La Loi des cycles

La Loi des cycles

26 Mar, 2019

Note de l'éditeur: Le caractère absolument universel de la loi des cycles ou de périodicité est l'une des propositions fondamentales de la . Dans l'infiniment petit comme dans l'infiniment grand, l'Univers se présente à nous sous forme de phénomènes cycliques, rythmiques, vibratoires. La nature n'est jamais immobile ; tout est en perpétuel mouvement. Mais lorsque nous observons les phénomènes sous leur aspect dynamique, en les considérant dans le temps, nous constatons que, bien qu'en continuelle transformation, ils repassent périodiquement par des états apparemment identiques. La période d'évolution qui s'étend entre deux états identiques constitue un cycle. À vrai dire, en approfondissant cette étude, nous serons amenés à admettre qu'une identité absolue entre deux phénomènes n'est pas possible. La fin d'un cycle et le début d'un autre ne sont jamais réellement identiques, mais analogues ou semblables. C'est pour cela que la meilleure image de la loi cyclique n'est pas le cercle, mais le mouvement en spirale.

Les théosophes ne sont pas surpris de voir la Science découvrir chaque jour de nouveaux aspects de cette loi cyclique dans tous les domaines (astronomie, physique, chimie, biologie, botanique, zoologie, etc.) ; ils savent cependant que la loi des cycles ne régit pas seulement les phénomènes physiques mais aussi l'homme.

« Aide la Nature et travaille avec elle » est-il dit dans La Voix du Silence [page 29]. L'un des moyens d'aider la Nature et de travailler avec elle consiste, pour nous, non seulement à découvrir les cycles naturels qui régissent notre nature sur les plans physique, psychique, intellectuel et spirituel, mais aussi à créer des cycles qui favoriseront notre évolution.

C'est afin de fournir aux lecteurs des suggestions sur ce sujet, que nous publions dans ce Cahier Théosophique, deux articles sur les cycles.


La Loi des Cycles

La nature illusoire du temps est la plus commune des expériences humaines. Tout homme sait que certaines heures de sa vie sont plus longues que d'autres ; certaines quinzaines peuvent s'écouler aussi vite qu'un jour tandis que des instants semblent durer une éternité. En réfléchissant sur ce sujet, l'étudiant de la Théosophie arrivera à deux conclusions : 1° au delà de l'illusion du temps, il y a une Réalité ; 2° l'illusion du temps est créée par l'homme lui-même. Ce qui est à la base de chaque moment qui s'écoule, et qui persiste de toute éternité à travers les millénaires, ne peut être que l'Unique Réalité. Voici ce qu'écrit à ce sujet H.P. Blavatsky dans La Doctrine Secrète :

Le Temps n'est qu'une illusion produite par la succession de nos états de conscience tandis que nous évoluons dans la durée éternelle et il ne peut exister là où il n'y a aucune conscience dans laquelle cette illusion puisse être produite ; dans ce cas alors « il gît endormi ». Le Présent n'est qu'une ligne mathématique qui sépare la partie de la durée éternelle que nous appelons l'avenir, de la partie que nous appelons le passé. Rien, sur la terre, n'a une durée réelle, car rien ne reste sans changement (ou dans un état identique) durant ne serait-ce qu'un milliardième de seconde ; et la sensation que nous avons de la réalité de cette division du « temps » connue comme le présent, vient de l'état confus de cet aperçu momentané ou de cette succession d'aperçus des choses que les sens nous donnent, à mesure que ces choses passent de la région des idéaux, que nous appelons l'avenir, à la région des souvenirs, que nous appelons le passé. (The Secret Doctrine, Volume l, page 37)En résumé, nos idées sur la durée et le temps dérivent toutes de nos sensations selon les lois d'association. Inextricablement liées à la relativité de la connaissance humaine, ces idées ne peuvent cependant avoir d'existence ailleurs que dans l'expérience de l'ego individuel, et elles périssent lorsque son progrès évolutif dissipe la Mâyâ de l'existence phénoménale. Qu'est-ce que le temps, par exemple, sinon la succession panoramique de l'ensemble de nos états de conscience ? Voici, à ce sujet, les paroles d'un Maître : « Je n'aime pas me servir de ces trois mots impropres — Passé, Présent et Futur ! Misérables concepts pour désigner les phases objectives d'un Tout Subjectif ; ils conviennent aussi peu à leur objet qu'une hache au travail d'une fine ciselure ». (The Secret Doctrine, Volume l, page 22).

Le Temps, comme tout ce qui appartient à la manifestation, a trois aspects inséparables comme indiqué dans La Doctrine Secrète, (The Secret Doctrine volume I, pages 18-19). Ces trois aspects du Temps sont le Passé, le Présent et le Futur. L'heure présente, comme ce jour, cette vie, ou ce Manvantara [la période de manifestation d'un Univers] , résulte du passé et est la cause de cycles futurs. La mémoire — jñâna [connaissance acquise] est du passé, l'anticipation — iccha [intention] est du futur, entre les deux il y a l'actif présent — kriya [l'acte à accomplir] qui les relie. Nous nous imaginons vivant dans le passé, vivant dans le futur, nous nous croyons vivant dans le présent alors qu'en réalité nous vivons dans « l'Eternel Présent » et nous l'ignorons.

Tel est le mouvement de la Nature, sous l'emprise de la LOI KARMIQUE : une Nature dans un toujours-présent et en toujours-devenir. En effet, selon les paroles d'un Sage, connues de quelques Occultistes seulement : « LE PRESENT EST L'ENFANT DU PASSE; LE FUTUR, LA PROGENITURE DU PRESENT. ET POURTANT, O MOMENT PRESENT ! NE SAIS-TU PAS QUE TU N'AS PAS DE PARENT ET QUE TU NE PEUX AVOIR D'ENFANT ; QUE TU N'ENGENDRES SANS CESSE QUE TOI-MEME ? AVANT MEME D'AVOIR COMMENCE A DIRE « JE SUIS LA PROGENITURE DE L'INSTANT ECOULE, L'ENFANT DU PASSE » TU ES DEVENU CE PASSE LUI-MEME. AVANT D'AVOIR PRONONCE LA DERNIERE SYLLABE, REGARDE ! TU N'ES PLUS LE PRESENT MAIS VRAIMENT, CE FUTUR. AINSI, LE PASSE, LE PRESENT ET LE FUTUR, SONT L'ETERNELLE TRINITE EN UNE — LA MAHÂMÂYÂ DE L'ABSOLU ETANT. » (The Secret Doctrine, Volume II, page 556).

L'illusion du temps est inhérente à notre constitution complexe. Nous sommes nous-mêmes les créateurs de cycles (périodes de temps définies) ; et les cycles temporels poursuivent leurs révolutions en nous-mêmes. La circulation du sang dans le corps, les pulsations du cœur et le pouls sont des phénomènes cycliques ; les désirs ardents des appétits et leur satisfaction sont cycliques ; maladie et convalescence sont cycliques ; sommeil et veille sont cycliques ; de même que la naissance et la mort ; la vie prénatale est cyclique ; la vie sur terre est également cyclique. Notre civilisation a complètement perdu l'art de vivre enseigné par les Sages du passé, qui était en accord avec les lois des cycles. Cet art faisait le meilleur usage des quatre phases (périodes) de la vie de l'homme : 1°) une période d'étude et de célibat (en sanskrit : brahmâcharya) ; 2°) la vie de famille (grihashta) ; 3°) la vie de contemplation (vanaprashtha) ; 4°) la période d'altruisme actif (sannyasin). De plus, selon les enseignements de la science ésotérique, il y a une vérité cachée dans une expression populaire anglo-saxonne qui associe le chiffre de soixante-dix à la définition de la durée de la vie humaine. D'un certain point de vue, la durée de soixante-dix ans correspond au cycle parfait de sept décennies nécessaires au développement de l'adepte à chacune de ses incarnations. Dans un stade évolutif supérieur, cette durée de dix cycles de sept années, permet l'épanouissement du décuple « Avatar Dhyâni ». Au stade actuel d'évolution de l'homme, ce cycle de soixante-dix ans est aussi à l'œuvre. Il comprend deux parties égales, l'une incluant la naissance et la croissance, et l'autre le déclin et la mort. Chacune de ces parties est divisible à son tour, en cinq périodes de sept ans. La première partie comprend : 1°) la naissance du corps humain ; 2°) la prise en charge de ce corps par la conscience de l'Ego à l'âge de 7 ans ; 3°) la maturation qui, vers 14 ans, atteint l'adolescent, garçon ou fille, dans le domaine affectif et passionnel (Kâma) ; 4°) la fécondation du principe mental qui amène, à 21 ans, l'âge du discernement ; 5°) à 28 ans l'épanouissement spirituel, est le résultat, des expériences et épreuves vécues au cours des quatre périodes précédentes. À 35 ans, le cycle s'inverse, l'homme repassant par les cinq stades mais dans l'ordre inverse, en acquérant alors une maturité effective. Ainsi entre 35-42 ans (période correspondant au cycle 28-35 ans) l'éveil spirituel mûrit et se perfectionne, et ainsi de suite jusqu'à la seconde enfance d'innocence mais non d'ignorance, entre 63 et 70 ans. À vrai dire, de même que notre civilisation n'observe plus les quatre stades de la vie, et qu'il y a une « confusion des castes » en ce kali yuga, de même à notre époque moderne, l'ignorance met à mal la loi indiquée plus haut, au grand détriment de l'individu, et en conséquence de la race tout entière. A la lumière de ce qui vient d'être dit, l'étudiant est invité à lire avec attention les extraits suivants de la Doctrine Secrète :

Quand les orientalistes occidentaux auront bien compris le véritable sens que donne le Rig Veda des divisions du Monde—la double, la triple, la sextuple et la septuple, et particulièrement la division en neuf—alors, le mystère des divisions cycliques concernant le ciel et la terre, les dieux et les hommes, leur apparaîtront bien plus clairement qu'aujourd'hui... Plus d'un médecin a été surpris devant le retour périodique septénaire des cycles d'apparition et de disparition de diverses maladies, et les naturalistes se sont trouvés eux-mêmes très embarrassés pour expliquer cette loi. (The Secret Doctrine, Volume II, page 622).d'accueilPour démontrer plus clairement le rôle du chiffre sept dans la Nature, on peut ajouter que, ce chiffre ne régit pas seulement la périodicité des phénomènes de la vie, mais qu'il est aussi à la base de la classification des éléments chimiques, et qu'il est également primordial dans le monde du son et celui de la couleur, comme nous le révèle le spectroscope. (The Secret Doctrine, Volume II, page 627).  {smooth-scroll-top}

Afin qu'il n'y ait aucun malentendu, on notera que ces périodes (ou cycles) n'ont rien d'arbitraire. Il y a des enfants qui naissent avant la fin des neuf mois de gestation, ce qui signifie que, pour eux, les fonctions propres à cette période sont accomplies plus rapidement. De la même manière, il y a des Ego qui prennent possession de leur corps avant l'âge de 7 ans et d'autres plus tard ; il y a des garçons et des filles qui atteignent la puberté avant ou après l'âge de 14 ans, et ainsi de suite ; les hommes et les femmes meurent avant ou après leur soixante-dixième année. Ce qu'il nous faut comprendre c'est que chaque incarnation humaine est un cycle en dix étapes, cinq sur l'arc ascendant et cinq sur l'arc descendant.

Tout celà montrera clairement, nous l'espérons, combien la Loi des Cycles opère dans l'homme. La cause et l'effet sont tous deux des processus psychologiques dans la conscience de l'être et la période qu'ils déterminent constitue, en elle-même, un cycle. Les Kalpa [kalpa = un jour et une nuit de Brahma ou période de 4.320.000.000 d'années (Theosophical Glossary)] sont, d'une part, divisés et subdivisés en cycles de plus en plus petits et, d'autre part, se multiplient jusqu'à embrasser l'éternité. « L'Être est un cycle sans fin au sein de l'éternité, une et absolue, et d'innombrables cycles, finis et conditionnés, s'y déroulent ». (The Secret Doctrine, Volume II, page 221).

Ces nombreux cycles s'interpénètrent de telle sorte que les changements chimiques dans une molécule affectent le cosmos physique dans son ensemble et réciproquement, les mouvements des corps célestes ont leurs reflets sur la terre et sur l'activité des monades humaines (Jivâtma). Dans Isis Dévoilée, on trouve une représentation des cycles entrelacés qui forment le Grand Cycle cosmique (Isis Unveiled, Volume I, p. 348-9) :

Un artiste oriental a tenté de donner une représentation picturale de la doctrine cabalistique des cycles. La fresque, qui est très suggestive, couvre tout le mur d'un temple souterrain situé à proximité d'une grande pagode bouddhiste. Voici de mémoire et en résumé la description de cette œuvre.Imaginez un point dans l'espace primordial. Puis tracez avec un compas un cercle autour de ce point ; là où se rejoignent le début et la fin de la ligne de circonférence, l'émanation de l'univers débute et sa réabsorption prend fin. Le long de la circonférence sont dessinés, comme des anneaux d'un bracelet, d'innombrables cercles plus petits. Chaque anneau représente la ceinture d'une déesse qui symbolise un globe. A mesure que l'on parcours l'arc descendant du grand cercle jusqu'au point le plus bas—le nadir, où l'artiste mystique a placé notre planète—le visages des déesses s'assombrit et s'enlaidit au-delà de ce que notre imagination d'Européens peut concevoir. Sur la ceinture de chacune des déesses sont dessinés des plantes, des animaux et des êtres humains qui représentent la flore, la faune et l'humanité vivant sur ce globe. Les globes sont espacés les uns des autres, pour montrer qu'après une série de transmigrations sur un globe l'âme (la monade âtmique) jouit d'un nirvâna temporaire, qui efface en elle tout souvenir des souffrances passées. L'espace étherique entre les globes est habité par des êtres étranges. Celles qui occupent l'espace entre l'éther céleste et la terre, sont les créatures de la nature intermédiaire, les esprits de la nature ou les élémentaux des cabalistes.Nous laissons à la perspicacité de l'archéologue moderne de décider, si cette fresque est l'original ou une copie que décrivit pour la postérité Bérose, le prêtre du temple de Bel à Babylone.

Pour comprendre l'interrelation entre l'homme et le système solaire dans lequel il vit, et dont il fait partie, considérons—sans entrer dans les détails—la correspondance qui existe entre les deux.

Notre terre, en tant que planète de ce système solaire, a trois mouvements—elle tourne sur son axe en 24 heures, elle effectue une révolution autour du soleil en 365 jours ¼ et, tout en participant au mouvement de l'ensemble du système solaire, elle parcourt le cycle sidéral en un peu plus de 25.800 ans.

On peut considérer le cycle diurne comme correspondant aux expériences quotidiennes du soi personnel inférieur. Le cycle quotidien de veille et de sommeil est, de tous les cycles, celui qui affecte le plus le corps humain qui requiert périodiquement alimentation, exercice et hygiène. Les habitudes peuvent varier, mais les périodes de veille et de sommeil sont presque les mêmes pour les catégories analogues d'intelligences humaines. Les semaines de 7 jours, formant les mois lunaires et les mois solaires, affectent la personnalité. Comme les flux et les reflux de l'océan terrestre sont influencés par les mouvements de la lune, notre « corps lunaire » [= la forme astrale produite par le principe des passions et désirs]est influencé par le cycle lunaire. Il y a aussi les années solaires et lunaires, avec leurs saisons. Ce cycle annuel peut être considéré comme correspondant à une incarnation de l'Ego individuel, chaque nouvelle naissance étant analogue à une nouvelle année. Enfin, le cycle sidéral correspond, par analogie, au cycle entier d'évolution de la monade humaine (Jivâtma). Ces cycles physiques sont la réflexion de cycles psychologiques. Nous pouvons rappeler un passage intéressant de La Doctrine Secrète relatif à la connaissance des anciens Égyptiens sur ce sujet :

C'est sur cette « connaissance » qu'était basés le programme des MYSTERES et de la série des Initiations. D'où, la construction des pyramides, témoignage permanent et symbole indestructible de ces Mystères et Initiations sur Terre, à l'image de la course des étoiles dans le Ciel. Le cycle de l'Initiation était une reproduction en miniature de cette grande succession de changements cosmiques, à laquelle les astronomes ont donné le nom d'année tropique ou sidérale. De même qu'à la fin du cycle de l'année sidérale (de 25.868 ans) les corps célestes retrouvent les mêmes positions relatives qu'ils occupaient à son début, de même, à la fin du cycle de l'Initiation, l'homme intérieur a regagné l'état originel de divines pureté et connaissance, d'où il était parti pour entreprendre son cycle d'incarnations terrestres.Moïse, un Initié à la Mystagogie égyptienne, basa les mystères religieux de la nouvelle nation qu'il fonda sur les mêmes formules abstraites dérivées de ce cycle sidéral, qu'il symbolisa sous la forme et les dimensions du tabernacle, qu'il est censé avoir construit dans le désert. Sur ces données, les Grands Prêtres juifs postérieurs édifièrent l'allégorie du temple de Salomon, un édifice qui n'a jamais eu d'existence réelle, pas plus que le roi Salomon lui-même, qui n'est qu'un mythe solaire, tout comme la figure plus récente d'Hiram Abif des Maçons, comme l'a bien montré Ragon. Par conséquent, si les mesures de ce temple allégorique, symbole du cycle de l'Initiation, coïncident avec celles de la Grande Pyramide, cela vient de fait qu'elles en dérivent par l'intermédiaire du Tabernacle de Moïse (The Secret Doctrine, Volume I, pages 314-315).Combien cette théorie nous rappelle la loi du mouvement planétaire qui cause la rotation de chaque globe sur son axe, des divers systèmes solaires autour de leur soleil respectif et qui fait suivre aux nuées d'étoiles une trajectoire commune autour d'un même centre. La vie et la mort, la lumière et les ténèbres, le jour et la nuit sur cette terre pendant qu'elle tourne sur elle-même et qu'elle traverse le cercle zodiacal, représentent les cycles mineurs et majeurs. Rappelez-vous l'axiome hermétique : « Ce qui est en bas est comme ce qui est en haut; ce qui est sur terre est comme ce qui est dans le Ciel ». (Isis Unveiled, volume I, page 294).

L'Humanité est composée de groupes d'individus. La Loi des Cycles affecte les individus non seulement isolément mais également en tant que groupes : embranchements raciaux des groupes tribaux, races-familles, sous-races, races-racines, globes, rondes et chaînes planétaires, systèmes solaires, galaxies, sont « les innombrables cercles mineurs » qui composent le Grand Cercle de l'Univers et dont l'image merveilleuse à été évoquée plus haut dans l'extrait d'Isis Dévoilée. Dans ce même ouvrage on lit :

Ils divisaient en cycles les interminables périodes de l'existence humaine sur cette planète. Pendant chaque cycle, l'humanité progressait jusqu'à l'apogée d'une brillante civilisation, puis retombait graduellement dans une abjecte barbarie. (Isis Unveiled, Volume I, page 5).Ces cycles, d'après la philosophie chaldéenne, n'affectent pas toute l'humanité d'une même manière, ni en même temps. (Isis Unveiled, Volume I, page 6).Platon divisait la marche du progrès intellectuel de l'univers au cours de chaque cycle, en périodes fertiles et périodes stériles. Il disait que dans les régions sublunaires [mondes spirituels supérieurs], les sphères des divers éléments restaient éternellement en parfaite harmonie avec la nature divine ; « mais leurs fragments détachés », à cause de leur trop grande proximité avec la terre et leur mélange avec l'élément terrestre (qui est matière et, par conséquent, royaume du mal) « sont parfois en harmonie, parfois en opposition avec la nature (divine) ». Lorsque ces mouvements... dans l'éther universel, qui contient chaque élément en lui-même, se produisent en harmonie avec l'esprit divin, notre terre et tout ce qui s'y rattache, jouissent d'une période fertile... Mais durant les périodes stériles... la vision spirituelle de la majorité de l'humanité est si aveuglée qu'elle perd toute notion des pouvoirs supérieurs de son propre esprit divin, (/sis Unveiled, volume l, page 247).

En appliquant la loi d'analogie et de correspondance, nous pouvons comprendre que le Cycle Karmique de l'humanité sur terre a ses sous-cycles analogue à ceux de ce globe dans ses mouvements de rotation, de révolution et de parcours sidéral, par lesquels : a) une classe d'intelligences soi-conscientes est en évolution, grâce à des réincarnations continuelles, b) une seconde classe d'êtres, qui apparaissent seulement à l'apogée des civilisations humaines et conformément aux cycles, a pour rôle de revivifier les idées innées qui devront être assimilées consciemment par l'ensemble de la race humaine au fil des cycles, c) une troisième classe est constituée par les Grands Avatars. Ce sont ces Êtres qui s'incarnent pour donner la Note tonique d'un nouveau Cycle de Construction, à la fin d'un cycle de destruction par des cataclysmes terrestres, intellectuels ou éthiques. La Doctrine Secrète, (The Secret Doctrine, Volume I, pages 640-641), cite et commente le passage très significatif suivant d'Isis Dévoilée (Isis Unveiled, Volume I, pages 34-35):

De même que notre planète accomplit chaque année une révolution autour du Soleil, tout en tournant sur son axe en vingt-quatre heures, en parcourant ainsi des cycles mineurs au cours d'un  cycle plus grand, de même l'œuvre des cycles plus petits se déroule et se répète durant le cours du Grand Saros.Selon la doctrine ancienne, le mouvement cyclique du monde physique, s'accompagne d'un mouvement analogue dans le monde de l'intellect—l'évolution spirituelle du monde procédant par cycles, comme l'évolution physique.Nous observons ainsi dans la marée du progrès humain, l'alternance régulière d'un courant de flux et de reflux. Les grands royaumes et empires du monde, après avoir atteint l'apogée de leur grandeur, re-tombent selon une loi identique à celle qui les avait fait progresser, jusqu'au moment où, ayant atteint le point le plus bas, l'humanité se ressaisit et progresse une fois de plus ; le degré de développement atteint étant, en vertu de cette loi de progression en cycles ascendants, un peu plus élevée que celui qu'elle avait avant sa chute.La division de l'histoire de l'humanité en Âge d'Or, d'Argent, de Bronze et de Fer, n'est pas une fiction. Nous observons la même chose évoquée dans la littérature des peuples. Une période de grande inspiration et de créativité inconsciente est immanquablement suivie d'une période de critique et de raison froide. L'une fournissant à l'autre la matière pour l'analyse et la critique intellectuelle.Ainsi, toutes ces grandes figures historiques de l'humanité, comme le Buddha-Siddârtha, et Jésus, dans le domaine spirituel, et Alexandre le Grand ou Napoléon, dans le domaine des conquêtes terrestres, ne sont que des images réfléchies de types humains qui avaient existé dix mille ans auparavant [...] et qui sont reproduites par les pouvoirs mystérieux qui contrôlent les destinées de notre monde. Il n'y a pas d'éminente figure dans les annales de l'histoire sacrée ou profane dont on ne puisse trouver le prototype dans les traditions religieuses ou les mythologies, mi-fictives et mi-réelles, du lointain passé. Comme l'étoile scintillante perdue dans l'immense profondeur du ciel, à une distance incommensurable, étincelle au-dessus de nos têtes, et se réfléchit sur les eaux calmes d'un lac, de même les images produites par les hommes dans des périodes antédiluviennes se réfléchissent dans les âges historiques que nous connaissons.« Ce qui est en bas est et qui est en haut. Ce qui a été, reviendra. Il en est sur terre comme au ciel »   {smooth-scroll-top}

Deux conclusions importantes de cette étude sur la Loi des Cycles peuvent se résumer ainsi :

1°) Nous sommes les créateurs de certains cycles : par l'opération du karma individuel, nous traçons le cercle de nos réincarnations individuelles ; par nos actions collectives, nous traçons les cycles de contraction ou d'expansion de ce qui sera la croissance ou le déclin de la communauté ou de la nation ; par le karma spirituel, nous progressons lentement mais sûrement, vers le bord du « Cercle primordial » — qui est le Nirvâna [= l'état d'existence absolue et de conscience absolue dans lequel l'Ego d'un homme qui a atteint le plus haut degré de perfection et de sainteté au cours de la vie entre, après la mort du corps, ou exceptionnellement pendant la vie, comme ce fut le cas de Gautama le Buddha et d'autres Sages, (d'après le Theosophical Glossary)] lorsqu'on y entre soi-consciemment et le Pralaya [= une période d'obscuration ou de repos entre deux périodes de manifestations] lorsqu'on y entre inconsciemment.

2°) Chaque être humain vit en étroite communion avec la Nature, évolue au milieu de la Nature et doit réaliser que son Être est la Nature. De roue en roue, de cycle en cycle, la Vie Une en manifestation trace le Cercle du Temps dans l'Espace Abstrait, qui est la Durée. Il est dit dans la Voix du Silence (pages 46 à 48) :

Veux-tu devenir un Yogi du « Cercle du Temps » ? Alors, ô Lanou,Ne crois pas que s'asseoir dans des forêts sombres en une orgueilleuse solitude et à l'écart des hommes, ne crois pas que vivre de racines et de plantes, qu'étancher sa soif avec la neige de la Grande Chaîne, ne crois pas, ô consacré, que cela te conduira au but de la libération finale.Ne pense pas que briser les os, déchirer la chair et les muscles, puisse t'unir à ton « Soi silencieux » [= le « Soi Supérieur », le « septième » principe]. Ne pense pas, ô victime de tes ombres [les Écoles mystiques appellent « ombre » notre corps physique], que ton devoir soit accompli envers la nature et l'homme une fois que sont vaincus les péchés de ta forme grossière.Les Bénis n'ont jamais agi ainsi. Quand il eut découvert la vraie cause de la douleur humaine, le Lion de la Loi, le Seigneur de Miséricorde [= Le Bouddha], abandonna aussitôt le doux mais égoïste repos des tranquilles lieux sauvages. D'âranyaka [= un ermite qui se retire dans la jungle et vit dans une forêt où il pratique le Yoga]. II devint l'Instructeur du genre humain. Après être entré au Nirvâna, Julai [= Le Bouddha] prêcha par les monts et par les plaines et fit dans les cités des discours aux Deva, aux hommes et aux dieux [Note : Toutes les traditions, du Nord comme du Sud, s'accordent sur le fait que le Bouddha abandonna sa solitude et instruisit publiquement l'humanité dès qu'il eut résolu le problème de la vie, c'est-à-dire dès qu'il eut reçu l'illumination intérieure].Sème des actions de bonté et tu moissonneras leurs fruits. L'inaction dans un acte miséricordieux devient action dans un péché mortel.Ainsi parle le Sage.T'abstiendras-tu d'agir ? Ce n'est pas ainsi que ton âme obtiendra sa liberté. Pour gagner le Nirvâna il faut atteindre la Soi-Connaissance, et la Soi-Connaissance est l'enfant d'actions aimantes.Sois patient, candidat, comme celui qui ne craint pas l'échec, ne courtise pas le succès. Fixe le regard de ton âme sur l'étoile dont tu es un rayon [d'après l'enseignement ésotérique, chaque Ego spirituel est un rayon d'un « Esprit Planétaire »], l'étoile flamboyante qui brille dans les profondeurs sans lumière du Toujours-être, les champs illimités de l'Inconnu. 

[Article publiés dans le Cahier Théosophique, n°10, © Textes Théosophiques, Paris]


Article de B.P. Wadia, "La Loi des Cycles" : [D'après une étude publiée dans la revue américaine Theosophy (Volume XIII, n°7, May 1975, pages 320-326) sous le titre « Studies in the Secret Doctrine — The Law of Cycles »].

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