L'Hypnotisme et le Mesmérisme

L'Hypnotisme et le Mesmérisme

13 Jui, 2019

La science fait un pas en avant

On trouve encore de ces encyclopédies où le mesmérisme est classé parmi les folles superstitions des ignorants qui sont le jouet d'habiles imposteurs tirant profit de leur crédulité, et ils sont encore en vie les savants docteurs qui ont publié des articles à l'appui des encyclopédies. Pourtant aujourd'hui, les plus éminents médecins d'Europe déclarent que Mesmer avait raison et que le mesmérisme n'est pas une superstition, mais qu'il est nécessaire pour les réputations d'adopter un nouveau nom : ainsi le mesmérisme est rebaptisé Hypnotisme. De cette façon, les mêmes docteurs qui ricanaient et se moquaient de ce qui avait été connu depuis longtemps du commun des mortels peuvent maintenant discuter savamment de phénomènes qu'ils ignoraient encore sous leur nom précédent, il y a quelques années. Dans le numéro de mars de Scribner, le Dr William James écrit sur ce sujet sous le nom du « Soi Caché », et le Forum d'Avril fait paraître un article de l'éminent Dr Charcot intitulé « l'hypnotisme et le crime ».

Bien qu'un peu tardif, ce pas est fait dans la bonne direction. Mais les éminents médecins qui réalisent ce progrès ne peuvent prétendre être en avance sur les gens ordinaires, car ceux-ci en connaissent, depuis des générations, tout autant sur le sujet que les praticiens diplômés, si ce n'est qu'ils n'ont pas employé de nom ronflant pour y faire allusion. Comme le savent nombre de membres de la Société Théosophique, il y a peut-être des milliers de personnes aux Etats-Unis qui, il y a 40 ans, ont poursuivi les mêmes recherches et fait des expériences similaires à celles du Dr Charcot et d'autres. En l'an 1850, un certain Dr J.B. Dods donna des conférences à travers le pays en exposant au public ce qu'il appelait la Psychologie Electrique. Son activité était si notoire à l'époque qu'elle attira l'attention de certains sénateurs américains, parmi lesquels Daniel Webster, John P. Hale, Theodore Rush, Sam. Houston, Henry Clay, et d'autres, lesquels invitèrent le Dr Dods à faire pour eux, une conférence à Washington. Il fit son exposé, puis reprit ses expériences et publia une série de Conférences sur le sujet. On peut y trouver, entre autres choses, les directives que proclament maintenant si bruyamment - en se les appropriant ¬des médecins qui à l'époque auraient hué le Dr Dods. Et, même sur le point de la nécessité d'observer la prudence et de garder l'hypnotisme hors de la portée des personnes sans principes, Dods n'a pas gardé le Silence. En 1850, il écrivit dans son introduction que bien qu'il ait enseigné plus d'un millier d'individus préalablement liés par le serment solennel de ne pas révéler ses méthodes à des personnes impures ou immorales, il s'en trouva pourtant certains assez peu scrupuleux pour violer leur serment et colporter la « science » un peu partout.

Dans le Forum d'avril, le Dr Charcot plaide en faveur d'une législation qui empêcherait justement de telles personnes sans principes de s'occuper de ces sujets, en ne s'appuyant pas uniquement sur le fait que des crimes peuvent être commis aisément et en toute sécurité à l'aide de l'hypnotisme, mais plutôt en souhaitant que des personnes sensibles puissent être protégées de retours de crises d'hystérie ou de catalepsie ; il avance, d’ailleurs, l'opinion que le crime ne trouvera probablement aucune aide ni aucune sécurité dans l'hypnotisme. Si nous sommes entièrement d'accord avec le Dr Charcot sur la nécessité de placer des barrières de protection autour de cette science en cours de croissance, c'est au contraire par la conviction que le crime peut être facilité et dissimulé en recourant à une telle pratique et qu'il est aujourd'hui effectivement facilité et dissimulé. Nous ne souhaitons pas que l'hypnotisme soit confié aux seuls docteurs en médecine, comme il le demande, pour qu'ils en fassent ce qu'ils veulent, mais nous aimerions imposer des restrictions à ces messieurs eux-mêmes, et limiter le nombre d'entre eux qui auraient l'autorisation de l'utiliser.

Toutefois, aux yeux du Théosophe, l'intérêt principal de ce nouveau pas en avant des écoles scientifiques ne réside pas dans le fait probable que des règles et des méthodes pourront être publiées mais dans la perspective qu'avant longtemps le matérialiste endurci — qui ne peut se convaincre d'un fait que lorsque, l'Académie le reconnaît — sera amené d'autant plus facilement à croire à l'existence de l'âme. Dans l'article de Scribner daté de Mars et mentionné plus haut, on trouve la reconnaissance publique que les faits de l'hypnotisme sont une preuve d'un Soi Caché. Le Dr Charcot ne va pas aussi loin que cela, mais la diversité et le caractère particulièrement occulte de nombreux faits journellement mis en lumière par d'autres expérimentateurs sont en train d'accumuler une telle montagne de preuves qu'il ne sera guère possible à quiconque de passer outre, ou d'en nier l'importance. Dès que ces gens commencent à admettre l'existence d'un Soi caché — en utilisant, en vérité, les mots mêmes qu'ont adoptés depuis longtemps de nombreux Théosophes, et que l'on trouve constamment dans les anciennes Upanishads — ils permettent l'ouverture d'une brèche dans l'édifice.
Ainsi, nous n'aurons pas longtemps à attendre avant de voir s'accomplir la prédiction faite par H.P. Blavatsky dans Isis Dévoilée, et répétée dans la Doctrine Secrète : « ... des faits oubliés et des événements délibérément engloutis dans l'océan du scepticisme moderne remonteront une fois de plus pour réapparaître à la surface ».

Rodriguez Undiano (W.Q. Judge).
Traduction de « Hypnotism and Mesmerism », article écrit par W.Q. Judge et publié dans le Path de mai 1890

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