La nature septuple de l'homme

La nature septuple de l'homme

08 Juil, 2019

Qu’est-ce que dit la Théosophie de ce qu'on appelle l'Esprit et l'Âme, d'une part, et l'homme de chair, d'autre part ? 

Ceci est l'ancienne division platonicienne. Platon, étant un Initié, ne pouvait pas entrer dans des détails défendus ; mais quiconque connaît la doctrine archaïque retrouvera les sept principes dans les diverses combinaisons de l'Âme et de l'Esprit faites par Platon. Il considérait l'homme comme étant constitué essentiellement de deux parties : l'une éternelle, formée de la même essence que l'Absoluité, l'autre, mortelle et corruptible, tirant ses parties constituantes des dieux « créés », d'ordre mineur. Pour lui, l'homme était composé : 1° d'un corps mortel ; 2° d'un principe immortel ; et 3° « d'une sorte d'Âme mortelle et séparée ». C'est ce que nous appelons respectivement l'homme physique, l'Âme Spirituelle ou Esprit (Noûs), et l'Âme animale (psuchè). C'est la division qui a été adoptée par Paul (un autre Initié) qui, pour sa part, affirme qu'il existe un corps psychique, semé dans le corruptible (il s'agit en l'occurrence de l'âme astrale, ou du corps astral), et un corps spirituel constitué d'une substance incorruptible. Jacques lui-même corrobore cette assertion quand il dit (3, 15) que la « sagesse » (de notre âme inférieure) n'est pas venue d'en haut, mais qu'elle est terrestre (« psychique » et « démoniaque », comme l'ajoute le texte grec), tandis que l'autre est la sagesse céleste. Bien que Platon, et même Pythagore, ne parlent que de trois « principes », il est si évident qu'ils leur attribuent sept fonctions différentes dans leurs diverses combinaisons qu'il suffit de comparer nos enseignements avec les leurs pour nous en rendre compte. Donnons un aperçu rapide de ces sept aspects au moyen des tableaux suivants :

Division Théosophique de l’homme

Le Quaternaire inférieur

(a) Rûpa, ou sthûla sharîra (a) Corps physique (a) C'est le véhicule de tous les autres "principes" pendant la vie.
(b) Prâna  (b) Vie, ou principe vital (b) Nécessaire seulement à a, c, d, ainsi qu'aux fonctions du Manas inférieur qui englobent toutes celles qui sont limitées au cerveau (physique).
(c) Linga sharîra (c) Corps astral (c) Le Double, le corps fantôme.
(d) Kâmarûpa (d) Le siège des désirs et passions animaux. (d) C'est le centre de l'homme animal, où se trouve la ligne de démarcation qui sépare l'homme mortel de l'entité immortelle.

La Triade supérieure impérissable

e) Manas
un principe double dans ses fonctions.         

(e) Mental, Intelligence ; le mental humain supérieur dont la lumière ou le rayonement unit, durant la vie, la MONADE à l'homme mortel (e) L'état futur et la destinée karmique de l'homme dépendent du devenir de Manas, selon qu'il descend plus bas, vers kâmarûpa, le siège des passions animales, ou qu'il s'élève en gravitant vers Buddhi, l'Ego spirituel. Dans ce dernier cas, la conscience supérieure des aspirations spirituelles individuelles du mental (Manas), assimilant Buddhi, est absorbée par ce principe et constitue l'Ego, qui entre dans la béatitude dévachanique (1).
(f) Buddhi (f) L'Âme Spirituelle (f) Le véhicule de l'esprit pur et universel.
(g) Âtma (g) L'Esprit (g) Un avec l'Absolu (du fait qu'il en est le rayonnement)

Maintenant, qu'enseigne Platon ? Il parle de l'homme intérieur comme étant constitué de deux parties — l'une immuable et toujours identique, formée de la même substance que la Divinité, et l'autre mortelle et corruptible [v. Timée, 69]. Ces « deux parties » correspondent respectivement à notre Triadesupérieure et à notre quaternaire inférieur (voir le tableau). Il explique que, « toutes les fois que l'Âme (psuchè) prend comme allié le Noûs » — l'esprit divin ou la substance divine (2) — « (...) elle mène toute chose avec rectitude et bonheur ; mais si elle s'associe à anoia » — la déraison, ou l'Âme animale et irrationnelle — « c'est tout le contraire qu'elle produit comme effet » [extraits, Les Lois, 897, a-b]. Nous avons donc ici Manas (ou l'Âme en général) sous ses deux aspects : en s'attachant à anoia (notre kamarûpa, l'« Âme animale », dans le Bouddhisme ésotérique), il se précipite vers l'annihilation complète, pour ce qui est de l'Ego personnel ; au contraire, en s'alliant au Nous (Âtma-Buddhi) il se fond dans l'Ego immortel et impérissable, et sa conscience spirituelle de la personnalité qui fut devient alors immortelle.

Note (1) Dans le Bouddhisme ésotérique de M. Sinnett, d, e, et f, s'appellent respectivement l'Âme animale, l'Âmee humaine, et l'Âme spirituelle, ce qui est aussi correct. Bien que les principes soient numérotés dans le Bouddhisme ésotérique, cette numérotation est, strictement parlant, inutile. Seule la Monade avec ses deux aspects (Âtma-Buddhi) peut être considérée comme correspondant aux deux nombres les plus élevés (le 6e et le 7e principes). En ce qui concerne tous les autres, aucune numérotation n'est possible en général, puisqu' on ne doit considérer comme premier que le « principe » qui est prédominant dans l'homme. Chez certains hommes, c'est l'Intelligence supérieure (Manas ou le 5e principe) qui domine, chez d'autres, c'est l'Âme animale (kamarûpa) qui règne par-dessus tout, et manifeste les instincts les plus bestiaux, etc.
Note (2) : Paul appelle « Esprit » le Noûs de Platon, mais, puisque cet esprit est « substance », il s'agit évidemment de Buddhi, et non d'Âtma, qui, au point de vue philosophique, ne peut être en aucun cas qualifié de « substance ». Nous avons inclus Âtma dans les « principes » humains pour ne pas causer plus de confusion. En réalité ce n'est pas un principe « humain », mais le principe absolu, universel, dont Buddhi, l'Esprit-Âme, est le véhicule.

H.P. Blavatsky.

Extrait de La Clef de la Théosophie, © Textes Théosophiques,


 

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