Enseignement théosophique sur les cycles (extraits)
Le Cercle de l'Éternité et du Temps
« Le Cercle était, pour chaque nation, le symbole de l'Inconnu – l'"Espace sans Borne," le voile abstrait d'une abstraction toujours présente – la Déité Inconnaissable. Il représente le Temps illimité dans l'éternité. Le [...] "Cercle sans limite du Temps Inconnu," Cercle d'où est issue la lumière radiante – le SOLEIL Universel, ou Ormuz [le Logos, le « Premier Né » et le Soleil] – est identique à Kronos [Cronos], dans sa forme éolienne, qui est un Cercle. Car le cercle est Sare, et Saros, ou cycle, et il était le dieu babylonien dont l'horizon circulaire était le symbole visible de l'invisible, tandis que le soleil était le Cercle UN d'où étaient issues les orbes Cosmiques, et dont il était considéré comme le chef. [...] Ainsi, aucune meilleure définition ne pouvait être donnée du symbole naturel et de la nature évidente de la Déité, qui ayant sa circonférence partout (le sans limite) avait, cependant, son point central partout ; en d'autres mots, était dans chaque point de l'Univers ». [La Doctrine Secrète, vol. I, pp 113-4, éd. angl.]
« Ce principe, premier ou plutôt UN, était appelé « le cercle Céleste », symbolisé par le hiérogramme d'un point dans un cercle ou dans un triangle équilatéral, le point étant le LOGOS. Ainsi dans le Rig Veda, dans lequel Brahma n'est même pas nommé, la cosmogonie est précédée par l'Hiranyagharba, « l'Œuf d'Or », et Prajapati (Brahma à un stade ultérieur), desquels ont émané toutes les hiérarchies de « Créateurs ». La Monade, ou le point, est l'origine et est l'unité d'où vient tout le système de numérotation. Ce Point, est la Cause Première, mais CELA dont il émane, ou plutôt, dont il est l'expression, le Logos, est passé sous silence. À son tour, le symbole universel, le point à l'intérieur du cercle, n'était pas encore l'Architecte, mais la cause de cet Architecte ; et ce dernier se tenait vis-à-vis de lui précisément dans la même relation que le point lui-même vis-à-vis de la circonférence du Cercle, qui ne peut être définie, selon Hermès Trismégiste. [...] Avec Pythagore, la MONADE retourne dans le silence et les Ténèbres dès qu'elle a développé la triade, de laquelle émanent les sept chiffres restants des 10 (dix) chiffres [sacrés] qui sont à la base de l'univers manifesté.
« [...] Les légendes scandinaves de la création, de notre terre et de l'univers, commencent avec le temps et la vie humaine. Pour elles, tout ce qui précède est « Ténèbres », où réside le Père-de-Tout, la cause de tout. Comme on a pu l'observer [...] ces légendes ont en elles l'idée de ce PÈRE-DE-TOUT, la cause originelle de tout ; « il est à peine mentionné dans les poèmes, » non pas en raison [...] de l'idée « qu'on ne pourrait atteindre à une conception précise de l'Éternel, » mais à cause de son caractère profondément ésotérique. Ainsi, tous les dieux créateurs, ou les Déités personnelles, commencent au second stade de l'évolution Cosmique. Zeus est né dans et à partir de Kronos – le Temps. Ainsi en est-il de Brahmâ, le produit et l'émanation de Kala, "l'éternité et le temps" ; Kala étant un des noms de Vishnu. » [La Doctrine Secrète, vol. I, pp 426-7, éd. angl.]
La conscience illusoire du temps
« "Le Temps" n'est qu'une illusion produite par la succession de nos états de conscience tandis que nous évoluons dans la Durée éternelle et il ne peut exister quand il n'y a aucune conscience dans laquelle l'illusion puisse être produite ; mais "il gît endormi" ». [La Doctrine Secrète, I, p. 37, éd. angl.]
« L'illusion du temps est inhérente à notre constitution complexe. » [« La Loi des cycles » Cahier Théosophique n°10].
Les cycles et le secret de l'initiation
« Il est bien connu qu'aucun secret ne fut mieux préservé et plus sacré pour les anciens, que celui de leurs cycles et leurs computs. Des Egyptiens aux Juifs, divulguer quoi que ce soit relatif à la mesure exacte du temps était considéré comme le plus grand péché. C'était pour avoir divulgué les secrets des Dieux, que Tantale fut précipité dans les régions infernales ; les gardiens des Livres sacrés Sibyllins étaient menacés de la peine de mort s'ils en révélaient un seul mot. Les Sigalions (les images d'Harpocrate [symbolisant le secret]), étaient dans chaque temple – en particulier dans ceux d'Isis et de Sérapis –chacun pressant un doigt sur les lèvres ; tandis que les Hébreux, enseignaient, qu'après l'initiation aux mystères Rabbiniques, divulguer les secrets de la Kabale était comme manger du fruit de l'Arbre de la Connaissance : c'était passible de mort. » [La Doctrine Secrète, vol. II, p 396, éd. angl.]
Les Jours et les Nuits de Brahma
La division de l'histoire humaine en Âge d'Or, Âge d'Argent, Âge de Bronze et Âge de Fer est évoquée dans la littérature de nombreux peuples.
Dans l'Hindouisme, « Une période ou expression de manifestation universelle est appelée un Brahmanda c'est-à-dire une Vie complète de Brahma, et cette vie se compose des jours et des années qui, étant cosmiques, sont d'une durée immense. Le Jour de Brahma, comme celui de l'homme, a une durée de vingt-quatre heures environ ; son année de trois cent soixante jours environ ; le nombre de ses années s'élève à cent.
« Considérons maintenant ce globe [terrestre] puisque nous ne sommes concernés par aucun autre. Son gouvernement et son évolution sont dirigés par Manu, l'homme, d'où le terme manvantara c'est-à-dire "entre deux Manu". Le cours de l'évolution se divise, pour chaque race [c-à-d pour chaque peuple], en quatre yuga. Le temps et le caractère de ces yuga sont particuliers à chaque race. Ils n'affectent pas en même temps toute l'humanité car certaines races sont dans un yuga tandis que d'autres sont dans un cycle différent. [...] L'Occident et l'Inde sont actuellement en kali yuga, surtout en ce qui concerne le développement moral et spirituel. Le premier de ces yuga est lent comparé aux autres, et le yuga actuel — kali — est très rapide, son mouvement étant accéléré, justement comme certaines périodes astronomiques concernant la lune, qui sont connues aujourd'hui, mais dont l'étude n'a pas encore été entièrement approfondie. [Voici un tableau symbolique des périodes de l'Humanité pendant un univers :]
[L'Océan de Théosophie – W.Q. Judge – pp. 132-3]
Les cycles de l'homme
Les cycles de l'intellect : « Selon l'ancienne doctrine, le mouvement cyclique du monde physique, s'accompagne d'un mouvement analogue dans le monde de l'intellect — l'évolution spirituelle du monde procédant par cycles, comme l'évolution physique.
« Nous observons ainsi dans la marée du progrès humain, l'alternance régulière d'un courant de flux et de reflux. Les grands royaumes et empires du monde, après avoir atteint l'apogée de leur grandeur, re-tombent selon une loi identique à celle qui les avait fait progresser, jusqu'au moment où, ayant atteint le point le plus bas, l'humanité se ressaisit et progresse une fois de plus ; le degré de développement atteint étant — en vertu de cette loi de progression en cycles ascendants — un peu plus élevé que celui qu'elle avait avant sa chute. »
L'homme est créateur de ses cycles : « Nous sommes nous-mêmes les créateurs de cycles (périodes de temps définies) ; et les cycles temporels poursuivent leurs révolutions en nous-mêmes. La circulation du sang dans le corps, les pulsations du cœur et le pouls sont des phénomènes cycliques ; les désirs ardents des appétits et leur satisfaction sont cycliques ; maladie et convalescence sont cycliques ; sommeil et veille sont cycliques ; de même que la naissance et la mort ; la vie prénatale est cyclique ; la vie sur terre est également cyclique. »
« Deux conclusions importantes de cette étude sur la Loi des Cycles peuvent se résumer ainsi :
« 1°) Nous sommes les créateurs de certains cycles : par l'opération du karma individuel, nous traçons le cycle de nos réincarnations individuelles ; par nos actions collectives, nous traçons les cycles de contraction ou d'expansion de ce qui sera la croissance ou le déclin de la communauté ou de la nation ; par le karma spirituel, nous progressons lentement mais sûrement, vers le bord du « Cercle primordial » — qui est le Nirvâna lorsqu'on y entre soi-consciemment et le Pralaya[Une période d'obscuration ou de repos entre deux périodes de manifestations] lorsqu'on y entre inconsciemment.
« 2°) Chaque être humain vit en étroite communion avec la Nature, évolue au milieu de la Nature et doit réaliser que son Être est la Nature. De roue en roue, de cycle en cycle, la Vie Une en manifestation trace le Cercle du Temps dans l'Espace Abstrait, qui est la Durée. ». [Extraits de « La Loi des cycles » Cahier Théosophique n°10].
Les cycles de l'homme et de l'humanité : « Les cycles spirituels, psychiques et moraux sont ceux qui affectent plus spécialement l'homme ; ils donnent naissance aux cycles nationaux, raciaux, et individuels. Les cycles raciaux [les cycles des peuples] et nationaux appartiennent à l'histoire. Les cycles individuels sont des cycles de réincarnation, de sensation et d'impression. Pour la majorité des hommes, le cycle de la réincarnation individuelle dure quinze cents ans ; il détermine à son tour un grand cycle historique intimement lié au progrès de la civilisation. » [L'Océan de Théosophie, W.Q. Judge - pp. 128/9]
Le parcours du cycle du zodiaque et le cycle de l'initiation
« Le cycle de l'Initiation était une reproduction en miniature de cette grande succession de changements cosmiques, à laquelle les astronomes ont donné le nom d'année tropicale ou sidérale. De même qu'à la fin du cycle de l'année sidérale (25.868 ans) les corps célestes retrouvent les mêmes positions relatives qu'ils occupaient à son début, de même, à la fin du cycle de l'Initiation, l'Homme intérieur a regagné l'état originel de divine pureté et de connaissance, d'où il était parti pour entreprendre son cycle d'incarnations terrestres. » [« La Loi des cycles » Cahier Théosophique n°10].