La Crête des Cycles
Les spécialistes des sciences de la nature constatent de plus en plus le caractère cyclique des phénomènes qu'ils étudient. Les chercheurs ont réuni un grand nombre d'éléments de preuves qui confirment la doctrine théosophique de périodicité. Mais, quoique ces évidences proviennent de tous les départements de la nature et se rapportent aux découvertes les plus variées, la théorie n'a pas encore été promue, par les autorités, à la dignité de loi universelle. La Science, dans son ensemble, refuse de considérer les champs d'expérience qui sont au-delà du plan physique, or, seule, une partie limitée d'un cycle se situe sur ce plan physique. Au contraire, la Théosophie commence par postuler l'âme.
Les Trois Propositions Fondamentales de La Doctrine Secrète postulent des lois éternelles et inchangeables du Cosmos, qui gouvernent aussi bien les univers les plus grands que les atomes les plus minuscules et qui s'appliquent à tous les plans de l'être. Dans la science du Symbolisme, les marées fournissent une analogie correcte du principe de périodicité. Et l'on enseigne que, de même que le flux de la marée est suivi du reflux, ainsi chaque cause semée par un être humain est suivie d'un effet proportionné. Ce dernier n'est qu'un résultat naturel du premier. De plus, chaque vague, a son point culminant et son point le plus bas, sa crête et son creux, et les navigateurs avisés savent que c'est seulement dans le courant de la crête que l'impulsion de la vague peut être utilisée pour avancer. Être pris dans le remous du creux des vagues équivaut à la défaite.
Tout jardinier sait que, pour obtenir les meilleurs résultats, il doit semer et moissonner ses récoltes en accord avec les saisons naturelles de l'année. Que penserions-nous du jardinier qui ignorerait les cycles du printemps, de l'été, de l'automne et de l'hiver, et dont les succès ne dépendraient que de ses efforts personnels ? Ou bien, du cultivateur qui, ignorant la montée de la sève, élaguerait ses arbres hors de saison ? Le fermier expérimenté et observateur utilise des cycles opportuns pour faire ce qu'il y a à faire. Tout dans la nature a son mouvement rythmique, harmonieux, et habiles sont ceux qui, dans toutes leurs entreprises, travaillent méticuleusement en accord avec la loi.
Si le principe de la périodicité est évident pour les fermiers, les cultivateurs et ceux qui travaillent directement avec la nature, peut-il en être de même pour les citadins qui passent la majeure partie de leur vie dans des bureaux sans air, et qui voient rarement la verdure ? Que devient la masse d'êtres humains qui obtiennent leur nourriture, non pas de la nature directement, mais des marchés, des conserves et des produits congelés ? Qu'ont à faire les « crêtes » avec eux ? Pourtant, la périodicité s'applique partout. Il n'y a pas un individu qui vive, pas une œuvre dans laquelle un homme puisse être engagé, qui ne tombent directement sous l'opération de cette loi universelle. Qui n'a pas expérimenté les cas de « cafard » qui, d'après les observations des psychologues, réapparaissent à des intervalles réguliers ? Le citadin ne ressent-il pas la faim et la somnolence aussi régulièrement et aussi fortement que le travailleur de la ferme ? Les cycles des battements du cœur et de la respiration ne sont-ils pas aussi infaillibles et aussi nécessaires pour les gens des villes que pour les hommes qui vivent dans les cavernes ? Il n'y a rien que nous fassions, pas une expérience que nous ayons, ni une tâche dans laquelle nous nous engagions, qui ne dépende, pour ses résultats, de la loi de périodicité sous l'un de ses aspects. De même que les graines ont besoin du printemps pour germer, de même les efforts pour développer le mental par l'étude requièrent l'aide du mouvement cyclique. Le maigre résultat obtenu par certains étudiants de la philosophie est dû, sans aucun doute, à l'ignorance ou à la négligence de cette loi.
D'un point de vue philosophique, la périodicité signifie que lorsque les vagues de la vie rejettent quelque chose aux pieds d'un homme, il n'y a là que l'exact retour de ce que cet homme avait mis en mouvement lui-même. L'infortune, l'épreuve, la maladie, les malheurs de toutes sortes, de même que leurs opposés, sont tous des vagues d'effets. Il est facile de percevoir intellectuellement le principe des semailles et de la moisson, et d'expliquer philosophiquement le principe à soi-même, mais une compréhension intellectuelle est insuffisante. Pour travailler d'une manière constructive avec la loi, pour harmoniser ses propres énergies avec les vagues créatrices de la nature, l'homme doit pouvoir calculer sa position par rapport à chaque cycle. L'ignorance de la « signification et du déroulement temporel des cycles » conduit a la défaite.
Rien ne peut être fait contre les cycles, dit W. Q. Judge, mais beaucoup peut être fait avec eux. C'est la tâche de l'homme d'apprendre à s'équilibrer de façon à pouvoir se maintenir sur les crêtes de chaque vague de vie.
Les théosophes observateurs sont conscients de la force qui accompagne le retour des « Jours spéciaux ». Ces cycles représentés par le 21 mars, le 8 mai, le 25 juin, etc., marquent le retour d'impressions sur des plans de l'être différentes du plan physique, impressions formées crées à leur origine par des Êtres d'un ordre supérieur, dont la nature et les buts sont dirigés vers le bien-être de toute la race humaine. Sachant que le cycle arrive et s'y étant préparés, les étudiants du véritable occultisme qu'est la Théosophie peuvent bénéficier profondément de l'influx de l'énergie spirituelle. Quel que puisse être le motif de la vie d'une personne, qu'il soit bon ou mauvais, les marées des grands cycles impersonnels en centuplent, la force.
[Article publiés dans le Cahier Théosophique, n°10, © Textes Théosophiques, Paris]
Article "La Crête des Cycle"s : [Traduction de l'article « The Crest of Cycles » publié dans la revue Theosophy, Vol. XLIII, N"6.]