H.P. Blavatsky [H.P.B.], dans son testament, exprimait le désir que ses amis se réunissent le jour anniversaire de sa mort, et lisent des passages de la Bhagavad-Gîtâ et de la Lumière de l'Asie. Il en fut ainsi le 8 mai à Adyar, Londres, New York et dans d'autres villes. À New York, entre autres données intéressantes présentées ce jour-là, Mme J. Campbell Keightley lut, après quelques remarques sous forme d'introduction, des extraits de lettres privées d'H.P.B. Répondant à de nombreuses requêtes, nous les publions ci-dessous. Les remarques ayant été improvisées sur le champ sont citées de mémoire. » W. Q. Judge.

Monsieur le Président, mes Amis,

[…] Blavatsky avait un tel idéal, et elle avait aussi le respect oriental d'un idéal, un respect que le monde occidental ignore. Nous pouvons donc nous attendre à la voir enseignant cet Idéal, dans une large mesure, sous le sceau du secret assuré par un serment, et nous trouvons des indications à ce sujet dans tout ce qui a été publié concernant l'Ecole Esotérique. Combien cet idéal était toujours présent à son esprit et dans son cœur nous est prouvé par les passages suivants extraits de lettres privées à ses amis.

Ses enseignements principaux peuvent se résumer dans les propositions suivantes :

« La Morale est basée sur la LOI et les faits.
« La Loi Morale est la Loi Naturelle.
« L'Évolution assure l'accomplissement de la Justice. »
« L'identité fondamentale de toutes les âmes avec la Sur-Âme », rend possible la contagion morale, grâce au milieu psychique subtil.

L'Identité Spirituelle de tous les êtres implique que la Fraternité Universelle est le seul sentier que puissent suivre ceux qui cherchent la vérité.

Elle ne croyait pas à l'appel au sentiment. Elle avait vu l'échec de celui-ci dans le cas des religions ; elle avait constaté que notre civilisation moderne en faisait fi, que le sentimentalisme ne constituait aucune base solide pour la Volonté qui anéantit toute tentation de la chair ni pour la Foi capable de déplacer les monta­gnes.

C'est pourquoi elle enseigna l'aspect et la portée scientifiques du péché. C'est pourquoi aussi elle enseigna que la Loi Universelle s'oppose strictement dans tous les domaines au péché et en punit la commission, et montra comment le libre arbitre de l'homme est contrebalancé par l'affirmation suivante : « La vengeance m'appartient, dit la Loi, je rendrai à chacun son dû ».

Elle enseigna que la terrible responsabilité de l'occultiste, s'étendant jusqu'au plus petit atome de substance, nous défend à jamais de poser la question soulevée par Caïn, et que nous répétons journellement : « Suis-je le gardien de mon Frère ? » Elle répéta la profonde réponse qui se répercute d'âge en âge, telle que nous pouvons la lire dans la Bible : « Qu'as-tu fait ? La voix du sang de ton frère monte du sol et crie vengeance. »

Elle prêcha la Justice et le vrai discernement, la Miséricorde et l'Amour. […]

[La Théosophie] prouve à l'homme qu'il n'y a pas de miracles, qu'il n'y en a jamais eu et qu'il n'y en aura jamais, car rien de surnaturel ne peut se produire dans notre univers étant donné que, sur terre du moins, le seul dieu qui existe est l'homme lui-même. Il est en son pouvoir de devenir un dieu et de le rester après la mort de son corps physique. Notre Société n'admet rien dont elle ne puisse démontrer la possibilité tout de suite. » […]

« De deux péchés impardonnables, le premier est l'Hypocrisie […]. Mieux vaut commettre cent erreurs à cause d'une sincérité imprudente et peu sage, ou par indiscrétion, que de professer une sainteté de Tartuffe et n'être qu'un sépulcre blanchi, tout de ruine et de corruption à l'intérieur... L'autre n'est pas impardonnable mais très dangereux... il s'agit du doute, de l'hésitation permanente ¾ c'est ce qui conduit à l'écueil... Un court laps de temps passé sans douter, sans murmurer, sans désespérer, quel gain cela serait ; même si ce n'était qu'une fraction de seconde de ce que chacun de nous a dû traverser. Mais chacun forge sa propre destinée. » […]

« À moins qu'ils [les Théosophes] ne suivent les directives dont vous parlez, tracées à l'origine par les Maîtres, ils ne peuvent réussir ... Je ne puis que montrer la voie à ceux dont les yeux sont ouverts à la vérité dont l'âme est remplie d'altruisme, de charité et d'amour pour toute la création, et qui pensent à eux en dernier lieu. Les aveugles... ne profiteront jamais de ces enseignements. » […] Il n’est demandé à personne de supporter un fardeau au-dessus de ses forces, ni de faire plus qu'il ne lui est possible. » […]

« Je suis la Mère et la Créatrice de la Société ; elle possède mon fluide magnétique, et l'enfant a hérité de tous les attributs physiques, psychiques et spirituels de sa mère, de ses fautes et de ses vertus, si elle en a. C'est pourquoi moi seule, et jusqu'à un certain point ... pouvons servir de fil conducteur à son Karma. » […]

« Oui, il y a « deux personnes » en moi. Et quoi d'extraordinaire à cela ? Il y en a deux en vous aussi ; seulement, chez moi, cette seconde personne est consciente et responsable, et la vôtre ne l'est pas. Aussi êtes-vous plus heureux que moi. Je sais que vous sympathisez avec moi, et cela parce que vous sentez que je vous ai toujours défendu et que je continuerai à le faire jusqu'au bout, que cette fin soit malheureuse ou heureuse. » […]

« Tout serment ou toute promesse est un édifice instable, à moins qu'il ne repose sur les quatre piliers suivants : une sincérité absolue, une décision inflexible, un désintéressement de but, et la puissance morale qui constitue le quatrième pilier et équilibre les trois autres. Les serments de ceux qui sont sûrs de la résistance du quatrième pilier, sont les seuls dont il est pris note. » […]

« Je ne crois pas au succès de ... S.T. [du Mouvement Théosophique dans son ensemble], à moins que vous n'assimiliez le Maître ou moi-même, à moins que vous ne travailliez avec moi et avec EUX, la main dans la main, le cœur... Oui, que celui qui s'offre aux Maîtres comme Chéla [disciple], sans aucune restriction… fasse ce qu'il peut, s'il espère Les connaître un jour... » […] « Suivez donc le Sentier que je montre, les Maîtres qui se tiennent derrière – mais ne suivez ni moi, ni mon SENTIER. »

« Quand je serai morte, quand j'aurai quitté ce corps, vous connaîtrez toute la vérité. Vous saurez alors que je n'ai jamais, jamais été fausse envers personne, que je n'ai jamais trompé personne, mais que j'ai dû souvent leur permettre de se tromper eux-mêmes, car je n'avais pas le droit d'intervenir dans leur Karma ... 0 vous tous, pauvres taupes aveugles et insensées, qui est capable de s'offrir en sacrifice comme je l'ai fait ? »

Extraits de l’article publié par W.Q. Judge, « Morte, elle nous parle encore ». Cahier Théosophique n°82.

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