"Le Soi est l'ami du Soi et aussi son ennemi" : Souvent cette phrase de la Bhagavad Gîtâ [Chapitre VI, v. 5] n'a pas été appréciée à sa juste valeur parce qu'on l'a considérée comme vide de sens ou mystérieuse, c'est-à-dire ne valant pas la peine d'être approfondie ou bien impossible à expliquer. Certains étudiants ont pourtant fait bon usage de l'enseignement qu'elle contient. C'est un verset qui a trait directement à la Théosophie appliquée à notre vie quotidienne et qui mérite ainsi d'être examiné attentivement.
Il fait état de deux sois, l'un étant l'ennemi et aussi l'ami de l'autre. Evidemment, sans les suggestions trouvées dans la Théosophie, postuler deux sois dans une même personne ne peut pas paraître autrement que dénué de sens, sauf dans les cas admis par la Science, où il y a une aberration de l'intellect, où un lobe du cerveau refuse de travailler avec l'autre, ou bien lorsqu'il y a quelque dérangement cérébral. Mais, après avoir un peu étudié la constitution de l'homme — matériel et spirituel — telle que nous la trouvons esquissée dans la Religion-Sagesse, nous pouvons facilement voir que c'est du soi supérieur et du soi inférieur qu'il s'agit.
L'injonction qui fait suite et prescrit d'« élever le soi par le soi », fait ressortir clairement ce point ; car puisqu'une chose ne peut pas s'élever sans un point d'appui, le soi qui nous élèvera doit être le soi supérieur, et celui qui doit être élevé, l'inférieur.
Afin d'accomplir cette tâche, nous devons faire connaissance avec le soi qui doit être élevé. Plus grande et précise sera cette connaissance, plus rapide sera la progression du travail d'élévation de l'être qui s'y efforcera.
Observons un moment les obstacles sur le chemin, les raisons pour lesquelles, pour tant d'individus, la compréhension qu'ils ont d'eux-mêmes est aussi clairement déficiente.
Chacun sait qu'il peut voir les défauts dans les actions et le caractère des autres hommes mieux que les siens. Il y a, bien sûr, des gens qui n'admettent pas qu'ils aient des défauts.
St Jacques évoque le cas d'un homme qui se regarde dans un miroir et, tout de suite, se met à oublier quel genre d'homme il est. Bien que j'aie souvent mis cela en doute, c'est pourtant bien le cas en ce qui concerne le miroir qui nous est souvent tendu par les autres pour nous y regarder. Nous voyons notre apparence pendant un moment puis nous l'oublions.
Il y a cependant certaines choses au sujet desquelles il est souvent impossible pour nous de nous connaître. Souvent, nous n'entendons pas, comme les autres le font, nos intonations de voix qui sont rudes ou désagréables. Il n'existe, en effet, guère de chose aussi difficile que d'entendre réellement notre propre voix dans tous ses aspects de ton et d'accent. Nous sommes si habitués à elle que nous ne pouvons dire si elle est agréable ou repoussante, musicale ou discordante. Nous devons nous fier aux dires de ceux qui l'entendent.
En fait, je doute sérieusement que quiconque entende jamais complètement les tons de sa voix, de la même façon que ceux à qui nous parlons, parce qu'elle nous parvient non seulement par le canal de l'oreille externe qui reçoit les vibrations émises à l'extérieur de nous, mais aussi au moyen des vibrations produites à l'intérieur, à. travers tout le crâne et, pour cette raison, elle sera toujours une voix différente pour nous. En conséquence, il ne serait pas profitable d'accorder une trop grande attention au son de notre voix si nous le faisons sans nous soucier de l'attitude intérieure elle-même qui presque toujours détermine le ton avec lequel nous parlons. car si nos sentiments sont bienveillants et charitables, il est plus que probable que leur expression vocale sera en accord avec eux. On peut sûrement laisser Je soin de l'exercice de la voix, autant qu'il est possible, aux professeurs qui se chargent de l'adoucir et de la polir.
En prenant quelques exemples parmi le grand nombre de ceux que nous trouvons autour de nous, et, en supposant qu'ils représentent des défauts et des particularités que nous sommes susceptibles d'avoir, nous pouvons arriver à quelque chose d'utile dans notre vie Théosophique.
Voici une personne qui vous dit constamment qu'un certain nombre de gens sont toujours très portés à parler d'eux-mêmes et de leurs affaires et semblent ne prendre aucun intérêt à la conversation, à moins qu'ils n'en soient eux-mêmes le centre. Après avoir dépeint le défaut des autres, cette personne, homme ou femme, se met aussitôt à montrer que c'est son propre défaut particulier, car, à partir de ce moment, toute la conversation porte sur « moi » ou « mes » affaires.
Notre sujet suivant est un individu qui parle beaucoup d'altruisme et de fraternité, mais qui ne donnerait pas un centime pour quelque bonne cause. Non peut-être par avarice intentionnelle, mais par pure habitude de ne pas donner et de ne pas aider.
En voici un autre qui illustre le défaut marqué de ce siècle, l'inattention. Il vous écoute, mais n'entend qu'une partie et ensuite, quand il répète ce qu'il dit vous avoir entendu dire, il en donne une version entièrement différente de la vôtre. On bien, s'il écoute un débat ou une discussion, il ne prête l'oreille qu'aux arguments qui, pour lui être familiers, le frappent favorablement. '
Ensuite, nous avons le bigot qui, tout en chantant les louanges de la liberté de pensée et de l'unité de tous les hommes, fait montre de la bigoterie la plus épouvantable.
Puis nous voyons un autre individu qui illustre une variante du premier auquel j'ai fait allusion : c'est l'homme qui ne souhaite apparemment que vous imposer ses propres vues et ne se soucie pas de savoir ce que peuvent être vos opinions.
Voici encore le sectaire qui donne sa faveur à telle école ou tel groupe. Aucune critique n'est admise. Aucun défaut ne peut être reproché. L'esprit partisan enveloppe tout et empêche de voir clair.
Bien entendu, tous ces cas ne constituent que des échantillons, mais dans une certaine mesure chacun de nous possède tous ces défauts, ne serait-ce que faiblement, ils sont là quand même. Ils sont tous le résultat de la prédominance du soi inférieur, car ils traduisent tous une disposition à mettre le Moipersonnel en avant. Ils représentent le triomphe actuel du soi inférieur sur les efforts du soi supérieur. Ils peuvent être diminués, dans une certaine mesure, si l'on fait attention à leur expression extérieure, mais aucun progrès réel ne sera obtenu si un travail sur le plan caché n'est pas commencé. Un défaut comme celui de ne pas écouter longtemps les vues d'un autre mais de se hâter de lui dire ce que l'on pense soi-même, est une disposition qui nuit à l'acquisition de nouvelles idées. Si vous racontez constamment aux autres ce que vous pensez, vous ne gagnez rien. En effet, votre expérience et votre point de vue sont les vôtres et sont bien connus de vous. Leur expression répétée ne sert qu'à les imprimer plus fortement dans votre mental. Vous ne recevez alors aucune des lumières nouvelles que le mental des autres pourrait jeter sur votre philosophie si vous lui en donnez l'occasion.
Il y a d'autres facteurs dans notre constitution qui sont de puissants producteurs de défauts et d'erreurs. Chaque homme a deux lignes d'ascendance. L'une est celle qui vient de ses parents, et elle concerne sa constitution mentale et physique. Cette ligne peut remonter aux lieux les plus étranges et les plus singuliers et apparaître pleins de sinuosités, en passant par des dispositions et des caractéristiques mentales dont nous n'avons aucune idée. Supposez que votre ligne d'ascendance physique remonte aux Danois ou aux Norvégiens, et la mienne aux Français. Il y aura, dans une certaine mesure, un manque de sympathie et d'appréciation mutuelle sur le plan mental. Bien sûr, cet effet ne sera pas apparent si une longue période de temps s'est écoulée depuis que notre sang a circulé dans ces corps, mais cependant il en restera quelques traces. Il y aura une tendance pour le physique, incluant le cerveau, à toujours amener à la surface les caractéristiques qui résultent de la prépondérance des facultés et dispositions héritées. Ces caractéristiques appartiennent entièrement au plan physique, et sont transmises depuis les siècles passés par héritage, en affectant le corps particulier que vous pouvez occuper dans l'une ou l'autre de vos incarnations. C'est votre karma d'avoir cette sorte d'environnement physique entourant votre soi intérieur. Il faut noter que les obstacles à la perception de la vérité et à l'acquisition de la connaissance du soi, qui sont le résultat de l'hérédité physique, sont difficiles à percevoir, et nécessitent beaucoup d'étude et d'examen de conscience pour les amener à la lumière. Mais ils sont là, et le Théosophe sérieux cherchera à les découvrir. Les différences observées dans le corps physique, que nous nommerons en l'occurrence — différences d'héritage — sont de la plus haute importance. Elles ressemblent aux différences entre des télescopes ou des microscopes fabriqués par des opticiens différents, et elles tendent à nous faire voir la vérité d'une manière claire ou floue, ou bien comme entourée de halos multicolores. Ce que nous désirons le plus avoir est un télescope mental qui soit non seulement puissant mais aussi dépourvu des couleurs que seule la qualité d'achromaticité éliminerait.
La seconde ligne d'ascendance est celle qui appartient purement à l'homme intérieur ; c'est la ligne psychique. Elle est obscure, et, en fait, ne peut être découverte et définie que par un adepte, ou un voyant entraîné dont la clairvoyance lui permet de voir ce fil intangible mais cependant puissant qui a tant à voir avec notre caractère. Cette ligne est tout aussi importante que l'ascendance physique — en fait même plus — parce qu'elle concerne l'homme toujours vivant, alors que la demeure physique est choisie par l'homme intérieur ou est la conséquence des actions que cet homme intérieur a obligé le précédent corps à accomplir. Aussi peut-elle être modifiée facilement à tout moment si nous vivons dans la soumission à la loi supérieure.
Si l'on quitte la ligne globale d'ascendance au sein d'une nation, on trouve que chaque individu est également gouverné par les caractères particuliers et les' défauts propres à la famille, qui ne sont pas aussi faciles à définir que ceux qui sont propres à la nation, du fait que peu d'hommes sont en possession de faits suffisants pour définir les tendances familiales générales.
Si nous en venons maintenant à nous-mêmes, c'est presque un axiome d'affirmer que le mental de chacun agit d'une façon qui lui est propre. Le mental possède une tendance, qui s'accentue de jour en jour après nos premières années d'existence, de tomber dans une ornière — sa propre ornière ou façon de regarder les choses et les idées. Ceci est d'une grande importance.
En effet, l'homme qui a libéré son mental de sorte à le rendre capable d'épouser facilement les méthodes du mental des autres, cet homme-là a plus de chances de voir la vérité plus rapidement que celui qui est fixé dans ses propres voies.
Nous devons donc tout de suite nous constituer notre propre critique et adversaire, car il n'est 'pas fréquent que quelqu'un d'autre consente à remplir ce rôle pour nous ou en soit capable.
Notre première étape, qui est aussi la plus difficile — pour certains, en fait, impossible — est de nous choquer nous-mêmes d'une façon telle que nous soyons vite capable de sortir de nos propres méthodes mentales ou plutôt de les comprendre. Je ne veux pas dire que nous devions abandonner tout ce que nous avons eu antérieurement comme apprentissage et éducation, mais que nous analysions toutes nos opérations mentales de façon à connaître avec certitude et à percevoir aisément la différence réelle de méthode entre nous-mêmes et toute autre personne. C'est une chose que les hommes d'aujourd'hui entreprennent ou réalisent rarement ; chacun est épris de ses propres habitudes mentales et répugne à admettre que quelqu'un d'autre puisse être meilleur que lui. Quand nous sommes devenus familiers avec les voies mentales qui sont les nôtres, c'est alors que nous sommes dans la position convenable pour voir si, dans un cas particulier ou l'autre, notre point de vue est faux.
C'est là l'équivalent psychologique et métaphysique du processus scientifique qui consiste à classifier et comparer de façon à parvenir à distinguer des différences entre des choses en vue de découvrir des lois physiques. Car, tant que nous restons dans l'ignorance de la méthode des voies suivies dans l'action de notre mental, il n'existe pas de moyen permettant de comparer notre mental avec celui des autres. Nous pouvons comparer nos points de vue et opinions, mais non la mécanique réelle de la pensée. Nous pouvons entendre des doctrines, mais nous sommes incapables de dire si nous les acceptons ou les rejetons sur la base d'un raisonnement juste, ou parce que notre penchant particulier sur le plan mental nous force à ratiociner en nous conformant entièrement à une déformation mentale acquise tout au long de nombreuses années vécues dans la précipitation.
On mesure l'intérêt qu'il y a à comprendre notre déformation mentale au- point de pouvoir l'abandonner à volonté, et entrer dans la déformation mentale d'un autre, quand, nous considérons que chacun de nous n'est capable de percevoir que l'une des nombreuses facettes que la vérité présente. Si nous restons dans l'ornière qui nous est naturelle, nous passons une vie entière à ne voir la nature et le champ de la pensée qu'à travers une seule sorte d'instrument. Mais par l'autre pratique, nous pouvons obtenir autant de points de vue différents de la vérité que le nombre de mentaux que nous rencontrons. Quand un autre être humain expose devant nous ses pensées, nous pouvons non seulement les examiner dans notre optique, mais aussi prendre sa méthode et, en faisant nôtres, pour l'occasion, ses tendances et sa déformation mentales, avoir ainsi une vision d'autant plus grande.
Il est très facile d'illustrer ceci par des exemples de la vie ordinaire. Le romancier ne voit dans les salons de la société et les taudis des pauvres que les matériaux qui pourront servir de base à un nouveau livre, alors que celui qui vise la réussite sociale écarte la pensée des taudis et ne voit dans la société que le moyen de satisfaire son orgueil et son ambition, tandis que l'artiste ne peut penser qu'au jeu des couleurs et à l'arrangement des figures et à l'harmonie dont se délecte son sens artistique.
Le simple homme d'affaires n'est pas attiré par les événements complexes quotidiens qui ne sont pas en relation avec ses affaires, alors que l'étudiant en Occultisme sait que des événements très obscurs annoncent d'autres choses qui n'appartiennent qu'au futur. Dans chaque couche de la société et chaque art ou profession, il nous est prouvé constamment que chaque homme considère n'importe quel sujet en adoptant seulement un ou deux points de vue, et quand on rencontre un mental bien équilibré qui regarde les événements, les hommes et les pensées d'une manière libre de tous les côtés, chacun reconnaît immédiatement une supériorité dans la personne, sans cependant être capable de l'expliquer.
Mais c'est dans l'étude Théosophique qu'il est sage pour nous de nous constituer critiques de nous-mêmes et d'adopter autant que possible la pratique consistant à abandonner notre propre route mentale pour emprunter celle d'un autre. La vérité est simple et il n'est pas si difficile de l'atteindre si nous voulons bien suivre le conseil de l'Upanishad hindou et trancher l'erreur. Dans une large mesure l'erreur se développe à partir de notions et d'idées préconçues inculquées en nous par nos éducateurs et notre vie.
L'influence de ces idées préconçues apparaît chaque jour parmi les Théosophes qui cherchent à avoir plus de livres à lire sur la Théosophie. Leur mental est si plein de vieilles notions qui ne sont pas expulsées d'une manière violente, que la vérité ne peut pas être facilement perçue. S'ils lisaient moins de nouveaux livres et passaient plus de temps à relire ceux qu'ils ont essayés en premier, tout en s'efforçant studieusement d'entrer dans toute la pensée de l'auteur, ils enregistreraient un bien plus grand progrès.
Prenez, par exemple, la Clef de la Théosophie. Elle est pleine de toutes les doctrines principales de la Religion-Sagesse, et d'indications concernant d'autres points. Beaucoup de gens, après en avoir fait la lecture, se sont mis en quête d'un autre livre. Ils prétendent bien le posséder. Cependant, si vous leur posez quelques questions, ou écoutez les leurs, il apparaît clairement qu'ils n'ont saisi que la partie de l'ouvrage qui, d'une certaine façon, coïncide avec leur formation antérieure et la ligne de pensée qu'ils ont acquise. En fait, c'est justement la partie sur laquelle ils n'avaient pas besoin de s'attarder, puisque, comme elle est en affinité avec eux-mêmes, elle peut être comprise à n'importe quel moment. Mais si un lecteur veut bien se mettre dans la position d'être son propre critique, alors les parties du livre qui semblent obscures' seront attaquées, sans s'en détourner et si elles sont examinées sous tous les angles, elles pourront bientôt être transformées en possessions. Et, simplement du fait que telle n'a pas été la pratique, il est arrivé que certaines présentations d'une valeur extrême de la doctrine et de la philosophie soient restées enfouies dans des livres et des revues théosophiques parus antérieurement, pendant que des lecteurs qui en ont pris connaissance une seule fois sont passés fébrilement à d'autres ouvrages et ont perdu le souvenir de ce qui aurait pu les éclairer.
Le Théosophe qui aime à se qualifier de pratique et de logique, qui abhorre le mysticisme, devrait essayer de voir ce que veut dire le Théosophe mystique, et le mystique devrait lire soigneusement les mots exprimés par le membre pratique, dans le but de pouvoir s'équilibrer lui-même. Un mental complètement pratique, ou entièrement mystique, n'est pas bien équilibré. Et aussi longtemps que l'homme pratique et logique qui se trouve dans nos rangs repoussera le mysticisme et ne lira jamais les textes qui s'en inspirent, il restera déformé et déséquilibré aux yeux de ceux qui voient les deux cotés, parce qu'il est enveloppé dans des id.?es et des méthodes qui ne sont justes que dans leur propre domaine. L'attitude d'esprit proposée ne doit pas être observée seulement envers notre littérature et la philosophie étudiée ; elle doit être celle de chaque heure du jour et pouvoir s'appliquer à nos relations avec autrui. Elle nous amènera à discerner le défaut commun consistant à refuser de considérer les pensées exprimées par une autre personne, parce que sa personnalité nous est désagréable. Souvent, dans nos rangs, nous trouvons des gens qui ne prêtent aucune attention à certains autres membres qui, selon eux, sont incapables de raisonner correctement ou de parler clairement. Cependant, en dehors de toute considération de charité et de politesse, il existe une loi occulte, qui est trop ignorée, — selon laquelle chacun est amené insensiblement par la loi Karmique à s'adresser aux autres sur ces sujets et à offrir une occasion à l'interlocuteur de faire un bond, pour ainsi dire, hors de sa façon de penser favorite et de considérer la vie telle qu'elle est vue à travers les yeux d'un autre. Ceci se produit souvent, si nous le permettons, dans la tentative faite pour maîtriser l'irritation ou l'ennui causé par la manière dont l'autre personne présente sa pensée dans son mental. Mais si nous refusons de saisir l'occasion, que ce soit en nous échappant absolument ou en recouvrant notre mental d'un épais manteau d'indifférence, l'idée brillante et nouvelle qui apparaît en tremblant dans le champ de notre conscience est rejetée et perdue dans les sombres recoins du plan mental. Ou bien alors, en envisageant les choses d'une autre manière, nous pouvons, conformément à la loi Karmique, être la seule et unique personne capable à ce moment d'élucider l'idée de notre frère, et nous restons encore son débiteur si nous n'acceptons pas l'opportunité offerte. De quelque point de vue qu'on se place, le résultat est le démérite.
Conquérons donc le soi dans le domaine indiqué et ainsi transformons l'insidieux ennemi et le trompeur intérieur en l'ami et le guide constant.
William Q. Judge.
Traduction de l'article « The Self is the friend of Self and also its ennemy » de W.Q. Judge (Branch Paper n°5 – Août 1890).
© Textes Théosophiques - Cahier Théosophique n°117.