La vie droite - La vie consciente en Esprit - La Vie spirituelle -
La Vie droite
La Vie consciente en Esprit
La Vie spirituelle selon la Théosophie
La Vie droite
« Désire ardemment le pouvoir.
« Mais le pouvoir que le disciple convoitera sera celui qui le fera
« paraître comme rien aux des hommes. » - La Lumière sur le Sentier
Le leurre du progrès personnel est une puissante tentation. À chaque pas de l’étude théosophique, nous rencontrons cet avertissement quelquefois directement, le plus souvent indirectement. Le sujet même sur quoi porte l’étude éveille le désir de croissance. Nous parlons ordinairement de croissance spirituelle et, partant de là comme point de départ, nous allons et allons, disant et faisant une chose ou l’autre – « pour le bénéfice de l’Âme » ! Même quand nous nous rappelons que le grand but indiqué par la Théosophie n’est pas le progrès, mais le service de l’humanité, nous sommes influencés par des idées qui nous disent que pour servir on doit avoir la connaissance et la capacité ; que le service même que nous rendons – oh ! Si humblement – produit des résultats spirituels dans l’éveil de notre Âme, etc.… Comme il y a un fond de vérité dans de telles idées, nous sommes ensorcelés, et nous oublions qu’en recherchant des résultats ou en notant de tels bénéfices, nous nous environnons des fumées du soi. Dans cette marche en avant, si nous ne nous contrôlons pas, nous perdons de vue le but, et c’est la progression qui devient notre objectif. Nous avons pris un détour vers la Gauche.
Le Désir du Pouvoir est une chose, et le désir des pouvoirs en est une autre. Nous concevons le Pouvoir de Servir comme possédant d’innombrables pouvoirs du corps, de la psyché et du noüs. Pour un service réel, universel, impersonnel, le pouvoir que nous devons développer est « celui qui nous fera paraître comme rien aux yeux des hommes ». Service universel signifie service de l’humanité, vulgaire ou élevée, ignorante ou instruite, sans aucune distinction. Service impersonnel signifie le service où notre soi personnel n’impose pas sa réponse, où son visage n’est même pas aperçu ; en termes positifs, cela veut dire le service rendu par l’âme spirituelle, Buddhi-Manas est le cœur, l’organe caché qui sert le corps depuis la naissance jusqu’à la mort. Son existence elle-même n’est pas perçue aussi longtemps qu’un contretemps quelconque ne vient pas troubler son service silencieux et discret.
Il est naturel qu’en servant la Cause de la Théosophie nous fassions la connaissance de telle personne ou de telle association. Seuls les Grands Adeptes montrent pleinement la vérité qui se cache sous cet axiome que nous devrions paraître comme rien aux yeux des hommes. Sans cela leur Travail lui-même souffrirait et l’accomplissement des Devoirs auxquels Ils sont appelés, en tant que Magiciens Divins, deviendrait impossible. Un Maître a écrit ces mots :
« Comment votre monde pourrait-il collectionner les preuves des travaux d’hommes qui ont gardé soigneusement closes toutes les portes possibles par lesquelles les curieux auraient pu les espionner ? La condition première de leur succès était de n’être jamais surveillés ou entravés. Ce qu’ils ont fait, ils le savent ; tout ce que pouvaient percevoir ceux qui étaient hors de leur cercle c’étaient des résultats dont les causes demeuraient cachées à leur vue » (Mahatma Letters, “First Letter of K.H. to A.O. Hume”).
Une des raisons pour lesquelles la règle dit au disciple de désirer le pouvoir qui le fera paraître comme rien aux yeux des hommes est que le leurre de l’égotisme-ahankara est son plus dangereux ennemi. C’est un ennemi subtil. Étant exactement à l’opposé de cette attitude consistant à « paraître comme rien aux yeux des hommes », l’orgueil et la vanité qui naissent de l’égotisme ont l’apparence de l’humilité. Notre égotisme ne se cache qu’à notre vue ; il clame avec véhémence son existence au monde entier.
Chaque étudiant sincère de la Théosophie doit se discipliner lui-même et adopter quelques exercices pour sa vie quotidienne afin de pouvoir acquérir la connaissance et la disséminer pour le bénéfice des autres ; afin aussi de donner un exemple de vie droite. Les règles de Discipline à adopter devraient être déterminées par chacun pour soi-même. On trouve un vaste nombre d’enseignements pratiques offerts dans la littérature théosophique ; mais ni H.P. Blavatsky ni M. Judge n’ont établi un programme disant à l’aspirant : « Faites ceci, ne faites pas cela. » Tout étudiant dévoué se trouve embarrassé et dit, comme Arjuna : « Tes paroles qui me semblent ambiguës troublent ma raison : choisis donc la voie la meilleure pour atteindre au bonheur et indique-la moi clairement ! » (Bhagavad Gita, III, 2).
En choisissant les règles pour notre propre discipline, nous révélons notre discrimination et notre discernement qui appartient à Buddhi-Manas et aussi leur opposé – l’égotisme – qui appartient à Kama-Manas. Bien que la Théosophie ait indiqué en une centaine de passages que la lutte est dans le mental, et que l’ennemi est l’égotisme, l’application de cette instruction nous échappe souvent. Nous répétons l’enseignement métaphysique – l’évolution est de l’intérieur à l’extérieur – mais dans la pratique nous changeons souvent l’ordre des choses et pensons au corps au lieu de penser au mental. Il y a là un début d’Hatha-yoga. La Science Royale, Raja-Yoga, préconise la pureté du mental et de la conduite morale, et conseille de surveiller le développement de cette pureté telle qu’elle se manifeste dans la propreté du corps et la domination des sens. Mais là encore, bien des étudiants renversent les rôles et s’imaginent que la propreté physique nettoiera aussi la nature morale, qu’une pure nourriture donnée au corps développera les pouvoirs de l’âme, etc.… Nul mental propre ne conservera un corps malpropre, mais bien des corps propres portent en eux-mêmes des mentaux très malpropres. Tout sage protège son cerveau contre les fumées de l’alcool, mais tout abstinent ne devient pas un sage.
Un des traits saillants du véritable Raja-Yoga est qu’en tout temps et en toutes circonstances il rend le disciple capable d’observer la règle de paraître comme rien aux yeux des hommes. Si nous nous en souvenions en choisissant nos pratiques de Discipline, nous éviterions de tomber dans bien des pièges.
Dans son merveilleux livre d’Instructions Occultes, Lettres qui m’ont Aidé, W.Q. Judge écrit :
« Les Maîtres ont dit que le grand pas à franchir consiste à apprendre à se dégager de l'ornière où chacun se trouve, de façon innée et par l'effet de l'éducation, et à combler les anciens sillons. Cette injonction a été mal interprétée par certains qui l'ont appliquée aux seules habitudes extérieures de la vie, en oubliant que son application réelle concerne les ornières mentales, et aussi astrales. » (p. 100)
Les ornières et les routines psychiques de la pensée sont les causes des tendances et des habitudes extérieures. En modifiant les anciennes habitudes et en en créant de nouvelles, nous nous purifions. C’est un processus intérieur et, en entreprenant cette tâche, il faut éviter d’en faire parade devant ses parents et amis. M. Judge écrit :
« L'un mange de la viande, un autre n'en mange pas. Ni l'un ni l'autre n'est absolument dans le vrai, car le royaume des cieux ne vient pas de la viande, ni de son absence. Un autre fume, un autre encore s'en abstient ; aucun des deux n'est absolument dans le vrai ni dans le faux, puisque fumer peut-être bon pour l'un et mauvais pour l'autre ; l'homme vraiment cosmopolite laisse à chacun la liberté d'agir comme il l'entend dans ces questions. Essentielles sont seulement les choses pour lesquelles le véritable Occultisme et la Théosophie exigent que l'on soit d'accord, tandis que des questions d'ordre transitoire, telles que la nourriture et autres habitudes journalières, ne sont pas essentielles. C'est une erreur aussi de trop faire étalage de son mode particulier de vie ou d'action. Dans un tel cas, tout le monde est excédé, et rien d'efficace ou de durable n'en résulte, en dehors d'une impression de maniaquerie. » (Lettres qui m’ont Aidé , pp. 99/100).
L’Occultisme pratique consiste à mener constamment la lutte sur le champ du mental et la victoire que l’on gagne dans ce domaine se concrétisera doucement et harmonieusement dans le monde extérieur. L’aspirant théosophe est capable de se tromper tout autant que les moines chrétiens, les fakirs musulmans et les yogis hindous l’ont fait dans le passé. « Sortez du milieu d’eux et en outre soyez distinct des autres (en référence à Saint Paul, Épitre aux Corinthiens) est une injonction occulte ; nos Maîtres Théosophiques ont aussi dit « Sortez de votre monde pour entrer dans le nôtre. » Cela ne veut pas dire que nous devons transporter notre corps d’une place à une autre, mais que nous devons transporter l’activité de notre mental hors des vieilles ornières et lui faire tracer de nouveaux sillons dans un nouveau sol. Faire évoluer le corps avant le mental aboutit à du Hatha-yoga ; le Grand Bouddha Lui-même lutta mentalement avant de transporter Son corps du palais à la jungle, et lutta encore mentalement avant de transporter Son corps de l’ombre de l’arbre Bodhi aux plaines du service humain.
Un des premiers exercices de l’Occultisme pratique, tout à fait approprié à notre cycle que l’aspirant peut et doit entreprendre, est de construire son propre foyer en gagnant son existence, en établissant ainsi son droit à vivre la vie théosophique, sans entrave, en toute liberté. Gagner honnêtement son existence est un des degrés du Noble Chemin Octuple du Bouddhisme. Il offre une occasion merveilleuse pour l’entraînement du soi, de même que pour le service théosophique. Il permet aussi à l’étudiant de persévérer sans attirer l’attention sur soi-même. Être dans ce monde sans être de ce monde est une chose facile si l’on choisit la voie du mendiant ; il y en a des millions dans l’Inde. Mais un parasite n’est pas un serviteur spirituel de l’humanité. Le foyer est l’endroit où l’étudiant peut pratiquer la Théosophie et le véritable ascétisme, et accomplir tout cela en paraissant comme rien aux yeux des hommes – à la condition que ce soit son propre foyer. L’occultisme considère le mariage comme un sacrement parce que, entre autres raisons, il peut et doit être utilisé pour créer un nouveau foyer, un centre dont irradie l’influence théosophique, dans un silence constant, pour le bien du monde. Le mariage est souvent considéré comme une chaîne ; les étudiants doivent le regarder comme l’occasion qui leur est offerte de construire leur propre foyer. Un Anglais pare orgueilleusement sa maison du titre de château, parce qu’il peut s’y enfermer loin du monde. Un aspirant doit apprendre à faire de son foyer un château où il observe sa discipline, non pour sa croissance ou son bénéfice personnel ni pour sa paix mentale, mais pour le service de tous. Apprendre à avoir de bons rapports avec nos proches est le premier pas pratique sur le chemin de la Fraternité Universelle. Quelle meilleure place que le foyer pour se préparer en silence et en secret, de façon à pouvoir nous consacrer au Grand Service ? « Ce sont des hommes, et non des maîtres de cérémonies, que nous recherchons, du dévouement et non de simples observances », écrivit le Mahatma K.H.
« Paraître comme rien aux yeux des hommes » – c’est un des secrets que tous les grands instructeurs ont enseignés par l’exemple. H.P. Blavatsky parut moins que rien aux yeux du monde. Les dérisions que lui prodigua le monde influencèrent quelques-uns de ses amis et collègues qui ne surent pas discerner qui et ce qu’elle était sous les apparences. N’est-il pas étrange qu’après avoir entendu un des plus magnifiques exposés d’instruction spirituelle, Arjuna demande : « Quels sont, ô Keshava, les caractères de l'homme sage et consacré, fixé dans la contemplation et confirmé dans la connaissance spirituelle ? Que pourrait enseigner un pareil sage ? Où pourrait-il demeurer ? Agit-il et vit-il comme les autres hommes ? » (Bhagavad-Gitâ, II, 54). Il ne vint même pas à l’esprit d’Arjuna qu’un tel Homme se tenait devant lui. Pourquoi ? Parce que Krishna le Sage Se fit paraître comme rien aux yeux des hommes. Les Sages paraissent dans le monde des mortels, mais combien comprennent ce que signifie leur apparence ? Dans un poème intitulé « Krishna », Æ. Qui vient de mourir récemment et qui était un ami et un admirateur de W.Q. Judge, s’exprimait ainsi :
« Je m’arrêtais au seuil de la cabane et vis
« Le Roi des Rois jouant ;
« Étendu dans l’herbe, je l’épiais,
« Le petit vagabond céleste.
« La mère riait à son enfant,
« Égayée par son aube enchantée,
« Et pourtant les Sages parlent de Lui
« Comme de l’Ancien, qui n’est pas né. »
Qui était Krishna ? Aja, Celui qui n’est pas Né, ou Govinda, le berger ? Qui était-Il ? Achyuta – l’Immortel « qui ne peut faillir », ou le jeune garçon qui volait le lait caillé et cassait les pots à Brindaban ? Qui était-il quand il dansait avec les Gopis, et quand Il mena Arjuna et l’armée des Pandavas à la Guerre ? Ne nous offre-t-il pas un exemple à suivre ? Ne dit-il pas avec la Voix du [Grand] Silence : « Le Pouvoir que le disciple convoite est celui qui le fera paraître comme rien aux yeux des hommes » ?
Cet article est traduit du Theosophical Movement, vol. VI. novembre1935,
il fut publié en français dans la Revue Théosophie – XIV – n°6. [Retour Sommaire]
La vie consciente en Esprit
« Lorsqu’à lui-même sa forme paraîtra non réelle comme au réveil paraissent les formes vues en rêve ;
« Lorsqu’il aura cessé d’entendre la variété, il pourra discerner l’UNIQUE, le son intérieur qui tue l’extérieur.
« Alors, et alors seulement, il abandonnera la région d’Asat, le faux, pour entrer dans le royaume de Sat, le vrai ! » - La Voix du Silence.
Saint Paul, un Initié, écrivit ces mots dans le troisième chapitre de son Epître aux Colossiens : « Attachez-vous aux choses d’en haut, et non à celles qui sont sur la terre. Car vous êtes morts, et votre vie cachée avec Christ en Dieu » Ces paroles s’appliquent à la plupart des hommes et des femmes de notre civilisation moderne. Que veulent dire ces mots, interprétés selon la théosophie ? - « Vous êtes personnellement de la matière morte et votre vie est cachée dans votre Ego Divin (Christos), en Dieu, ou immergée en Dieu (Atman) ; maintenant il s’est éloigné de vous, ô gens sans âme. »
Du point de vue ésotérique, les Morts sont fort nombreux, les Régénérés extrêmement rares ; mais déjà un certain nombre a été éveillé ; et cela est dû principalement à la Mission Sacrée de H.P. Blavatsky, qui est venue, une fois de plus, frapper la note tonique des diverses Vérités Esotériques parmi les groupes de chercheurs.
Tous ceux dont l’esprit est touché par l’une quelconque de ces Vérités Esotériques sont des êtres éveillés ; ils forment le premier substratum du Royaume des Vivants. Au tout premier stade, ils reconnaissent que « la vie est quelque chose de plus que la simple Existence Physique ». Mais ce qu’ils ne comprennent pas facilement, c’est la nature de cette Vie, ce qu’elle représente de différent de « l’existence physique ». A cause de l’atavisme, du Karma, et en particulier de l’éducation première et de l’instruction, l’étudiant est si fermement ancré dans sa nature inférieure qu’il est enclin à la considérer comme son âme véritable. Même après avoir étudié les propositions psychologiques et philosophiques et reconnu qu’en essence et substance il est divin, il n’essaie pas avec assez de sérieux et d’ardeur de se centrer lui-même en cette divinité.
On parle de l’Âme Personnelle et de l’Âme Individuelle, mais parce qu’il existe entre elles le lien d’un facteur commun, on commet souvent une grave erreur, qui consiste à croire que le fait de subjuguer l’inférieur a la même valeur que le fait de cultiver le supérieur. Or travailler sur l’Âme Personnelle est tout autre chose que de travailler avec elle. Dans le premier cas, l’Existence et le Pouvoir de l’Âme Individuelle entrent en jeu. C’est là qu’on oublie la signification intérieure – dont l’importance vitale est exceptionnelle – de la réponse d’H.P. Blavatsky, à une question sur le dilemme d’un étudiant appelé sous les drapeaux. Dans les extraits de ses Lettres, publiés sous le titre « Morte, Elle nous Parle Encore » (Cahier Théosophique n°82) – extraits qui devraient être étudiés et réétudiés pour préparer le Jour du Lotus Blanc – nous lisons ceci :
« Que veut dire cette histoire de soldat qui n’est pas libre ? Naturellement, aucun soldat n’est libre d’aller où il veut dans son corps physique. Mais qu’est-ce que l’enseignement ésotérique a à voir avec l’homme extérieur ? Un soldat peut être cloué à sa guérite, comme une balane à la coque d’un navire, et l’Ego du soldat libre d’aller où il veut et de penser ce qu’il désire… »
« Qu’a l’enseignement ésotérique à voir avec l’homme de chair ? » Que peut faire une balane, sinon aller où le vaisseau l’emmène ? Mais nous sommes si habitués à vivre, à nous mouvoir, à avoir notre existence dans notre Âme Personnelle que l’Ego devient comme une balane attachée aux mouvements de l’égotisme incarné. C’est ce qui se produit aussi lorsque l’étudiant tente de donner l’enseignement ésotérique à l’homme de chair, l’homme externe. Que l’étudiant tire les vraies conclusions de ses réflexions sur les Sept Principes de l’Homme, ainsi qu’ils sont exposés dans l’Océan de Théosophie (Chapitres IV à VII), dans la Clef de la Théosophie (Sections VI et VII). A-t-il pu en extraire la conclusion suivante ? Sinon, qu’il étudie davantage, jusqu’à ce qu’il ait trouvé que :
L’homme inférieur est le produit combiné de deux aspects : a) physiquement, de sa forme astrale, et b) psycho-physiologiquement, de Kama-Manas ; par conséquent, il ne doit même pas être considéré comme aspect, mais comme une illusion.
Il est hautement nécessaire de reconnaître que l’Âme Personnelle est une illusion, pas même un aspect, mais une illusion. Dès que l’on a une perception de cette importante vérité pratique, les mots « La Vie est quelque chose de plus que l’Existence Physique seule » offrent une nouvelle signification, si la vie personnelle est une illusion ; si le fait de manger, boire, jouir, et souffrir, centré dans l’Âme Personnelle, est Maya, qu’est donc la vie réelle ?
La vie réelle réside dans la connaissance spirituelle de cette vie, dans l’existence consciente en Esprit, non dans la Matière. La Voix du Silence dit : « Le Soi de la Matière et le Soi de l’Esprit ne peuvent jamais se rencontrer. L’un des deux doit disparaitre, car il n’y a pas place pour les deux. » L’existence dans la Matière ou dans l’Âme Personnelle est possible. L’existence en Esprit ou dans l‘Âme Individuelle est possible. Mais vivre en même temps dans la Matière et l’Esprit est impossible. Un Maître a dit : « La vie consciente en Esprit est aussi difficile pour certaines natures que la nage est difficile pour certains corps. » L’étudiant a choisi de vivre une vie consciente en Esprit. Mais comment va-t-il former le cours de sa pensée, de sa volonté, de ses sentiments, de manière à faire son choix – et c’est un choix très grave ? Ce choix est l’acte qui l’appelle à l’existence – le trait d’union entre les Vivants et les Morts. A moins que l’étudiant ne tente de pratiquer avec persévérance la vie en Esprit, il glissera de nouveau dans la sphère des Morts. La vie en Esprit doit être une vie consciente ; tous ont l’existence dans l’Esprit, mais tous n’ont pas l’existence consciente en Esprit. Tous les hommes sont dans un état de soi-conscience, mais tous ne sont pas des Êtres conscient du Soi.
Deux formules de valeur peuvent nous aider à nous maintenir éveillés :
1° La mort véritable consiste en une perception limitée de la vie, en l’impossibilité de concevoir l’état de conscience ou même l’existence individuelle en dehors de la forme, ou tout au moins d’une forme matérielle quelconque. Acceptons donc sincèrement la possibilité d’une vie consciente complètement distincte de la matière et de la substance du cerveau.
2° Apprenons à évoquer une noble pensée, une grande aspiration, l’amour divin et immortel, car ces trois qualités sont une émanation directe de l’Ego Supérieur et elles ne peuvent pas provenir de l’Ego Supérieur pour pénétrer dans le cerveau de l’homme terrestre. Tout le reste, quel que soit l’aspect qu’il puisse revêtir, provient du mental inférieur, en association et unisson avec Kama, et se dissout et disparaît au seuil du Dévachan (la période béatitude posthume).
Dans le sang et le cerveau de l’étudiant-aspirant s’engage une « lutte farouche entre les vivants et les morts », entre « l’Ego Supérieur immortel et l’Ego inférieur et personnel ». Dans la vaste Nature, une lutte semblable s’engage entre les forces de la Lumière et celles de l’Ombre. Dès le commencement, la position réelle doit être affirmée : chaque homme doit décider et proclamer qu’il est le Supérieur. Car si l’on ne prend pas exactement position et si le mental n’est pas constamment dirigé vers la vérité que le Soi intérieur est le Suprême, nous ne pouvons pas commencer à travailler de l’intérieur à l’extérieur, ni nous séparer de ce qui est inférieur.
Le Miroir de la Magie donne ces réflexions sur ce sujet :
« Ce monde est le Désert des Morts. Il est plein d’oasis – l’ombre des palmiers verts autour d’un lac frais et tranquille tente le pèlerin fatigué, augmentant la soif qu’il désire apaiser.
« Les morts sont nombreux. De mort en mort, les Morts vont sans fin ni trêve.
« Les Régénérés sont une poignée. Ils appartiennent au Royaume des Vivants. De la mort à la Vie les Vivants passent toujours.
« Mais la Mort est présente dans le Royaume des Vivants. Prends garde, ô Disciple, à la Lumière qui s’éteint, au Parfum qui s’évapore, au chant qui cesse, à la connaissance qui disparaît. Laisse le cimetière des Morts derrière toi.
« Éveillé au Royaume de Lumière, résiste à la tentation de l’ombre des grands palmiers verts qui se mirent aux bords du lac frais et calme. Le langage des Morts est semblable à une mélodie qui enchante et ensorcelle.
« Dissipe les ombres de la tombe que tu laisses derrière toi, de peur qu’elles ne te jettent un charme. Regarde vers les profondeurs de l’Aube de la Lumière Eternelle.
« Éveillé au Royaume de Lumière, absorbe par osmose la Sagesse des Êtres Lumineux qui ne projettent pas d’ombre et apprends à vivre comme Eux. »
Cet article est traduit du Theosophical Movement, avril 1937. [Retour Sommaire]
La vie spirituelle selon la Théosophie
Ce qu’elle n’est pas – Comment commencer ?
En Orient et en Occident, il y a beaucoup d’hommes et de femmes qui désireraient changer et améliorer leur mode de vie. Certains n’avouent pas qu’ils cherchent le sens de la vie, le sens qui augmenterait son intérêt et surtout son utilité. Si nous mettons de côté les préjugés et les préférences et si nous commençons à examiner les idées du monde en général, sur la Vie Supérieure de l’Ame, nous trouvons beaucoup de conceptions, non seulement fausses, mais vraiment dangereuses. Car les personnes originales et fantasques essayent de justifier leur mode de vie en faisant croire qu’elles sont différentes et extraordinaires ; qu’elles suivent une instruction particulière, qu’elles tâchent d’atteindre quelque chose bien au-dessus de la portée du commun des mortels. Il est donc nécessaire de considérer quelques-unes de ces fausses conceptions si répandues sur la vis spirituelle, et de regarder le réel idéal à la lumière de cette antique immémoriale.
Nous voyons que l’on considère souvent la vie religieuse comme synonyme de la vie spirituelle. On dit qu’un homme orthodoxe qui observe les rites et les cérémonies de sa propre religion, est un homme pieux et dévoué ; quelquefois on l’appelle même une âme élevée. Est-ce que la vie religieuse est semblable à la vie de l’âme ? D’abord, nous voyons que dans toutes les religions il y a des bons et des mauvais, des égoïstes et des altruistes, et quelquefois ceux qui suivent plus strictement leur religion ne sont pas toujours les plus altruistes. Puis, nous trouvons un autre fait singulier : chaque religion orthodoxe prescrit des cérémonies, des rites et des pratiques différents. Il semblerait donc que la vie spirituelle dépend de l’observance d’une religion, cette vie n’est pas à la portée de tout homme et de toute femme. Des idées absolument opposées les unes aux autres sont enseignées aux fidèles des nombreuses religions du monde. Dans l’Inde, par exemple, ceux qui adorent Vishnou ont leurs cérémonies et elles sont différentes de celles de leurs frères qui adorent Shiva. Si nous nous tournons vers l’Occident nous voyons que le catholique a des rites et des pratiques que ces frères d’autres sectes religieuses considèrent fausses. De plus, les rites de la Chrétienté diffèrent de ceux des religions orientales. Le Chrétien adore la Croix, le Musulman le Croissant et le Parsi n’adore ni la Croix ni le Croissant mais le Feu. Ceux qui adorent ces divers symboles ne comprennent pas très bien ce que signifient la Croix, le Croissant ou le Feu. L’histoire nous montre que les fidèles de ces différentes religions orthodoxes se sont battus les uns contre les autres. Nous savons que l’adorateur de la Croix attaqua l’adorateur du Croissant et qu’à son tour celui-ci essaya de chasser au fil de l’épée, l’adorateur du Feu. Nous connaissons toutes les guerres et les conflits qui, au nom de la religion, ont séparé les hommes. Comment ces religions orthodoxes qui mettent une barrière entre elles, pourraient-elles former la base de la vie profonde de l’Ame qui unirait dans la paix, les hommes et les femmes sans distinctions de race, de religion ou de nationalité ? Si nous voulons comprendre la signification de la vie spirituelle, il faut d’abord essayer de trouver sa base universelle. Aucune loi de la nature, aucun processus n’agit par caprice. La nature est uniforme et ne tient pas compte des pensées ni des conditions des hommes. Le soleil brille pour tous ; la loi de gravité agit sur tout ; l’eau humecte et le feu brûle tout. Puisque ceci est vrai, la première étape qui précède le commencement de la vie spirituelle est de mettre de côté les notions étroites et erronées des religions qui séparent les hommes au lieu de les unir. Et nous pouvons agir ainsi en abandonnant les interprétations religieuses, sectaires et orthodoxes. Jésus n’est pas venu établir une église ni fonder une religion orthodoxe. Si nous nous tournons vers le véritable enseignement chrétien, nous voyons que Jésus, ainsi que tous les autres grands Instructeurs du monde, les Sauveurs de l’humanité, essaya de montrer la voie. C’était la mission de Krishna, de Bouddha, de Zarathustra, de Pythagore, de Jésus, de H.P. Blavatsky. Tous les grands Instructeurs du monde ont essayé de montrer aux hommes comment briser le sectarisme orthodoxe, comment commencer à vivre la vie spirituelle. Mais ce commandement de tous les Instructeurs de sortir des rangs et de se séparer, de suivre le sentier spirituel a été mal interprété.
Ceci nous conduit à une seconde conception erronée sur la vie spirituelle. On croit que celle-ci signifie se retirer dans la jungle ou sur le haut d’une montagne, abandonner les intérêts des hommes, se séparer de leur vie, de leurs pensées et de leur souffrance. C’est absolument faux. Il est vrai que nous devons nous isoler, nous séparer, mais c’est une tout autre séparation ; nous devons nous séparer des tendances les plus basses de notre propre nature diabolique. La plainte habituelle est : comment pouvons-nous obtenir la pureté au milieu de l’agitation et de la lutte de notre civilisation moderne ? – Nous devons partir, abandonner nos possessions matérielles et entrer dans des couvents, des monastères des ashrams ou des mathas. La vie simple est tout autre chose que ce que l’on croit en général. S’il est vrai, comme cela a été prouvé tant de fois, que plus l’homme est près de l’église orthodoxe, plus il est éloigné de Dieu, il est aussi vrai que dans les monastères et les couvents naît la corruption, une profonde corruption spirituelle. Se retirer ne veut pas dire un changement de milieu, mais un changement d’attitude intérieure. Cependant, nous séparer des hommes n’implique pas que nous devons négliger le service des autres. Comme le dit La Voix du Silence : « L’égoïste dévot sans but. L’homme qui n’accomplit pas la tâche à lui échue dans la vie, a vécu en vain. Suis la roue de la vie ; suis la roue du devoir envers race et famille, ami et ennemi, et ferme ton esprit aux plaisirs comme à la peine. Epuise la loi de rétribution karmique. Gagne des Siddhis pour ta future naissance. »
Une autre fausse conception sur la vie spirituelle : on croit que certaines pratiques extérieures et certaines étranges coutumes, des pratiques physiologiques, etc., impliquent une vie spirituelle. On sait que la Théosophie est une grande philosophie qui essaye de montrer à ses disciples et ses étudiants de meilleurs modes de vie : par conséquent, il n’est que naturel que ceux qui ne connaissent rien sur les enseignements de la Théosophie, forment leur jugement en observant la vie de ceux qui s’appellent Théosophes. Ceci est logique. On ne peut s’empêcher de juger une philosophie par les actes de ceux qui se disent des dévots de ce système de pensée. Mais parce qu’il y a eu tant de gens qui se sont appelés Théosophes, et qui n’en n’avaient pas le droit, on croit que la Théosophie est un code immoral de conduite, et ceci à cause des pratiques qui ont été recommandées au nom sacré de la Religion Sagesse… Il nous serait utile à tous d’essayer de répondre à quelques-unes des objections et des questions que posent les critiques sur certaines coutumes identifiées avec les enseignements de la Théosophie. En quelque lieu que nous allions, des questions sur certaines pratiques surgissent. On demande si le végétarisme est nécessaire pour vivre la vie spirituelle. Est-ce que tous les étudiants de la Théosophie doivent devenir des végétariens ? Pourquoi faut-il abandonner toute boisson alcoolique ? Pouvons-nous fumer ? Et qu’est-ce que la Théosophie enseigne sur le mariage et les relations sexuelles ? Ces questions sont les plus fréquentes.
Est-ce que le végétarisme est nécessaire pour vivre la vie spirituelle ? Quelle est la réponse de la Théosophie ? – « Pas du tout ». D’abord, la Théosophie étant une philosophie et une science universelle, n’impose jamais des règles strictes et précises d’une façon arbitraire à ses étudiants et ses disciples. Si l’évolution de l’âme n’était qu’une question de végétarisme, si c’était aussi simple que cela, il y aurait beaucoup plus d’Adeptes spirituels dans le monde. Et n’oubliez pas que tous les chevaux et toutes les vaches sont des végétariens !
Quoique vous puissiez lire dans les livres soi-disant théosophiques, c'est-à-dire, dans la littérature pseudo-théosophique, vous ne trouverez pas dans les livres vraiment théosophiques l’injonction formelle de devenir végétarien. Mais ne vous trompez pas et n’allez pas croire que le conférencier mange de la viande. Le conférencier était végétarien pour des raisons scientifiques, hygiéniques et morales, bien avant de venir à la Théosophie. Examinez la question et quand vous serez convaincu que le végétarisme est meilleur, alors adoptez cette pratique. Ne commencez pas à l’envers en adoptant des pratiques physiologiques et ensuite ne vous croyez pas supérieurs au commun des mortels. C’est une conception absolument fausse, et comme nous le dit Madame Blavatsky dans La Clef de la Théosophie, les pratiques physiologiques sont bien moins importantes que ce qu’un homme ressent. Inquiétons-nous de nos pensées et de nos sentiments d’abord, et quand il y aura un peu de pureté dans notre mental et dans nos émotions, alors seulement devrons-nous penser à des règles ascétiques dans notre vie extérieure. Commencez-en dedans de vous-mêmes. Corrigez l’homme intérieur et ne croyez pas que seules des coutumes physiques et des pratiques extérieures peuvent donner la spiritualité ou la lumière. L’évolution s’accomplit du dedans au dehors, et à moins que nous ne nous énergisions nous-mêmes et que nous comprenions ce que nous essayons de faire, il vaut mieux laissez TOUTES pratiques et coutumes de côté. Il y a beaucoup de malentendus : la vie éthique et morale est confondue avec la question de régime et d’alimentation. Nous devrions essayer de supprimer cette fausse notion et de libérer les hommes des chaînes de ces conceptions erronées. On peut manger de la viande et cependant être spirituel.
Que pouvons-nous dire sur les boissons alcooliques et le tabac ? La Théosophie dit que toute boisson alcoolique est nuisible et elle donne certaines raisons scientifiques bien définies. Elle dit aussi, étudiez d’abord la question, considérez les propositions que l’on vous présente et alors vous verrez par vous-mêmes pourquoi vous devez abandonner l’alcool si vous voulez avoir de plus hautes pensées, si vous voulez sentir de plus nobles aspirations. L’alcool est mauvais pour tous les cerveaux, pour tous les hommes et toutes les femmes. Et le Tabac ? Il n’est pas mauvais si on n’en abuse pas. Ne confondez pas les deux : pas plus que nous devons confondre le café et la cocaïne. Nous devons avoir du discernement sur toutes ces choses. N’obéissez pas passivement même quand c’est un enseignement Théosophique, ou parce qu’un étudiant Théosophe vous donne certaines idées. Essayez de comprendre – voilà la grande recherche.
Et le mariage ? Est-ce vrai que la Théosophie n’encourage pas le mariage ? C’est une conception absolument fausse. La Théosophie conseille avec force, la pureté dans la vie sexuelle ; mais cette pureté n’implique pas qu’il ne faut pas se marier, ni avoir des relations sexuelles dans le mariage. La force sexuelle est une force qui devrait être employée pour son propre but et non pour un autre ; et ce but nous le connaissons tous, c’est la procréation. La Théosophie ne décourage pas le mariage ; au contraire, elle encourage la fondation du foyer. La vie de famille est une étape importante dans la vie spirituelle ; mais la Théosophie condamne toutes les pratiques qui peuvent prendre des libertés et jouer avec la vie sexuelle. Laissez-moi répéter : la force sexuelle n’est que pour la procréation, et pour rien d’autre. Comprenez ceci et vous comprendrez pourquoi la Théosophie est si définitivement, si fortement et si énergiquement contre les pratiques et les méthodes du contrôle des naissances. Ainsi, elle condamne toutes pratiques anormales et le mariage libre. La Théosophie a deux idéals qui se rattachent à cette pureté de vie : le premier, l’idéal du Brahmacharya ou le célibat ; le second, c’est l’idéal de la vie pure dans le mariage. Nous devons insister beaucoup sur ce point parce que sous le nom de Théosophie, certaines pratiques dangereuses et mauvaises ont été encouragées : des choses honteuses et diaboliques. Retenez ceci clairement et ne vous trompez pas. Il n’y a pas d’exceptions. Tout homme ou toute femme qui enseigne des pratiques vicieuses dans la vie sexuelle, qui les pratique ou qui les encourage n’est pas un Théosophes. Parce que la vie du Brahmacharya, de pureté absolue, de célibat, est très, très difficile pour les hommes et les femmes en général, la Théosophie présente l’autre idéal – celui de la vie pure dans le mariage. Et une fois de plus, ne croyez pas cette absurdité, qu’un Théosophe s’il veut progresser, ne doit pas se marier, ou s’il est marié, il doit quitter sa femme et son foyer ! Ce n’est pas Théosophique, et ceux qui affirment le contraire ne sont pas Théosophes. Le fait est que la Théosophie montre que pour les hommes et les femmes du vingtième siècle, le commencement de la vie spirituelle, c’est le foyer.
Ceci peut paraître une digression, mais c’est d’une grande importance, et les points que nous avons notés sont très significatifs. Un des buts et des aspirations du travail que fait cette Loge est d’exposer les idées corrompues sur les principes spirituels, de montrer au public combien de boue s’est attachée au nom sacré de la Théosophie. C’est notre tâche d’essayer de nettoyer ce nom et de le rétablir dans sa pureté primitive. En considérant toutes ces fausses conceptions, nous avons accompli quelque chose. C’est très utile, car en comprenant d’un point de vue négatif ce que la vie spirituelle selon la Théosophie n’est pas, nous avons clarifié notre esprit afin de bien comprendre quelle est cette vie spirituelle.
La Théosophie n’est pas un système de diètes, ni un système de respiration, ni un système de guérison pour corps malades. Qu’est-ce que la Théosophie ? C’est un système de métaphysique et de morale qui essaye de changer le mental des hommes et ainsi les élever à un type de pensées plus noble. Quand de hautes et nobles pensées surgiront de nous-mêmes, nos actions suivront d’elles-mêmes. Des pensées droites et pures produiront invariablement des actions pures et droites. Nous voyons que la vie spirituelle n’est pas la vie des religions orthodoxes, ni la vie retirée du monde dans des monastères ou des couvents. Ce n’est pas non plus des pratiques physiologiques ni des règles ascétiques. Nous voyons que la vie spirituelle est la vie de la famille, voilà notre point de départ. Nous sommes tous nés dans une famille, on nous a élevés dans une famille, et maintenant la plupart d’entre nous vivons dans une famille. C’est là, où nous nous trouvons que nous pouvons commencer à vivre la vie spirituelle. Nous pouvons commencer à nous éduquer nous-mêmes en accomplissant les devoirs et les obligations du « home » ; c’est là le début de la vie de l’âme.
Beaucoup ne pensent pas à la vie ni à son amélioration. Nous les laisserons de côté pour aujourd’hui. Mais ceux qui sont venus entendre une conférence sur ce sujet, doivent désirer trouver un moyen de changer leur propre vie. Que leur dit la Théosophie ?
On décrit généralement la vie spirituelle comme une vie meilleure, plus utile et plus noble ; mais à moins que nous n’ajoutions quelques choses à cette définition, nous irons vers des sentiers dangereux. La vie spirituelle n’est pas seulement une vie meilleure, c’est la vie plus sage. C’est la vie meilleure basée sur une plus grande connaissance, sur une plus grande sagesse, sur une plus grande conception et compréhension. On pense qu’être bon est suffisant ; mais être bon est une chose, être sage en est une autre. Du point de vue spirituel la compréhension et la connaissance doivent aller de pair avec la bonté, l’altruisme et la pureté. Même si vous essayez de vous améliorer vous ne réussirez pas à devenir bons, altruistes et purs, à moins que la vraie connaissance n’ait réellement illuminé votre mental. La sagesse est nécessaire. Que voulons-nous dire par penser d’une façon supérieure ? Pourquoi notre vie n’est-elle pas noble ? Pourquoi est-elle pleine de bassesse, mesquines, étroite et égoïste ? Parce que nos pensées sont étroites, égoïstes mesquines. Le grand axiome est : ce que nous devenons, nos actions, nos paroles, découlent de notre pensée. Le point de départ est un changement dans notre attitude mentale. La vie spirituelle commence avec la pensée, et l’idéation. Le point de départ est en nous-mêmes. Mais les pensées ont des sujets et des objets et comme nous ne devons pas nous retirer du monde, notre attitude mentale doit être dirigée vers les hommes et les choses. Avec l’attitude intérieure comme point de départ, nous devons alors nous occuper des circonstances extérieures. La vie spirituelle commence avec un changement de pensée, avec une noble idéation basée sur une vraie connaissance et elle commence dans la vie du foyer.
Compte rendu d’une conférence donnée à la Loge Unie des Théosophes de Mumbai. [Retour Sommaire]
Cet article est traduit du Theosophical Movement (Mumbai, Inde) vol. V, n°11