L'Étoile à six branches et l’Étoile à cinq branches

L'Étoile à six branches et l’Étoile à cinq branches

01 Aoû, 2020

Les autorités sur lesquelles nous nous appuyons pour décrire le pentagramme ou étoile à cinq branches, comme représentant le microcosme, et le double triangle à six branches, le macrocosme, sont tous les Cabalistes occidentaux les plus connus, médiévaux et modernes. Eliphas Levi (l'Abbé Constant) et, pensons-nous, Kunrath, l'un des plus grands occultistes du passé, donnent leurs raisons à cela. Dans l'ouvrage de Hargrave Jenning, Rosicrucians, figure un dessin correct du microcosme avec l'homme au centre du pentagramme. Il y a aucune objection quelconque à publier leurs spéculations, sauf une : le manque de place dans notre revue ; car cela nécessiterait d'innombrables explications pour éclaircir le sens ésotérique de leurs pensées. Mais nous trouverons toujours de la place pour corriger quelques erreurs naturelles qui naissent dans l'esprit de certains de nos lecteurs, à cause de la nécessaire brièveté de nos notes de la rédaction. Tant que la question soulevée ne provoque pas de discussion montrant l'intérêt porté au sujet, ces notes ne font qu'effleurer chaque question. La qualité de l'article publié ci avant, et les nombreuses remarques de grand intérêt qu'il contient, nous donnent maintenant l'occasion de corriger de telles erreurs dans l'esprit de l'auteur.

Tels qu'ils sont compris en Occident, l'Esprit et la Matière trouvent, pour les véritables Cabalistes, leur principale signification symbolique, dans les couleurs respectives des deux triangles entrelacés mais ne sont, en aucune façon, en rapport avec l'une quelconque des lignes reliant les figures entre elles. Pour le philosophe cabaliste et hermétiste, chaque chose dans la nature apparaît sous un triple aspect ; tout est multiplicité et trinité fondée dans l'unité, ce que le philosophe représente d'une manière si symbolique par différentes figures géométriques. « Dieu œuvre en géomètre » dit Platon. Les « Trois Faces cabalistiques » sont les « Trois Lumières »et les « Trois Vies » d'EN-SOPH (le Parabrahma des Occidentaux) également appelé le « Soleil Invisible Central ». L'« Univers est son Esprit, son Âme et son Corps », ses « Trois Emanations ». Cette triple nature fondée dans l'unité — comprenant les aspects purement Spirituel et purement Matériel avec la nature Médiane (ou matière impondérable, dont est composée l'âme astrale de l'homme) — est représentée par le triangle équilatéral dont les trois côtés sont égaux, parce que ces trois principes sont diffus dans tout l'univers en proportions égales ; de plus, la LOI UNE de la nature étant l'ÉQUILIBRE parfait, ces principes sont éternels et co-existants. La symbolique occidentale est donc, à une légère différence près, identique à celle des Aryens. Les noms peuvent varier et des détails mineurs se surajouter, mais les idées fondamentales sont les mêmes. Représentant symboliquement le MACROCOSME ou grand univers, le double triangle contient en lui-même, non seulement le signe de la dualité (figurée par les deux couleurs, et les deux triangles — l'univers de l'ESPRIT et celui de la MATIÈRE), mais aussi les idées de l'Unité, de la Trinité, de la TETRACTIS pythagoricienne (le Carré parfait), et jusqu'au Dodécagone et au Dodécaèdre. Les anciens. Cabalistes chaldéens — les maîtres et inspirateurs de la Cabale juive — n'étaient pas les Anthropomorphistes de l'Ancien Testament, ni ceux d'aujourd'hui. Leur EN-SOPH — l'Éternel et l'Illimité — « a une forme et aussi il n'a pas de forme » dit le Livre du Zohar (1), en ajoutant aussitôt pour expliquer l'énigme « l'Invisible prit une forme quand il appela l'univers à l'existence », voulant dire par là que la Déité ne peut être vue et conçue que dans la nature objective — pur panthéisme. Les trois côtés des triangles représentent, pour les Occultistes comme pour les Aryens, l'esprit, la matière et la nature médiane (cette dernière étant identique dans sa signification à l'espace) ; d'où aussi les énergies créatrice, préservatrice et destructrice, symbolisées par les « Trois Lumières ». La première lumière infuse la vie consciente et intelligente dans tout l'univers, correspondant ainsi à l'énergie créatrice ; la deuxième lumière produit constamment des formes à partir de matière cosmique pré-existante, et à l'intérieur du cercle cosmique ; elle est donc l'énergie préservatrice ; la troisième lumière produit la totalité de l'univers de matière physique grossière ; et à mesure que cette dernière s'éloigne par degrés successifs de la lumière spirituelle centrale, sa clarté décroît et elle devient Ténèbres ou MAL, conduisant à la Mort. Par conséquent, elle devient l'énergie destructrice que nous trouvons toujours à l'œuvre sur les formes et les images, c'est-à-dire le temporaire et le changeant. Les Trois Faces Cabalistiques de l'« ANCIEN des Anciens » — qui « n'a pas de face » — sont les dieux aryens appelés respectivement Brahma, Vishnou et Rudra, ou Siva. Le double triangle des Cabalistes est enfermé dans un cercle représenté par un serpent qui se mord la queue (emblème égyptien de l'éternité) et quelquefois par un simple cercle (voir le Sceau Théosophique).A en juger d'après l'explication de l'auteur, la seule différence que nous puissions distinguer entre les symbolismes aryen et occidental du double triangle tient à ce qu'il omet de remarquer la signification profonde et spéciale contenue dans ce qu'il appelle « le zénith et le zéro » — si nous le comprenons correctement. Avec les Cabalistes occidentaux, le sommet du triangle blanc, de même que dans le symbolisme de la pyramide égyptienne (2), se perd dans le zénith, le monde de l'immatérialité pure ou de l'esprit sans mélange, quant au sommet inférieur du triangle noir, pointant vers le bas, vers le nadir, il indique, selon une expression très prosaïque des Hermétistes médiévaux, la pure matière, ou plutôt la « matière impure », sous la forme des « grossières purgations du feu céleste » — l'Esprit — attirées dans le tourbillon de l'annihilation, ce monde inférieur, dans lequel les formes et les images et la vie consciente disparaissent pour être dispersées, et retournent à la source mère : la matière cosmique. Il en est de même avec le point central et la cavité centrale, que l'enseignement des Puranas considère comme « le siège de l'Avyakta-Brahma — ou la Déité non-manifestée ». Au lieu de placer au centre de la figure un simple point géométrique (qui, n'ayant ni longueur, ni largeur, ni épaisseur, illustre le « Soleil Central » invisible, la lumière de la « déité non-manifestée », les Occultistes donnent souvent la représentation ci-contre, avec la croix ansée, le TAU égyptien, au zénith duquel, au lieu d'une simple ligne verticale, ils ont substitué un cercle — symbole de l'Espace illimité et incréé ; cette croix ainsi modifiée a presque la même signification que la « croix du monde » des anciens Hermétistes égyptiens : une croix à l'intérieur d'un cercle. C’est pourquoi il est erroné de dire que la Note de la Rédaction affirmait que le double triangle ne représente que « l'Esprit et la Matière », car il est le symbole de tant de choses qu'un volume ne suffirait pas à les expliquer.

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Notre critique déclare : « Si, comme vous le dites, le double triangle est censé ne représenter que l'esprit et la matière universels, il reste à rendre compte de l'objection suivante : deux côtés (ou deux choses quelconques) ne peuvent former un triangle, et un triangle ne peut servir à représenter un seul aspect (esprit seulement, ou matière seule) comme vous semblez l'avoir fait par la distinction entre le blanc et le noir. Croyant que nous avons suffisamment expliqué certaines des difficultés, et montré que les Cabalistes occidentaux considéraient toujours « la trinité dans l'unité » et réciproquement, nous pouvons ajouter que les Pythagoriciens ont répondu, il y a environ 2.500 ans, à l'objection ci-dessus, sur laquelle l'auteur des lignes précédentes a particulièrement insisté. Dans cette école (dont l'idée cardinale était qu'il existe un principe permanent d'unité, sous-jacent à toutes les forces et à tous les changements phénoménaux de l'univers) les nombres sacrés n'incluaient pas le nombre deux, ou le duel parmi les autres. Les Pythagoriciens refusaient de reconnaître ce nombre, même en tant qu'idée abstraite, précisément pour la raison qu'en géométrie, il est impossible de construire une figure avec deux lignes droites seulement. Il est évident que, pour des fins de symbolisme, ce nombre ne peut être identifié à aucune figure circonscrite, qu'elle soit plane ou tracée dans l'espace ; et ainsi, du fait qu'il ne pouvait servir à représenter une unité dans une multiplicité, comme peuvent le faire toutes les autres figures polygonales, il ne pouvait être considéré comme un nombre sacré. Le nombre deux étant représenté en géométrie par une double ligne horizontale et, en chiffres romains, par une double ligne verticale (ligne qui a une longueur mais ni largeur, ni épaisseur), il fallait lui ajouter un autre nombre avant qu'il puisse être accepté. 

Ce n'est qu'en conjonction avec le nombre un que, devenant le triangle équilatéral, on peut le qualifier de figure. En conséquence, il devient évident que pour symboliser l'esprit et la matière — l'Alpha et l'Omega du Cosmos —les Hermétistes aient dû employer deux triangles entrelacés (constituant chacun une « trinité dans l'unité ») le premier, tracé en blanc à la craie représentant « l'esprit »et le second, en noir au fusain, « la matière ».

A la question : que signifient les deux autres som­mets blancs du triangle, si « celui qui s'élève vers le ciel symbolise l'esprit » ? Nous répondons que, selon les Cabalistes, les deux sommets inférieurs représentent « l'esprit tombant dans la génération », c'est-à-dire la pure étincelle divine déjà mêlée à la matière du monde phénoménal. La même explication est valable pour les deux angles noirs de la base horizontale du triangle inversé ; les deux troisièmes sommets indiquant, l'un la purification progressive de l'esprit, et l'autre, la densification progressive de la matière. De même, dire que « toute notion d'ascension ou de descente ; dans « l'idée sublime du Cosmos » semble non seulement révoltante mais sans réalité », c'est refuser, que toute abstraction puisse être symbolisée par une image concrète. Pourquoi alors ne pas se débarrasser complètement de tous les symboles, y compris celui de Vishnu avec toutes les savantes explications Puraniques qu'en donne l'auteur ? Et pourquoi l'idée cabalistiqué serait-elle plus révoltante que celle de ce qui est appelé « Mort — Dévoreur — Temps », ce dernier mot étant synonyme d'Eternité Infinie — représentée par un cercle circonscrivant le double triangle ? Etrange incohérence, et qui, de plus, jure entièrement avec tout le reste de l'article ! Si l'auteur n'a rencontré « nulle part l'idée d'un triangle qui est blanc et l'autre noir », c'est simplement parce, qu'il n'a jamais étudié, ni même probablement vu les écrits des Cabalistes occidentaux et leurs illustrations.

Les explications précédentes que nous avons don­nées contiennent la clef de la formule pythagoricienne générale de l'unité dans la multiplicité, l'UN faisant surgir le multiple, et pénétrant le multiple et le tout. Leur DÉCADE mystique, 1 + 2 + 3 + 4 = 10, exprime la totalité de l'idée ; c'est non seulement loin d'être « révoltant », mais positivement sublime. L'UN représente la Déité, le DEUX, la matière (le chiffre si méprisé par eux, car la matière par elle-même ne peut jamais être une unité consciente) (3) ; le TROIS (ou Triangle) combinant Monade et Duade, et participant de la nature des 2, devient la triade, ou le monde phénoménal. La Tétrade, ou TETRACTIS sacrée, qui est la forme de perfection chez les Pythagoriciens, exprime en même temps la vacuité de tout : MAYA, alors que la DÉCADE, ou somme de tout, implique le cosmos tout entier. « L'Univers est la combinaison d'un millier d'éléments, et cependant l'expression d'un seul élément : l'harmonie absolue ou l'esprit ; chaos pour les sens, il est un cosmos parfait pour la raison », disons-nous dans Isis Dévoilée, Pythagore apprit sa philosophie en Inde ; d'où la similitude rencontrée entre les idées fondamentales des anciens Initiés Bramaniques et celles des Pythagoriciens. Et, quand, définissant le Shatkôn : l'auteur dit qu'il « représente le grand univers (Brahmanda) le tout sans fin (Mahakasha) avec tous les mondes planétaires et stellaires contenus dans celui-ci », il ne fait que répéter, avec d'autres mots, l'explication donnée par Pythagore et les philosophes Hermétistes au sujet de l'étoile hexagonale, ou « Double Triangle », comme indiqué plus haut.

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Il ne nous est pas non plus difficile de combler la lacune laissée dans notre brève note du numéro d'août du Theosophist en ce qui concerne « les trois sommets restants des deux triangles » et les trois côtés de chacun d'eux dans le « double triangle », ou le cercle entourant la figure. Etant donné que les Hermétistes symbolisaient chaque chose visible et invisible, ils ne pouvaient manquer de le faire pour le macrocosme dans sa totalité. Les Pythagoriciens qui incluaient dans leur DÉCADE le cosmos entier, considéraient le nombre 12 avec un respect encore plus grand, car il représentait la Tétraktis sacrée multipliée par trois, ce qui donnait une trinité de carrés parfaits, appelés Tétrades. Les philosophes hermétistes, ou les Occultistes, qui suivirent leur exemple, représentèrent ce nombre 12 dans le « Double Triangle » symbolisant le grand univers ou Macrocosme, comme sur la figure ci-dessus et placèrent à l'intérieur le pentagramme, ou microcosme, appelé par eux le petit univers.

En répartissant les douze lettres des angles extérieurs en quatre groupes de triades, ou trois groupes de Tétraktis, ils obtenaient le dodécagone, c'est-à-dire le polygone géométrique régulier limité par douze côtés égaux et comprenant douze angles égaux, qui symbolisaient, chez les anciens Chaldéens, les douze « grands dieux » (4) et chez les Cabalistes hébreux les dix Séphiroth, ou pouvoirs créateurs de la Nature, émanés de Séphira {la Lumière Divine), elle-même la principale des Séphiroth et l'émanation de Hakoma, la Sagesse Suprême (la sagesse non-manifestée), et d'EN-SOPH l'infini ; on distingue ainsi trois groupes de Triades de Séphiroth ainsi qu'une quatrième, composée de Séphira, EN-Soph et « Hakoma », la Sagesse Suprême « qui ne peut être comprise par la réflexion », et qui « gît cachée à l'intérieur et à l'extérieur du crâne de la Longue Face » (5) ; le sommet le plus haut du triangle supérieur formait les « Trois Faces Cabalistiques », complétant ainsi les douze. De plus, les douze figures donnent deux carrés, ou la double tétraktis, représentant, dans le symbolisme pythagoricien, les deux mondes : le spirituel et le physique, les 18 angles intérieurs et les 6 angles centraux (voir le dessin) donnent 24, ce qui traduit aussi deux fois le nombre macrocosmique sacrés ou les 24 « pouvoirs divins non-manifestés ». Il serait impossible de les énumérer en si peu de place. En outre, il est bien plus raisonnable, étant donné le scepticisme de notre époque, de suivre l'avis de Jamblique suggérant que « les pouvoirs' divins ont toujours éprouvé du ressentiment contre ceux qui ont rendu apparente la composition de l'icosaèdre » c'est-à-dire ceux qui ont révélé la méthode pour inscrire dans une sphère le dodécaèdre qui est l'un des cinq solides réguliers de la Géométrie inscriptibles dans une sphère et qui est délimité par douze pentagones égaux et réguliers. Nos adversaires feraient bien d'en étudier le sens cabalistique secret.

Ajoutons encore que, comme l'indique le « Double triangle » ci-dessus, le pentagramme tracé en son centre donne la clef de l'interprétation des philosophes Hermétistes et Cabalistes. Ce double symbole est si bien connu et répandu qu'on peut le trouver sur la porte d'entrée du Lha-Khang (temple abritant des images et statues bouddhistes) de chaque Gong-pa (lamaserie) et souvent au-dessus du reliquaire, nommé Doung-ting, au Tibet. Les Cabalistes médiévaux nous donnent dans leurs écrits la clef de son interprétation. « L'homme est un petit monde à l'intérieur du grand univers », enseigne Paracelse. « Microcosme à l'intérieur du macrocosme, tel un fœtus, il est suspendu par ses trois esprits principaux dans la matrice de l'univers ». Ces trois esprits sont décrits comme étant doubles : 1) l'Esprit des Eléments (le corps terrestre et le principe vital) ; 2) l'esprit des astres (le corps sidéral ou astral et la volonté le gouvernant) ; 3) les esprits du monde spirituel (les âmes animale et spirituelle) — le septième principe étant un esprit presque immatériel, ou le divin Augoeïdes, Atma, représenté par le point central, qui correspond au nombril humain. Ce septième principe est le Dieu personnel de chaque homme, disent les anciens Occultistes occidentaux et orientaux.

En conséquence, les explications données par notre critique du Shakton et du Panchkon corroborent notre théorie plutôt qu'ils ne la détruisent. Parlant des cinq triangles composés de « cinq fois cinq » ou 25 points, il remarque au sujet du pentagramme, que c'est un « nombre qui par ailleurs correspond aux vingt-cinq éléments constituant une créature humaine vivante ». Maintenant, nous supposons que, par « éléments », l'auteur veut dire exactement ce que disent les Cabalistes quand ils enseignent que les émanations des 24 « pouvoirs » divins « non-manifestés » constituent un être humain parfait, avec le 25e, le « Point Central », ou l'« inexistant ». Mais au sujet de la phrase précédente (sans argumenter sur la valeur relative des mots « élément » et « émanation » renforcée en outre par la remarque supplémentaire de l'auteur concernant « la figure entière » du microcosme, le monde intérieur de l'être vivant individuel... une figure qui, est le symbole de Brahma, l'énergie créatrice déifiée) pour quelle raison, demandons-nous, cette phrase est-elle tellement en désaccord avec ,ce que nous avons affirmé en disant que certains experts (en philosophie hermétique) et Cabalistes considèrent les cinq sommets du pentagramme comme représentant les cinq membres cardinaux du corps humain ? Nous ne sommes pas un fervent disciple ou adepte des Cabalistes occidentaux, mais, nous maintenons que sur ce point ils ont raison. Si les vingt-cinq éléments, représentés par l'étoile à cinq branches, composent « une créature humaine vivante », alors ces éléments sont tous vitaux, qu'ils soient mentaux ou physiques, et la figure symbolisant « l'énergie créatrice » donne d'autant plus de force à l'idée cabalistique. Chacun des cinq éléments grossiers {la terre, l'eau, le feu, l'air (ou le vent) et l'éther) entre dans la composition de l'homme ; et que nous disions « les cinq organes d'action » ou les « cinq membres », ou encore « les cinq sens », cela reviendra toujours à couper les cheveux en quatre car c'est une seule et même chose que l'on désigne par ces expressions. Sans aucun doute, les « spécialistes » pourraient expliquer leur point de vue d'une manière au moins aussi satisfaisante que ne le fait l'auteur qui contredit et réfute leur point de vue, en expliquant le sien. Dans le Codex Nazaraeus, le livre le plus cabalistique qui soit, le Suprême Roi de Lumière et chef des Aeons, MANO, émane les cinq Aeons, et lui-même, avec le Seigneur Ferho (représentant la « vie sans forme, inconnue » de laquelle Mano est une émanation) com­plète l'ensemble des sept qui, ici encore, symbolisent les sept principes dans l'Homme, les cinq premiers étant purement matériels et semi-matériels, et les deux plus élevés spirituels et presque immatériels (voir l'article Fragments of Occult Truth dans le numéro d'octobre). Cinq resplendissants rayons de lumière sortent de chacun des sept Aeons ; cinq de ces Aeons se projettent par la tête, les deux mains étendues, et les deux pieds de l'Homme représenté dans l'étoile à cinq branches, un autre l'enveloppant comme une brume et le septième étant fixé comme une brillante étoile au-dessus de sa tête. On peut voir cette illustration dans plusieurs vieux livres sur le Codex Nazaraeus et la Cabale. Si on considère que l'électricité ou le magnétisme animal s'échappe très puissamment par les cinq membres cardinaux de l'homme, et que les manifestations de ce qu'on appelle maintenant la force « mesmérique » ont été étudiées dans les temples de l'Égypte et de la Grèce antiques et maîtrisés comme jamais on ne peut espérer qu'elles le soient dans notre ère de négation stupide et a priori, et si, de plus, on se souvient que les anciens Cabalistes et philosophes représentaient par des symboles chaque pouvoir de la nature, comment s'étonner que, pour des raisons parfaitement évidentes à ceux qui connaissent quelque chose aux sciences arcanes et aux relations mystérieuses existant entre les nombres, les figures géométriques et les idées, ils aient choisi de représenter « les cinq membres cardinaux de l'homme », la tête, les deux bras et les deux jambes, par les cinq sommets du pentagramme ? Eliphas Lévi, le Cabaliste moderne, va aussi loin, si ce n'est plus, que ses frères de l'antiquité et du Moyen Age, car il dit, dans son livre, Dogme et Rituel de la Haute Magie (p. 175) : « L'utilisation cabalistique du pentagramme peut déterminer le visage d'enfants à naître, et une femme initiée pourrait donner à son fils les traits de Nerée ou d'Achille, aussi bien que ceux de Louis XV ou de Napoléon ». La lumière astrale des occultistes occidentaux est l'akasa des Hindous. Beaucoup de ces derniers n'étudieront pas ses mystérieuses corrélations et n'accepteront pas pour cela la conduite de Cabalistes initiés ni celle de leurs propres Brahmanes initiés, préférant à Pragna Paramita leur propre suffisance. Mais, cependant, les uns et les autres existent et sont identiques entre eux, nonobstant les démentis stupides et pleins d'ignorance de J.K., l'« Adepte » londonien.

H.P. Blavatsky

A la suite de l'article « L’Étoile à cinq branches et les élémentaux »t, un lecteur hindou formula certaines critiques publiées dans la revue The Theosophist (Vol. III, p. 30, novembre 1881). H.P.B. donna la réponse et les explications qu'on va lire dans le présent article

Notes

(1) Zohar : Le Livre de la Splendeur, écrit par Siméon. Ben Iochaï, selon certains au premier siècle avant J.C., selon d'autres en l'an 80 après J.C.

(2) Un archéologue français (d'un certain renom), le Dr Rebold, démontre le degré élevé de culture des Egyptiens 5.000 ans avant J.C., lorsqu'il déclare, en s'appuyant sur diverses autorités, qu'il n'y avait, à cette époque, pas moins de « trente à quarante collèges de prêtres initiés qui étudiaient les sciences occultes et la magie pratique ».

(3) Voir dans le Sankhya de Kapila — Purusha et Prakriti : seuls les deux combinés ensemble pour former une unité agissante peuvent se manifester dans ce monde des sens.

(4) Selon l'Aïtreya Brahmanam de Haug, le manas (mental) hindou de Bhagavant ne crée rien d'autre que le manas des pythagoriciens. II pénètre l'œuf du monde et en émane en tant que Brahm, car lui-même (Bhagavant) n'a pas de cause première (apûrva). De même que l'androgyne Sephira se manifeste tout d'abord comme les dix Sephiroth, Brahm, en tant que Prajapati, se manifeste sous la forme de douze corps ou attributs qui sont représentés par les douze dieux symbolisant 1. le feu, 2. le Soleil, 3. Soma, 4. tous les êtres vivants. 5. Vayu, 6. la Mort, Siva, 7. la Terre, 8. le Ciel, 9. Agni, 10. Aditya, 11. le Mental, 12. le grand Cycle Infini qui ne saurait s'arrêter. Ceci, avec quelques différences, est purement l'idée cabalistique des Sephiroth.

(5) Idra Rabba VI, p. 58.

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