La Théosophie est-elle l’apanage des classes cultivées ?

La Théosophie est-elle l’apanage des classes cultivées ?

28 Fév, 2020

Le questionneur : Les doctrines théosophiques sont-elles réservées aux classes cultivées ? Devrions-nous faire attention dans notre propagande, aux gens cultivés et « respectables » qu’à ceux d’un rang inférieur ?

Réponse – Si les doctrines théosophiques doivent être d’un intérêt quelconque pour la race, elles doivent s’adresser à toutes les classes ; pauvres et riches, cultivés et ignorants, jeunes et vieux. Certaines personnes pensent que ces doctrines ne sont compréhensibles que pour des gens instruits et cultivés ; que l’on devrait prêter plus d’attention à ces classes, aux personnes ayant reçu une instruction scientifique, et à celles qui possèdent une réputation puissante dans le monde. Car, prétendent-ils, si nous pouvons attacher ceux- là, nous influencerons d’autant plus facilement les autres.

Mais qu’est-ce que l’expérience a prouvé ? Tout simplement que les gens cultivés, respectables et scientifiques ont ri de la Théosophie, et n’y auraient jamais prêté attention, s’ils n’y avaient été obligés. Un savant éminent, le Professeur Crookes, devint membre de la London Lodge, au début, il n’en est résulté aucun bien défini pour le mouvement. De nombreuses tentatives ont été faites dans les salons, mais n’ont guère donné de résultat ; certainement pas assez pour justifier ce gaspillage d’énergie et de temps. La propagande théosophique s’est poursuivie en dépit d’une opposition énorme et de beaucoup de froideur de la part des classes dites meilleures. Il est vrai que les classes ouvrières et laborieuses ne l’ont pas encouragée, pas plus qu’elles n’y ont, dans l’ensemble, compris grand ’chose ; et cependant, cette classe mal définie du monde travailleur, appelée parfois la « classe moyenne », a fait énormément pour propager et soutenir la Théosophie.

Quant à la compréhension des doctrines, je suis d’avis qu’elle est à la portée des gens peu instruits comme des autres. En vérité, dans certains cas une instruction trop forte a été une entrave, et l’étude intellectuelle profonde de la Théosophie conduit à une fausse compréhension du principe de Fraternité, et à sa violation. Le but et l’intention de la Théosophie dans le monde n’est pas de travailler à l’avancement de quelques-uns sur le plan intellectuel, mais à l’amélioration des affaires humaines par la pratique de la Fraternité. Les doctrines théosophiques montrent ce qu’est la Fraternité, et comment il faut la pratiquer, et si nous n’arrivons pas à la mettre en pratique, nous échouons. La fraternité se développera vraisemblablement plus facilement dans les classes inférieures que dans celles d’en haut, car l’on ne peut pas dire que les conditions présentes – même dans les gouvernements étrangers – soient dues en grande partie aux classes supérieures et instruites.

Toutefois, et c’est ici que gît le devoir des Théosophes ayant de l’instruction, il est nécessaire d’expliquer clairement les doctrines aux classes ignorantes afin que celles-ci puissent les saisir. Et lorsqu’on les aura expliquées, on s’apercevra que c’est par la pratique seule, qu’on peut parfaitement comprendre les doctrines. N’oublions pas qu’ici, en Amérique, il y a, en général, très peu d’illettrés, et que dans ce pays, il est plus aisé de répandre la Théosophie dans la masse. Et l’histoire, comme les faits actuels, le prouvent largement.

W.Q. Judge

Cette réponse de M. Judge à a question fut publiée pour la première fois dans le Theosophical Forum de juillet 1895. Le titre est de nous (éd. revue Théosophie, août 1927).

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