La question de personnalité est si vaste qu'il peut sembler que sa solution doive ressembler au développement d'un problème de mathématiques compliquées. Mais les plus grandes vérités sont les plus simples, et si nous réfléchissons un moment à ce que l'impersonnalité n'est pas, cela nous aidera peut-être à voir ce qu'elle est.
Certains parlent avec force contre la personnalité. Cela ne prouve pas qu'ils en soient exempts.
Certains disent peu, mais l'effet recherché est de donner l'impression qu'ils sont impersonnels. Ils semblent modestes mais ne sont que diplomates.
Certains ont peur de parler de la personnalité, pensant qu'on doit l'éviter comme un ogre.
D'autres encore prêchent une doctrine d'impersonnalité qui enlève tout ce qu'il y a d'humain dans la vie et en font une froide négation. Cette doctrine n'a pas de patience pour l'évolution, toutes les fautes doivent disparaître d'un seul coup.
L'impersonnalité n'est pas le fait de parler, ce n'est pas le silence, ce n'est pas l'insinuation, ce n'est pas la répulsion, ce n'est pas la négation. Par dessus tout ce n'est pas une diplomatie qui masquel'ambition.
L'impersonnalité consiste à être exempt de personnalité, mais aucun d'entre nous ne peut atteindre cela immédiatement ; nous faisons assez bien si nous nous améliorons constamment, même si ce n'est que lentement.
Dans la pratique, si nous développons en nous le cœur d'enfant, si nous apprenons à aimer les belles choses, si nous devenons plus honnêtes, plus ouverts et plus simples, si nous commençons à sentir le doux côté de la vie, si nous commençons à mieux aimer nos amis et en élargissons le cercle, si nous nous épanchons dans la sympathie, si nous aimons travailler pour la Théosophie et ne demandons pas de position comme récompense, Si nous ne nous inquiétons pas trop de savoir si nous sommes personnels ou impersonnels, nous sommes sur le sentier de l'impersonnalité.
Ceci pour l'individu.
Pour une organisation théosophique, l'impersonnalité consiste à ne pas se rendre un culte en tant qu'organisation, à essayer de devenir plus large et plus libre, à se fondre de plus en plus avec l'esprit vivant du mouvement, son soi supérieur, à ne jamais se mépriser parce qu'elle a une forme, ni à se glorifier parce qu'elle a une âme, à devenir moins doctrinaire et plus humaine.
[Extrait du chapitre « Homely Hints », pp. 127-8, du Friendly Philosopher, de Robert Crosbie. Cette traduction est parue dans la revue Theosophie, vol. XI, n°2 - © Compagnie Théosophie, Paris]