Question : Est-il possible pour moi qui aime les animaux d’apprendre comment je puis les aider dans leurs souffrances ?
Réponse : Le véritable AMOUR non-égoïste, joint à la VOLONTÉ, a un pouvoir en lui-même. Ceux qui aiment les animaux devraient exprimer leur affection d’une manière plus positive que de mettre des rubans sur leur animaux favoris et les envoyer ensuite subir les « hurlements et coups de griffes » dans les concours pour obtenir un prix.
Question : Pourquoi les animaux les plus nobles souffrent-ils tant de la main des hommes ? Je n’ai pas besoin de m’étendre ou d’expliquer cette question. Les villes sont des lieux de torture pour les animaux qui peuvent servir à tout pour le service ou l’amusement de l’homme ! et celles-ci sont toujours les plus nobles.
Réponse : Dans les Sutras, ou les Aphorismes du Karma-pa, une secte qui est un rejeton de la grande secte de Gelukpa (les bonnets jaunes) et dont le nom renvoie à ses doctrines – « les croyants en l’efficacité du Karma » (action, ou les bonnes œuvres) – un élève demande à son Maître, pourquoi le sort des animaux à tant changé depuis peu ? Il n’y avait pas d’animaux tués ou traités cruellement dans l’entourage de bouddhistes ou les autres temples en Chine, dans les temps anciens, tandis que maintenant, ils sont massacrés, vendus librement dans les marchés de nombreuses villes, etc. La réponse est suggestive :
… « N’accuse pas la nature de cette injustice sans pareil. Ne cherche pas en elle la cause des effets karmiques pour expliquer la cruauté, car le Tenbrel Chugnyi (la connexion causale, nidâna) t’enseignera qu’il n’y en a pas. C’est dans l’arrivée regrettable du Peling (le chrétien étranger), dont les trois dieux féroces refusent de fournir une protection aux faibles et aux petits (les animaux), qu’est la réponse aux souffrances récurrentes et la cause de tant de douleur et de pitié pour nos compagnons muets » …
La réponse à la question ci-dessus est [résumée] ainsi dans « une coquille de noix ». Il peut paraître utile, même si c’est une fois de plus désagréable pour certains croyants, de dire que le blâme pour cette souffrance universelle repose entièrement sur notre religion Occidentale et l’éducation dans la prime enfance. Chaque système philosophique Oriental, chaque religion et secte de l’antiquité – brahmanique, égyptienne, chinoise, et finalement, le plus pur et noble de tous les systèmes éthiques existants, le bouddhisme – inculque la tendresse et la protection de toute créature vivante, de l’animal et l’oiseau jusqu’à la chose qui rampe et même au reptile. Seule, la religion Occidentale se tient isolée, comme le monument de l’égoïsme humain le plus gigantesque jamais créé par le cerveau humain, sans un mot en faveur de ou pour la protection du pauvre animal. C’est l’inverse. Car la théologie, en soulignant une phrase de Jéhovah dans le chapitre de la “Création”, l’interprète en disant que les animaux, comme tout le reste, furent créés pour l’homme ! Ainsi – le sport est devenu un des amusements les plus nobles des dix premiers. Ainsi – les pauvres oiseaux innocents sont mutilés, torturés, et tués chaque automne par millions, dans toutes les contrées chrétiennes, pour l’amusement de l’homme. Ainsi aussi, le manque de tendresse, et souvent la froide cruauté, pendant l’enfance du cheval ou du bouvillon, la brutale indifférence à son destin quand son âge le rend impropre au travail, et l’ingratitude après des années de travail pour, et au service de l’homme. Dans tous les pays où l’européen pénètre, commence le massacre des animaux et leur décimation inutile.
« Est-ce que prisonnier n’a jamais tué pour son plaisir des animaux ? » s’enquiert un juge bouddhiste d’une ville frontière de Chine, infectée de pieux prêtres et missionnaires chrétiens, au sujet d’un homme accusé d’avoir assassiné sa sœur. Ayant reçu la réponse affirmative, car le captif avait été un serviteur employé par un colonel Russe, « un noble chasseur devant l’Éternel », le juge n’eut pas besoin d’autres preuves et l’assassin fut trouvé « fautif » – justement, comme sa confession ultérieure le prouvera.
Est-ce que la Chrétienté, ou le laïque chrétien, doit être blâmé pour cela ? Non. C’est le système théologique pernicieux, des siècles de théocraties, et l’égoïsme, furieux et croissant de la civilisation des contrées Occidentales. Que pouvons-nous faire ?
H.P. Blavatsky
Article publié pour la première fois dans la revue Lucifer, de mai, 1888.