L'aide des Maîtres sera-t-elle suspendue de 1898 à 1975 ?
Il est un enseignement très connu des membres de la Société Théosophique (S.T.), c'est qu'à la fin de chaque siècle un mouvement spirituel est déclenché dans le monde par les Mahatmas, mouvement qui débute vingt-cinq ans avant la fin du siècle et qui, quand ces vingt-cinq années sont terminées, ne se renouvelle plus sous cette forme avant qu'ait sonné le dernier quart du siècle suivant. Mais ceci a été exagéré et très mal compris. Certains, en réalité beaucoup, vont jusqu'à conclure que, pendant les années qui viennent, les Mahatmas se retireront complètement de tout travail dans le monde, et nous abandonneront tous à notre sort. Une personne alla jusqu'à dire que cela signifiait la venue de la sixième race en 1898, et elle se demandait par conséquent comment cela pouvait être, et à quoi tout cela servirait, puisque la sixième race devait posséder par elle-même une connaissance suffisante. Mais la majeure partie semble penser qu'il ne sera plus accordé d'aide après cette date. Je crois que ceci est inexact, et je vais essayer de l'expliquer comme me l'expliqua H.P. Blavatsky (H.P.B.) qui promulgua cette théorie.
Les Maîtres sont gouvernés par la loi d'action et de réaction, et sont toujours assez sages pour ne pas agir de façon à anéantir toute leur œuvre antérieure. La loi de réaction s'applique autant au mental de l'homme qu'aux forces et choses physiques. Si, à un moment donné, une trop grande force était déversée sur le plan mental, il en résulterait une réaction de superstition et de maux de toute espèce qui détruirait tout le travail. La superstition régit encore le monde, et le monde ne se limite pas, pour les Maîtres, aux peuples occidentaux. En Occident, suivant en cela les cycles historiques, un grand effort bien défini est tenté dans le monde, par exemple la Société Théosophique, afin d'aider au développement psychique et spirituel de l'homme. Parmi d'autres raisons qui s'opposent à l'emploi prolongé d'une trop grande force, il y a le fait que, si cela allait trop loin, beaucoup de gens non préparés, dont le sens moral n'est pas bien dirigé, adopteraient toutes nos théories et les suivraient d'une façon purement égoïste, pour des fins commerciales ou autres.
C'est, entre autres, pour cette raison que H.P.B. commença à espacer la production de ses phénomènes occultes quelque temps avant son départ de ce monde, bien qu'elle soit restée, jusqu'à la fin (et je le sais de façon tout à fait certaine), capable d'en produire et elle en produisit effectivement, même des plus extraordinaires jusqu'à son dernier jour. Mais il en fut autrement en public. Certains ont cru pouvoir affirmer de leur propre chef que la raison de ce changement était due à ce qu'elle était arrivée à la conclusion qu'elle avait commis une erreur en produisant des phénomènes, mais je n'en crois rien. Cela faisait partie d'un plan et d'un ordre parfaitement compris.
A la fin des vingt-cinq ans, les Maîtres n'enverront plus avec autant de puissance et en aussi grande quantité la force qu'ils transmettent pendant ce quart de siècle. Mais cela ne veut pas dire qu'ils se retireront, Ils laisseront germer les idées dans le mental des hommes, mais ils n'enlèveront jamais à ceux qui la méritent l'aide qui est due et donnée à tous. Toutefois, beaucoup auront progressé plus que les autres à ce moment et une aide continue, et qui Les guidera, sera donnée à ceux qui auront marché de l'avant par altruisme et par dévouement désintéressé au bien de la race. Beaucoup, cependant, dans la S.T. et au dehors, resteront si égoïstes et si personnels qu'ils devront se contenter de ce qu'ils recevront d'autrui et, par suite, du développement général. H.P.B. fut très catégorique sur ce point. Ceci concorde avec l'histoire. Au cours de tous les siècles, il y eut de nombreuses personnes qui reçurent une aide directe et précieuse des Maîtres, et supposer qu'à la fin de nos vingt-cinq premières années d’existence tout cela sera fini est, en soi-même, une absurdité.
W.Q. Judge.
Cet article fut publié pour la première fois par W. Q. Judge dans The Path de novembre 1894, en anglais.