pourra nous toucher. Tous les états sont en nous, et nous pouvons le comprendre en remarquant qu’une attitude juste entraîne de bons effets et qu’une attitude erronée produit des effets négatifs alors que les circonstances sont les mêmes. Ainsi, nous ne sommes les victimes des circonstances que si nous prenons une attitude de victime.

Pour avoir une compréhension complète de l'influence des planètes il faut d’abord avoir épanoui de manière complète notre nature humaine dans tous ses aspects, dans chaque principe et chaque élément, en interaction avec notre système solaire. Chacun de nous est une copie en miniature du grand univers. Chacun de nous est lié à tous les autres êtres quels qu’ils soient. Nous sommes composés de tous les degrés de consciences et de tous les états de substance, et si nous nous connaissons vraiment nous pourrons œuvrer en harmonie avec tous les autres, et quelle que soit la circonstance, nous pourrons leur faire du bien. Nous pouvons faire en sorte de n’être ni entravés ni affectés par les influences ; nous ne serons entravés ou affectés que par nos pensées, désirs, sentiments et actions qui sont erronés. Nous avons construit le tabernacle particulier avec lequel nous vivons notre quotidien  ̶  il n’est fait que de nos propres pensées et actions et de rien d’autre. Il ne nous a pas été imposé par un "Être", et il ne nous est pas indispensable, mais il est le fruit de notre ignorance – il reflète notre ignorance. Maintenant, nous pouvons décider soit de progresser et apprendre, soit de rester dans notre condition actuelle d’ignorance continue.

Être soumis à un moment donné et en un lieu particulier à des influences bénéfiques ou non bénéfiques, et être né à un moment et un endroit particulier, sous telle ou telle conjonction de planètes ne sont que les effets de la loi karmique. Nous ne pouvons subir l’effet d’aucun « accident provenant du ciel » si ce n’est ceux que nous avons causés nous-mêmes ; nous n’aurions pas pu naître lors d’une conjonction particulière de planètes, si cette condition n’était liée à nous-mêmes. Oui, les influences planétaires reflètent nos tendances ; et il n'y a pas un "Dieu" au-dessus de nous pour nous contraindre. Si nous sommes enclins à suivre telles ou telles mauvaises tendances c’est qu’il y a en nous-mêmes un désir, [conscient ou inconscient] dans ce sens. Si nous décidons de ne plus être mal influencés, alors nous ne le serons plus. Si nous ne cultivons plus les tendances négatives que nous avons reconnues en nous-mêmes, nous rendons possible un autre type de naissance.

Les prétendus prévisions astrologiques d'aujourd'hui concernent principalement le corps [physique ou psychique] et son environnement, et sur cette base les gens ne recherchent que leur propre bien, tout en tentant d’ignorer les maux et les épreuves. Sur la base de notre vraie nature, nous ne devrions pas rechercher le simple bien, ni même à n’être que bons. Nous devons en premier chercher à faire tout le bien possible, et après seulement, nous pourrons savoir si nous sommes véritablement dans le bien. N'essayons pas de chercher à gagner une quelconque récompense, mais essayons seulement de devenir des exemples de bons comportements vis-à-vis des autres. Ainsi, nous n'aurons pas à éviter le mal car nous ne créerons plus le mal. Partout et chaque fois que nous produisons du mal, nous recevons les effets de ce mal ; chaque fois et là où nous produisons du bien, nous recevons les effets de ce bien. Chacun est absolument et inconditionnellement responsable de la condition dans laquelle il se trouve. Prétexter que les influences planétaires nous sont défavorables est aussi insensé que de condamner l'eau pour avoir noyé un homme dont seule son imprudence, et non l'eau, est responsable de la noyade. Comme les mêmes lois régissent notre planète et les autres planètes, nous pouvons faire de nous des aimants qui attirent à nous tout ce qui nous est semblable ailleurs au même moment. Si nous sommes sujets à la dépression, par exemple, nous recevrons certainement toutes les influences qui permettent ou entretiennent cet état. C'est la conséquence de notre interdépendance et de notre interrelation avec tous les autres êtres dans le système solaire.

Il faut que l'homme constate et réalise qu'il a en lui tous les éléments du grand océan de la Vie. Dès qu’il réalise ceci il devra agir comme une personne qui ne se sent plus séparée des autres, et devra soutenir par son altruisme tous ceux qui, où qu’ils soient, en savent moins que lui.

Article de Robert Crosbie (texte rédigé à partir de notes sténographiées)

Publié en anglais dans la revue américaine Theosophy – vol. IX.

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