Il est intensément intéressant de suivre saison après saison l’évolution rapide et le changement dans la pensée publique qui tend de plus en plus vers le mysticisme. L’esprit cultivé s’efforce de toute évidence de se libérer des lourdes chaînes du matérialisme. L’affreuse chenille se débat dans les affres de la mort, sous les efforts puissants du papillon psychique qui veut échapper à sa prison bâtie par la science, et chaque jour amène la bonne nouvelle de quelques naissances mentales à la lumière.
Comme le remarque justement le « Path » de New-York dans son numéro de septembre, quand des « sujets Théosophiques ou proches de la Théosophie…servent de thèmes à des romans » et pouvons-nous ajouter, à des articles et brochures scientifiques, « on peut en conclure que l’intérêt pour ces questions s’est répandu dans tous les rangs sociaux ». Cette sorte de littérature est une « preuve paradoxale que l’Occultisme n’est plus un simple amusement innocent, mais est devenu l’objet d’une étude sérieuse ». Le lecteur n’a qu’à jeter un coup d’œil en arrière sur les publications des quelques dernières années pour voir que des sujets tels que le Mysticisme, La Magie, la Sorcellerie, le Spiritisme, la Théosophie, le Mesmérisme, ou comme on l’appelle maintenant l’Hypnotisme, et toutes les branches variées en résumé du côté Occulte de la nature, sont devenus courants dans toute la littérature. Ils se multiplient vraisemblablement en proportion des efforts faits pour discréditer les mouvements soutenant la cause de la vérité, et pour étouffer la recherche, soit dans le domaine théosophique ou spirite, en essayant de couvrir leurs champions, pionniers et défenseurs les plus éminents, de poix et de plumes.
La première note de littérature mystique et théosophique fut lancée par Marion Crawford avec « Mr Isaacs ». Ce livre fut suivi de « Zoroastre ». Puis vint « Le Roman de Deux Mondes » par Marie Corelli ; le « Dr Jekyll et Mr Hyde », de Louis Stepheson ; « L’Idole Tombée », de Austey ; « Les Mines du Roi Salomon », de Rider Haggard, et son livre trois fois fameux « Elle » ; « Affinités » et « Le Frère de l’Ombre », par Mrs Campbell Praed ; la « Maison des Pleurs », par Edmond Downey, et beaucoup d’autres ouvrages moins remarquables. Voici maintenant une nouvelle impulsion avec la « Fille des Tropiques », de Florence Marryat, et « Les Aventures Etranges de Lucy Smith », par F.C. Philip.
Il est inutile de détailler les ouvrages écrits par des Théosophes et occultistes reconnus, dont quelques-uns sont vraiment remarquables, tandis que d’autres sont franchement scientifiques, comme par exemple « La Cabale Dévoilée », de S. L. Macgrecor Mathers, et le « Paracelse », la « Magie Blanche et Noire » du Dr F. Hartmann, etc. notons aussi le fait que la Théosophie a passé la Manche, et fait son chemin dans la littérature française. « La France » publie un roman étrange par Ch. Chincholle, pétri de Théosophie, d’Occultisme et de Mesmérisme, appelé « La Grande Prêtresse », tandis que la Revue politique et littéraire (19 février 1887 et numéros suivants) contient une nouvelle intitulée Emancipée, sous la signature de Th. Bentzon, où les doctrines ésotériques et les adeptes sont mentionnés en même temps que les noms de Théosophes bien connus – un signe de temps !
La littérature, surtout dans les pays libérés de la censure du gouvernement, révèle le cœur et l’âme du peuple. Outre l’évidence qui prouve que, s’il n’y avait pas de demande, il n’y aurait pas d’offre, la littérature courante n’est produite que dans le but de plaire, et par suite, elle est un miroir fidèle réfléchissant l’état de l’esprit public. Il est vrai que des éditeurs conservateurs, et leurs correspondants et reporters soumis, persistent à frapper à l’occasion, dans leurs écrits, le beau visage du spiritisme mystique et de la théosophie, et certains se permettent encore de temps à autre, une attaque personnelle brutale. Mais ils ne font de tort à personne, sinon peut-être à leur propre réputation d’éditeur, car de telles attaques personnelles font preuve d’un manque de culture et de bon goût. Mais au contraire, elles font du bien. Car, tandis que les théosophes et les spirites attaqués de la sorte, sont capables d’envisager les insultes déversées sur eux, dans un esprit vraiment digne de Socrate et se consolent à la pensée qu’aucune des épithètes employées ne peut leur être appliquée, l’abus des insultes et des calomnies finit généralement par éveiller la sympathie du public pour la victime, du moins chez ceux qui sont justes et impartiaux.
En Angleterre, les gens semblent en général vouloir rester équitables. Les actes à la Don Quichotte, les exploits de ceux qui aiment à mutiler les vaincus et les blessés, ne peuvent conserver longtemps la sympathie du public. Si, comme le prétendent nos ennemis profanes, et le répètent certains organes missionnaires naïfs et par trop crédules, le Spiritisme et la Théosophie sont « morts comme un clou de porte » (sic, voir les périodiques chrétiens américains), oui, « morts et enterrés », pourquoi alors, les bons pères chrétiens ne laissent-t-ils pas les morts en paix jusqu’au « Jour du Jugement ? ». Et, s’ils ne sont morts, pourquoi les éditeurs, profanes ou cléricaux, craindraient-ils encore ? Ne vous montrez donc pas si poltrons, si la vérité est de votre côté. Magna est veritas et prevalebit, et « meurtre s’extériorise toujours » tôt ou tard. Ouvrez vos colonnes à une discussion libre et franche, et faites ce que les périodiques théosophiques ont toujours fait, et ce que Lucifer (1) se propose également de faire. Le « Fils lumineux du matin » ne craint pas la lumière. Il la recherche, et est prêt à publier toute contribution hostile (exprimée naturellement en un langage correct), pour différente qu’elle puisse être des idées théosophiques. Il est décidé à prêter une attention bienveillante dans tous les cas aux deux partis en présence, et à laisser juger les choses et les idées selon leur mérite respectif. Car pourquoi, ou que craindrait-on, alors que la réalité et la vérité sont notre seul but ? « Du choc des opinions jaillit la vérité » a dit un philosophe français. Si la Théosophie et le Spiritisme ne sont que de « gigantesque fraudes et feux-follets du siècle », pourquoi entreprendre des croisades aussi coûteuses contre eux ? Et dans la négative, pourquoi les Agnostiques et les chercheurs de la vérité en général, aideraient-ils les matérialistes bigots et étroits, les sectaires et les dogmatiques à cacher notre lumière sous un boisseau par la simple force brutale et grâce à une autorité usurpée ? Il est facile de surprendre la bonne foi des justes. Encore plus aisé de jeter le discrédit sur ce qui, par son étrangeté inhérente, est déjà peu populaire, et à peine admis en ses jours de splendeurs. « Il n’y a pas de suppositions que nous accueillions plus volontiers que celles qui confirment et renforcent nos propres préjugés », dit dans « Don Jesualdo », un auteur populaire. Par conséquent, les faits sont souvent transformés à dessein en « fraudes », et des mensonges évidents par eux-mêmes sont acceptés comme de l’évangile au premier souffle de la Calumnia de Don Basilio, par ceux dont la cuirasse endurcie de préjugés reçoit ces calomnies ainsi qu’une rosée céleste.
Mais, adversaires bien-aimés, « la lumière de Lucifer » dispersera peut-être après tout, l’obscurité environnante. La voix grondante et puissante de la dénonciation si bien accueillie par ceux dont elle flatte les petits dépits, les haines, et la stagnation mentale due aux conventions sociales, peut être étouffées par la voix de la vérité, « la petite voix tranquille », dont la destinée a toujours été de prêcher dans le désert. La froide lumière artificielle qui semble encore luire si brillamment sur les prétendues iniquités des médiums professionnel – et sur les péchés supposés de commission des expérimentateurs non-professionnels, des théosophes libres et indépendants – est susceptible d’être éteinte. Même au comble de sa splendeur. Car ce n’est pas précisément la lampe perpétuelle du philosophe alchimiste. Et c’est encore moins cette « lumière qui n’a jamais lui sur mer ou sur terre », ce rayon d’intuition divine, cette étincelle qui brille latente dans les perceptions spirituelles et infaillibles de l’homme et de la femme, et qui s’éveille maintenant, car son heure est venue. Encore quelques années, et la lampe d’Aladin ayant fait paraître son génie tutélaire, qui, après avoir salué trois fois le public, s’était mis en devoir de dévorer les médiums et les théosophes, comme le prestidigitateur avale des sabres à la foire du village – se détraquera. Sa lumière, dont les anti-théosophes se glorifient en ce moment, pâlira. Alors peut-être, on découvrira que, ce qu’on prétendait être un rayon direct de la source de vérité éternelle, n’était qu’une petite veilleuse d’un sou, dont la fumée et la suie hypnotisaient et décevaient les gens qui y voyaient tout à l’envers. Et l’on découvrira que les monstres hideux de fraude et d’imposture n’existent pas en dehors des esprits troublés des Aladins sur la voie de la recherche. Et qu’enfin, les braves gens qui les ont écoutés, ont vu et entendu des choses, en proie à une suggestion inconsciente et collective.
Ceci est une explication scientifique, et n’exige pas l’œuvre de magiciens noirs ou de dugpas : car la « suggestion » telle qu’elle est pratiquée par les sorciers de la science est de l’art dugpa, pur-sang. Aucun « adepte de la main gauche » d’Orient peut faire plus de tort par son art infernal, qu’un grave hypnotiseur de la Faculté de Médecine, un disciple de Charcot ou d’une autre lumière scientifique de première grandeur. A paris, comme à Saint-Pétersbourg, des crimes ont été commis sous l’effet de la « suggestion ». Des divorces ont été prononcés, des maris ont failli tuer leurs femmes innocentes et respectables, qui ont vu de la sorte, leur honneur perdu et leur vie brisée à tout jamais. Un fils, sous une telle influence, fractura le bureau d’un père avare, fut pris sur le fait par celui-ci qui faillit l’abattre dans un accès de rage. Une des clefs de l’Occultisme est dans les mains de la science, froide, sans cœur et matérialiste, et foncièrement ignorante de l’autre aspect franchement psychique du phénomène ; c’est pourquoi elle est incapable de tracer une ligne de démarcation entre les effets physiologiques, et ceux purement spirituels de la maladie inoculée, et se trouve dans l’impossibilité d’empêcher les résultats et les conséquences futurs de ce qu’elle ne connaît pas, et ne peut donc contrôler.
Nous lisons dans le « Lotus » de septembre 1887, ce qui suit :
« Un journal français, le Paris, du 12 août, contient un long article excellent par G. Montorgueil, intitulé : Les Sciences Maudites, dont nous extrayons le passage suivant, ne pouvant malheureusement pas citer le tout :
« Il y a quelques mois, j’ai oublié dans quel cas, la question de suggestion fut soulevée et prise en considération par les juges. Nous allons certainement voir des gens au banc des accusés, soupçonnés de méfaits occultes. Mais comment le procès se poursuivra-t-il ? Quels arguments soutiendra-t-il ? Le crime par « suggestion » est l’idéal d’un crime sans preuve. Dans un tel cas, les accusations les plus graves ne seront jamais que des présomptions et des présomptions bien légères. L’accusation pourra-t-elle s’appuyer sur ce fragile échafaudage de doutes ? Aucun interrogatoire, sinon dans le domaine moral, ne sera possible. Nous devrons nous attendre à voir l’Avocat-général dire à l’accusé : « Accusé, il résulte de la perquisition opérée dans votre cerveau, etc… »
Ah, pauvres jurés ! Ce sont eux qui sont à plaindre. S’ils prennent leur tâche à cœur, ils auront la plus grande difficulté à séparer le vrai du faux, même dans le cas les plus ordinaires, où les faits sont évidents, les détails tangibles, et les responsabilités bien déterminées. Et nous allons leur demander en leur âme et conscience de décider au sujet de questions de magie noire !
Vraiment, leur raison ne tiendra pas ferme pendant une quinzaine ; elle sombrera avant cela dans la thuamaturgie. Nous allons vite. Les étranges procès de sorcellerie refleuriront, les somnambules, qui paraissaient grotesques, se revêtiront d’une lumière tragique ; les habitués des cafés qui jusqu’à présent ne risquaient que la salle de police, seront jugés en Cour d’Assises. Le mauvais œil figurera parmi les délits criminels.
En ces dernières années du XIXe siècle, nous aurons vu progresser pas à pas, jusqu’à atteindre cette énormité judiciaire : un second Laubardemont poursuivant un autre Urbain Grandier.
Des journaux sérieux, scientifiques et politiques sont pleins de discussions à ce sujet. Un quotidien de Saint Pétersbourg, a publié un long feuilleton sur « La portée des Suggestions Hypnotiques sur la Loi Criminelle ». « Les cas d’Hypnotisme, avec motifs criminels, se sont depuis peu multipliés dans une mesure sans cesse croissante », dit-t-il à ses lecteurs. Et ce n’est pas le seul journal, ni la Russie le seul pays, où l’on répète cette même assertion.
Des investigations et recherches sérieuses ont été entreprises par des avocats distingués et des sommités médicales. Des données ont été soigneusement rassemblées et ont révélés que le phénomène curieux jusqu’ici raillé des sceptiques, et que les jeunes gens ont introduit parmi leurs petits jeux de salon innocents, est un nouveau danger terrible pour l’état et la société.
Deux faits ont été reconnus par la loi et la science :
1° Les perceptions du sujet hypnotisé, les visions suggérées par « suggestion », deviennent des réalités existantes, le sujet étant pour le moment l’instrument automatique de la volonté de l’hypnotiseur ; etc…
2° La grande majorité des gens que l’on a expérimentés, sont sujets à la suggestion hypnotique.
Ainsi, Liebault ne trouva que soixante sujets rebelles sur les sept cents qu’il expérimenta, et Bernheim, sur 1.014 sujets échoua avec trente-six seulement. Le champ d’action des jadoo-wala innés (les sorciers amateurs) est vaste vraiment ! Le mal a conquis un domaine dans lequel il pourra exercer son influence sur des générations de victimes inconscientes. Car des crimes inimaginables à l’état de veille, et des félonies de la plus noire espèce sont suscités et encouragés par la nouvelle « science maudite ». Les vrais coupables de ces actes de ténèbres resteront à jamais à l’abri de la vengeance de la justice humaine. La main qui exécute la suggestion criminelle est celle d’un automate irresponsable qui n’en conserve aucun souvenir, et qui de plus, est un témoin dont on peut aisément se débarrasser par le suicide forcé – sous l’influence une fois encore de la « suggestion ». Quel meilleur moyen pourrait-on offrir aux gredins avides de luxure et de revanche, à ces Pouvoirs sombres – appelés passions humaines – toujours aux aguets pour transgresser le commandement universel : « Tu ne voleras point, ne tueras, ni ne convoiteras la femme de ton voisin ? ». Liebault suggéra à une jeune fille de s’empoisonner avec de l’acide prussique, et elle avala la drogue présumée sans un moment de d’hésitation ; le Dr Liegeois suggéra à une jeune femme qu’elle lui devait 5.000 francs, et le sujet signa à l’instant, un chèque de cette somme. Bernheim suggéra à une autre jeune fille hystérique une longue vision compliquée concernant un crime. Deux jours plus tard, bien que l’hypnotiseur n’ait plus exercé aucune influence nouvelle sur elle entre temps, elle répéta distinctement l’histoire suggérée à un avocat qui lui avait été envoyée à dessein. Si la disposition avait été prise au sérieux, elle aurait conduit l’accusé à la guillotine.
Ces cas présentent deux aspects sombres et terribles. Du point de vue moral, de tels procédés et suggestions laissent une tache indélébile sur la pureté de la nature du sujet. Le mental innocent d’un enfant de dix ans même peut être inoculé de vice, d’un germe morbide qui ne se développera que dans une vie suivante.
Il est inutile de développer en détails l’aspect juridique de la question. Qu’il nous suffise de dire que le trait caractéristique de l’état hypnotique – la soumission absolue de la volonté et de la soi-conscience du sujet à celles de l’hypnotiseur – est de la plus haute importance par suite de sa portée sur la criminalité aux yeux des autorités légales. Car si l’hypnotiseur tient le sujet entièrement sous sa volonté, au point de pouvoir lui faire commettre un crime quelconque, agissant pour ainsi dire invisiblement en lui, à quelles erreurs judiciaires ne peut-on pas s’attendre ? Quoi d’étonnant alors à ce que la jurisprudence d’un pays après l’autre se soit émue, et ait cherché à prendre des mesures pour réprimer l’usage de l’hypnotisme ! Au Danemark, on vient de l’interdire. Les savants ont fait des expériences sur des sensitifs avec tant de succès, qu’une victime hypnotisée à été huée et raillée dans les rues, alors qu’elle était sur le point de commettre un crime ; et elle l’aurait inconsciemment exécuté si l’hypnotiseur ne l’avait mise en garde au préalable.
A Bruxelles, un triste cas, bien connu de tous, vient de se produire récemment. Une jeune fille de bonne famille fut séduite par un homme qui l’avait mise en état hypnotique, et qui l’avait soumise à son influence au cours d’une réunion mondaine.
Elle ne s’aperçut de son état que plusieurs mois après, et ses parents qui soupçonnaient le criminel, forcèrent son séducteur à la seule réparation possible dans ce cas : à épouser sa victime.
L’Académie Française vient de débattre la question suivante : dans quelle mesure, un sujet hypnotisé peut-il devenir de simple victime, un instrument réel de crime ? Sans doute, aucun juriste ou législateur ne peut rester indifférent à cette question, et on affirme que les crimes commis sous l’influence de la suggestion sont si neufs que certains ne pourraient rentrer dans le domaine de la loi. De là, la défense légale prudente qui vient d’être adoptée en France, et qui prescrit qu’aucune personne, sinon celles légalement qualifiées pour l’exercice de la profession médicale, ne peut hypnotiser une autre personne. Et même le docteur qui jouit d’un tel droit juridique, ne peut hypnotiser un sujet qu’en présence d’un autre médecin diplômé, et après avoir reçu la permission écrite du sujet. Les séances publiques d’hypnotisme sont interdites, et elles sont limitées aux cliniques médicales et aux laboratoires. Ceux qui enfreignent cette loi sont passibles d’emprisonnement et de fortes amendes.
Mais la note a été donnée, et nombreux sont les usages auxquels cet art noir peut être soumis – en dépit des lois. Et l’on peut garantir qu’il en sera ainsi, étant donné, les viles passions inhérentes à la nature humaine.
Il se tramera de nombreux romans étranges, car la vérité est souvent plus étrange que la fiction, et ce que l’on prend pour une fiction est encore plus souvent la vérité.
Rien d’étrange alors à ce que la littérature occulte se développe chaque jour davantage. L’occultisme et la sorcellerie sont dans l’air, mais dépourvue de la vraie connaissance philosophique pour guider les expérimentateurs, et arrêter ainsi les résultats néfastes. On nomme « Ouvrage de fiction » ces divers romans et nouvelles. Admettons que l’arrangement des aventures de leurs héros et héroïnes, ainsi que les personnages soient de la fiction. Mais il n’en est pas ainsi des faits. Ceux-ci réservent l’avenir, et de ce qui est déjà manifesté – ou plutôt confirmé par les expériences scientifiques. Signes des temps ! La fin d’un cycle psychique ! Le temps des phénomènes, se produisant par les médiums et avec eux, qu’il s’agisse de médiums professionnels ou non – est passé. Dans la Bible (1), l’arbre de l’Occultisme est prêt à porter ses fruits, et l’esprit de l’Occulte s’éveille dans le sang des nouvelles générations. Si les vieillards ne font qu’« avoir des rêves », les jeunes ont déjà des visions (2), et les racontent dans des nouvelles et des ouvrages de fiction. Malheur à l’ignorant et à celui qui n’est pas prêt, comme à ceux qui écoutent la voix des sirènes de la science matérialiste ! Car, vraiment, vraiment nombreux seront les crimes inconscients qui seront commis, et nombreuses les victimes qui seront mises à mort, quoiqu’innocentes, et qui périront par la corde ou la guillotine, des mains des juges intègres et des jurés par trop innocents, tous deux ignorants du pouvoir diabolique de la SUGGESTION.
H.P. Blavatsky
Cet article fut publié pour la première fois par H.P. Blavatsky dans le Lucifer de novembre 1887.
(1) « Et le temps viendra où je déverserai mon esprit sur toute chair, vos fils et vos filles prophétiseront, vos vieillards auront des rêves, vos jeunes gens auront des visions ». (Joel 2,28.
(2) Il est curieux de noter que M. Louis Stevenson, un de nos écrivains imaginatifs les plus puissants, ait raconté dernièrement à un journaliste qu’il avait l’habitude d’édifier l’intrigue de ses romans en rêves, et notamment celle du Dr. Jekyll. « J’ai rêvé » continua-t-il, « l’histoire de « Olalla » – et actuellement, j’ai encore deux histoires non écrites que j’ai également rêvées…. Même en plein sommeil, je sais que c’est moi qui invente »…Mais qui sait si l’idée d’inventer n’est pas aussi un rêve ?