L’Unité : La mère de toutes les vertus

L’Unité : La mère de toutes les vertus

29 Déc, 2021

L’Unité : La mère de toutes les vertus. Études dans La Doctrine Secrète

« Ce qui n’est ni Esprit, ni Matière, ni Lumière, ni Ténèbres, mais est en vérité leur réceptacle et leur racine, voilà ce que tu es. La Racine projette à chaque Aube son ombre sur ELLE-MÊME, et cette ombre tu l’appelles Lumière et Vie, O pauvre forme morte ! (Cette) Vie-Lumière s’écoule en flots qui descendent le long de l’escalier des sept mondes, dont chaque marche en descendant devient plus dense et plus sombre. C’est de cet escalier sept fois septénaire que tu es le fidèle grimpeur et le miroir, ô petit homme ! Tu es cela, mais tu ne le sais pas. »

« C’est seulement “ avec un mental clair et non assombri par la personnalité, et par l’assimilation du mérite des multiples existences consacrées à l’être dans sa collectivité (l’ensemble de l’Univers vivant et sensible), ” qu’on se libère de l’existence personnelle, pour se fondre et devenir un avec l’Absolu, et pour continuer en pleine possession du Paramârtha [L’Existence Absolue]. » – (The Secret Doctrine, éd. originale, I, p. 54.)

La Doctrine Secrète [Note (1)] est un livre d’Occultisme pratique ; c’est pourquoi ses principes moraux constituent l’âme même de sa métaphysique. La Magie qu’elle enseigne est divine ; seuls ceux qui prennent la peine de purifier et d’élever leur nature en acquérant la connaissance et en s’aidant de sa noble métaphysique, apprennent cette Magie et deviennent de vrais philosophes et philanthropes.

Le principe central de cette Philosophie Ésotérique est l’Unité impartie, mieux appelée la VIE.

Cette Vie Une est, et demeure à jamais, l’arrière-plan de la Nature. C’est la source d’où jaillit la Nature, le milieu dans lequel la Nature se développe, le lien commun entre tous les objets de la Nature, le réceptacle dans lequel la Nature se dissout en un état sans forme.

La relation entre cette Unité et le règne humain est la même et elle est cependant différente de Sa relation avec les autres règnes.

La Vie Une est omniprésente ; par conséquent, « Tout Est Vie, et chaque atome, y compris celui de la poussière minérale, est une VIE ». (S.D., I, 248).

L’unité radicale de l’ultime essence de chaque partie qui constitue les composés de la Nature – de l’Étoile à l’Atome minéral, du Dhyan-Chohan le plus élevé au plus petit infusoire, dans la plus complète acceptation du terme, et tant dans les mondes spirituels, intellectuels, que physiques – est l’unique loi fondamentale de la Science Occulte. « La Déité est sans limite et son expansion est infinie », dit un axiome occulte. (S.D., I, 120).

La Vie Une est aussi omnipotente, c'est-à-dire que de Son homogénéité émane d’innombrables formes hétérogènes d’Elle-même, et l’être humain est une de celles-ci. Ces émanations sont diverses et dans la Philosophie Ésotérique on les appelle les hiérarchies des êtres et les règnes de la nature. La hiérarchie humaine et le règne humain diffèrent des autres hiérarchies et règnes. C’est pourquoi il est dit :

« Aucun Occultiste ne niera que la forme physique de l’homme – comme celle de l’éléphant, du microbe, du crocodile au lézard, du brin d’herbe ou du cristal – soit, le simple produit des forces évolutive de la nature à travers une série d’innombrables transformations ; mais il pose le problème [de l’origine de l’homme] d’une manière différente. » (S.D., I, 636).

Comment l’Occultiste posera-t-il le problème ?

« L’homme n’est certainement pas une création spéciale, et il est bien le produit du travail de la Nature qui se perfectionne graduellement, comme c’est le cas pour n’importe quelle autre entité vivante sur cette Terre. Mais ceci ne concerne que le tabernacle humain. Ce qui vit et pense dans l’homme et qui survit à cette forme qui est le chef-d’œuvre de l’évolution – c’est le « Pèlerin Éternel », la différenciation Protéenne dans l’espace et le temps de l’« inconnaissable » Un Absolu. » (S.D., II, 728).

« Par conséquent alors que La Doctrine Secrète reconnaît « la Présence du Principe Invisible à travers toute la Nature », elle enseigne aussi que « sa manifestation la plus élevée sur la terre est l’homme ». (S.D., II, 555).

Il devient ainsi évident que l’affinité qui existe entre chaque homme est spéciale et exceptionnelle, comparée à celle entre toutes les autres entités des différents règnes de la Nature. L’affinité entre un homme et les autres hommes n’est pas la même que, par exemple, son affinité avec les animaux ; et la différence n’est pas seulement de degré, mais d’espèce.

La manifestation de cette affinité est la Loi de Fraternité. Que nous reconnaissions son existence ou que nous l’ignorions, la Loi de Fraternité œuvre toujours. Comme pour les autres lois de la nature, la connaissance de son existence et de son mode d’action est utile. Il est nécessaire d’avoir la connaissance de la Loi de Fraternité, car elle se rattache au principe fondamental de l’éthique de la Théosophie. Pourquoi un être humain devrait-il pratiquer la Fraternité ? Voici ce que notre livre répond (S.D., I, 120) :

Dans le Catéchisme, le Maître interroge ainsi l’élève :

« Lève la tête, ô Lanoo [disciple] ; vois-tu, une ou d’innombrables lumières, brûlant au-dessus de toi dans le sombre ciel de minuit ? »

« Je pressens une Flamme, ô Gourou Deva, je vois d’innombrables étincelles non séparées qui brillent en elle. »

« Tu dis bien. Et maintenant, regarde autour de toi et en toi-même. Cette lumière qui brûle en toi, la sens-tu différente en quoi que ce soit de la lumière qui brille dans tes Frères-humains ? »

« Elle n’est en aucune façon différente, bien que le prisonnier soit tenu en prison par Karma, et bien que l’aspect de ses vêtements puisse égarer l’ignorant et lui fasse dire : “Mon Âme et ton Âme.” »

La première vertu de la morale de la métaphysique est la Fraternité – la réelle mise en pratique de la vérité apprise par le mental, qu’entre un homme et ses « Frères-humains » il existe en essence et en substance une affinité – et plus encore, une identité. Les diverses croyances religieuses débutent par des vertus différentes : l’amour, la foi, la charité, la pureté, l’absence de méchanceté, etc. ; et si ces croyances peuvent éveiller, et elles le font, une reconnaissance indirecte de la Loi de Fraternité, la Philosophie Ésotérique et sa Religion-Sagesse appelle l’étudiant-pratiquant à être dès le début un frère pour tous ses « Frères-humains ». Ce n’est pas là le point culminant, mais au contraire le point de départ de la discipline théosophique. La Fraternité est la Mère de toutes les vertus.

La pratique de la Fraternité n’implique pas de ne pas reconnaître les différences extérieures de mental, de caractère et de corps. De même que l’unité dans la diversité permet l’équilibre de la nature, de même l’identité derrière les différences caractérise le règne humain. Les différences vont disparaître au cours de l’évolution ; et leurs cendres et résidus formeront une vaste unité.

La flamme et les innombrables étincelles non séparées brillant en une hiérarchie humaine unique, sont un fait ; nous sommes les prisonniers de Karma, et les apparences nous induisent en erreur au point de nous faire croire que les différences sont réelles, et de nous rendre aveugles au fait suprême que l’humanité est une. La pratique de la Fraternité nous aide à percevoir ce fait suprême ; par la pratique constante, on est amené à reconnaître l’existence de Ceux qui sont des Frères – les Membres d’une seule Fraternité, parfois appelée la « Race Sage qui ne meurt pas ». Ces Frères ont réalisé en Leurs propres personnes le fait suprême que l’humanité est une. Les Adeptes Blancs de la Grande Fraternité sont les Grands Frères Aînés de l’humanité. Ils forment un seul mental et parlent la même langue ; Tous pensent et instruisent de la même manière ; Ils sont Tous engagés dans l’accomplissement du même devoir, d’accomplir le seul grand sacrifice. Ils ont assimilé « le mérite de nombreuses existences dévouées à l’être dans sa collectivité » (S.D., I, 54). On peut dire des Frères et de la Grande Fraternité que l’Individualité est la caractéristique de cette Hiérarchie, et non pas de ses entités distinctes (S.D., I, 275) (Note (2).

L’étudiant doit apprendre que la pratique de la Fraternité tire son origine de l’expression « Frères-humains » du Catéchisme cité plus haut. L’attitude et la conduite juste envers la grande Nature découlera de la juste pratique de la fraternité envers toutes les entités qui composent le règne humain.

B.P. Wadia

Cet article de B.P. Wadia est traduit de la revue indienne Theosophical Movement, vol. VI, novembre 1935, chapiter IX, “Unity : The Mother of All Virtues” de l’ouvrage Studies in the Secret Doctrine, de B.P. Wadia.

Note (1) : Les références des pages citées dans La Doctrine Secrète, renvoient à l’édition originale anglaise : The Secret Doctrine, (S.D.) de 1888]

Note (2) : « L’individualité est la caractéristique de leurs Hiérarchies respectives et non de leurs unités, et ces caractéristiques varient seulement avec le rang du plan auquel appartiennent ces Hiérarchies ; plus elles se rapprochent de la région de l’Homogénéité et de l’Un divin, plus cette individualité est pure et peu accentuée dans la Hiérarchie. Ils sont finis sous tous les rapports, sauf en ce qui concerne leurs principes supérieurs, – les étincelles immortelles qui réfléchissent la Flamme divine universelle individualisée et séparée seulement, sur les sphères de l’illusion, par une différenciation aussi illusoire que le reste. Ce sont des « Êtres vivants », parce que ce sont des courants projetés de la Vie Absolue sur l’écran cosmique de l’illusion ; des êtres dans lesquels la vie ne peut s’éteindre avant que le feu de l’ignorance ne soit éteint chez ceux qui ressentent ces « Vies ». Ayant pris naissance sous l’influence vivifiante du Rayon incréé, réflexion du grand Soleil Central qui luit sur les bords de la Rivière de Vie, c’est, chez eux, le Principe Intérieur qui appartient aux Eaux de l’immortalité, tandis que son vêtement différencié est aussi périssable que le corps de l’homme. C’est pourquoi Young avait raison de dire : « Les Anges sont des hommes d’un ordre supérieur… » et pas davantage. » (S.D., I, 275)

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