LETTRE N°44 – INTELLIGENCE HUMAINE ET INTELLIGENCE ARTIFICIELLE
Novembre – Décembre 2018
La prochaine Lettre paraîtra début janvier 2019. Elle aura pour thème : La Conscience collective, ou la réalisation plus vraie du SOI.
Vidéo : « Intelligence humaine & intelligence artificielle ». Voir la vidéo sur YouTube.
Audio : Conférence « La dynamique et l’intelligence collective ». Ecouter sur YouTube-Conféreces Théosophiques .
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PENSÉE DU MOMENT
« Tout ce qui quitte l’état Laya (l’état primordial latent et homogène) devient vie consciente active. La conscience individuelle émane de la conscience Absolue qui est le MOUVEMENT éternel, et y retourne. » - (Axiome Ésotérique.)
« Tout ce qui pense, comprend, veut, agit, est céleste et divin, et doit pour ce motif même, être nécessairement éternel ». Cicéron.
« Un Esprit d'innovation est généralement le résultat d'un caractère égoïste et d'un point de vue étroit. Ceux qui ne se retournent jamais vers leurs ancêtres, ne s'occuperont pas de la postérité. – Citation d’H.P. Blavatsky, article « La civilisation : la mort de l’art et de la beauté » (Cahier Théosophique n°74).
« Le “Phare” de la Vérité, c'est la Nature sans le voile de l'illusion des sens. Il ne peut être atteint avant que l'adepte ne soit devenu maître absolu de son moi personnel, capable de contrôler tous ses sens physiques et psychiques, à l'aide de son « septième sens », grâce auquel il est doué ainsi de la vraie sagesse des dieux – Theo-Sophia » - H.P. Blavatsky, article « Le Phare de l’Inconnu » (Cahier Théosophique n°25).
CŒUR DE LA THÉOSOPHIE
Intelligence humaine et intelligence cosmique
Qu’entend-on par mental ?
« On appelle Mental le nom donné à la somme des états de Conscience groupés sous le nom de Pensée, Volonté et Sentiment. Pendant le sommeil profond, l’idéation cesse sur le plan physique et la mémoire est en suspens ; car momentanément, « Le Mental n’est pas » étant donné que l’organe grâce auquel l’Ego manifeste l’idéation et la mémoire sur le plan matériel, a temporairement cesse de fonctionner. Un noumène ne peut devenir un phénomène sur un plan quelconque d’existence qu’en se manifestant sur ce plan à l’aide d’une base ou d’un véhicule approprié ; et durant la longue nuit de repos appelée Pralaya, quand toute existence est dissoute, le « MENTAL UNIVERSEL » demeure en tant qu’une possibilité permanente d’action mentale, ou sous forme d’une pensée abstraite absolue dont le mental est la manifestation concrète relative. » – H.P. Blavatsky – La Doctrine Secrète.
Le mental cosmique
La notion d’un mental cosmique est une notion importante en Théosophie. Le mental cosmique (désigné par les termes Mahat et de Buddhi) n’est pas le mental d’un Dieu monothéiste, mais c’est la synthèse de l’activité de toutes les intelligences de l’univers et principalement des hiérarchies spirituelles les plus hautes (c-à-d, les consciences les plus évoluées). Ces consciences unies reflètent dans l’univers le programme d’évolution qui provient de l’Idéation cosmique. Tout dans l’univers est doué d’une conscience et d’un mental aussi imperceptibles soient-ils à nos sens non exercés.
« Le Mental est la partie intelligente du Cosmos, et, dans l'ensemble des sept différenciations sommairement esquissées ci-dessus, le Mental est celle dans laquelle le plan du Cosmos est fixé ou contenu. Ce plan provient d'une période de manifestation antérieure qui enrichit encore son niveau de perfection toujours croissante ; aucune limite ne peut être fixée à ses possibilités évolutives de perfectionnement. Les manifestations périodiques de l'Absolu n'ayant jamais eu de commencement ne peuvent jamais avoir de fin ; c'est éternellement que se poursuivront les manifestations et les réabsorptions dans l'Inconnu. Partout où évolue soit un monde, soit un système de mondes, le plan en a été conçu dans le mental universel ; la force originelle vient de l'Esprit ; la base est la matière qui, en réalité, est invisible ; la Vie soutient toutes les formes qui ont besoin de vie et Âkâsha [ce qui est à la fois l’espace et l’essence ou substance subtile qui remplit l’univers entier] est le chaînon reliant la matière d'une part, et l'esprit-mental d'autre part. » - Extraits de l’Océan de Théosophie (pp. 16-17) de W.Q. Judge.
« Les progrès de la physiologie elle-même, comme nous venons de le dire, est le plus sûr garant que le jour n’est plus loin où l’on reconnaîtra l’existence d’unmental diffus dans l’univers, comme un fait accompli. C’est seulement une question de temps. […] L’énigme de la vie se trouve cachée dans les fonctions actives d’un organisme vivant dont nous ne pouvons obtenir une perception réelle que par la soi-observation, et non à l’aide de nos sens externes, par les observations faites sur notre volonté, pour autant qu’elle pénètre notre conscience, se révélant ainsi à notre sens intérieur. Par conséquent, lorsque le même phénomène agit uniquement sur nos sens extérieurs, nous ne le reconnaissons plus. Nous voyons tout ce qui se produit autour du phénomène du mouvement, mais nous ne percevons pas du tout l’essence de ce phénomène, parce qu’il nous manque pour le voir, un organe spécial de réceptivité. » - Extraits de l’article H.P. Blavatsky « Le Mental cosmique ».
Le mental humain
Pour comprendre la nature de l’être humain, le lecteur est invité à se référer aux pages 107 et 108 de La Clef de la Théosophie sur la Nature septuple de l’homme.
L’éveil de l’homme à la conscience réfléchie ou soi-conscience : « Le cours de l'évolution développa les principes inférieurs et produisit finalement la forme humaine pourvue d'un cerveau dont la capacité était supérieure et plus profonde que celle de tout autre animal. Mais cet homme, humain par la forme, n'en était pas un par le mental ; il lui manquait, pour le différencier du règne animal et lui conférer le pouvoir de devenir soi-conscient, le cinquième principe, celui qui pense et qui perçoit. La monade, composée d'Atma [l'Esprit] et de Buddhi [l'Âme spirituelle], était emprisonnée dans ces formes. Sans la présence de la monade, l'évolution ne pouvait se poursuivre. […] Le mental est le lien entre l'Esprit de Dieu en haut et l'homme personnel en bas ; il fut donné aux monades privées de mental, par d'autres qui, jadis, étaient passées par ce même processus pendant des âges dans d'autres mondes et d'autres systèmes de mondes ; il provient donc d'autres périodes d'évolution qui se sont déroulées et terminées longtemps avant que le système solaire n'eût commencé. […].
« On peut comprendre comment cette lumière du mental fut donnée aux hommes sans mental par l'exemple d'une seule chandelle qui en allume beaucoup d'autres. S'il y a une seule chandelle allumée et de nombreuses autres qui ne le sont pas, une seule flamme suffit pour allumer les autres. Il en est ainsi pour Manas [le Mental] : il est la torche de lumière. Les hommes sans mental, ayant les quatre principes élémentaires, corps, corps astral, vie et désir, sont les chandelles non allumées qui n'auraient pu s'allumer d'elles-mêmes. Les Fils de la Sagesse qui, sur tous les globes, sont les Frères Aînés de chaque famille humaine, possèdent la lumière qui leur fut donnée dans un passé reculé par ceux qui l'avaient reçue dans un passé encore plus lointain, et ainsi de suite en une procession ininterrompue, sans commencement ni fin. Ils enflamment l'ensemble des principes inférieurs et la monade, et allumant ainsi Manas dans les hommes nouveaux, ils préparent une nouvelle grande race pour l'initiation finale. Toutes les grandes religions et la Franc-Maçonnerie ont représenté symboliquement cet éveil du feu de Manas. » - Extraits de l’Océan de Théosophie (pp. 56-57) de W.Q. Judge.
Le mental supérieur et le mental inférieur dans l’homme : « Manas ou le penseur, est l'être qui se réincarne, immortel, qui porte les résultats et les valeurs des différentes vies vécues sur terre ou autre part. Sa nature devient double dès qu'il s'attache à un corps. Le cerveau humain est, en effet, un organe supérieur et Manas s'en sert pour raisonner des prémisses aux conclusions, ce qui différencie l'homme de l'animal, car l'animal agit par impulsions automatiques dites instinctives, tandis que l'homme peut user de la raison. Ceci n'est pas, comme certains le supposent, le don le plus élevé et le meilleur de l'homme, mais l'aspect inférieur du penseur ou Manas. Son autre aspect, son aspect supérieur selon la Théosophie, est l'intuition qui connaît, et ne dépend pas de la raison. L'aspect inférieur et purement intellectuel de Manas est plus proche du principe du désir, et c'est ce qui le distingue de son autre aspect qui a des affinités avec les principes spirituels supérieurs. Si donc le penseur devient purement intellectuel, toute sa nature commence à tendre vers le bas, car l'intellect seul est froid, dur et égoïste, parce qu'il n'est pas éclairé par les deux autres principes, Buddhi et Atma. » - Extraits de l’Océan de Théosophie (pp. 57-58) de W.Q. Judge.
Intelligence humaine et intelligence artificielle
Dans la vidéo jointe à la lettre sont exposés les développements de l’intelligence artificielle, ses promesses et ses dangers. L’intelligence humaine est capable de créativité, de progrès, d’imagination, de responsabilité, du sens du devoir, de Compassion, et de nombreux pouvoirs psychiques et surtout spirituels que la machine ne pourra acquérir.
Nous sommes en tant qu’émetteur responsable de ce qui nous arrive aujourd’hui et coresponsables. Il y a une répartition des responsabilités qui fait que nous sommes collectivement responsables de ce qui nous arrive. Voilà pourquoi les Éveillés – comme l’on dit – les Maîtres de Sagesse, les Grandes Âmes, nous préviennent qu’étant responsables de notre évolution individuellement et collectivement – étant responsables de la souffrance qui existe dans l’humanité aujourd’hui. Nous devons être conscients qu’il existe une loi qui va chercher constamment à réharmoniser, à rééquilibrer ces énergies. On le voit très bien en astronomie, et on peut voir avec nos yeux physiques comment les choses se rééquilibrent dans l’univers. C’est vrai aussi sur le plan psychique et encore plus sur le plan spirituel. Car c’est la Loi des lois, c’est la Compassion, l’Harmonie et l’Amour. Ces lois sont universelles et on ne peut pas passer outre. C’est ces lois qui font qu’un univers existe en tant que tel.
On le sait bien en astrophysique, où on a bien compris que les règles qui ajustent les éléments pour que nous devenions des êtres humains sont d’une précision jamais atteinte dans l’univers. Cette précision avec laquelle l’univers a été construit représente le rapport du diamètre du noyau d’un atome avec le diamètre de tout l’univers visible. C’est la précision avec laquelle la Nature a fabriqué toute cette machinerie qui n’a qu’une seule destination faire évoluer notre conscience. Nous sommes très, très, loin au-dessus de l’intelligence artificielle.
La maîtrise du mental et les vertus divines
Les articles de B.P. Wadia sont d’une grande aide pour la maîtrise du mental et du cœur : « Le cœur errant », « Le destructeur du réel », « Le mental de celui qui pratique le renoncement », « Le mental vertueux ».
Par le détachement vaincre l’illusion de la séparation et n’accepter que la vérité de l’individualité collective : (extrait de l'article de Blavatsky, « Le Phare de l'Inconnu ») : « La Gupta Vidya (Science Secrète), est une mer attrayante, mais houleuse, et pleine d'écueils. Le navigateur qui s'y risque, s'il n'est sage et riche d'expérience acquise (1), sera englouti, brisé sur les mille récifs sous-marins. De grandes vagues, couleur de saphir, rubis et émeraude, des vagues pleines de beauté et de mystère le recouvriront, prêtes à porter les marins vers d'autres et nombreux phares qui brillent dans toutes les directions. Mais ce sont de faux phares, des feux follets allumés par les fils de Kâlya (2) pour la destruction de ceux qui demeurent aveugles à la lumière de ces feux trompeurs ; plus heureux ceux qui ne détournent jamais leurs regards du seul vrai phare, dont la flamme éternelle brûle solitaire au milieu de l'abîme des eaux de la Science Sacrée. Nombreux sont les pèlerins qui désirent s'y plonger ; bien rares les nageurs vigoureux qui atteignent le Phare. Pour y arriver il faut cesser d'être un nombre, et être devenu tous les nombres. Il faut oublier l'illusion de la séparation, et n'accepter que la vérité de l'individualité collective (3). Il faut voir par l'ouïe, entendre avec les yeux (4), lire le langage de l'arc-en-ciel, et avoir concentré ses six sens dans le septième (5).
(1) Sous la direction d'un gourou ou maître.
(2) Le grand serpent vaincu par Krishna et chassé de la rivière de Yanuma dans la mer, où le serpent Kâlya prit pour femme une espèce de Sirène dont il eut une nombreuse famille.
(3) L'illusion de la personnalité du moi, à part et placée par notre égoïsme au premier plan. En un mot, il faut s'assimiler l'humanité entière, vivre par elle, pour elle, et dans elle, en d'autres termes cesser d'être « un » pour devenir « tous » ou le total.
(4) Expression Védique. Les sens, en comptant les deux sens mystiques, sont sept dans l'occultisme ; mais un Initié ne sépare pas plus ses sens l'un de l'autre qu'il ne sépare son unité de l'Humanité. Chaque sens contient tous les autres.
(5) Symbologie des couleurs. Le langage du prisme, dont « les sept couleurs mères ont chacune sept fils », c'est-à-dire quarante-neuf teintes ou « fils » entre les sept, lesquelles teintes graduées sont autant de lettres ou caractères alphabétiques. Le langage des couleurs a donc cinquante-six lettres pour l'initié (ne pas confondre avec l'adepte, voir mon article « Signal de Danger »). De ces lettres, chaque septénaire s'absorbe dans sa couleur mère, comme chacune des sept couleurs mères est absorbée finalement dans le rayon blanc, l'Unité divine symbolisée par ces couleurs.
Le pouvoir de l’imagination
« L’imagination est l’un des éléments les plus puissants de la nature humaine, […] « est le grand ressort de l’activité humaine, et la source principale d’amélioration de l’homme … Détruisez cette faculté, et l’état des hommes deviendra aussi stationnaire que celui de la brute ». C’est le meilleur guide de nos sens aveugles, sans lequel ceux-ci ne pourraient jamais nous mener au-delà de la matière et de ses illusions. Les plus grandes découvertes de la science moderne sont dues à la faculté imaginative des inventeurs. Mais quand a-t-on vu une chose nouvelle, une théorie se heurtant à une autre fermement établie, s’affirmer sans que la science orthodoxe ne commence par étouffer et par essayer de la supprimer. » - Extraits de l’article H.P. Blavatsky « Le Mental cosmique ».
« Si le principe du désir n'est pas puissant, le maître pouvoir de l'imagination ne peut accomplir son œuvre, car. bien qu'il crée un moule ou une matrice, la volonté ne peut agir à moins qu'elle ne soit mue, dirigée et maintenue à son point culminant par le désir. […] L'imagination est, après la volonté, le plus grand pouvoir dans l'ensemble complexe des instruments humains. La définition occidentale moderne de l'imagination est incomplète et loin de la réalité. On l'emploie surtout pour désigner la fantaisie ou les conceptions erronées et elle passe toujours pour irréelle. Il est néanmoins impossible de trouver un terme plus approprié, l'un des pouvoirs de l'imagination exercée étant celui de fabriquer une image. Le mot est dérivé de termes qui signifient la formation ou la réflexion d'une image. Cette faculté utilisée, ou plutôt laissée libre d'agir, sans contrôle, n'a suggéré en Occident que l'idée exprimée par le mot " fantaisie ". Si on en reste là, il s'agit bien de fantaisie mais le pouvoir d'imagination peut être développé au point de produire dans la substance astrale une image réelle, ou une forme susceptible d'être employée de la même manière qu'un mouleur de fer se sert d'un moule en sable pour y couler le fer en fusion. C'est donc la faculté majeure, car la volonté ne peut œuvrer si l'imagination est un tant soit peu faible ou non exercée. » - Extraits de l’Océan de Théosophie (pp. 50, 147-8) de W.Q. Judge.
LA CHRONIQUE (PASSÉ, PRÉSENT, FUTUR)
Le cycle actuel et le futur de l’humanité
Les dangers d’un matérialisme brutal
Extraits de l’article d’H.P. Blavatsky, « La civilisation : la mort de l’art et de la beauté » (Cahier Théosophique n°74)
La nature et l’homme tendent à devenir artificiels : « Par suite des progrès triomphants et de l'invasion de la civilisation, la Nature, comme l'homme et la morale, sont sacrifiés et ne tardent pas à devenir artificiels. Les climats changent et la face du monde sera bientôt complètement modifiée. Sous la main meurtrière des pionniers de la civilisation, la destruction totale de forêts primitives conduit à l'assèchement de rivières, et le creusement du canal de Suez a changé le climat de l'Egypte, comme celui du canal de Panama fera dévier le cours du Gulf Stream Des pays presque tropicaux deviennent froids et pluvieux, et des contrées fertiles menacent de se trans¬former en déserts de sable. D'ici quelques années, il, ne restera plus dans un rayon de cinquante milles aux environs de nos grandes villes, un seul coin de campagne qui n'ait pas été violé par la spéculation vulgaire. Dans la nature, le grotesque et l'artificiel remplacent peu à peu le pittoresque et le naturel. […]
Le progrès matériel et la mort de l’art et de la beauté : « Glorifions-nous des bénédictions de la civilisation. Vantons-nous de nos sciences et des grandes découvertes de notre âge, de ses réalisations dans les arts mécaniques, de ses chemins de fer, téléphones et batteries électriques ; mais n'oublions pas cependant d'acheter à des prix fabuleux (presque aussi forts que ceux payés de nos jours pour un chien primé, ou le chant d'une ancienne prima donna) les peintures et les sculptures de l'antiquité barbare et non civilisée, comme aussi du Moyen-Âge ; car de tels objets d'art ne seront plus reproduits. La civilisation a sonné leur heure fatale. Elle a sonné le glas des arts anciens, et la dernière décade de notre siècle invite le monde aux funérailles de tout ce qui fut grand, pur et original dans les civilisations de jadis. […]
Les classes moyennes et pauvres sont sacrifiées : « Mais ce ne sont là que des signes secondaires des temps et de la diffusion de la culture parmi les classes moyennes et inférieures. Partout où l'esprit d'imitation possède le cœur de la nation — les classes pauvres et travailleuses — l'esprit national disparaît, le pays est sur le point de perdre son individualité, et tout va plus mal. A quoi sert-il de proclamer bien haut « les bienfaits de la civilisation chrétienne », de prétendre qu'elle a adouci la moralité publique, qu'elle a affiné les mœurs et coutumes nationales, etc., etc., alors que notre civilisation moderne a fait tout le contraire ! La civilisation dépend depuis des âges, dit Burke, « de deux principes … l'esprit du gentilhomme et l'esprit religieux ». Mais combien de vrais gentlemen nous reste-t-il, si nous comparons notre temps même à l'époque demi barbare de la chevalerie ? La religion est devenue une hypocrisie grossière, et le véritable esprit religieux est considéré de nos jours comme de la folie. »
La puissance et dangers de la technologie : « Quant aux bénédictions des chemins de fer et à « l'annihilation de l'espace et du temps », c'est une question qui reste en suspens de savoir — indépendamment de la misère et de la famine que l'introduction des locomotives et du machinisme a produites depuis des années chez ceux qui vivent de leur travail manuel — si les chemins de fer ne tuent pas plus de gens en un mois que les brigands de toute l'Europe n'en tuaient en un an. Les victimes des chemins de fer, de plus, sont tuées dans des circonstances qui surpassent en horreur tout ce que les coupeurs de gorges auraient pu imaginer. On lit journellement le récit de catastrophes ferroviaires où les gens sont « brûlés dans les débris enflammés », « déchiquetés et rendus méconnaissables », et tués par douzaines et par vingtaines. Ceci est bien pis que les bandits de grands chemins de Newgate de jadis. »
L’artificiel remplace le réel et le faux est substitué au vrai : Consummatum est. Voilà l'œuvre de notre civili¬sation chrétienne et ses effets directs. Agent de destruction de l'art, Shylock qui, pour chaque parcelle d'or qu'il donne, exige et reçoit en retour une livre de chair humaine, dans le sang du cœur, dans la souffrance physique et mentale des masses, dans la perte de tout ce qui est vrai et digne d'être aimé, ne mérite guère de reconnaissance ni de respect. Cette fin de siècle, annoncée prophétiquement d'une façon inconsciente, est en somme la fin du cycle, prédite depuis longtemps et dans laquelle, selon le Manjunâtha Sutra, « La Justice sera morte, laissant comme successeur la Loi aveugle, et comme Gourou et guide : l'Egoïsme, les choses et les actions mauvaises seront considérées comme méritoires, et les actes saints comme de la folie ». Les croyances se meurent, la vie divine est raillée ; l'art et le génie, la vérité et la justice sont sacrifiés journellement au mammon insatiable du siècle, la recherche de l'argent. L'artificiel remplace le réel, le faux est substitué au vrai. Il ne reste plus, dans le sein de la nature, une seule vallée ensoleillée, ni un bosquet ombragé qui soit encore vierge. »
Le vrai progrès : « Sommes-nous tellement dans l'erreur en maintenant que la civilisation moderne, avec son Esprit de Spéculation, est le Génie même de la Destruction ; et comme tel, quelles meilleures paroles peut-on lui adresser que la définition donnée par Burke :
“Un Esprit d'innovation est généralement le résultat d'un caractère égoïste et d'un point de vue étroit. Ceux qui ne se retournent jamais vers leurs ancêtres, ne s'occuperont pas de la postérité.” »
Œuvrer à la venue d’un Âge nouveau
Extraits de l’article d’H.P. Blavatsky, « Le cycle nouveau » (Cahier Théosophique n°116)
Travailler à la libération de la pensée humaine : « Tous, nous devons travailler à la libération de la pensée humaine, à l'élimination des superstitions égoïstes et sectaires et à la découverte de toutes les vérités qui sont à la portée de l'esprit humain. Ce but ne peut être atteint plus sûrement que par la culture de la solidarité dans le travail mental. Aucun travailleur honnête, aucun chercheur sérieux, ne s'en retourne les mains vides ; et il n'y a guère d'hommes ou de femmes, si occupés qu'on les suppose, qui soient incapables de déposer leur denier moral ou pécuniaire sur l'autel de la vérité. »
« Nous voici en face de toutes les glorieuses possibilités de l'avenir. Voici encore une fois l'heure du grand retour périodique de la marée montante de la pensée mystique en Europe »
Rechercher la Vérité : « Préparons-nous, et étudions la vérité sous toutes ses faces, tâchons de n'en ignorer aucune, si nous ne tenons pas, lorsque l'heure sera venue, à tomber dans le gouffre de l'inconnu. Il est inutile de s'en remettre au hasard et d'attendre le moment de la crise intellectuelle et psychique qui se prépare, avec indifférence, sinon avec une pleine incrédulité, en se disant qu'au pis-aller la marée nous poussera tout naturellement vers le rivage ; car il y a de grandes chances pour que cette marée ne rejette qu'un cadavre. La lutte sera terrible, en tout cas, entre le matérialisme brutal et le fanatisme aveugle d'un côté, et de l'autre la philosophie et le mysticisme, ce voile plus ou moins épais de la vérité éternelle. »
Œuvrer à la liberté de la pensée humaine : « Vous savez bien qu'un mot vieux comme le monde, quoique nouveau pour vous, a été prononcé au commencement de ce cycle, et gît en puissance, bien que non articulé pour les autres, dans la somme des chiffres de l'année 1889 ; vous savez qu'une note, qui n'avait jamais encore été entendue par les hommes de l'ère présente, vient de résonner, et qu'une nouvelle pensée est éclose, mûrie par les forces de l'évolution. Cette pensée diffère de tout ce qui n’a jamais été produit dans le XIX siècle ; elle est identique, cependant, avec celle qui fut la tonique et la clef de voûte de chaque siècle, surtout du dernier : — Liberté absolue de la pensée humaine. »
Vivre sous l'égide de leur Nature Divine : « Pourquoi hésiter à se frayer un passage vers cet idéal, à travers tous les obstacles, toutes les entraves, toutes les considérations journalières de la vie sociale, et à marcher résolument jusqu'à ce qu'on l'atteigne ? Ah ! ceux qui feraient cet effort trouveraient bientôt que la « porte étroite » et « le chemin plein de ronces » mènent à des vallées spacieuses aux horizons sans limites, à un état où on ne meurt plus, car on s'y sent redevenir dieu ! Il est vrai que les premières conditions requises pour en arriver là sont un désintéressement absolu, un dévouement sans bornes pour autrui, et une parfaite indifférence pour le monde et son opinion. Pour faire le premier pas dans cette voie idéale, il faut un motif parfaitement pur ; aucune pensée frivole ne doit nous faire détourner les yeux du but, aucune hésitation, aucun doute ne doit entraver nos pas. Cependant il existe des hommes et des femmes parfaitement capables de tout cela et dont le seul désir est de vivre sous l'égide de leur Nature Divine. Que ceux-là, au moins, aient le courage de vivre cette vie et de ne pas la cacher aux yeux des autres ! Aucune opinion d'autrui ne saurait être au-dessus de l'opinion de notre propre conscience. Que ce soit donc cette conscience, parvenue à son développement suprême, qui nous guide dans tous les actes de l'existence ordinaire. Quant à la conduite de notre vie intérieure, concentrons toute notre attention sur l’idéal proposé, et regardons au-delà, sans jamais jeter un regard sur la boue à nos pieds... »
ARTICLES ET DOCUMENTS
Il est proposé à la lecture (pour en savoir plus) :
- Article d’H.P. Blavatsky, « Le mental Cosmique ».
- Article d’H.P. Blavatsky, « La civilisation : la mort de l’art et de la beauté » (Cahier Théosophique n°74).
- Article d’H.P. Blavatsky, « Le cycle nouveau » (Cahier Théosophique n°116).
- Extrait de La Clef de la Théosophie d’H.P. Blavatsky : « La nature septuple de l’homme ».
- Article de W.Q. Judge « L’Ego et le corps » (CT n°97).
- Article de W.Q. Judge « Le souvenir des expériences de l’Ego ».
- Articles de B.P. Wadia : « Le cœur errant », « Le destructeur du réel », « Le mental de celui qui pratique le renoncement », « Le mental vertueux ».
- Article de B.M. « La structure du mental ».
- Article de R. Crosbie « Instinct et intuition ».
MÉDIATHÈQUE