LETTRE N°57 - LA MÉDITATION
Janvier – Février 2021
La prochaine Lettre paraîtra début mars 2021. Elle aura pour thème : Sommes-nous immortels ?
Vidéo : « Comment s’exercer à la méditation ? »
Audio : « Les étapes de la méditation selon Patanjali »
Audio : « Les pouvoirs dynamiques de la pensée »
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PENSÉE DU MOMENT
« Dans les livres anciens, le mot “Dan” ou “Jan-na” (“Dhyan”) est défini comme signifiant “se réformer soi-même par la méditation et la connaissance“, c’est la seconde naissance intérieure. D’où le mot Dzan, le Livre de Dzyan » (traduction de éd. originale, The Secret Doctrine, vol. I, Introductory, p. xx, note)
« Quelle est donc finalement la panacée — le talisman royal ? C'est le DEVOIR, l'Altruisme. Le devoir que l'on suit avec persévérance est le yoga le plus haut, et vaut mieux que les mantrams, les postures ou toute autre chose. Si vous ne pouvez rien faire d'autre que votre devoir, il vous mènera au but. » – W.Q. Judge, Les Lettres qui m’ont aidé, p. 97, éd. Textes Théosophiques.
« Pour comprendre la méditation il est nécessaire d'admettre l'existence de l'âme et — comparativement — la non-importance du corps physique qu'elle habite. Patañjali soutient que la Nature n'existe que pour la cause de l'âme. […] Le réel expérimentateur et connaisseur est l'âme et non le mental, il s'ensuit que le mental, désigné comme “organe interne”, ou “principe pensant”, quoique plus élevé et plus subtil que le corps, n'est encore qu'un instrument employé par l'âme pour acquérir des expériences, de la même manière qu'un astronome emploie son télescope pour obtenir des informations sur le ciel. Mais le mental est un très important facteur dans la poursuite de la concentration ; celle-ci ne peut d'ailleurs être obtenue sans lui » – W.Q. Judge, Les Aphorismes de Patanjali, Préface, éd. Textes Théosophiques.
CŒUR DE LA THÉOSOPHIE
Une préparation indispensable
Le chapitre VI de la Bhagavad-Gîtâ est entièrement consacré à la méditation, et les cinq premiers chapitres traitent de la préparation. La préparation amène à prendre conscience que nous ne sommes pas notre corps, ni nos émotions, ni nos désirs, mais que nous traversons des expériences apparemment « malgré nous » et nous nous demandons pourquoi.
Nous pressentons qu’il y un sens à tout cela, car nous sommes des êtres spirituels qui se réincarnent de vie en vie, pour parcourir un sentier menant à la connaissance. La mort ne peut détruire l’Esprit. La vie nous pousse à l’action ; toute la nature œuvre, soutenue par l’Esprit, est guidée par la loi de sacrifice et d’interdépendance. Alors, cherchons à accomplir l’action juste, en réfléchissant et en nous inspirant de l’exemple des Sages.
De tout temps, il a existé une connaissance spirituelle que nous pouvons atteindre en pénétrant au très profond de notre nature supérieure. Cette connaissance nous éclairera et nous libérera progressivement de l’ignorance, de l’erreur et de la souffrance. Cherchons, alors, cette connaissance avec persévérance et humilité.
Une démarche authentique nous amènera à « renoncer au fruit de l’action », à nous détacher des résultats des actions, tout en nous efforçant de les accomplir de la meilleure façon, pour le bien de tout l’ensemble, sans exception.
Cette préparation fournit la maturité intérieure nécessaire à la pratique de la méditation.
La méditation est un exercice et une métamorphose
Dans les chapitres VI à X de la Bhagavad-Gîtâ et dans les Aphorismes de Patanjali, le principe pensant de l’homme, le mental, est l’instrument central. Ce mental n’est pas limité à l’intellect, ni à l’analyse mais il est le véhicule de l’Intelligence spirituelle, regroupant les concepts de « Pensée, Volonté, et Sentiment » ; il peut pénétrer dans (s’unir à) l’objet ou le sujet sur lequel il se fixe grâce au pouvoir de concentration. Ainsi le Mental élève la perception consciente à des plans supérieurs.
En fixant son but sur sa racine profonde – le Soi Suprême – l’homme atteint à la perception de sa véritable nature. Il voit l’unité de toutes choses, l’Âme Suprême dans tout et tout dans l’Âme Suprême ; une seule essence en toutes choses bonnes ou mauvaises. Cette discipline est appelée Yoga, l’union avec sa source spirituelle.
Le méditant est, alors, en paix, ses passions et désirs sont maîtrisés. Son discernement lui permet d’appréhender la dynamique qui soutient l’univers, comme des gemmes précieuses suspendues à un fil, la lumière dans le soleil, la saveur de l’eau… Il est alors établi fermement dans une foi éclairée par son expérience. Résulte en lui une confiance dans ce divin intérieur qui se déploie et le guide de l’intérieur et qui est le but, le Témoin, le Seigneur, l’asile et l’Ami.
Ce principe divin illimité soutient tout et, par son propre pouvoir, « a établi cet univers entier avec une seule fraction de lui-même et reste inchangé » (Bhagavad-Gîtâ, IX, v. 42, éd. Textes Théosophiques).
« En Ishwara, l’Esprit Suprême devient infinie l’omniscience qui dans l’homme n’existe qu’en germe » (Aphorismes de Patanjali, I, Aph. 25, éd. Textes Théosophiques).
Avalokitesvara (mot sanskrit), "Le Seigneur qui regarde". […] Dans la philosophie ésotérique, avaloki, "celui qui regarde", est le Soi Supérieur, […] le LOGOS, à la fois céleste et humain. […] L'école Yogâchârya déclare donc qu'Avalokiteśvara en tant que Padmâpâni, "doit être le Dhyâni-Bodhisattva d'Amitâbha Buddha", c'est en vérité parce que le premier est le reflet spirituel du second dans le monde des formes, tous deux étant un – l'un dans le ciel l'autre sur terre. (Glossaire Théosophique, éd. Adyar).
Comment parvenir à la Concentration ? (Patanjali et Voix du Silence)
Conjointement à l’étude des Aphorismes de Panatjali et de La Voix du Silence, l’étudiant doit s’efforcer d’empêcher les modifications de son principe pensant par l’« entraînement » et le « non-attachement ». Il devra maîtriser ses passions et désirs, avec la préparation indiquée ci-dessus.
Progressivement il parviendra à surmonter les obstacles (maladie, lassitude, doute, attachement aux objets des sens, etc.) et cultiver leurs contreparties qui donneront place à la Bienveillance, la vigilance, l’indifférence aux objets de bonheur, une connaissance libre d’erreur, la non-violence, la véracité etc.
Quels sont les sept portails qui conduisent l’aspirant à « l’autre rive », à savoir à l’état d’homme de méditation et de renoncement : Dana, la clef de charité et d’immortel amour ; Shîla l’harmonie en parole et en acte, permettant d’atteindre à l’équilibre karmique ; Kshânti, la patience ; Vîraga, l’indifférence (ou le détachement) au plaisir et à la douleur, la VÉRITÉ seule perçue ; Vîrya, l’énergie qui fraie sa route vers la suprême Vérité ; Dhyâna, la contemplation de l’éternel Sat (les qualités vraies et saintes, le pouvoir absolu, l’Être-té même), et enfin Prajnâ, l’homme Divinisé, un Boddhisattva ayant atteint le complet éveil intérieur.
LA CHRONIQUE (PASSÉ, PRÉSENT, FUTUR)
La connaissance spirituelle a toujours existé
Une doctrine inépuisable
« Cette doctrine inépuisable de Yoga fut enseignée jadis par moi à Vivasvat (1) ; Vivasvat la transmit à Manu (2), et Manu la fît connaître à lkshvâku (3) et, en se transmettant ainsi de l'un à l'autre, elle fut connue par les Râjarsh (4), puis, à la longue, l'art puissant se perdit dans le cours des temps, ô persécuteur de tes ennemis ! C'est la même doctrine inépuisable, secrète et éternelle, que je t'ai communiquée aujourd'hui, puisque tu es mon fidèle disciple et mon ami. » – Bhagavad-Gita, Ch. IV, v. 1 à 3.
(1) Vivasvat : le Soleil, première manifestation de la sagesse divine au début de l'évolution.
(2) Manu : titre générique donné à l'esprit qui est le régent de l'univers sensible, le Manu actuel étant Vaivasvata Manu.
(3) lkshvâku : le fondateur de la dynastie solaire des Hindous.
(4) Râjarshi : les Rois-Adeptes.
Une sagesse qui se perd dans la nuit des temps
Dans la Préface de La Voix du Silence (pp. 7-11, éd. Textes Théosophiques), il est précisé :
« Au-delà des Himâlayas, la méthode suivie dans les Écoles ésotériques est invariable, à moins que le Guru ne soit qu'un simple Lama, ayant une connaissance à peine supérieure à celle de ses élèves.
« Les Préceptes dont je présente ici la traduction appartiennent à la même série que celle d'où furent tirées les « Stances » du Livre de Dzyan sur lesquelles est basée la Doctrine Secrète. Le Livre des Préceptes d'Or se réclame d'une même origine que celle de la grande œuvre mystique appelée Paramârtha, qui, selon la légende de Nâgârjuna, aurait été donnée au grand Arhat par les Nâga ou « Serpents » (mot qui, en réalité, désigne les anciens Initiés). Cependant, les idées et les maximes de ce livre, si nobles et si originales qu'elles soient, se rencontrent souvent sous des formes différentes dans des ouvrages en langue sanskrite [ou apparentée], tel le Jñâneshvari, ce superbe traité mystique, où Krishna décrit à Arjuna en couleurs éclatantes l'état d'un Yogi entièrement illuminé ; on les trouve également dans certaines Upanishad. Et c'est bien naturel vu que parmi les plus grands Arhat qui furent les premiers disciples de Gautama le Bouddha - et surtout ceux qui émigrèrent au Tibet - la plupart (sinon tous) étaient des Indiens et des Aryens, et non des Mongols. À elles seules, les œuvres laissées par Aryasangha sont fort nombreuses. […]
« Le Livre des Préceptes d'Or - dont certains Préceptes sont antérieurs au bouddhisme historique, et d'autres plus récents - contient environ 90 petits traités distincts. J'en ai appris 39 par cœur, il y a des années. Pour traduire ce qui n'en est pas présenté ici, je devrais recourir à des informations dispersées parmi bien trop de papiers et de notes prises pour mémoire pendant ces 20 dernières années (sans jamais les classer) pour que la tâche soit en rien une entreprise facile. D'ailleurs, ces traités ne pourraient tous être traduits et offerts à un monde trop égoïste et trop attaché aux objets des sens pour être prêt, de quelque manière, à accueillir une éthique aussi sublime dans l'esprit convenable. Car à moins de persévérer sérieusement dans la poursuite de la soi-connaissance, l'homme ne prêtera jamais une oreille attentive à des conseils de cette nature.
« Et pourtant, ce genre d'éthique remplit d'innombrables volumes de la littérature orientale, particulièrement les Upanishad. »
Quelques conseils pour la pratique au quotidien : régularité et éveil intérieur
« En réservant un moment particulier pour la méditation, une habitude se crée et, à mesure que le temps passe, le mental finit par prendre le pli et, dès lors, la méditation au moment choisi devient naturelle. C'est pourquoi il est bon que vous gardiez toujours la même heure, autant que possible. »
« Faites-vous réveiller une demi-heure plus tôt que d'habitude et consacrez ce temps avant le petit déjeuner à une méditation silencieuse sur des idées grandes et élevées. Une demi-heure ! Vous pouvez sûrement gagner cela sur votre temps. Et ne mangez pas avant. Si vous pouvez prendre une autre demi-heure avant d'aller vous coucher, et sans aucun préliminaire de déshabillage ou d'arrangement pour rendre les choses plus agréables, ou plus confortables, méditez à nouveau. Mais ne vous méprenez pas sur le sens de mes paroles. Cela fait beaucoup de choses à abandonner, mais faites-le, et n'oubliez pas que vous n'avez pas à vous livrer à tous ces préparatifs auxquels s'adonnent tant de gens [...]. “Le meilleur instructeur, et le plus important, est notre septième principe centré dans le sixième. Plus vous vous défaites du sens illusoire de l'isolement personnel, et plus vous êtes consacré au service d'autrui, plus mâyâ disparaît et plus vous approchez de la Divinité” ». – Lettres qui m’ont aidé, pp. 174, 137, éd. Textes Théosophiques.
« Il est bon de se livrer à quelque pratique et de la poursuivre en se retirant dans un lieu fixe, ou une retraite mentale qui échappe à la vue, ou bien la nuit. Le fait qu'on peut accomplir ce qui est appelé Dharana, Dhyana et Samâdhi doit être connu. (Voyez le système de Yoga de Patanjali, en particulier dans le Livre III).
« Dharana, c'est le choix d'une chose, d'une zone délimitée ou d'une idée, pour y fixer le mental,
« Dhyana, en est la contemplation, et
« Samâdhi est la méditation qui fait suite sur le même thème.
« Quand on s'y exerce, ces trois étapes ne sont qu'un même acte, bien entendu.
« Ainsi, prenez par exemple ce qu'on nomme le creux de la gorge.
1. Sélectionnez-le. Dharana.
2. Fixer le mental sur lui. Dhyana.
3. Méditez sur lui. Samâdhi.
« Cela donne de la fermeté au mental. » – Lettres qui m’ont aidé, p. 43, éd. Textes Théosophiques.
Le retour au Soi – Les bienfaits de la méditation
« Dimanche, je me suis engagé dans la Méditation et j'en ai reçu quelque bienfait. J'aurais souhaité vous voir pour vous en parler. Mais ces choses sont trop élevées pour les traduire en mots, et quand nous approchons les sujets, nous nous trouvons incapables de donner une expression à nos pensées. Nous ne vivons point selon les possibilités les plus élevées de notre âme. Tout ce qui nous empêche de retrouver les hautes pensées du lointain passé vient de notre propre faiblesse et n'est l'œuvre de personne d'autre. Combien paraissent insignifiants les soucis de la terre quand on se plonge dans une réflexion profonde ; on les apprécie alors à leur vraie valeur, et plus tard ils s'effacent. Il est vrai que le chemin qui conduit aux dieux est obscur et difficile et, comme vous le dites, nous n'obtenons rien d'eux au premier appel ; il nous faut appeler souvent. Mais nous pouvons nous arrêter en route pour regarder en avant, car, quelle que soit l'obscurité, ou notre faiblesse, le Spectateur voit tout, nous fait signe et murmure : “Prends courage, car je t'ai préparé une place où tu seras avec moi pour toujours.” C'est le Grand Soi : II est nous-mêmes. » – Lettres qui m’ont aidé, p. 26, éd. Textes Théosophiques.
ARTICLES ET DOCUMENTS
Il est proposé à la lecture (pour en savoir plus) :
- Lettres : N°4 « L’Attention » ; N°24 « La spiritualité au quotidien » ; N°25 « Le langage de l’âme » ; N°27 « Les vœux du nouvel an » ; N°51 « La naissance spirituelle » ; N°53 « Le mystère de l’initiation ».
- H.P. Blavatsky : La Voix du Silence
- Les Aphorismes du Yoga de Patanjali,
- H.P. Blavatsky : La Doctrine Secrète (partiel) - The Secret Doctrine
- W.Q. Judge : Les Lettres qui m’ont aidé
- H.P. Blavatsky et W.Q. Judge : Les Rêves et l’Éveil intérieur (v. 3ème partie, Les bases d’un yoga du sommeil).
- Articles de W.Q. Judge : « La Culture de la Concentration - I & II » ; « Méditation sur le sentier du vrai théosophe » ; « Que sont les dons spirituels ? Comment les obtenir ? ».
- Articles de W.Q. Judge : « AUM ! » ; « Qu’est-ce que L’Udgitha ? » ; « Visez juste » ; « Un commentaire sur la Gayatri » (Cahier Théosophique n°94).
- Articles de R. Crosbie : « La culture de la concentration » ; « La guérison mentale et l’hypnose » ; « Le côté occulte de la nature » (Cahier Théosophique n°185).
MÉDIATHÈQUE
Il est proposé :
Vidéo : « Comment s’exercer à la méditation ? »