Le désir de consolation

Le désir de consolation

26 Fév, 2023

« Les hommes n’acquièrent pas la dureté de l’acier par la consolation. » W.Q. Judge.
« L’âme doit apprendre à devenir brillante comme le diamant, dure, inflexible et forte comme l'acier » - W.Q. Judge, article « Devachan ».

Les hommes, par faiblesse morale, tendent à rechercher du réconfort en cas d’erreur. C’est, peut-être naturel, mais cela n’offre pas de satisfaction durable. La discipline théosophique reconnaît que le véritable soulagement requiert une perception et une compréhension claire de la faute commise. C’est pourquoi, lorsque nous nous sentons malheureux après avoir commis une faute, il est préférable de ne pas chercher de réconfort personnel auprès d’un ami, d’un compagnon d’étude, ou d’un aîné apparemment plus éclairé : il faut de préférence avoir recours à la philosophie impersonnelle pour qu’elle puisse projeter une lumière sur notre état d’esprit et sur notre faute. Les hommes sont portés tout autant à donner qu’à recevoir de la consolation personnelle. Mais une conversation apaisante sera comme un anesthésique qui endort l’âme. On est satisfait lorsqu’après s’être repenti, on s’entend dire : « Eh bien, tu as appris ta leçon et tu ne recommenceras plus ! », sur quoi la conscience, qui était prête à s’éveiller, retombe dans son sommeil. Ainsi, peu de temps après la même faute sera commise à nouveau. Il est préférable de suivre l’exemple de Job, qui refusa d’être consolé par de pieuses platitudes, lorsqu’il cherchait lumière et éveil.

Le fait de passer sereinement à travers toute expérience difficile, qui fait suite à une cause antérieure, produit un résultat doublement salutaire : nous réglons des dettes passées et nous nous libérons d’une cause de souffrance ; nous avons appris une leçon et nous développons de surcroît une nouvelle capacité et une nouvelle vertu, et fortifions des facultés existantes. Nous parlons souvent de régler nos dettes karmiques, tout en négligeant d’étudier la méthode par laquelle nous pouvons nous en acquitter. Quelle est alors la bonne méthode ? C’est de passer à travers l’expérience en pleine sérénité, l’esprit attentif, observateur et prêt à apprendre. La dette ne sera pas soldée si nous perdons l’équilibre dans une épreuve karmique ; au contraire, souvent nous en accroissons le prix en y ajoutant du nouveau Karma. C’est ainsi que le Karma s’accroît et qu’un seul effet peut produire plusieurs nouvelles causes. Observons calmement un effet karmique si nous voulons en trouver la cause-racine. Nous apprendrons la leçon de l’expérience, et mettrons fin à sa cause. Ici est le vrai réconfort, et le plus important, est la transformation de notre cœur de fer et notre esprit de plomb, en cœur et esprit d’acier.

Honoré de Balzac parle « “d’un cœur d’acier”, qui n’est pas en acier ». L’homme d’acier possède un cœur dont le pouvoir s’est épanoui. Il acquiert perçoit l’universel, derrière la maya, l’illusion, de ce qui est personnel. Ce cœur d’acier est capable de distinguer entre les vrais cris de douleur et les cris d’une fierté blessée, d’un égoïsme offensé ou de désirs personnels insatisfaits. Le cri de la vraie douleur est celui de l’Âme qui s’efforce de se libérer de la tyrannie du soi personnel. Plus d’un étudiant, confondent le cri du soi personnel avec le cri de l’âme. Le véritable cri de l’âme ne reste jamais sans réponse, parce que les oreilles des Seigneurs de Compassion sont toujours réceptives à ce cri. Ces grands Êtres ont le pouvoir de donner. Ils donnent la consolation à l’aspirant qui l’a méritée parce qu’il cherche à se libérer de sa nature personnelle. Le réconfort qu’Ils donnent nous permet à notre tour de réconforter tous ceux dont l’Âme souffre.

Cet article est traduit du Theosophical Movement de mai 1936, vol. VI.

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