Méditations sur le sentier du vrai théosophe - II
(Suite de la partie I)
- II -
« Travaille comme ceux qui sont ambitieux,
« Respecte la vie comme ceux qui la désirent,
« Sois heureux comme ceux qui vivent pour le bonheur. » - La Lumière sur le Sentier.
Nous sommes éprouvés de façon tout à fait insoupçonnée et dans les affaires de la vie qui nous semblent sans importance se cache souvent la plus dangereuse des tentations.
Bien souvent, le travail nous est pour le moins désagréable en raison d'une répugnance mentale ou physique. Lorsque celui qui cherche le Sentier ascendant commence à le trouver, le travail lui devient une charge plus lourde, tandis qu'en même temps, en raison de sa condition physique, il se trouve moins bien préparé à affronter la tâche. C'est tout à fait vrai mais il ne faut pas céder à la difficulté. Il faut l'oublier. Il faut absolument travailler et si on ne peut avoir le genre de travail que l'on désire ou que l'on estime le mieux adapté à soi-même, il faut accepter et faire ce qui se présente. C'est précisément ce travail qui est le plus nécessaire. On ne doit pas non plus le faire pour s'en débarrasser. Au contraire, il est entendu que ce travail doit être fait par l'homme comme si c'était le but même de sa vie, comme si tout son cœur y était. On peut être assez sage pour savoir qu'il existe autre chose ou que le futur réserve de meilleurs dons, cependant, même ceci, doit en fait être oublié, tout en accomplissant son travail comme s'il n'y avait pas de lendemain.
Souvenez-vous que la vie est le produit du Toujours-Vivant. Si vous avez pu comprendre un peu du mystère de la vie et évaluer ses attraits à leur juste valeur, vous n'avez aucune raison pour autant d'aller d'un air solennel flétrir les réjouissances des autres hommes. Pour eux, la vie est aussi réelle que le mystère l'est pour vous. Leur heure viendra comme est venue la vôtre ; ainsi donc, hâtez pour eux sa venue, si vous le pouvez, en rendant la vie plus lumineuse, plus joyeuse, meilleure.
Si c'est pour vous le moment de jeûner, mettez votre plus bel habit et allez, non comme un homme qui jeûne, mais comme celui qui vit pour la vie.
Poussez vos soupirs et vos cris en vous-mêmes. Si vous ne pouvez pas accepter les petits événements de la vie et leurs leçons sans le crier sur les toits, pensez-vous que vous êtes prêts à ce qu'on vous confie les mystères ?
Renoncer à un genre de nourriture, ou à certains aliments, en soi-même ne vous ouvrira pas les portes scellées. Si là gisait la clef, quelle sagesse devraient posséder les bêtes des champs et quel profond Mystique aurait dû être Nabuchodonosor après « s'être mis au régime herbivore ! » (Daniel, ch. IV.)
Il y a certains fidèles d'une foi qui s'est développée en Amérique, qui pensent sage de rejeter tout ce qui peut leur être déplaisant, de rompre les liens du mariage parce qu'ils considèrent que ces liens gênent leur développement spirituel ou que l'autre compagnon de pèlerinage n'est pas assez avancé sur le chemin du progrès. Frères, il n'est pas né l'homme assez sage pour s'ériger en juge du développement spirituel d'aucun être vivant. Non seulement il manque de sagesse, mais il blasphème celui qui dit à un autre : « Va-t’en, tu fais obstacle à l'exaltation de mon développement spirituel ! »
La plus grande de toutes les vérités se trouve fréquemment en évidence, ou voilée dans les contraires. L'impression s'est largement répandue que l'Adepte ou le Mystique d'un degré élevé ne peut atteindre cet état qu'en renonçant à toute association avec ses semblables ou en refusant les liens du mariage. Au contraire, c'est la conviction de très sages Instructeurs que tous les hommes qui se sont élevés aux plus hauts degrés de l'Initiation ont traversé, à un moment donné, l'expérience du mariage. Beaucoup d'hommes qui ont échoué dans leurs épreuves ont mis leur échec sur le compte du mariage, précisément comme cet autre poltron, Adam, qui, après avoir commis le péché le premier, s'est écrié : « C'est Êve ! »
Ici se trouve l'un des plus profonds Mystères Divins ; c'est pourquoi, sachez-le, il est sage de chérir ce qui tient tant de Dieu et de chercher à en connaître la signification, non en séparant et en tranchant mais en liant et en renforçant les attaches. Nos plus Anciens Maîtres le savaient et Saint Paul aussi en parle. (Ephésiens, V, 32.)
Soyez patients, bons et sages, car peut-être, dans le moment qui va suivre, la lumière va-t-elle se répandre sur votre compagnon et découvrirez-vous que vous n'êtes qu'un aveugle qui prétend voir. N'oubliez jamais que vous ne possédez pas une seule chose dans ce monde. Votre femme n'est qu'un présent, vos enfants vous sont seulement confiés comme un prêt. Tout ce que vous possédez d'autre ne vous est donné qu'aussi longtemps que vous en usez sagement. Votre corps ne vous appartient pas, car la Nature le revendique comme sa propriété. Ne pensez-vous donc pas que c'est le comble de l'arrogance d'aller vous ériger en juge de quelque autre créature que ce soit, alors que vous-mêmes, des mendiants, allez revêtus d'un manteau d'emprunt ? [Notre corps physique actuel (N. d. T)]
Si la misère, le besoin et la douleur sont votre lot pour un temps, soyez heureux que ce ne soit pas la mort. Si c'est la mort, soyez heureux que c'en soit fini de la vie.
Vous voudriez la richesse et vous parliez du bien que vous feriez grâce à elle. En vérité, dans ces conditions, vous êtes sûrs de vous égarer. Très probablement, vous êtes aussi riches que vous ne le serez jamais, aussi désirez donc faire le bien avec ce que vous avez — et faites-le. Si vous n'avez rien, sachez que c'est le mieux et le plus sage pour vous. Dans la mesure où vous murmurez et vous vous lamentez, dans cette mesure même, certainement, vous vous rendrez compte qu'« à celui qui n'a rien sera retiré même ce qu'il a ». Ceci paraît contradictoire, mais pourtant s'accorde d'une façon parfaitement harmonieuse. Dans la vie comme dans l'Occulte, le travail est identique : tout est le résultat de votre effort et de votre volonté. Vous n'êtes pas fous au point de croire que vous allez être élevés au Ciel comme le Prophète de jadis, mais vous espérez réellement que quelqu'un va venir pour vous donner un bon coup d'épaule pour vous aider à l'atteindre.
Sachez donc, Disciples, que c'est vous seuls qui pourrez-vous élever par vos propres efforts. Quand vous aurez réalisé cela, vous pourrez découvrir que vous êtes entourés de beaucoup de compagnons dans votre voyage qui vous paraissait jusqu'alors solitaire ; mais ni ces compagnons, ni votre Instructeur n'ont le droit de vous pousser ou de vous tirer pour vous faire avancer d'un seul pas.
Tout ceci forme une partie tout à fait essentielle de votre préparation et de vos épreuves en vue de l'Initiation.
Vous cherchez et vous attendez quelque grand événement extraordinaire qui viendra vous montrer qu'on va vous permettre de pénétrer derrière le voile ; que vous allez être Initiés. Un tel événement n'arrivera jamais. Seul pourra entrer celui qui étudie toutes les choses et en tire la leçon, au fur et à mesure qu'elles se présentent ; et pour un tel être, il n'y a ni éclairs fulgurants ni roulements de tonnerre. Celui qui passe le seuil de la porte le fait aussi doucement et imperceptiblement que la marée qui monte dans la nuit.
Vivez bien votre vie. Cherchez à réaliser le sens de chaque événement. Efforcez-vous de trouver le Toujours-Vivant et attendez de recevoir plus de lumière. Le véritable Initié ne se rend pas parfaitement compte de ce qu'il traverse jusqu'à ce qu'il ait « reçu son degré » . Si vous luttez pour atteindre la lumière et l'Initiation, souvenez-vous que vos soucis vont s'accroître, vos épreuves devenir plus serrées, votre famille manifester de nouvelles exigences à votre égard. Celui qui peut comprendre et traverser ces difficultés avec patience, sagesse et sérénité, celui-là est en droit d'espérer.
(à suivre, partie III)
W.Q. Judge
Article de William Q. Judge – Traduction Textes Théosophiques Paris