Études dans la Voix du Silence – IV : Le mental vertueux
L'homme de Vertu fait l'objet du respect universel. L'homme de cœur est admiré, mais l'est aussi celui qui est intelligent. Dans notre civilisation moderne, la capacité mentale et le pouvoir moral peuvent rester dissociés, l'éducation encourageant presque cette dissociation. Un gentleman ne trichera pas aux cartes lorsqu'il joue dans son Club, mais le même individu n'hésitera pas à trancher la gorge de son ami si jamais celui-ci le concurrence dans les affaires. La plupart des occidentaux qui vont à l'église condamnent très sévèrement la polygamie et la polyandrie, mais ils ferment les yeux devant l'adultère commis aussi bien par les hommes que par les femmes. L'Hindou orthodoxe, en faisant de la philosophie, avance des arguments afin de prouver que Brahman est dans le cœur de chaque être, cependant il ne voit rien d'illogique lorsque, dans la vie pratique, il applique la doctrine immorale de l'intouchabilité. Nous pourrions continuer à multiplier les exemples montrant combien les gens intelligents, y compris ceux qu'on appelle les logiciens et les philosophes, réduisent à zéro les principes moraux.
L'enseignement fondamental et central de La Voix (lu Silence vise l'intégration des mains, de la tête et du cœur. Non seulement il faut admettre les principes moraux — ce que tout le monde fait — mais il faut les appliquer. La valeur de l'habitude mentale qui consiste à chercher le principe moral sous-jacent avant qu'une action soit accomplie, ou une parole dite, n'est pas du tout reconnue par l'homme « éduqué et cultivé ». L'Occultisme exige la pratique constante qui consiste à juxtaposer les principes moraux et les doctrines intellectuelles. S'il est immoral de tricher au Club, il est aussi immoral de tricher au bureau ; si la polygamie est condamnable, l'adultère est pire, car il s'y ajoute l'hypocrisie ; si Brahman est au cœur de chaque être, alors l'intouchabilité est une erreur et celui qui l'applique est un homme irréligieux. Celui qui se place sur le sentier du chéla [disciple] est tenu de consulter son code de règles et de lois à chaque tournant. À l'exemple du juriste, il dispose de sa mémoire, cependant le juriste se rafraîchit presque toujours la mémoire en consultant ses codes avant d'agir. C'est la démarche que devrait suivre celui qui étudie l'Occultisme. « Dormir une nuit avant d'envoyer une lettre, et laisser mûrir un plan » est une règle à observer parce qu'elle accorde le temps nécessaire pour que la mémoire se rafraîchisse et pour consulter les Écritures. Chercher à dégager les principes d'action, sur le plan aussi bien moral que mental, est chose essentielle et, même sur le champ de bataille, le Maître Krishna jugea nécessaire de les mettre en relief.
La règle générale, la loi fondamentale et basique qui toujours et constamment doit rester présente à l'esprit est celle de la Fraternité. Si une pensée ou un sentiment, un mot ou une action, blesse une autre âme, on est dans l'erreur. H.P. Blavatsky [H.P. B.] donne ce conseil à l'étudiant désireux de pratiquer véritablement :
« Il doit se considérer comme une chose infinitésimale, pas même comme un atome individuel, mais comme une partie des atomes du monde pris dans leur ensemble, ou bien devenir une illusion, un rien, et s'évanouir tel un souffle ne laissant aucune trace derrière lui. En tant qu'illusions, nous sommes des corps distincts séparés, vivant dans des masques fournis par Mâyâ. Pouvons-nous revendiquer un seul atome de notre corps comme notre propriété distincte ? Toute chose, depuis l'esprit jusqu'à la plus infime particule, fait partie de l'ensemble, au mieux constitue un lien. Brisez un seul lien et tout sombre dans l'annihilation ; mais ceci est impossible. Il y a une série de véhicules qui deviennent de plus en plus grossiers, allant depuis l'esprit jusqu'à la matière la plus dense, de telle sorte qu'à chaque degré vers le bas et l'extérieur, nous voyons se développer de plus en plus en nous-mêmes le sens de la séparativité. Cependant, cela est illusoire, car s'il existait une véritable séparation complète entre deux individus quelconques, ils ne pourraient pas communiquer entre eux, ni se comprendre d'une façon quelconque. »
La Loi de la Fraternité est admise intellectuellement par tous les étudiants, et ceux qui pratiquent sincèrement commencent à l'appliquer. Mais l'influence du mental de la race est très puissante, de telle sorte que même ceux-là sont déroutés par la différence qui sépare l'application morale de la compréhension mentale. Il est demandé à tous ceux qui sont en probation de s'examiner à la lumière de leur propre Ego intérieur et en s'aidant des vertus divines — les paramita [vertus]. D'habitude, les vertus sont considérées comme des attributs du cœur ; nous ne parlons généralement pas des sentiments du mental ; l'intégration, ou l' « union-yoga » du mental et du cœur, exige que le mental devienne vertueux. Nous devons apprendre à penser aux vertus et à nous servir de notre raison et de notre intelligence, de notre pouvoir de discernement et de notre jugement, en mettant en pratique les paramita dont traite le troisième Traité de La Voix du Silence « Les Sept Portails ». C'est du point de vue de la relation qui existe entre le mental et la morale qu'il nous faut examiner les « Clefs d'Or ».
Du fait que le mental est conduit par les passions et les sentiments humains, il vagabonde dans le champ des sens, en les détruisant et en se détruisant lui-même. D'où l'injonction : « Tu ne laisseras pas tes sens faire de ton mental un champ de plaisir ».
Avant que le mental puisse absorber les vertus, celui qui apprend doit voir en lui-même la différence qui existe entre le mental-désir et le mental-âme. Un pont qu'on appelle la Conscience existe comme troisième facteur. La Conscience est Antahkarana — l'organe interne — et constitue à la fois la voix de l'expérience accumulée dans le monde de la matière et le canal de communication de la lumière divine rayonnant depuis le monde de l'Esprit. La Conscience, convenablement activée, jette un pont au-dessus du gouffre qui existe ordinairement entre les activités mentales et les activités morales. Avant de commencer réellement à parcourir le Sentier et de pouvoir pratiquer correctement la première des paramita divines, l'intégration harmonisant la tête et le cœur est nécessaire.
« Avant de pouvoir t'approcher de la toute première porte, tu dois apprendre à séparer ton corps de ton mental, à dissiper l'ombre et à vivre dans l'éternel. »
Cela n'implique pas que l'art de séparer le corps du mental ait été maîtrisé, mais cela signifie qu'en toute occasion, si l'on veut vraiment exprimer la Charité-Dana, il faut s'efforcer d'examiner la position relative du corps et du mental, de vivre, ne serait-ce qu'un instant, dans l'éternel, de sentir qu'un aspect de nous-mêmes demeure en toutes choses et que toutes choses sont dans le Soi Unique. Ce préliminaire à l'exercice de la paramita Dana apporte à cet exercice la force venant du mental et d'idées vraies. Comme il est extrêmement difficile, sinon impossible, d'accorder notre mental à celui de l'humanité tout entière, il existe un avantage dans l'institution de la condition de chéla et nous sommes invités à accorder notre mental au « mental collectif des Lanoo-Shravakas ». Le sentiment d'unité illumine le mental ; le mental illuminé use de la vertu de Dana — la charité et l'immortel amour — sans le faire d'une manière sentimentale ou sensuelle, mais d'une façon Egoïque.
Ce qui est vrai de Dana l'est tout autant de Shila et de Kshanti ; ces vertus forment une triade, car l'amour crée l'harmonie et, sans la patience, l'harmonie ne peut être créée. Une réalisation équilibrée, que ce soit une parole, un acte, un poème ou une image, a l'amour pour père et pour mère la patience. Quand l'enfant est créé, sa qualité de perfection fait de lui un chef d'œuvre, et il en résulte une Béatitude « durable à jamais ».
De même, les trois dernières paramitas Virya, Dhyana et Prajňa, forment une triade. Lorsque mû par l'énergie indomptable, le père s'exerce à la contemplation, il en résulte Prajňa — la pleine perception spirituelle.
Entre les deux triades, se situe la paramita de Viraga (Vairagya) sans laquelle on ne peut pas plus conquérir l'lllusion-Mâyâ que percevoir la Vérité-Sat. Le détachement, l'absence de passion, l'indifférence sont, sous plus d'un rapport, l'expression 'de la plus importante des vertus. Il nous est dit :
« Sois maître de tes pensées, ô toi qui luttes pour la perfection, si tu veux en franchir le seuil » (celui du portail du milieu). »
C'est le mental qui fait fructifier l'attachement aux objets des sens. Si le mental ne se pliait pas aux injonctions des désirs et des passions, il n'y aurait aucun attachement. Lorsqu'il est détaché de l'inférieur, il a en lui-même le pouvoir de s'attacher au supérieur.
De plus, la satisfaction ressentie par les êtres élémentaux qui constituent notre nature des désirs est due à leur interaction avec les sens et les organes — les Gnyana-indriyas et les Karma-indriyas. La perception-désir conduit à l'action-désir. Aussi nous est-il dit :
« Sévère et exigeante est la vertu de Virâga. Si tu veux te rendre maître de son sentier, il faut bien plus qu'avant garder ton mental et tes perceptions de toute action meurtrière. »
L'action qui ne plaît pas à lshvara et qui tue l'Âme est l'action égoïste ; son opposé est le sacrifice ; l'action sacramentelle, Yajňa. Toute actioft, aussi ordinaire soit-elle, peut être transformée en un sacrement par la magie appelée Yajňa. Tous les karmas que nous héritons du passé forment nos devoirs, notre Dharma ; l'ésotériste doit accomplir son Dharma de telle sorte que chaque acte accompli acquière la nature d'un sacrement. Mais :
« Avant de lever la main pour soulever le loquet de la quatrième porte, tu auras dû passer en revue et maîtriser dans ton Soi toutes les modifications du mental et anéantir l'armée des sensations occupant la pensée, qui, subtiles et insidieuses, font irruption dans le rayonnant tabernacle de ton Âme. »
Les pensées non désirées dominent la conscience avant même que leur présence ne se soit révélée — c'est la première étape. Les chasser est chose difficile, mais l'effort fait naître le Siddhi, le pouvoir, permettant de ressentir leur approche. Dans cette seconde étape, il y a un danger à garder le mental vide. Il est important d'apprendre à nous tenir engagés mentalement. Il est nécessaire d'avoir toujours à portée de la main des pensées et des sujets susceptibles de maintenir le mental ferme et fixé. « Possession vaut titre » dit-on et c'est vrai aussi pour le mental qui possède des idées vraies qui l'immunisent contre les attaques de l'ennemi.
« Si tu ne veux pas être tué par elles [les pensées], alors tu dois rendre inoffensives tes propres créations, les enfants de tes pensées, invisibles et impalpables, qui, à la manière d'un essaim, tourbillonnent autour du genre humain — la masse de ces pensées étant comme la progéniture et l'héritière de l'homme, et formant ses dépouilles terrestres. »
C'est par nos pensées, bonnes et mauvaises, que nous nous lions à l'humanité et à l'univers. Les liens de la pensée sont de très puissantes attaches et Vairagya consiste à détacher notre propre mental de tous les liens de la pensée. Les pensées d'autrui nous attachent à autrui, dans la mesure où nous sommes consubstantiellement impliqués. Mais cette loi opère également dans le sens bénéfique : les pensées nous lient au Soi Suprême, aux Êtres Bénis qui vivent dans les infinitudes de l'espace ou sur la terre. Nos désirs emplissent actuellement notre monde ; ils nous poussent à penser, à faire des projets, à agir ; le monde de l'Esprit est un vide pour l'homme de chair. Mais lorsque le choix supérieur est fait et que la résolution est prise, c'est le vide du monde des sens qui est perçu. L'invocation du supérieur, le contact quotidien avec le supérieur, le repos soutenu dans le supérieur, tout cela révèle à quel point le plénum est plein de grandeur et de félicité. Chez l'aspirant qui s'exerce à la pratique, le détachement de l'inférieur et l'adhésion au supérieur transfèrent les amours au domaine spirituel et, à partir de ce moment-là, la Mâyâ de l'univers matériel apparaît comme un jeu, un drame, une Lila. Les symboles du vide et du plein sont d'excellentes idées métaphysiques dont la contemplation renforce la vertu de Vairagya.
« Applique-toi à découvrir la vacuité de ce qui semble plein, la plénitude de ce qui semble vide. Ô aspirant sans peur, sonde profondément le puits de ton cœur et réponds : connais-tu les pouvoirs du Soi, ô toi qui perçois les ombres extérieures ? »
Chaque effort en vue d'atteindre et de conserver une nouvelle position dans un monde plus élevé requiert de l'énergie spirituelle — Virya. La source de Virya se trouve dans le pôle spirituel de l'être humain. L'énergie physique, en rapport avec le principe de prâna dans l'homme, n'est que l'expression la plus basse de Virya. Virya est appelée la semence de l'Âme et elle est activée par le célibat spirituel — le Brahmacharya du mental.
Les chélas des Grands Gurus sont de vrais Brahmacharis — de jeunes débutants acquérant la force de la connaissance qui sont appelés à entrer tout à l'heure dans la Grande Maison des Pères de la Race. Si la pratique du Brahmacharya corporel est une entreprise difficile, plus difficile encore est le célibat de l'Âme qui est nécessaire pour réaliser le véritable état de concentration Dhyana. Comme dans tout le reste, l'épanouissement de l'intérieur vers l'extérieur est la loi dans le Brahmacharya : le célibat psycho spirituel intérieur rend le célibat psychophysiologique possible. Ceux qui s'efforcent de pratiquer ce dernier sans le faire reposer sur le premier échouent — et font plus qu'échouer.
Afin d'atteindre la paramita Dhyana, l'étudiant doit acquérir l'art d'utiliser l'énergie à des fins à la fois offensives et défensives. La conscience doit atteindre un état où les attaques provenant des régions inférieures ne la touchent pas ; et également, dans cet état, le mouvement vers le but ultime se poursuit de façon soutenue. L'état Dhyana est statique par rapport à l'inférieur, mais dynamique par rapport au supérieur. Dans cet état, les attaques provenant de la lumière astrale doivent être affrontées et il faut s'en protéger, tout en s'efforçant de s'élever régulièrement dans l'Astral Divin, ou Akasha. Cette double tâche est implicitement décrite dans les versets suivants qui ont été disposés de manière à faciliter la compréhension du lecteur :
« Avant que la flamme d'or puisse brûler d'une lumière invariable, la lampe doit être bien protégée dans un lieu à l'abri du vent ». Exposé aux sautes de brise, le trait de lumière vacillera et la flamme tremblante projettera sur le blanc sanctuaire de ton Âme des ombres trompeuses, sombres et toujours changeantes.
« Alors, ô toi qui poursuis la vérité, ton Âme-Mental deviendra semblable à l'éléphant furieux qui se déchaîne dans la jungle : prenant les arbres de la forêt pour de vivants ennemis, il périt dans sa rage de tuer les ombres toujours mouvantes qui dansent sur la paroi des rochers éclairés de soleil.
« Il faut que tu atteignes une telle fixité du mental qu'aucune brise, si forte soit-elle, y introduise une pensée terrestre. Ainsi purifié, le sanctuaire doit être vide de toute action, de tout son et de toute lumière de nature terrestre ; de même que, saisi par la gelée, le papillon tombe inanimé sur le seuil, ainsi toute pensée de la terre doit tomber morte devant le temple.
« Construis bien haut, Lanou, le mur qui entourera l'Île Sainte, la digue qui protégera ton mental de l'orgueil et de la satisfaction à la pensée du haut fait accompli.
« Ton « Île » est comme le daim, tes pensées comme les chiens de chasse qui le harcèlent et le poursuivent dans sa course vers le fleuve de Vie. Malheur au daim qui est rattrapé par les démons aboyeurs avant d'avoir atteint la Vallée du Refuge, appelée Dhyâna - mârga, le « sentier de la pure Connaissance.
« Avant de pouvoir t'établir en Dhyâna-mârga et faire tien ce Sentier, ton Âme doit devenir comme le fruit mûr du manguier : aussi douce et tendre pour les souffrances d'autrui que la brillante pulpe d'or de ce fruit et aussi dure que son noyau pour tes propres angoisses et souffrances, ô conquérant de la bonne et de la mauvaise fortune.
« De même que le diamant, enfoui profondément au cœur palpitant de la terre, ne peut jamais refléter les lumières terrestres, ainsi ton mental et ton Ame plongés en Dhyâna-mârga, ne doivent rien refléter du royaume illusoire de Mâyâ.
« Une tâche bien plus difficile t'attend encore : tu devras te sentir toi-même TOUTE-PENSÉE et pourtant bannir toutes les pensées de ton Âme.
« La porte de Dhyâna est comme un vase d'albâtre blanc et transparent : à l'intérieur, brûle un invariable feu d'or, la flamme de Prâjňa qui rayonne d'Âtma.
« Le Sentier de Dhyâna, le havre du Yogi, le but final béni que convoitent les Srotâpanna. »
Le Candidat en probation se trouve sur les rivages du Lac Manasa-sarovara où, selon la Tradition Occulte, les grands Sages ont consigné ce qu'ils avaient entendu sous la forme des Védas. Il doit entrer dans les Eaux de la Sagesse et plonger de plus en plus profondément jusqu'à ce qu'il voie le Naga, le Seigneur-Dragon du Lac. C'est lui, dit-on, qui enseigne le mantram au Nouvel Arhat qui ressort pour entrer en Myalba [la terre] afin de le répéter, et voici ce mantram :
« PAIX À TOUS LES ÊTRES ».
B.P. Wadia.
Traduit du Theosophical Movement, Vol. X, pp. 189-191.
Glossaire Théosophique (extraits)
Pratyeka-Buddha (Sanskrit) — le même terme que « PûJi-Buddha ». Le Pratyêka Buddha est un degré qui appartient exclusivement à l'Ecole Yogâchârya, cependant ce n'est qu'un degré de développement hautement intellectuel, sans véritable spiritualité. C'est la lettre morte des lois du Yoga, où l'intellect et la compréhension jouent le rôle prépondérant, en plus de l'application stricte des règles relatives au développement interne. C'est un des trois sentiers qui mènent au Nirvana et le moins élevé, dans lequel un Yogi « sans instructeur et sans contribuer au salut des autres », par la simple force de la volonté et des techniques pratiques, atteint individuellement une sorte d'état nominal de Buddha ; il ne fait aucun bien à personne, mais œuvre égoïstement à son propre salut et pour lui seul. Les Pratyêkas sont respectés extérieurement, mais méprisés intérieurement par ceux qui ont une appréciation subtile ou spirituelle. Généralement, on compare un Pratyêka à un « Khadga » ou rhinocéros solitaire et on l'appelle Ekashringa Rishi, un Rishi (ou saint) égoïste et solitaire.« Du fait qu'il traverse Samsâra (l'océan de naissance et de mort, ou la série des incarnations) le Pratyêka Buddha, qui détruit les imperfections mais n'atteint pas la perfection absolue, est comparé à un cheval traversant une rivière à la nage, sans toucher le fond ». (Dictionnaire Sanskrit-Chinois). Il est bien inférieur à un véritable « Buddha de Compassion ». II ne s'efforce qu'à atteindre le Nirvâna.
Vajrapani (Sanskrit) ou Manjushri — le Dhyâni-Bodhisattva (en tant que reflet spirituel ou fils des Dhyâni-Buddhas sur terre) né directement de la forme subjective d'existence ; déité honorée par le profane comme un dieu, et par les Initiés comme une force subjective dont la nature réelle n'est connue et expliquée que par les plus hauts Initiés de l'École Yogâchârya.
Vajrasattva (Sanskrit) — Nom du sixième Dhyâni-Buddha — (il n'en est cité que cinq dans le Bouddhisme populaire du Nord) — connu dans l'École Yogâchârya, qui compte sept Dhyani-Buddhas et autant de Bodhisattvas — les « fils du mental » des premiers. En conséquence, les orientalistes se réfèrent à Vajrasattva comme à « un Bodhisattva fictif ».
Vajradhara (Sanskrit) — Le Buddha Suprême chez les Bouddhistes du Nord.
Yajña (Sanskrit) — « Sacrifice », dont le symbole ou la représentation est actuellement la constellation Mriga-shiras (la tête de cerf) ; également, une forme de Vishnu. « Le Yajňa », disent les Brahmanes, « existe de toute éternité, car il a procédé du Suprême dans lequel il reposait en sommeil depuis les temps sans commencement ». C'est la clef de la Trai-Vidyâ, la science trois fois sacrée contenue dans les versets du Rig-Veda, qui enseigne le Yajňa ou mystères sacrificiels. Comme l'indique Haug dans son Introduction à l'Aitareya Brâhmana — le Yajňa existe à tout moment comme une présence invisible, s'étendant de l'Ahavaniya, ou feu sacrificiel, jusqu'aux cieux, formant un pont ou une échelle permettant au sacrificateur de communiquer avec le monde des deva « et même de s'élever de son vivant jusqu'à leurs séjours ». C'est une des formes de l'Akâsa où l'appelle à l'existence le MOT mystique (ou le « Son » qui est le support de celui-ci). Prononcé par le Prêtre-Initié, ou le Yogi, ce MOT reçoit des pouvoirs créateurs et est communiqué comme une impulsion sur le plan terrestre par l'effet d'un pouvoir de Volonté exercé.