Le moment de la mort (le mourir et la première mort)
« Au moment solennel de la mort, même dans le cas de mort subite, chaque homme voit toute sa vie passée se dérouler devant lui dans ses plus minimes détails. Pendant un court instant, l'ego personneldevient un avec l'Ego individuel et omniscient. Mais cet instant suffit pour lui montrer tout l'enchaînement des causes qui ont opéré sa vie durant. Il se voit et se comprend alors tel qu'il est, dépouillé de tout masque flatteur et affranchi de ses propres illusions. Il déchiffre sa vie en spectateur qui contemple d'en haut l'arène qu'il quitte ; il sent et reconnaît la justice de toute la souffrance qu'il a subie. [Cela] arrive-t-il à tout le monde sans exception. [...] Des hommes très bons et très saints peuvent voir non seulement la vie qu'ils quittent mais même plusieurs existences antérieures où avaient été produites les causes qui les firent tels qu'ils furent dans la vie qui vient de se terminer. Ils reconnaissent la loi de karma dans toute sa majesté et dans toute sa justice. » (La Clef de la Théosophie – H.P. Blavatsky – p. 177)
« Tout dépend maintenant de la ligne qu'il a suivie dans ses pensées, et de leur nature, durant le cours entier de la vie du corps. Car l'âme doit suivre en sens inverse la route qu'elle avait parcourue jusque là, et le long de la voie sont alignés les souvenirs de toute la vie écoulée ; au fur et à mesure que ces souvenirs se réveillent, ils affectent l'entité qui s'en va, soit en la perturbant et en l'empêchant ainsi de se concentrer sur l'Être Suprême, soit, au contraire, en l'aidant à le faire d'une manière plus parfaite. » (Notes sur le Bhagavad-Gîtâ – W.Q. Judge - pp 102-3)
« Quand un être meurt, c'est son cerveau qui s'éteint en dernier lieu. La vie y est encore active, alors même que l'homme a été déclaré mort. À ce moment, l'âme passe en revue tous les événements passés, et elle en saisit la portée globale ; la tendance moyenne de l'être apparaît en lumière et l'espoir dominant de la vie se montre à la conscience. L'arôme final de toute cette revue forme la note tonique de l'existence du devachan. L'homme tiède ne va ni au Ciel ni en enfer : la Nature le vomit. On ne peut atteindre à des états positifs, objectifs ou subjectifs, que par une impulsion positive. Ce que l'homme reçoit en devachan dépend du motif dominant de l'âme. Par réaction, l'être haineux peut devenir aimant, mais l'indifférent n'a aucune impulsion, rien pour le faire croître. » (Les Echos de l'Orient – W.Q. Judge – p. 104)
« La Science occulte enseigne que l'état d'esprit d'un homme qui meurt est de la plus haute importance, en raison de l'état anormal de nature psychique où il se trouve. La dernière pensée d'un mourant fait beaucoup pour influencer son futur immédiat. La flèche est prête à s'envoler de l'arc ; la corde est tendue jusqu'à l'oreille et le but visé décidera du sort immédiat de la flèche. Heureux celui pour qui « OM est l'arc, le Soi [individuel] est la flèche, et le Brahman la cible » (Mundaka Upanishad II, ii, 4). À ce moment sacré, de fortes aspirations spirituelles (qu'elles soient naturelles ou induites par une exhortation sincère venant d'un être plein d'une véritable conviction ou, mieux encore, pénétré de la Gnose Divine) protègeront l'âme de celui qui abandonne la vie. Toutefois, ces remarques ne visent pas à justifier la superstition d'un « repentir » de « dernière heure », car l'immuable justice et la parfaite harmonie de la loi karmique ne peuvent que retourner un effet passager à une cause passagère ― et le reste de la dette karmique devra être payé dans de futures existences terrestres. » (Commentaire de H.P. Blavatsky sur la Pistis Sophia paru dans la revue Lucifer.)
« Tant soit peu de réflexion démontre que les faits vus et observés par les médecins et les témoins ne concernent que le retrait progressif de l'âme et de l'énergie abandonnant l'enveloppe extérieure appelée « corps ». Pendant ce processus d'approche de la mort, la personne peut bien accepter les rites de l'Église, professer sa foi dans telle ou telle doctrine que l'on voudra, et même, jusqu'à son dernier soupir, parler du Ciel et de la félicité qui l'y attend : ce n'est encore que le premier pas. Le dernier souffle laisse sur le visage une expression calme et heureuse, peut-être ; les parents ferment les yeux du défunt - on déclare que c'est la mort. Et pourtant, l'homme n'a fait que commencer à mourir. L'âme doit encore passer à travers d'autres enveloppes, au delà de ce que peuvent en connaître ses amis, au delà même du contrôle que pourrait désormais exercer le mourant. Tout dépend maintenant de la ligne qu'il a suivie dans ses pensées, et de leur nature, durant le cours entier de la vie du corps. Car l'âme doit suivre en sens inverse la route qu'elle avait parcourue jusque là, et le long de la voie sont alignés les souvenirs de toute la vie écoulée ; au fur et à mesure que ces souvenirs se réveillent, ils affectent l'entité qui s'en va, soit en la perturbant et en l'empêchant ainsi de se concentrer sur l'Être Suprême, soit, au contraire, en l'aidant à le faire d'une manière plus parfaite. » (Notes sur le Bhagavad-Gîtâ – W.Q. Judge - pp 92-3)
La séparation naturelle des principes provoquée par la mort
Après la revue sa vie passée et « par suite de la séparation naturelle des principes, provoquée par la mort, l'homme entier se trouve en trois parties :
« Premièrement : le corps visible qui, avec tous ses éléments, est abandonné sur le plan terrestre où il poursuit sa décomposition, et où tout ce qui est composite se désagrège et restitue avec le temps les éléments aux différents domaines physiques de la nature.
« Deuxièmement : le kâmarûpa (composé du corps astral et des passions et des désirs) qui, sur le plan astral [du kâma-loka], commence aussitôt à se désagréger.
« Troisièmement : l'homme réel - la triade supérieure d'Âtma-Buddhi-Manas - non sujet à la mort, maintenant hors des conditions terrestres et privé de corps, commence à fonctionner en devachan uniquement comme un mental revêtu d'un vêtement très éthéré, dont il se dépouillera quand sonnera l'heure de son retour sur terre. » (Océan de Théosophie – W.Q. Judge – p 105)
« La désagrégation des eidôla astraux ou coques astrales : « Chaque atome destiné à former l'homme possède une mémoire qui lui est propre, et dont la durée sera proportionnée à la force qu'il a reçue. S'il s'agit d'une personne très matérielle, très grossière, ou très égoïste, la force subsistera plus longtemps que chez toute autre ; par conséquent la conscience automatique sera, dans ce cas, mieux définie et égarera davantage l'homme qui, sans connaissance, se mêle de nécromancie. La partie purement astrale de cette coque contient et conserve le souvenir de tout ce qui se passa durant la vie de l'individu, une des qualités de la substance astrale étant d'absorber et de conserver les scènes, les images, les impressions de toutes les pensées et de les projeter par réflexion quand les circonstances le permettent. Cette coque astrale, rejetée à la mort par chaque être humain [...] dépourvue de tous les principes supérieurs [...] qui servaient de guides [...] erre et flotte de place en place, sans volonté propre, mais entièrement gouvernée par des attractions dans les champs astraux et magnétiques. [...] Privées d'âme et de conscience, ces coques ne sont nullement les esprits de nos morts. Ce sont les vêtements dont l'homme intérieur s'est dépouillé. » (Océan de Théosophie – W.Q. Judge – p 109)
Le cas des morts violentes : « Les suicidés et ceux dont la vie est soudainement fauchée par un accident, par un meurtre légal ou illégal, demeurent en kâma loka jusqu'au terme de ce qu'aurait été leur vie si elle n'avait été subitement tranchée. Ils ne sont pas réellement morts [...] Les principes qui subsistent doivent attendre que le véritable terme naturel de la vie soit atteint, qu'il s'agisse d'un mois ou de soixante ans. Certaines [coques] passent cette période dans de grandes souffrances, d'autres dans une sorte de sommeil peuplé de songes brumeux, chacune selon sa responsabilité morale. » (Océan de Théosophie – W.Q. Judge – p 113)
Le devachan
« C'est la dernière série des pensées puissantes et profondément gravées qui donnera coloration et direction à toute la vie devachanique. Le dernier moment teintera tous les suivants. L'âme et le mental se fixent sur ces dernières pensées et s'en servent pour tisser tout un ensemble d'événements et d'expériences ; en les développant jusqu'à leurs limites extrêmes, ils mettent à exécution tout ce qui n'a pu être réalisé dans la vie. En tissant et en amplifiant ainsi ces pensées, l'entité passe par la jeunesse, la croissance et la vieillesse, c'est-à-dire l'élan impétueux de la force, son expansion et son déclin, jusqu'à l'épuisement final. » (Océan de Théosophie – W.Q. Judge – p 120)
Pendant le devachan : « La règle générale et presque invariable est la fusion de la conscience personnelle dans la conscience individuelle ou immortelle de l'Ego, c'est-à-dire une transformation ou une transfiguration divine, et l'annihilation complète du quaternaire inférieur seulement [c.-à-d. : l'homme de chair, le corps astral, les instincts animaux et le principe physique]. » (La Clef de la Théosophie – H.P. Blavatsky – p. 110)
« L'état futur et la destinée karmique de l'homme dépendent du devenir de Manas, selon qu'il descend plus bas, vers kâmarûpa, le siège des passions animales, ou qu'il s'élève en gravitant vers Buddhi, l'Ego spirituel. Dans ce dernier cas, la conscience supérieure des aspirations spirituelles individuelles du mental (Manas), assimilant Buddhi, est absorbée par ce principe et constitue l'Ego, qui entre dans la béatitude dévachanique. » (La Clef de la Théosophie – H.P. Blavatsky – p. 108)
« L'Ego qui se réincarne, ou l'individualité, ne conserve, pendant la période du devachan que l'essence de l'expérience de sa vie antérieure sur la terre (c'est-à-dire celle de la personnalité), l'expérience physique tout entière se trouvant réduite à un état de réalités potentielles, ou étant traduite, pour ainsi dire, en formules spirituelles ; et si, de plus, nous n'oublions pas que le temps qui s'écoule entre deux renaissances correspond (selon ce qui est dit) à une durée de dix à quinze siècles, pendant lesquels la conscience physique est entièrement et absolument inactive, puisqu'elle n'a pas d'organes pour agir et, par conséquent, n'a pas d'existence, il devient parfaitement clair qu'il ne peut y avoir aucun souvenir d'existence passée dans la mémoire purement physique. » (La Clef de la Théosophie – H.P. Blavatsky – p. 148)
« [La] racine [de l'homme] est l'entité pensante, l'Ego qui s'incarne, que nous le considérions comme un « Ange », un « Esprit », ou une force. De tout ce que nous percevons au moyen de nos sens, cela seul qui croît directement à partir de cette racine cachée dans le monde supérieur, ou qui se rattache à cette racine, peut participer de sa vie immortelle. Il s'ensuit donc que toutes les pensées, idées et aspirations nobles de la personnalité animée par cet Ego doivent devenir permanentes dans la mesure même où elles émanent de cette racine et en sont nourries. Quant à la conscience physique, du fait qu'elle est une qualité du « principe » sensible, mais « inférieur » (kâmarûpa, ou l'instinct animal illuminé par le reflet manasique inférieur), qu'on peut encore appeler l'âme humaine, elle doit disparaître. » (La Clef de la Théosophie – H.P. Blavatsky – p. 194)
La vision prospective à la sortie du devachan
Un abîme sépare la conscience de l'être en devachan, de la conscience à son retour à l'incarnation terrestre. Toute mémoire de ce qui précède est effacée :
« Toute la période assignée par les forces de l'âme ayant pris fin en devachan, les fils magnétiques qui rattachent l'âme à la terre commencent à affirmer leur pouvoir. Le Soi se réveille de son rêve, il est rapidement emporté vers un corps nouveau puis, juste avant la naissance, il perçoit, l'espace d'un instant, toutes les causes qui l'ont conduit en devachan et qui le ramènent à une vie nouvelle ; comprenant que tout est juste, que tout est le résultat de sa propre vie passée, il ne murmure pas, mais se charge de nouveau de sa croix : une autre âme est revenue sur terre. » (L'Océan de Théosophie – page 123.)
Communications avec les morts
Article « Les morts peuvent-ils communiquer ? » de Robert Crosbie :
« Depuis les années 1840, les spirites ont donné une réponse affirmative à cette question, et prétendent disposer de preuves suffisantes en faveur de la survie de l'intelligence après l'état qu'on appelle la mort. Mais le spiritisme n'est pas né d'hier. Il y a plus de cinq siècles, et dans tous les âges de l'humanité, on a pratiqué ce qu'on appelle [en Inde] le culte... lire la suite