Méditations sur le sentier du vrai théosophe - I
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« La voie de la paix intérieure consiste à se conformer en toutes choses aux décrets et aux dispositions de la Volonté Divine. Ceux qui voudraient que tout réussisse et se passe selon leur propre caprice ne sont pas près de connaître cette voie : et c'est pourquoi ils mènent une vie rude et amère ; constamment agités et de mauvaise humeur, ils ne suivent pas le sentier de la paix. »
Sachez donc bien que celui qui cherche la voie cachée ne peut la trouver qu'en passant la porte de la vie. Dans le cœur de tous les êtres, s'éveille à un certain moment le désir de la connaissance. Celui qui pense que son désir sera satisfait comme le petit oiseau dans le nid qui n'a qu'à ouvrir le bec pour recevoir sa nourriture sera vraiment très désappointé.
Dans toute la nature, nous ne pouvons trouver aucun exemple ou un effort quelconque ne soit pas nécessaire. Nous pouvons constater qu'il y a toujours un résultat naturel à la suite d'un tel effort. Celui qui veut vraiment vivre la vie ou trouver la Sagesse, ne peut le faire que par un effort soutenu. Si un homme se met à étudier et apprend à percer un peu le voile, ou bien s'il a trouvé en lui-même quelque chose qui dépasse en grandeur son soi extérieur, cela ne l'autorise nullement à s'installer dans l'oisiveté ou à s'isoler du contact du monde. Ce n'est pas parce qu'il aperçoit au loin les lueurs de la lumière qu'il peut dire à son semblable : « Je suis plus saint que toi » ou s'envelopper du manteau de la solitude.
L'âme se développe comme la fleur, au soleil de Dieu, et d'une façon inconsciente pour le sol dans lequel elle pousse. Voilez la lumière et le sol devient humide et stérile, la fleur se fane ou elle pâlit et s'étiole. Chacun de nous est ici pour une bonne et sage raison. Si nous découvrons partiellement le pourquoi de notre présence sur terre, nous avons dans ce cas d'autant plus de raisons de chercher dans la vie, par un contact intelligent avec elle, à en élucider plus complètement le problème. Ce n'est pas tellement l'étude de nous-mêmes que la préoccupation des autres qui ouvre cette porte. Les événements de la vie et leurs causes conduisent à la connaissance. Ils doivent être étudiés lorsqu'ils se manifestent dans la vie courante.
Il n'y a pas d'oisiveté pour le Mystique. Dans sa vie journalière, il peut lui arriver d'avoir à affronter les plus âpres et les plus dures des tâches et des épreuves du monde, et cependant il va son chemin le sourire aux lèvres et la joie au cœur ; il ne devient pas sensible au point de ne pouvoir supporter de s'associer avec ses semblables, ni si extrêmement spirituel qu'il en oublie qu'un autre est peut-être en train de mourir de faim.
Un homme qui prétendait enseigner les mystères disait : « Il me faut une demeure agréable et une ambiance de beauté. » Un vrai Théosophe ne doit rien attendre de ce genre, que ce soit avant d'enseigner, ou, ce qui est tout d'abord nécessaire, avant d'apprendre. Ce serait peut-être agréable mais si l'Inspiration Divine ne vient que dans ces conditions, alors vraiment le Divin est bien loin de la plupart d'entre nous. Seul peut devenir un facteur bienfaisant, ou enseigner à approcher le sentier, celui qui, oubliant ses propres conditions, s'efforce d'embellir et d'illuminer celles des autres, non pour satisfaire ses propres sens, ou pour l'amour de ce qui est agréable et plaisant.
Se préoccuper de soi provoque très certainement des obstacles et nous déroute dans la poursuite de nos buts et objectifs, particulièrement lorsqu'ils sont tournés vers l'occulte.
Ici encore naît la pensée : « J'étudie la science mystique ; je possède une portion de cette science. »
Insidieusement s'insinue la pensée : « Voyez, je suis un peu plus avancé que les autres hommes qui n'ont pas pénétré si loin. » Sachez donc bien que vous n'êtes même pas aussi grand qu'eux. Celui qui pense qu'il est sage est le plus ignorant des hommes et celui qui commence à croire qu'il est sage se trouve en plus grand danger qu'aucun autre être vivant.
Pensez-vous donc que pour avoir obtenu une partie de la connaissance occulte vous avez le droit de vous isoler de tout contact avec le reste de l'humanité ? Il n'en est pas ainsi : si vous avez obtenu la vraie connaissance, cela vous oblige à aller à la rencontre de tous les hommes, non pas à moitié chemin, mais plus loin que cela encore, pour les rechercher. Cela exige non que vous vous retiriez du monde mais que, cherchant son contact, vous vous plongiez dans sa misère et sa douleur et que, d'une parole réconfortante, si vous n'avez rien d'autre à donner (et le Mystique n'a guère plus), vous vous efforciez d'alléger le fardeau d'une âme qui lutte.
Vous rêvez de renommée. Nous ne connaissons rien de semblable. Celui qui recherche le sentier ascendant découvre que tout est vérité, que le mal n'est que la déviation du bien. Pourquoi demander la renommée ? Elle n'est que la louange de ceux que nous essayons d'aider.
Ne désirez ni la notoriété, ni la renommée, ni la richesse. Inconnus, vous vivez retirés. Sans renommée, vous n'êtes pas troubles dans votre retraite et vous pouvez parcourir le vaste monde en accomplissant votre devoir, comme il s'impose à vous, sans être reconnu.
Si le devoir devient pénible, ou si vous tombez au bord du chemin, ne soyez pas découragés, effrayés ou fatigués du monde. Souvenez-vous de ces paroles : « Tu peux chercher le silence dans le tumulte, la solitude dans la compagnie des hommes, la lumière dans les ténèbres, l'oubli dans les contraintes, l'énergie dans le découragement, le courage dans la peur, la résistance dans la tentation, la paix dans la guerre et la quiétude dans les tribulations. »
W.Q. Judge
Article de William Q. Judge – Traduction Textes Théosophiques Paris.
(à suivre, parties II et III)