LETTRE N°73 – LE NÉOPLATONISME – UN HÉRITAGE UTILE POUR LE MONDE D’AUJOURD’HUI ?
Septembre – Octobre 2023
La prochaine Lettre paraîtra début novembre 2023, elle aura pour thème : L’interdépendance et symbolisme du « Mur Gardien ».
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PENSÉE DU MOMENT
« S’il est vrai que Tout est dans le TOUT, il est également vrai que LE TOUT est dans Tout. Celui qui comprend parfaitement cette vérité possède déjà un grand savoir ». ‒ Le Kybalion.
« Aie confiance en toi … il faut que l’œil se rende pareil et semblable à l’objet vu pour s’appliquer à le contempler. Jamais l’œil ne verrait le soleil sans être devenu semblable au soleil, ni une âme ne verrait le beau sans être belle. Que tout être devienne donc d’abord divin et beau, s’il veut contempler Dieu et le Beau. » ̶ Plotin, 1ère Ennéade VI, 9 (traduction Émile Bréhier, Les Belles Lettres, p. 146).
CŒUR DE LA THÉOSOPHIE
Ammonius Saccas et le Néoplatonisme
« Le Néoplatonisme est une École de philosophie qui vit le jour entre le 2ème et le 3ème siècle de notre ère et fut fondée par l'Alexandrin Ammonios Saccas. Les Néoplatoniciens furent aussi désignés comme théurges et d'autres noms divers comme analogistes ou philalèthes. Ils furent les théosophes des premiers siècles. Le néoplatonisme c'est la philosophie de Platon plus l'extase, le divin râja yoga. » ̶ « Les néoplatoniciens formaient un ensemble important, et appartenaient à diverses écoles de philosophie religieuse, comme c'est le cas pour nos théosophes. » ̶ H.P. Blavatsky, La Clef de la Théosophie, Glossaire et p. 18.
« Ammonios Saccas était né de parents chrétiens, mais comme la spiritualité dogmatique du christianisme l'avait rebuté dès son enfance, il devint néo-platonicien et on a dit de lui, comme de Jacob Boehme, et d'autres grands voyants et mystiques, que la sagesse divine lui avait été révélée en songe et par des visions. D'où son surnom de théodidaktos. Il résolut de réconcilier tous les systèmes religieux et, en démontrant l'identité de leur origine, d'établir une seule croyance universelle basée sur l'éthique. Sa vie fut si irréprochable et si pure, son savoir si profond et si vaste, que plusieurs Pères de l'Église furent secrètement ses disciples. Clément d'Alexandrie parle de lui avec une haute considération. » ̶
« Ces [systèmes religieux] sont les pousses ou rameaux mineurs issus des branches principales ; mais branches et rameaux proviennent tous du même tronc : la RELIGION-SAGESSE. Prouver cela fut le but d'Ammonios qui s'efforça d'amener les gentils et les chrétiens, les juifs et les idolâtres, à mettre de côté leurs disputes et leurs controverses, en se souvenant seulement qu'ils étaient tous en possession de la même vérité sous des parures diverses, et qu'ils étaient tous enfants d'une même mère. C'est aussi le but de la Théosophie. » ̶ ̶ H.P. Blavatsky La Clef de la Théosophie, p. 17-18.
Les trois hypostases : l’Un, l’intelligence (noũς) et l’âme
« Les principes les plus élevés restent immobiles en engendrant des hypostases » (Plotin, 3ème Ennéade, 4-1).
« Au-dessus de l’Être est l’Un … au second rang sont l’Être et l’Intelligence ; au troisième l’Âme. Mais s’il y a dans la nature trois principes, comme nous venons de le dire, l’Un, l’Intelligence, l’Âme, il doit y avoir aussi en nous trois principes. Je ne veux pas dire que ces rois principes soient dans les choses sensibles : car ils en sont séparés ; ils sont hors du monde sensible, comme les trois principes divins sont hors de la sphère céleste, et ils constituent l’homme intérieur, selon l’expression de Platon. Notre âme est donc quelque chose de divin : elle a une nature autre [que la nature sensible] et conforme à celle de l’Âme universelle. » - Plotin, Ennéade V, I-10, traduction M.N. Bouillet, 1861.
La Doctrine Secrète et les Trois Hypostases : lire article de B.P. Wadia « Les trois Hypostases ».
Hypostases néoplatonicienne et Tétraktys de Pythagore
L’hypostase et la nature occulte de l’homme : « La différence la plus importante qui existe entre les cabalistes médiévaux et nous c'est que nous croyons, comme l'avancent les néo-platoniciens et les enseignements orientaux, que l'Esprit (Âtma) ne descend jamais hypostatiquement dans l'homme vivant, mais qu'il déverse plus ou moins son rayonnement sur l'homme intérieur (la combinaison psychique et spirituelle formée des principes astraux). Par contre, les cabalistes prétendent que l'Esprit humain, se détachant de l'océan de lumière et de l'Esprit Universel, pénètre dans l'Âme de l'homme, et y demeure durant toute la vie, emprisonné dans la capsule astrale. Tous les cabalistes chrétiens l'affirment encore, parce qu'ils ne peuvent pas se débarrasser entièrement de leurs doctrines bibliques et anthropomorphiques. » ̶ H.P. Blavatsky, La Clef de la Théosophie, p. 119.
Origine de l’univers et la Tetraktys : « Les Ténèbres Éternelles désignent le mystère à jamais inconnaissable, derrière même le voile du Logos. [...] La première conception possible dans notre mental du Logos invisible. Les Ténèbres Éternelles sont éternelles, et le rayon est irradié périodiquement, à partir de son point central, au travers du germe. Le rayon est réabsorbé dans le point central et le Germe se développe et devient le second Logos, le triangle dans l'Œuf du Monde.
« Le premier stade est celui où le point apparaît au sein du cercle sombre, dans cette obscurité inconnaissable [...] ce point étant le Logos non-manifesté. Le second stade est celui où, procédant à partir du point blanc, le rayon se projette et produit le premier point, appelé Kether ou Sephira dans le Zohar, et donne ensuite Chokhmah et Binah, le Logos. Et dès lors, de ce Logos Manifesté vont partir les sept rayons, appelés les Sephiroth inférieures dans le Zohar, et dans notre système, les Sept Primordiaux, desquels vont partir d'innombrables séries de hiérarchies.
« Pythagore ne jurait que par la Tetraktys de la Monade invisible, laquelle surgit puis, après avoir produit les premier, second et troisième points, se retire dans l'obscurité et le silence éternels, c'est-à-dire dans ce dont nous ne pouvons rien connaître. C'est le premier Logos, et c'est la Tetraktys. Il y a le point, c'est le 1. Il produit le premier point, le second, le troisième et le quatrième. Ou si vous comptez à partir de la matière, il y a le plan horizontal du triangle, le second côté, puis le troisième, et enfin le point. » ̶ H.P. Blavatsky, extraits des Secret Doctrine Dialogues, pp. 130-1, 150-1.
Note Citations sur la Tetraktys : lire la note.
Le Daimon et la Théurgie
Théurgie ou mantique divine : « Seule la mantique divine, dépendant des dieux nous fait réellement participer à la vie divine et, ayant en partage la prescience et les pensées divines, nous rend aussi réellement divins. Elle nous procure le bien pur parce que la bienheureuse pensée des dieux est remplie de tous les biens. Ceux donc qui possèdent cette mantique ne prévoient pas pour n’être pas heureux comme tu le crois : car toute prévision divine du futur est bienfaisante, et ils ne présagent point le futur pour ne pas savoir s’en bien servir : mais ils reçoivent en même temps le bien même et l’ordre véritable et convenable et aussi le profit à la fois. Car les dieux donnent alors le pouvoir de se garder contre les calamités naturelles ; et quand il faut exercer la vertu et qu’il est utile pour cela que le futur demeure ignoré, ils voilent l’avenir pour rendre ainsi l’âme meilleure. Mais quand il n’y a pour les âmes aucun profit de ce genre et qu’il leur est utile de connaître l’avenir, afin qu’elles soient sauvées et ramenées vers leur origine supérieure, alors les dieux mettent au milieu de leur essence la prescience dans les mantie. » ̶ Jamblique, Sur les Mystères d’Égypte, extrait du chapitre 10 (Traduction L’Arbre d’Or).
Le daimon ou ange gardien propre à chacun : « S’il te faut révéler la véritable doctrine sur le daimôn propre, ce n’est point par une seule partie des êtres célestes, ni par l’un des éléments visibles qu’il nous est donné, mais par le monde entier, par la vie multiforme qui est en lui et par son corps multiforme, à travers lesquels l’âme descend vers la genèse et cette partie de l’univers est distribuée en nous et y dirige tout ce qui est nous. Le daimôn donc existait en modèle avant que les âmes descendissent vers la genèse dès que l’âme l’a pris pour guide, il se tient aussitôt auprès d’elle pour en compléter les existences; c’est lui qui la lie à un corps quand elle descend, qui prend soin de l’être double ainsi formé, qui dirige la vie propre de l’âme, et tous nos raisonnements dont il nous donne les principes, viennent de lui et nous faisons ce qu’il nous inspire et il gouverne les hommes jusqu’à ce que, par la théurgie, nous gagnions un dieu comme surveillant et guide de l’âme; alors, le daimôn se retire en présence d’un être supérieur et lui transmet l’autorité, ou se subordonne à lui, pour agir en conformité avec lui, ou de quelque autre manière le sert comme un maître. » ̶ Jamblique, Sur les Mystères d’Égypte, extrait du chapitre 9, section 6 (Traduction L’Arbre d’Or).
« Porphyre, dans sa Vie de Plotin, parle d'un prêtre d'Égypte qui, "à la requête d'un certain ami de Plotin (lequel ami pourrait bien être Porphyre lui-même, remarque Taylor), fit apparaître à Plotin, dans le temple d'Isis à Rome, le daimon familier, ou, en langage moderne, l'Ange gardien de ce philosophe" » ̶ H.P. Blavatsky, Isis Dévoilée, Préface (traduction Adyar).
« L'âme pleinement grisée par les émanations de la vie terrestre, devient insensible au-delà de tout espoir de rédemption. Elle est impuissante à découvrir la splendeur de son esprit supérieur, à entendre l'avertissement de son "Ange Gardien" et de son "Dieu". Elle n'aspire qu'au développement de sa vie terrestre, et à sa compréhension plus complète ; elle ne découvre, par conséquent, que les mystères de la nature physique. Ses douleurs et ses craintes, son espoir et sa joie, sont intimement liés à son existence terrestre. Elle ignore tout ce qui ne peut être démontré soit par ses organes d'action, soit par ceux de la sensation. Elle commence à être virtuellement morte ; elle meurt enfin complètement. Elle est annihilée. » - « Nous ne pouvons atteindre le "Royaume des Cieux" que si nous nous unissons indissolublement avec notre Rex Lucis, le Seigneur de Splendeur et de Lumière, notre Dieu Immortel. Il faut premièrement conquérir l'immortalité et "prendre le Royaume des Cieux par la force", qui est offert à notre être matériel. "Le premier homme, tiré de la terre, est terrestre ; le second homme est le Seigneur venant du ciel... Voici, je vous dis un mystère", dit Paul (I Corinthiens, XV, 47). » - H.P. Blavatsky, extraits d’Isis Dévoilée (Isis Unveiled, traduction Adyar).
« La Doctrine Secrète enseigne que les Dévas du Feu, les Roudras et les Koumâras, les "Anges Vierges" (au nombre desquels sont les archanges Michel et Gabriel), les Divins "Rebelles" – appelés par les Juifs positifs qui matérialisent tout, les Nasash ou "Dépouillés" préfèrent la malédiction de l'incarnation et les longs cycles d'existences et de renaissances terrestres, plutôt que de voir, même en état inconscient, des êtres qui évoluaient, sous forme d'Ombres, du sein de leurs Frères, en vertu de l'énergie semi-passive de leurs Créateurs trop spirituels. Si "l'emploi que doit faire l'homme de la vie ne doit avoir pour but, ni d'animaliser, ni de spiritualiser le Soi, mais de l'humaniser", il faut, pour qu'il le puisse, qu'il naisse humain et non angélique. Aussi la tradition nous montra-t-elle les Yogis célestes s'offrant comme victimes volontaires pour la rédemption de l'Humanité, qui avait d'abord été créée semblable à Dieu et parfaite et pour la doter d'affections et d'aspirations humaines. Pour accomplir cela, il leur fallait abandonner leur statut naturel, descendre sur notre Globe et y demeurer durant tout le cycle de Mahâyouga, en échangeant ainsi leurs Individualités impersonnelles, contre des Personnalités individuelles – la béatitude de l'existence sidérale contre la malédiction de la vie terrestre. Ce sacrifice volontaire des Anges du Feu, dont la nature était Savoir et Amour, a été traduit dans les théologies exotériques par une déclaration qui nous montre "les Anges rebelles précipités [III 308] du haut du Ciel dans les Ténèbres de l'Enfer" – notre Terre. » - H.P. Blavatsky, La Doctrine Secrète (The Secret Doctrine, II, p. 246 – traduction Adyar).
« Quel daimon nous mène donc ? C’est une faculté agissante que chacun a pour guide … il préside à notre vie sans agir lui-même, et c’est la faculté inférieure qui agit … il permet à notre faculté rationnelle d’entrer en activité … si nous pouvons suivre le daimon qui est au-dessus de nous, nous nous élevons nous-même en vivant de sa vie, ce daimon vers qui nous sommes conduits, devient la partie la meilleure de nous-mêmes, et celle à qui nous donnons la puissance … le sage agit en suivant ce daimon, pour lui, est un Dieu, … il y a en notre âme non seulement un monde intelligible, mais une disposition analogue à celle de l’âme du monde. » ̶ Plotin, 3ème Ennéade IV, 3-6 (traduction Émile Bréhier, Les Belles Lettres).
Une lignée de grands philosophes mystiques
Parmi les grandes figure du néoplatonisme issues principalement des traditions pythagoriciennes, platoniciennes, égyptiennes et orientales, nous pouvons citer (les dates de naissance et de mort sont indicatives) : Ammonius (ou Ammonios) Saccas (né en 175 à Alexandrie, Égypte, décés vers 240/5 à Alexandrie), Plotin (né à Lycopolis, Égypte, en 205, décés en 270 en Italie), Porphyre (né à Tyr au Liban vers 234, décés en 301 à Rome), Jamblique (né vers 250 en Syrie, décédé vers 330 à Apamée), Hypatie (naissance entre 355 et 370, décés en 415), Proclus (né en 412 à Constantinople, décédé en 485 à Athènes), Damascius (ou Damascios le Diadoque) (né en 458 à Damas, décédé vers 550 à Alexandrie).
LA CHRONIQUE (PASSÉ, PRÉSENT, FUTUR)
Théosophie et Néoplatonisme
« Le mot Théosophie date du troisième siècle de notre ère et fit son apparition avec Ammonios Saccas et ses disciples qui fondèrent le système des théosophes éclectiques (*).
« (*) Ils ont aussi été appelés des analogistes […] par suite de leur coutume d'interpréter tous les contes et légendes sacrés, aussi bien que les mythes et mystères, d'après une règle ou un principe d'analogie et de correspondance, de sorte que les événements relatés comme s'étant passés dans le monde extérieur étaient considérés comme représentant des opérations et des expériences de l'âme humaine. On les a appelés aussi néo-platoniciens. Bien qu'on situe ordinairement la Théosophie ou le système théosophique éclectique au troisième siècle, il faut en faire remonter l'origine à une époque beaucoup plus reculée s'il faut en croire Diogène Laërce qui attribue le système à un prêtre égyptien Pot-amon qui vécut au commencement de la dynastie des Ptolémées. Le même auteur nous dit que le nom est copte et signifie un être consacré à Amon, Dieu de la Sagesse. Le mot Théosophie est l'équivalent du sanskrit Brahma Vidyâ, connaissance divine. » ̶ H.P. Blavatsky, La Clef de la Théosophie, p. 16.
La Sagesse-Divine et Fraternité universelle
« “Sagesse Divine”, du grec Theosophia ou la Sagesse des dieux, comme theogonia signifie la généalogie des dieux. En grec, Theos veut dire un dieu, l'un des êtres divins, certainement pas “Dieu” au sens qu'on donne aujourd'hui à ce mot. Par conséquent, ce n'est pas “Sagesse de Dieu” qu'il faut dire, ainsi que le traduisent certains, mais Sagesse Divine, telle que celle que possèdent les dieux. Le terme remonte à bien des milliers d'années ; il nous vient de philosophes d'Alexandrie qui se sont appelés amants de la vérité, ou philalèthes, du grec phil- “qui aime”, et d’alèthéia “vérité”. Le mot Théosophie date du troisième siècle de notre ère et fit son apparition avec Ammonios Saccas et ses disciples qui fondèrent le système des théosophes éclectiques. Le but de ce système était avant tout d'inculquer certaines grandes vérités morales à ses disciples et à tous ceux qui étaient des « amants de la vérité”. D'où la devise adoptée par la Société Théosophique : “Il n'y a pas de religion au-dessus de la vérité”. Le but principal des fondateurs de l'École Théosophique Éclectique était l'un des trois buts de la Société Théosophique son successeur moderne : réconcilier toutes les religions, sectes et nations dans un système éthique commun, basé sur des vérités éternelles.
« Un idéal du mouvement théosophique comme du néoplatonisme est : 1° former le noyau d'une Fraternité Universelle de l'Humanité, sans distinction de race, de couleur, ou de croyance ; 2° encourager l'étude des Écritures aryennes et autres Écritures, des religions et des sciences du monde, et prouver l'importance de l'ancienne littérature asiatique, notamment celle des philosophies brahmanique, bouddhique et zoroastrienne ; 3° étudier sous tous les aspects possibles les mystères cachés de la Nature, et spécialement les pouvoirs psychiques et spirituels latents dans l'homme. » ̶ H.P.Blavatsky, La Clef de la Théosophie, pp. 15-17, 53.
La mystique néoplatonicienne – purification et extase
Deux citations remarquables : « Deux formules remarquables de H.Ch. Puech permettent de se situer au cœur même du plotinisme. La première nous dit qu’il s’agit là d’une “mystique de l’immanence dans le cadre d’une métaphysique de la transcendance”. La seconde précise : “l’extase mystique qui nous fait retourner à l’Un n’est que la contrepartie ou la correction d’une extase métaphysique qui fait sortir de l’Un une suite de manifestations, nécessaires dans la procession, illusoires dans la conversion” » - Jean Brun, Que sais-je ? Le Néoplatonisme, p. 24.
Pratique et but du sentier mystique : Comment pouvez-vous démontrer que [la fraternité] ce n'est pas là un rêve impossible, et que toutes les religions du monde sont effectivement basées sur une seule et même vérité ? « Nous le démontrons par l'analyse et l'étude comparée de ces religions. La « Religion-Sagesse » était Une dans l'antiquité, et l'identité de toutes les philosophies religieuses primitives nous est prouvée par les doctrines identiques enseignées aux Initiés au cours des mystères, institution autrefois universellement répandue. « Tous les anciens cultes révèlent l'existence d'une seule théosophie qui leur était antérieure. La clef qui en ouvre un, doit les ouvrir tous, ou ce n'est pas la vraie clef.
« La Théosophie éclectique comprenait trois aspects : 1° la croyance en une Divinité — ou essence infinie — absolue, inconcevable et suprême, racine de toute la nature, et de tout ce qui est, visible et invisible. 2° La croyance à la nature immortelle et éternelle de l'homme car celle-ci, étant un rayon issu de l'Âme Universelle, était considérée nécessairement comme d'essence identique à sa source. 3° La théurgie, ou « opération divine », ou production d'une oeuvre de dieux, d'après les mots : théos « dieu », et ergon « acte » ou « œuvre ». Le terme est très ancien, mais, appartenant au vocabulaire des mystères, il n'était pas d'usage courant. Selon une croyance mystique — prouvée en pratique par les adeptes et les prêtres initiés — l'homme pouvait, en se rendant aussi pur que les êtres incorporels, c'est-à-dire en retournant à la pureté de sa nature originelle, amener les dieux à lui communiquer des Mystères divins, et même à se les rendre parfois visibles, soit subjectivement, soit objectivement. […] La théurgie divine authentique exige une pureté et une sainteté de vie presque surhumaines ; sinon elle dégénère en médiumnité ou en magie noire. Les premiers disciples d'Ammonios Saccas (qui fut appelé théodidaktos « instruit par la divinité », tels Plotin et son successeur Porphyre, rejetèrent d'abord la théurgie, mais ils furent finalement amenés à l'admettre grâce à Jamblique qui écrivit un livre à cet effet (connu sous le titre De Mysteriis) qu'il présenta sous le nom de son propre maître, un fameux prêtre égyptien, Abammon. Ammonios Saccas était né de parents chrétiens, mais comme la spiritualité dogmatique du christianisme l'avait rebuté dès son enfance, il devint néo-platonicien et on a dit de lui, comme de Jacob Boehme, et d'autres grands voyants et mystiques, que la sagesse divine lui avait été révélée en songe et par des visions. D'où son surnom de théodidaktos. Il résolut de réconcilier tous les systèmes religieux et, en démontrant l'identité de leur origine, d'établir une seule croyance universelle basée sur l'éthique. Sa vie fut si irréprochable et si pure, son savoir si profond et si vaste, que plusieurs Pères de l'Église furent secrètement ses disciples. Clément d'Alexandrie parle de lui avec une haute considération. Plotin, le « saint Jean » d'Ammonios, homme de la plus haute probité et de la plus profonde érudition, fut aussi universellement respecté et estimé. […] Son disciple Porphyre, […] rassembla toutes les œuvres de son maître ; il fut lui-même un auteur célèbre […]. Le système de méditation en usage chez les philalèthes fut l'extase, système qui s'apparente à la pratique indienne du yoga. Tout ce que l'on connaît de cette École Éclectique est dû à Origène, Longin et Plotin, disciples directs d'Ammonios. » ̶ H.P. Blavatsky, La Clef de la Théosophie, pp. 16-8.
Purification et extase : « Selon la définition de Plotin, la véritable extase est « l'état dans lequel le mental est libéré de sa conscience finie, et communie avec l'infini en s'identifiant à lui ». […] Cet état est identique à celui que l'on connaît dans l'Inde sous le nom de samâdhi. Ce dernier est pratiqué par les yogis, qui le favorisent physiquement par la plus grande abstinence possible de nourriture et de boisson, et mentalement par un effort incessant de purification et d'élévation de la pensée. La méditation est la prière silencieuse non exprimée, définie par Platon comme « l'aspiration ardente de l'âme vers le divin ; non pour demander un bien particulier (selon la signification communément attribuée à la prière), mais pour le bien lui-même — le Bien Suprême universel dont nous sommes tous un fragment sur terre, et dont l'essence est la source d'où nous sommes tous issu ». C'est pourquoi, ajoute Platon : « reste silencieux en présence des êtres divins, jusqu'à ce qu'ils dissipent les nuages de tes yeux et te rendent capable de voir, à la faveur de la lumière qui émane d'eux-mêmes, non pas ce qui te semble bon à toi, mais ce qui est intrinsèquement bon ». ̶ H.P. Blavatsky, La Clef de la Théosophie, pp. 24.
Une mystique du dévoilement : « Reviens en toi-même et regarde : si tu ne vois pas encore la beauté en toi, fais comme le sculpteur d’une statue qui doit devenir belle ; il enlève une partie, il gratte, il polit, il essuie jusqu’à ce qu’il dégage de belles lignes dans le marbre ; comme lui enlève le superflu, redresse ce qui est oblique, nettoie ce qui est sombre pour le rendre brillant, et ne cesse pas de sculpter ta propre statue, jusqu’à ce que l’éclat divin de la vertu se manifeste, jusqu’à ce tu voies la tempérance siégeant sur un trône sacré » ̶ Plotin, 1ère Ennéade VI, 9 (traduction Émile Bréhier, Les Belles Lettres, p. 145).
ARTICLES ET DOCUMENTS
Il est proposé à la lecture (pour en savoir plus) :
- Lettre n°67 : « La loi d’analogie et de correspondance »
- Lettre n°60 : « La naissance de l’univers et de l’homme »
- Lettre n°55 : « Les grands symboles spirituels »
- Lettre n°53 : « Le mystère de l’initiation »
- Lettre n°15 : « Il n’y a pas de religion au-dessus de la vérité »
- Lettre n°14 : « La conscience planétaire – à quels niveaux ? »
- H.P. Blavatsky : « Citations sur la Tetraktys dans la Doctrine Secrète ».
- Article – B.P. Wadia : « Les trois hypostases »
- Article Autre auteur : « La Monade (pythagoricienne) »
- Article Autre auteur : « Pythagore »
MÉDIATHÈQUE
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