— I —
Au regard des anciens, l'Æther Universel n'était pas un domaine inhabité et diffus dans toute l'étendue du ciel. Pour eux, c'était un océan sans limite, peuplé, comme le sont les mers terrestres qui nous sont familières, de dieux, d'esprits planétaires et de créatures monstrueuses ou insignifiantes. Un océan qui, dans chaque molécule, charriait les germes de la vie depuis les états potentiels jusqu'aux états les plus développés. Ils les comparaient aux bancs de poissons qui nagent dans nos océans et nos cours d'eau, chaque espèce fixant son habitat dans des zones auxquelles elle s'adapte de façon surprenante. De ces poissons, certains sont familiers, d'autres hostiles à l'homme ; parfois agréables ou au contraire horribles à regarder ; les uns cherchent refuge dans des recoins paisibles, ou des ports abrités, d'autres traversent de vastes étendues d'eau. C'est ainsi que les anciens étaient convaincus que les classes variées des esprits planétaires, des élémentaux et des autres esprits, habitaient les diverses parties du grand océan éthérique et qu'ils s'adaptaient parfaitement à leurs conditions respectives.
Selon les doctrines anciennes, c'est le mouvement perpétuel inhérent à la lumière astrale qui entraîne l'évolution de chacun des membres de cette multitude d'êtres éthérés et variés, situés entre les deux extrêmes que sont les dieux supérieurs et les élémentaux sans âme. La Lumière est force, et cette dernière est le produit de la volonté. Cette volonté, elle-même, procède d'une intelligence infaillible, car elle est absolue et immuable et n'a aucun rapport avec les organes matériels de la pensée humaine : c'est l'émanation pure et sans mélange de la VIE UNE. Depuis l'origine des temps, cette volonté, en harmonie avec les lois immuables, assure l'élaboration des structures élémentaires nécessaires aux générations postérieures que nous appelons les races humaines. Et toutes ces races, qu'elles appartiennent à cette planète, ou à une autre parmi les myriades qui occupent l'espace, ont leurs corps terrestres qui se développent dans cette matrice en utilisant celui de certaines classes de ces êtres élémentaux, — les germes primordiaux des dieux et des hommes qui sont passés dans les mondes invisibles. Dans la philosophie antique il n'était nul besoin de découvrir quelque chaînon manquant à l'aide de ce que Tyndall appelle une « imagination éduquée » . II n'y avait aucun hiatus à combler par de vastes spéculations matérialistes nécessitées par l'absurde tentative qui consiste à résoudre une équation dont on ne connaît qu'un des facteurs. Nos ancêtres « ignorants » considéraient que la loi d'évolution agissait dans l'univers entier. Le principe d'une série ininterrompue de formes élémentaires allant par progression graduelle de la « nébuleuse » jusqu'au développement du corps physique de l'homme est aussi valable lorsqu'il est appliqué à l'émanation et à la différenciation progressive et ininterrompue d'entités, depuis l'Æther universel jusqu'à l'esprit humain incarné. Ces courants d'évolution provenaient du monde de l'Esprit et allaient jusqu'à la Matière grossière, puis, à travers celle-ci, retournaient vers la source de toutes choses. La « différenciation des espèces » était, selon leur conception, une descente à partir de l'Esprit, qui est la source de Tout, dans la « dégradation de la Matière. » Dans cette chaîne ininterrompue de manifestations successives, les êtres spirituels et élémentaires occupaient une place bien précise entre les deux extrêmes, tout comme le chaînon manquant de Darwin en a une entre le singe et l'homme.
Aucun auteur du monde littéraire n'a jamais donné une description plus véridique ou plus poétique de ces êtres que Sir E. Bulwer-Lytton, l'auteur de Zanoni. Il dit de lui qu'il n'est pas « une chose faite de matière » mais une « idée de joie et de lumière » ; ses paroles ressemblent plus à l'écho fidèle de la mémoire qu'à un débordement exubérant de l'imagination. Il fait dire au sage Mejnour qui s'adresse à Glyndon :
« L'arrogance de l'homme est en proportion de son ignorance... Pendant une longue suite de siècles il n'a vu, dans les mondes sans nombre qui scintillent au cœur de l'espace, comme les bulles d'un océan sans rivage, que les minuscules luminaires, que la Providence a bien voulu allumer uniquement pour lui rendre la nuit plus agréable. L'astronomie a corrigé cette illusion de la vanité humaine, et l'homme maintenant confesse avec regret que les étoiles sont des mondes plus grands et plus glorieux que le sien... Partout donc, dans ce plan immense, la science découvre de nouvelles vies... Nous pouvons donc raisonner par analogie évidente, et dire que si la moindre feuille, la moindre goutte d'eau est au même titre que cette étoile un monde vivant et habité, si l'homme lui-même est un monde fait pour abriter d'autres vies, si des êtres par millions et myriades peuplent les canaux par où circule son sang et habitent son corps comme l'homme lui-même habite la terre, le bon sens (si nos homme de science en avait été doués) devrait suffire pour faire admettre que l'environnement infini que vous appelez l'espace, — l'Impalpable sans bornes qui sépare la terre de la lune et des étoiles, — pullule aussi de modes de vie qui lui sont propres. N'y a-t-il point, d'ailleurs, une évidente absurdité à supposer que la vie qui déborde de la moindre feuille serait absente de l'immensité de l'espace ? La loi du Grand Système défend qu'un seul atome soit gaspillé en pure perte ; elle ne connaît aucun point où ne respire quelque être vivant... Eh bien, pouvez-vous, dès lors, concevoir que l'espace, qui est l'infini lui-même, soit seul à n'être qu'une solitude désolée, soit seul inanimé, soit moins utile au plan de la vie universelle... que la feuille avec sa flore minuscule, que la goutte d'eau grouillante d'animalcules ? Le microscope nous montre les créatures qui vivent à la surface de la feuille ; on n'a pas encore inventé un tube mécanique capable de découvrir les choses plus nobles et plus élevées qui flottent dans l'air illimité. Et pourtant, entre ces êtres et l'homme, il existe une mystérieuse et terrible affinité... Mais tout d'abord pour enfoncer cette barrière, l'âme avec laquelle vous écoutez doit être trempée par un enthousiasme intense, et purifiée de tout désir terrestre... Quand l'âme est ainsi préparée, la science peut venir à son aide ; la vue peut être rendue plus subtile, les nerfs plus sensibles, l'esprit plus prompt et plus ouvert, et l'élément lui-même — l'air, l'espace — peut, par certains procédés secrets de la plus haute alchimie, être rendu plus palpable et plus clair. Et ceci n'est pas de la Magie, comme le déclarent les gens crédules ; car, ainsi que je l'ai si souvent dit déjà, la magie (considérée comme une science qui ferait violence à la nature) n'existe pas ; mais c'est la science par laquelle la nature peut être commandée... Or, il y a dans l'espace des millions d'êtres imperceptibles, sans être précisément spirituels car ils ont tous, comme les animalcules invisibles à l'œil nu, certaines formes de matière, mais d'une matière si délicate, si aérienne et si subtile, qu'on dirait une simple pellicule, un voile de gaze servant de vêtement à l'esprit qui les anime... Et, pourtant, ces races et ces tribus diffèrent beaucoup entre elles... les unes sont d'une sagesse insurpassable, les autres d'une horrible méchanceté. Les unes comme les démons, sont hostiles à l'homme ; d'autres, » – Zanoni de Bulwer-Lytton.
Voilà sur les êtres élémentaux, dépourvus d'Esprit divin, l'exposé partiel tel qu'il est donné par celui que beaucoup ont soupçonné, à juste titre, d'être plus instruit en ces matières qu'il ne voulait l'avouer aux incrédules. Nous avons souligné les passages qui sont particulièrement suggestifs dans leurs descriptions. Un Initié possédant une connaissance directe de ces créatures ne pourrait mieux les décrire.
Abordons maintenant le sujet des « Dieux » ou Daïmons des anciens Égyptiens et Grecs, puis nous parlerons des deva et des pitri des Aryens hindous encore plus anciens.
Qu'étaient donc ces Dieux, ou Daimonia, des Grecs et des Romains ? Les Pères de l'Église chrétienne, depuis lors, ont monopolisé et défiguré pour leur propre usage le sens de ces termes. Ils suivirent les traces des anciens philosophes païens sur le sentier battu de leurs spéculations, mais, comme d'habitude, ils essayèrent de les faire passer pour de nouvelles pistes tracées sur un sol vierge, eux-mêmes étant, à les croire, les premiers pionniers qui pénétraient dans une forêt de vérités éternelles où personne n'avait encore pu aller. Ils renouvelèrent la ruse de Zoroastre qui, pour balayer tous les dieux et les déités hindous, les nomma tous dev et adopta ce nom pour désigner uniquement les pouvoirs mauvais. Les Pères chrétiens firent de même. Ils appliquèrent le nom sacré de Daimonia — les Ego divins de l'humanité — à leurs diables, une création de leurs cerveaux malades, ils déshonorèrent ainsi les symboles anthropornorphisés des sciences naturelles de la sage Antiquité et les rendirent tous ridicules à la vue des ignorants et des illettrés.
Nous pouvons étudier ce qu'étaient vraiment les Dieux ou les Daïmons en nous référant à Socrate, Platon, Plutarque et de nombreux autres sages et philosophes renommés de l'époque préchrétienne aussi bien que de l'ère chrétienne. Nous citerons quelques-uns de leurs enseignements.
Xénocrate qui expliqua un certain nombre des théories et des enseignements oraux de son Maître Platon, et qui le surpassa dans sa définition de la doctrine des grandeurs invisibles, enseigne que les Daïmons sont des êtres intermédiaires entre la perfection divine et l'état de péché humain (1). Il les divise en diverses classes, chacune subdivisée en de nombreuses autres, mais il indique très nettement que l'Âme individuelle ou personnelle est le principal Daimon gardien de tout homme et qu'aucun autre n'a plus de pouvoir sur nous que le nôtre. Ainsi le Daimonion de Socrate est le Dieu, ou l'Entité divine qui l'inspira toute sa vie. Il dépend de l'homme d'ouvrir ou de fermer ses perceptions à la voix divine.
Héraclide, qui adopta entièrement les vues de Pythagore et de Platon sur l'âme humaine, sa nature et ses facultés, dit en parlant des esprits qu'ils sont des « Daimons avec des corps aériens et vaporeux » et il affirme que les Âmes habitent la Voie Lactée avant de descendre dans la génération ou l'existence sublunaire.
De même, lorsque l'auteur d'Epinomis (2) place trois classes de daimons entre les dieux supérieurs et les dieux inférieurs (Âmes incarnées) et peuple l'univers d'êtres invisibles, il est plus rationnel que nos savants modernes qui voient entre les deux extrêmes un vaste hiatus de l'être, champ de manifestations de forces aveugles, ou que les théologiens chrétiens qui appellent démons ou diables tous les dieux païens. De ces trois classes, les deux premières sont invisibles, leurs corps sont de feu et d'éther pur (esprits planétaires) ; les daïmons, de la troisième classe sont revêtus de corps vaporeux ; ils sont généralement invisibles mais parfois en se concrétisant ils deviennent visibles quelques secondes ; ce sont les esprits terrestres ou nos âmes astrales.
Le fait est que le mot daimon était attribué par les Anciens, et plus particulièrement par les philosophes de l'École d'Alexandrie, à toutes sortes d'esprits, bons ou mauvais, humains ou autres, mais cette appellation était souvent synonyme de dieux ou d'anges. Par exemple, on appelait « samothraces » les dieux du Temple de Samothrace pendant les Mystères. Ils sont considérés comme identiques avec les cabires, les dioscures et les corybantes. Leurs noms étaient mystiques et désignaient Pluton, Cérès ou Proserpine, Bacchus, Esculape ou Hermès et tous faisaient partie des Daïmons.
Apulée parlant le même langage symbolique voilé, à propos des deux Âmes, l'âme humaine et l'âme divine, dit :
« L'âme humaine est un démon que notre langage peut appeler génie. Elle est un dieu immortel, bien que dans un certain sens elle naisse en même temps que l'homme dans lequel elle se trouve. En sorte que nous pouvons dire qu'elle meurt de la même façon qu'elle est née. »
Les Anciens désignaient aussi par ce terme de dieux certains hommes éminents. Déifiés pendant leur vie, même leurs « coques » étaient révérées au cours des Mystères. La croyance aux dieux, aux larves et aux ombres était alors universelle, comme d'ailleurs elle est en train de le redevenir rapidement à l'heure actuelle. Même les plus grands philosophes qui ont passé à la postérité pour des matérialistes et des athées des plus convaincus, simplement parce que, tel Épicure par exemple, ils rejetaient l'idée grotesque d'un Dieu personnel extra-cosmique — croyaient à ces dieux et à ces êtres invisibles. En remontant loin dans l'Antiquité, dans la grande phalange des philosophes des âges préchrétiens, nous pouvons mentionner Cicéron qui ne pourra guère être accusé de superstition ni de crédulité. Il dit, à propos de ceux qu'il appelle dieux et qui sont des esprits humains ou des esprits de l'atmosphère :
« Nous savons que de tous les êtres vivants, l'homme est le mieux formé et comme les dieux appartiennent à ce nombre, ils doivent avoir une forme humaine... Je ne veux pas dire que les dieux ont un corps, contenant du sang, mais je dis qu'ils paraissent avoir un corps avec du sang... Épicure pour qui beaucoup de choses cachées étaient aussi tangibles que s'il les avait touchées du doigt, nous enseigna que les dieux ne sont pas visibles en général mais qu'ils sont intelligibles, qu'ils n'ont pas de corps ayant une certaine solidité... mais que nous pouvons les reconnaître à leurs images fugitives ; et étant donné qu'il y a une quantité suffisante d'atomes dans l'espace infini pour produire de telles images, celles-ci sont produites devant nous... et nous permettent de nous rendre compte de ce que sont ces êtres heureux et immortels (3). »
Si, partant de la Grèce et de l'Égypte, nous nous tournons : vers le berceau de la civilisation universelle, l'Inde, et si nous : interrogeons les Brahmanes et leurs admirables philosophies, nous voyons qu'ils appellent leurs dieux et leurs daimonia par un tel nombre et une telle variété d'appellations, que les trente-trois millions de ces déités exigeraient une bibliothèque entière pour contenir seulement leurs noms : et leurs attributs. Nous choisirons pour le moment deux noms seulement dans ce panthéon. Les deux groupes cités ci-dessus sont les plus importants et en même temps le moins bien compris des orientalistes, car leur nature véritable a toujours été entourée d'obscurité à cause du refus d'explications de la part des Brahmanes qui répugnent à dévoiler leurs secrets philosophiques. Nous ne parlerons donc que des deva et des pitri.
Les premiers sont des êtres aériens, certains supérieurs et d'autres inférieurs à l'homme. Le mot signifie littéralement « les brillants », les resplendissants, et, il s'applique à des êtres spirituels de divers degrés comprenant les entités de périodes planétaires antérieures qui prennent une part active à la formation des nouveaux systèmes solaires et l'éducation des humanités dans leur enfance, aussi bien qu'à des esprits planétaires non développés qui, pendant les séances spirites, simulent des déités humaines et même des personnages historiques.
En ce qui concerne les deva yoni, ce sont des élémentaux d'une classe inférieure lorsqu'on les compare aux « dieux » cosmiques et ils peuvent être assujettis par la volonté même d'un simple sorcier. Les gnomes, les sylphes, les fées, les djinns, etc... appartiennent à cette classe. Ils sont l'Âme des éléments, les forces capricieuses de la Nature, agissant selon une Loi unique et immuable, inhérente à ces centres de Force, avec une conscience non-développée et des corps de nature fluide, capables d'être moulés selon la volonté consciente ou inconsciente de l'être humain qui se met en rapport avec eux. C'est en attirant certains êtres de cette classe que nos médiums spirites modernes donnent aux coques en désagrégation des êtres humains décédés, une sorte de force individuelle. Ces êtres n'ont jamais été des hommes mais le deviendront dans des myriades d'âges. Ils appartiennent aux trois règnes inférieurs et sont en rapport avec les Mystères en raison de leur nature dangereuse.
Il nous semble qu'une opinion des plus erronées est en train de gagner du terrain non seulement parmi les spirites (qui voient partout les esprits désincarnés de leurs semblables), mais également parmi quelques orientalistes qui devraient être mieux au courant de la question. Ils pensent que généralement le terme sanskrit pitri s'applique aux esprits de nos ancêtres mêmes, des êtres désincarnés. D'où l'argument de certains spirites qui voient dans les fakirs et autres faiseurs-de-merveilles orientaux de simples médiums ; ne confessent-ils pas eux-mêmes leur incapacité de produire quoi que ce soit sans l'aide de ces pitri dont ils ne sont que les instruments obéissants ? Voici qui est faux sous plus d'un aspect et la première erreur est due, pensons-nous, à L. Jacolliot dans son Spiritisme dans le Monde et à Govinda Swâmi, ou, comme il l'écrit, les phénomènes du « fakir Kovindasami ». Les pitri ne sont pas les ancêtres des hommes vivants actuels mais ceux de l'espèce humaine ou de la race primitive. Ce sont les esprits des races humaines qui, sur la grande échelle de l'évolution descendante, précédèrent nos races d'hommes et furent aussi bien physiquement que spirituellement de loin supérieurs à nos pygmées modernes. On les appelle les ancêtres lunaires dans le Mânava-Dharma-Shâstra (4). L'Hindou, et encore moins le fier Brahmane, n'éprouvent nullement le désir de revenir sur cette terre d'exil, une fois dépouillés de leur enveloppe mortelle, tandis que les spirites, généralement, semblent avoir l'aspiration contraire ; et l'hindou ne voit pas non plus dans la mort les grandes terreurs qu'elle inspire aux chrétiens. Ainsi, en Inde, les hommes aux pensées les plus hautement développées, en quittant leurs vêtements d'argile, prennent la précaution d'affirmer « Nachapunarâvarti », « et je ne reviendrai pas », et par cette affirmation même ils se mettent à l'abri de l'atteinte de tout médium ou de tout homme vivant. La question peut être posée de savoir ce que sont alors les pitri ? Ce sont des deva, lunaires et solaires, intimement reliés à l'évolution humaine, car ce sont les pitri lunaires qui fournirent leurs chhâyâ pour modèles de la Première Race dans la Quatrième Ronde, tandis que les pitri solaires dotèrent l'humanité de l'intelligence. De plus, ces deva lunaires traversèrent tous les règnes de la Chaîne terrestre dans la Première Ronde, et pendant la Seconde et la Troisième Rondes « ils entraînent et représentent l'élément humain » (5).
Un examen rapide du rôle qu'ils jouent évitera dans l'esprit de l'étudiant toute confusion possible entre les pitri et les élémentaux. Dans le Rig Veda, on représente Vishnou (ou le Feu universellement répandu, l'Æther) traversant les sept régions du Monde par trois pas ; il est alors une manifestation du Soleil central. Plus tard, il devient une manifestation de notre énergie solaire et se trouve relié à la forme septuple et aux dieux Agni, Indra et autres déités solaires. Par conséquent, tandis que les « Fils du Feu », les Sept primordiaux de notre Système, émanent de la Flamme primordiale, les « Sept Constructeurs » de notre Chaîne planétaire sont les « Fils-nés-du-Mental » de ces derniers et en même temps leurs instructeurs. En effet, bien qu'ils soient tous, dans un certain sens, des dieux et qu'on les appelle tous des pitri (pitara, patres, pères) on fait une distinction importante quoique très subtile (et vraiment occulte) que l'on doit prendre en considération. Dans le Rig Veda, ces dieux sont divisés en deux groupes : les pitri agni-dagdha (qui donnent le Feu) et les pitri anagni-dagdha (qui ne donnent pas le Feu) (6), c'est-à-dire — comme on l'explique exoténquement — les pitri qui sacrifièrent aux dieux et ceux qui refusèrent de le faire lors du « sacrifice du feu ». Mais voici le sens réel et ésotérique : les premiers ou pitri primordiaux, les « Sept Fils du Feu » ou de la Flamme, sont séparés ou divisés en sept classes, comme les sept Sephiroth, et d'autres divisions (voir le Vâyu Purâna et le Harivarnsha, ainsi que le Rig Veda), trois de ces classes sont arûpa, sans forme, composées de « substance intellectuelle et non de substance élémentaire », et quatre sont corporelles. Les premières sont de pur Agni (feu) ou sapta Jiva (« sept vies », qui sont devenues maintenant sapta Jihva « sept langues », car Agni est représenté avec sept langues et avec sept vents comme roues à son char). Se trouvant, au premier degré de l'évolution comme une essence sans forme, purement spirituelle, ils ne pouvaient pas créer ce dont la forme prototype n'était pas dans leur mental, — ce qui constitue la première condition requise. Ils ne pouvaient donner naissance qu'à des êtres « nés du mental », leurs « Fils », la seconde classe de pitri (les Prajâpati, ou les Rishis, etc...) plus matériels d'un degré ; puis ceux-ci aux pitri de la troisième classe — la dernière des « sans forme » (arûpa). C'est cette dernière classe seulement, qui, aidée du Quatrième principe de l'Âme Universelle (Aditi, Akâsha), put produire des êtres qui devinrent objectifs et qui eurent une forme (7). Mais lorsque ceux-ci apparurent, ils se révélèrent nantis d'une si faible proportion de l'Âme divine immortelle ou du Feu divin qu'ils furent considérés comme des échecs. « La troisième classe fit appel à la deuxième, la deuxième à la première, les Trois durent devenir Quatre (le carré ou le cube parfait qui représente le « Cercle Carré » ou l'immersion du pur Esprit), avant que les premiers puissent être instruits ». {Commentaires sanskrits). C'est alors seulement que purent être formés intellectuellement et physiquement des Êtres parfaits. Bien que profondément philosophique, tout ceci n'est pourtant encore qu'une allégorie. Toutefois sa signification est claire, bien que d'un point de vue scientifique l'explication puisse paraître ridicule. La Doctrine enseigne la Présence d'une Vie Universelle (ou mouvement) au sein de laquelle toutes choses sont, et en dehors de laquelle rien ne peut être. C'est le pur Esprit. Son aspect manifesté est la Matière primordiale cosmique qui co-existe avec lui puisqu'elle est lui-même. Semi-spirituel comparé au premier aspect, ce véhicule de la Vie-Esprit est ce que la science appelle l'Éther, qui s'épand dans l'espace illimité, et c'est dans cette substance, la substance du monde, que germent tous les atomes et les molécules de ce que l'on appelle matière. Bien que cet Élément Universel soit homogène dans son origine éternelle, une fois que ses radiations se furent répandues dans l'espace du futur Univers manifesté, les forces centripète et centrifuge du mouvement perpétuel d'attraction et de répulsion ne tardèrent pas à polariser ses particules éparpillées en leur communiquant des propriétés particulières que la Science considère maintenant sous la forme d'éléments variés et distincts entre eux. Envisagée comme un tout homogène, la matière du monde dans son état primordial est parfaite. Désintégrée, elle perd sa propriété de pouvoir créateur inconditionné, elle doit s'associer avec ses contraires. Ainsi, les premiers mondes et les premiers Êtres Cosmiques, à l'exception du « Soi-Existant » — qui constitue un mystère que personne ne peut essayer d'approcher sérieusement, car seul l'œil divin des Initiés les plus développés peut le percevoir, mais aucun langage humain ne pourrait l'expliquer aux enfants de notre temps — les premiers mondes et les premiers Êtres furent des échecs, parce que les uns n'avaient pas en eux la force créatrice inhérente nécessaire à la poursuite de leur évolution indépendante et que les autres — les premiers ordres des Êtres créés — n'avaient pas d'âme immortelle. L'élément purusha qui fait partie intégrante de l'Anima Mundi, dans son aspect prakritique, était trop faible en eux pour leur permettre une conscience quelconque pendant les intervalles (entractes) séparant leurs existences au cours de la période évolutive et du cycle de vie. Les trois classes d'Êtres, les Pitri-Rishis, les Fils de la Flamme, durent fusionner harmonieusement leurs trois principes supérieurs avec le Quatrième (le Cercle) et le Cinquième (le principe microcosmique) avant que l'union nécessaire puisse être réalisée et que le résultat convenable en découle. « II y eut des mondes primitifs qui périrent dès qu'ils vinrent à l'existence ; ils étaient sans forme, et ils furent appelés des étincelles. Ces étincelles sont les mondes primordiaux qui ne purent subsister car le Saint des Âges n'avait pas encore assumé la forme » (8) (des contraires parfaits non seulement dans les sexes opposés mais aussi dans la polarité cosmique). « Pourquoi ces mondes primordiaux furent-ils détruits ? Parce que », répond le Zohar, « l'homme représenté par les dix sephiroth n'était pas encore. La forme humaine contient tout (l'esprit, l'âme et le corps) et comme elle n'existait pas encore les mondes furent détruits ».
Nous voyons donc immédiatement que c'est sans aucun secours des pitri qu'ont lieu les différents phénomènes des fakirs indiens, des magiciens et autres, phénomènes cent fois plus variés et plus étonnants que l’on n’en vit jamais en Europe et en Amérique civilisées. Les pitri n'ont absolument rien à faire dans de telles exhibitions publiques, et les « esprits des morts » encore moins. Nous n'avons qu'à consulter la nomenclature des principaux daïmons ou esprits élémentaux pour voir que leurs noms mêmes indiquent leurs fonctions ou, pour être plus précis, les effets spéciaux et tours de magie auxquels chaque variété est particulièrement adaptée. Par exemple, le mot mâdan, est un terme générique désignant des esprits élémentaux mauvais, mi-brutes, mi-monstres, car mâdan signifie « qui ressemble à une vache ». C'est l'ami des sorciers malveillants ; il les aide à atteindre leurs buts maléfiques de vengeance en frappant les hommes ou le bétail de maladies soudaines et de mort.
Le shudâlai-mâdan, ou démon des cimetières, correspond à nos vampires. Il se complaît dans les endroits où des crimes et des meurtres ont été commis, près des tombes et des lieux d'exécution. Il aide le sorcier dans tous les phénomènes du feu, comme le font aussi les kutti shâttan, les petits esprits sorciers. Le shudâlai, dit-on, est un démon mi-feu, mi-eau, car il reçut de Shiva la permission de prendre la forme qu'il choisit, et de transformer une chose en une autre ; et lorsqu'il n'est pas dans l'élément du feu, il est dans celui de l'eau. C'est lui qui mystifie les gens en leur « faisant voir ce qu'ils ne voient pas ». Shûlai mâdan désigne un autre esprit malin. C'est le démon des fours, habile dans l'art de la poterie et de la boulangerie. Si vous restez ami avec lui, il ne vous fera aucun mal ; mais malheur à celui qui encourt sa colère. Le shûlai aime les compliments et la flatterie et comme il se trouve généralement sous terre, c'est à lui que le sorcier doit s'adresser pour l'aider à faire pousser un arbre d'une graine, en un quart d'heure, et faire mûrir ses fruits.
Kumil-mâdan désigne l'ondine véritable. C'est un esprit élémental de l'eau et son nom signifie qui souffle comme une bulle. C'est un esprit très gai qui aidera un ami dans tout ce qui a trait à son département. Il peut faire tomber la pluie et montrer le futur et le présent à ceux qui ont recours à l'hydromancie ou la divination par l'eau.
Le démon Poruthû-mâdan est « batailleur ». C'est le plus fort de tous. Chaque fois que la force physique est requise pour des phénomènes tels que la lévitation, le domptage d'animaux sauvages, il aide l'exécutant en le maintenant au-dessus du sol ou bien en maîtrisant la bête féroce avant que le dompteur ait eu le temps de prononcer son incantation. Ainsi, chaque « manifestation physique » a sa propre classe d'esprits élémentaux qui la contrôle. Outre ceux-ci, il y a, en Inde, les pisâcha, daïmons des races des gnomes, des géants et des vampires ; les gandharva, bons daimons, séraphins chanteurs célestes ; et les asura et les nâga, les esprit titaniques et les esprits à têtes de dragons ou de serpents.
Il ne faut pas confondre ces diverses classes avec les élémentaires, les âmes et les coques des humains défunts. Une fois de plus, nous devons faire la distinction entre ce qui est appelé l'âme astrale — c'est-à-dire la partie inférieure du cinquième Principe double unie à l'animal — et le véritable Ego. Car la doctrine des Initiés enseigne qu'aucune âme astrale, même celle d'un homme pur, bon et vertueux, n'est immortelle dans le sens le plus strict du mot. « C'est des éléments qu'elle a été formée et aux éléments qu'elle doit retourner ». Nous pouvons nous arrêter ici et ne rien ajouter : tout Brahmane érudit, tout chéla et théosophe réfléchi comprendra pourquoi. En effet, chacun d'eux sait que si l'âme du méchant disparaît pour être absorbée sans rédemption, celle de toute autre personne, même moyennement pure, échange simplement ses particules éthérées pour d'autres encore plus éthérées ; et aussi longtemps qu'il reste en elle une étincelle du Divin, l'homme-dieu, ou plutôt son Ego inviduel, ne peut mourir. Proclus a dit :
« Après la mort, l'âme (l'esprit) continue à flotter dans le corps aérien (forme astrale), jusqu'à ce qu'elle soit entièrement purifiée de toute passion nourrie de volupté ou de colère... alors, par une seconde mort, elle se débarrasse du corps aérien comme elle s'est débarrassée du corps physique. Et ensuite, les anciens disent qu'il existe un corps céleste toujours uni à l'âme, qui est immortel, lumineux et semblable à une étoile... »
tandis que l'âme purement humaine ou l'aspect inférieur du cinquième Principe ne l'est pas. Les explications ci-dessus ainsi que la signification des attributs réels et de la mission des pitri pourront aider à mieux comprendre ce passage de Plutarque :
« Et la lune est l'élément de ces âmes parce que ces âmes se dissolvent en elle comme les corps des décédés dans la terre. Celles, en vérité, qui ont été vertueuses et honnêtes, qui ont eu une vie tranquille et philosophique, sans se commettre dans des affaires difficiles se désintègrent rapidement ; abandonnées par le noûs (la compréhension) et ne se servant plus des passions corporelles, elles disparaissent sans tarder (9) »
Les anciens Égyptiens, qui tenaient leur connaissance des Aryens de l'Inde, poussèrent leurs recherches très loin dans le domaine des êtres « élémentaux » et « élémentaires ». Les archéologues modernes ont décrété que les figures dépeintes sur les divers papyrus du Livre des Morts, ainsi que les autres symboles s'y rapportant qui sont peints sur les sarcophages et les murs des temples souterrains, ou sculptés sur les monuments d'Égypte, ne sont d'une part que des représentations purement fantaisistes des dieux et, d'autre part, une preuve du culte que les Égyptiens rendaient aux chats, aux chiens et à toutes sortes d'animaux rampants. Cette idée moderne est entièrement erronée et provient de l'ignorance du monde astral et de ses étranges habitants.
Il y a de nombreuses classes distinctes d'« élémentaires » et d' « élémentaux » . Parmi les premiers, les plus remarquables par l'intelligence et la malignité sont ceux que l'on appelle les « esprits terrestres ». II suffit pour le moment de dire qu'ils sont les larves ou ombres des êtres qui ont vécu sur terre, que ces êtres aient été bons ou mauvais. Ce sont les principes inférieurs de tous les êtres désincarnés et l'on peut les diviser en trois groupes principaux. Le premier groupe comprend ceux qui ayant refusé toute lumière spirituelle, sont morts profondément enfoncés dans la boue de la matière et en qui l'Esprit immortel s'est progressivement séparé de leur Âme pécheresse. Ce sont, à proprement parler, les Âmes désincarnées des dépravés. Ces Âmes s'étant, à un certain moment antérieur à la mort, séparées de leur Esprit divin ont ainsi perdu leur chance d'immortalité. Éliphas Lévi et certains autres cabalistes ne font que peu ou pas de distinction entre les esprits élémentaires qui ont été des hommes et les êtres qui peuplent les éléments et constituent les forces aveugles de la nature. Une fois séparées de leurs corps, ces Âmes (que l'on appelle aussi « corps astraux »), particulièrement celles des personnes purement matérialistes, sont irrésistiblement attirées vers la terre où elles vivent une vie temporaire et limitée, au milieu d'éléments qui sont à l'unisson de leur nature grossière. N'ayant jamais pendant leurs vies naturelles cultivé leur spiritualité, mais l'ayant surbordonnée à tout l'aspect matériel et grossier, elles sont maintenant inaptes à poursuivre le destin élevé de l'être pur désincarné pour qui l'atmosphère de la terre est suffocante et méphitique. Ce dernier est non seulement attiré loin de la terre mais il ne peut rien avoir à faire consciemment avec la terre et ses habitants, même s'il le voulait, à cause de sa condition dévachanique. Nous indiquerons plus loin les exceptions à cette règle. Après une période de temps plus ou moins prolongée, ces âmes matérielles commencent à se désintégrer et finalement se dissolvent, comme une colonne de brouillard, atome par atome, dans les éléments environnants.
Ce sont les « coques » qui restent le plus longtemps en kâma loka ; saturé comme il l'est d'effluves terrestres, leur kâmarûpa (corps de désir) bourré de sensualité et rendu impénétrable à l'influence spiritualisante de leurs principes supérieurs, dure plus longtemps et ne se dissipe qu'avec difficulté. Ces coques, nous dit-on, continuent parfois d'exister pendant des siècles avant la désintégration finale en leurs éléments respectifs.
Le deuxième groupe comprend tous les êtres désincarnés qui, ayant eu leur part moyenne de spiritualité, ont cependant été plus ou moins attachés aux choses de la terre et à la vie terrestre, ayant leurs aspirations et leurs affections centrées plus sur la terre qu'au ciel ; le séjour en kâma loka des « restes » de cette classe ou groupe d'hommes qui ont appartenu à la moyenne de l'humanité, est d'une durée beaucoup plus courte, tout en étant cependant assez longue en elle-même et proportionnée à l'intensité de leur désir de vivre.
Il reste, comme troisième classe, les âmes désincarnées de ceux dont les corps ont péri par la violence : ce sont des hommes à tout point de vue, excepté le corps physique, jusqu'à ce que la durée normale de leur vie se soit écoulée.
Les cabalistes considèrent également comme élémentaires ce que nous avons appelé embryons psychiques, la « privation » de la forme de l'enfant qui sera. Selon la doctrine d'Aristote, il y a dans les corps naturels trois principes, la privation, la matière et la forme. Ces principes peuvent s'appliquer à ce cas particulier. C'est dans le mental invisible de l'Âme Universelle (dans lequel tous les types et toutes les formes existent depuis l'éternité) que nous situons la « privation » de l'enfant qui sera, privation qui ne doit pas être considérée dans la philosophie aristotélicienne comme un principe entrant dans la composition des corps, mais comme une propriété extérieure intervenant dans leur production ; car la production est un changement par lequel la matière passe de la forme qu'elle n'a pas à celle qu'elle prend. Bien que la privation de la forme de l'enfant qui n'est pas encore né (de même que la forme future de la montre qui n'existe pas encore) constitue ce qui n'est encore ni substance, ni extension, ni qualité, ni aucune sorte d' « existence », elle est cependant quelque chose qui est, bien que son contour pour exister doive acquérir une forme objective ; en un mot, l'abstrait doit devenir concret. Ainsi, dès que cette privation de matière est transmise par l'énergie à l'Æther universel, elle devient une forme matérielle, aussi sublimée soit-elle. Si la science moderne enseigne que la pensée humaine « influence en même temps que la nôtre la matière d'un autre univers », comment celui qui croit en un Mental Universel peut-il nier que la pensée divine soit également transmise, par la même loi d'énergie, à notre intermédiaire commun, l'Æther universel — l'aspect inférieur de l'Âme du Monde ? II est vrai que la Philosophie Occulte ne reconnaît pas à ce Mental Universel une intelligence et une conscience capables d'entrer en relation avec les manifestations finies et conditionnées de ce monde phénoménal de matière. Mais la philosophie védantine, comme la philosophie bouddhiste, parlant de lui comme de la Conscience Absolue, montre par-là que la forme et le progrès de tout atome de l'univers conditionné doivent avoir existé en lui pendant les cycles infinis de l'Éternité. Et s'il en est ainsi, il doit s'ensuivre qu'une fois là la Pensée Divine se manifeste objectivement, cette énergie reproduisant fidèlement les contours de ce dont la « privation » est déjà dans le mental divin. Seulement, nous ne devons pas comprendre que cette Pensée crée la matière ou même les privations. Non, elle ne développe de son contour latent que le projet de la forme future ; la matière qui sert à réaliser ce projet ayant toujours été en existence et ayant été préparée à former un corps humain par une série de transformations progressives, qui sont le produit de l'évolution. Les formes passent ; les idées qui les créèrent et le matériau qui leur donna l'objectivité restent. Ces modèles encore dépourvus d'esprits immortels sont les « élémentaux » ou mieux encore ces embryons psychiques qui, lorsque leur temps arrive, meurent au monde invisible et naissent dans ce monde visible sous forme d'enfants humains recevant in transitu ce Souffle Divin appelé Esprit qui achève l'homme parfait. Cette classe ne peut pas communiquer avec les hommes, ni subjectivement, ni objectivement.
La différence essentielle entre le corps d'un tel embryon et un élémental proprement dit est que l'embryon, l'homme futur, contient en lui-même une portion de chacun des quatre grands règnes, c'est-à-dire : le feu, l'air, la terre et l'eau ; tandis que l'élémental ne renferme une portion que d'un seul de ces règnes ; par exemple, la salamandre, ou élémental du feu, n'a qu'une portion du feu primordial et rien d'autre. L'homme étant plus élevé que ces élémentaux, la loi d'évolution se trouve illustrée par la présence de tous les quatre en lui. Il en résulte que les élémentaux du feu ne se trouvent pas dans l'eau, ni ceux de l'air dans le règne du feu. Et cependant, étant donné qu'il y a une partie d'eau non seulement dans l'homme, mais aussi dans les autres corps, les élémentaux coexistent réellement et s'interpénètrent dans toute substance, de même que le monde spirituel existe et est présent dans le monde matériel. Mais il s'agit ici des élémentaux dans leur état latent le plus primitif.
H.P. Blavatsky.
Article paru dans la revue Lucifer d’août 1893. © Textes Théosophiques, Cahier Théosophiques n°49-51.
Notes
(1) Plutarque, De Isid., Chapitre XXV, page 360. [retour texte]
(2) Epinomis ou Appendice aux Lois, de Platon [N. d. T.]. [retour texte]
(3) De Natura Deorum, livre I, chap. XVIII. [retour texte]
(4) Le Livre des Lois de Manou [N. d. T.]. [retour texte]
(5) L'étudiant peut consulter à ce sujet The Secret Doctrine où il trouvera des explications complètes. [retour texte]
(6) Afin d'obscurcir ou de jeter un voile sur le mystère de l'Évolution primordiale, les Brahmanes, par la suite dans le but de servir l'orthodoxie, expliquèrent les deux par une fable de leur invention : les premiers pitri étaient les « Fils de Dieu » et offensèrent Brahma en refusant de se sacrifier pour lui ; pour ce crime, le Créateur les condamna à devenir fous, malédiction à laquelle ils ne pourraient échapper qu'en acceptant leurs propres fils comme instructeurs et en les appelant Pères — pitri. C'est la version exotérique. [retour texte]
(7) Nous trouvons un écho de ceci dans le Codex Nazarœus. Bahak-Zivo, le « père des Génies » (les sept) reçoit l'ordre de construire des créatures. Mais, comme il est « ignorant d'Orcus » et n'a pas connaissance du « feu dévorant qui manque à la lumière » , il échoue et appelle à son aide Fétahil, un esprit encore plus pur, qui échoue encore plus lamentablement et s'assied dans la boue (Illus, le Chaos, la Matière) et se demande pourquoi le feu vivant est ainsi changé. Ce n'est que lorsque l' « Esprit » (l'Âme) apparaît sur la scène de la création (l'Anima Mundi féminine des nazaréens et des gnostiques) et qu'il éveille Karabtanos — l'esprit de la matière et de la concupiscence — lequel consent à aider sa mère, que le « Spiritus » conçoit et fait naître « Sept Figures » puis « Sept » , et encore « Sept » (les Sept Vertus, les Sept Péchés et les Sept Mondes). Alors Fetahil plonge sa main dans le Chaos et crée notre planète. (Voir Isis Unveiled, Volume I, pages 298-300 et les suivantes). [retour texte]
(8) Idra Suta, Zohar, III, 292 b. [retour texte]
(9) Dernièrement, quelques critiques à l'esprit étroit, incapables de comprendre la philosophie profonde de cette doctrine — dont la signification ésotérique révèle, lorsqu'elle est comprise, les plus vastes horizons dans les sciences astro-physiques et psychologiques — ridiculisèrent et rejetèrent avec mépris l'idée de la huitième sphère qui, à leurs esprits, embrumés par les vieux dogmes d'une foi non scientifique, ne pouvait correspondre à autre chose qu'à notre lune, « considérée comme une sorte de poubelle pour recevoir les péchés des hommes » [retour texte]