Conseils pour la pratique de la Théosophie (extraits d'articles)

Conseils pour la pratique de la Théosophie (extraits d'articles)

31 Déc, 2021

Extraits d’articles théosophiques

Extraits de l’article de W.Q. Judge : « Que sont les dons spirituels ? Comment les obtenir ? » (Cahier Théosophique n° 2)

« Gardant en mémoire, toutefois, l'idée que l'homme est de nature multiple, nous pouvons étudier le sujet d'un point de vue différent. On peut dire, en général, en vue d'applications pratiques, que l'homme est composé du corps, de l'âme et de l'esprit, l'Âme étant l'Ego véritable, et l'Esprit étant un avec le Suprême. Et si l'on considère, pour un moment, chacune de ces trois parties comme une entité distincte, il s'avère parfaitement vrai, comme le dit Jacques, un autre Apôtre, que « toute grâce excellente et tout don parfait viennent d'en haut ». (Jacques, ch. 1,17.). Chaque aspiration de l'âme pour ce qui est spirituel, chaque résolution prise par l'homme de mener une vie plus pure, chaque main tendue généreusement à un frère plus faible, chaque désir pour la Vérité, toute faim et soif de justice, tout ceci, les désirs ardents et les efforts de l'âme, proviennent d'en haut, du Divin en nous. En ce sens, on peut les appeler des dons, dons de la nature supérieure à la nature inférieure, du spirituel à l'humain.

« Et cette action du supérieur sur l'inférieur est perçue dans ces attributs humains, ces qualités, ces vertus — quel que soit le nom qu'on veuille leur donner — que Paul énumère ailleurs comme étant les fruits de l'esprit : l'amour, la joie, la paix, la patience, la bienveillance, la bonté, la fidélité, la douceur, la maîtrise de soi. (Saint Paul aux Galates, ch. V, 22-23.)

« Chaque impulsion d'en haut, chaque inspiration du Divin en nous, devrait aussitôt trouver un accueil chaleureux et un écho. Si vous avez fortement envie de visiter quelque ami ou voisin malade ou affligé, obéissez à la suggestion sans délai. Si le désir de changer de conduite s'élève dans votre conscience inférieure, n'attendez pas à l'année prochaine, faites-le sur-le-champ. Si quelque pathétique histoire de souffrance vous a ému, agissez sur cette émotion pendant que vos joues sont encore humides de larmes. En résumé, suivez dès maintenant les voies Divines, mettez-vous en harmonie avec les lois Divines. Plus de lumière, plus de sagesse, plus de spiritualité doivent nécessairement venir à celui qui s'est ainsi préparé et qui vit dans cette expectative.

« Pour obtenir le bien, nous devons avoir de bonnes pensées, de bons désirs doivent nous animer ; en résumé, nous devons être bons.

« Ce qui est ainsi suggéré consiste à accomplir loyalement et consciencieusement chacun des devoirs qui nous incombent. C'est dans les incidents de la vie quotidienne et par eux, dans le travail bien fait, dans les devoirs consciencieusement accomplis, que nous pouvons aujourd'hui faire le plus de progrès dans la vie supérieure — un progrès lent, peut-être, mais certain. Tels sont les jalons vers un meilleur état de choses. Nous avançons plus rapidement lorsque nous nous arrêtons pour aider d'autres compagnons de route. C'est lorsque nous sacrifions le plus que nous recevons le plus. Nous atteignons l'amour Divin dans sa plénitude lorsque nous aimons nos frères avec un amour dénué de tout égoïsme. Nous nous unissons avec le Suprême lorsque nous nous oublions nous-mêmes dans le Service de l'Humanité. »

Extraits de l’article de W.Q. Judge : « Méditations sur le sentier du vrai théosophes » (Cahier Théosophique n° 2)

« La voie de la paix intérieure consiste à se conformer en toutes choses aux décrets et aux dispositions de la Volonté Divine. Ceux qui voudraient que tout réussisse et se passe selon leur propre caprice ne sont pas près de connaître cette voie : et c'est pourquoi ils mènent une vie rude et amère ; constamment agités et de mauvaise humeur, ils ne suivent pas le sentier de la paix. »

« Sachez donc bien que celui qui cherche la voie cachée ne peut la trouver qu'en passant la porte de la vie. Dans le cœur de tous les êtres s'éveille à un certain moment le désir de la connaissance. Celui qui veut vraiment vivre la vie ou trouver la Sagesse, ne peut le faire que par un effort soutenu. Si un homme se met à étudier et apprend à percer un peu le voile, ou bien s'il a trouvé en lui-même quelque chose qui dépasse en grandeur son soi extérieur, cela ne l'autorise nullement à s'installer dans l'oisiveté ou à s'isoler du contact du monde. Ce n'est pas parce qu'il aperçoit au loin les lueurs de la lumière qu'il peut dire à son semblable : « Je suis plus saint que toi » ou s'envelopper du manteau de la solitude.

« Si nous découvrons partiellement le pourquoi de notre présence sur terre, nous avons dans ce cas d'autant plus de raisons de chercher dans la vie, par un contact intelligent avec elle, à en élucider plus complètement le problème. Ce n'est pas tellement l'étude de nous-mêmes que la préoccupation des autres qui ouvre cette porte. Les événements de la vie et leurs causes conduisent à la connaissance. Ils doivent être étudiés lorsqu'ils se manifestent dans la vie courante.

« Pensez-vous donc que pour avoir obtenu une partie de la connaissance occulte vous avez le droit de vous isoler de tout contact avec le reste de l'humanité ? II n'en est pas ainsi : si vous avez obtenu la vraie connaissance, cela vous oblige à aller à la rencontre de tous les hommes, non pas à moitié chemin, mais plus loin que cela encore, pour les rechercher. Cela exige non que vous vous retiriez du monde mais que, cherchant son contact, vous vous plongiez dans sa misère et sa douleur et que, d'une parole réconfortante, si vous n'avez rien d'autre à donner (et le Mystique n'a guère plus), vous vous efforciez d'alléger le fardeau d'une âme qui lutte.

« Souvenez-vous que la vie est le produit du Toujours-Vivant. Si vous avez pu comprendre un peu du mystère de la vie et évaluer ses attraits à leur juste valeur, vous n'avez aucune raison pour autant d'aller d'un air solennel flétrir les réjouissances des autres hommes. Pour eux, la vie est aussi réelle que le mystère l'est pour vous. Leur heure viendra comme est venue la vôtre ; ainsi donc, hâtez pour eux sa venue, si vous le pouvez, en rendant la vie plus lumineuse, plus joyeuse, meilleure.

« Si c'est pour vous le moment de jeûner, mettez votre plus bel habit et allez, non comme un homme qui jeûne, mais comme celui qui vit pour la vie.

« Poussez vos soupirs et vos cris en vous-mêmes. Si vous ne pouvez pas accepter les petits événements de la vie et leurs leçons sans le crier sur les toits, pensez-vous que vous êtes prêts à ce qu'on vous confie les mystères ?

« Renoncer à un genre de nourriture, ou à certains aliments, en soi-même ne vous ouvrira pas les portes scellées. Si là gisait la clef, quelle sagesse devraient posséder les bêtes des champs et quel profond Mystique aurait dû être Nabuchodonosor après « s'être mis au régime herbivore ! » (Daniel, ch. IV.)

« Il est sage de chérir ce qui tient tant de Dieu et de chercher à en connaître la signification, non en séparant et en tranchant mais en liant et en renforçant les attaches. Nos plus Anciens Maîtres le savaient et Saint Paul aussi en parle. (Ephésiens, V, 32.)

« Soyez patients, bons et sages, car peut-être, dans le moment qui va suivre, la lumière va-t-elle se répandre sur votre compagnon et découvrirez-vous que vous n'êtes qu'un aveugle qui prétend voir. N'oubliez jamais que vous ne possédez pas une seule chose dans ce monde. Votre femme n'est qu'un présent, vos enfants vous sont seulement confiés comme un prêt. Tout ce que vous possédez d'autre ne vous est donné qu'aussi longtemps que vous en usez sagement. Votre corps ne vous appartient pas, car la Nature le revendique comme sa propriété. Ne pensez-vous donc pas que c'est le comble de l'arrogance d'aller vous ériger en juge de quelque autre créature que ce soit, alors que vous-mêmes, des mendiants, allez revêtus d'un manteau d'emprunt ?

« Si la misère, le besoin et la douleur sont votre lot pour un temps, soyez heureux que ce ne soit pas la mort. Si c'est la mort, soyez heureux que c'en soit fini de la vie.

« Vivez bien votre vie. Cherchez à réaliser le sens de chaque événement. Efforcez-vous de trouver le Toujours-Vivant et attendez de recevoir plus de lumière. Le véritable Initié ne se rend pas parfaitement compte de ce qu'il traverse jusqu'à ce qu'il ait « reçu son degré ». Si vous luttez pour atteindre la lumière et l'Initiation, souvenez-vous que vos soucis vont s'accroître, vos épreuves devenir plus serrées, votre famille manifester de nouvelles exigences à votre égard. Celui qui peut comprendre et traverser ces difficultés avec patience, sagesse et sérénité, celui-là est en droit d'espérer.

« Si vous désirez travailler pour le bien du monde, il n'est pas sage pour vous d'essayer de l'embrasser tout entier, dès le début, dans vos efforts. Si vous ne pouvez aider qu'une seule âme à s'élever ou à apprendre, c'est un bon début et c'est plus qu'il n'est donné à beaucoup.

« Il est écrit que celui qui vit la Vie connaîtra la doctrine. Peu nombreux sont ceux qui réalisent ce que veut dire la Vie.

« Ce n'est pas en philosophant intellectuellement sur elle, jusqu'à ce que la raison devienne impuissante à résoudre le problème que l'on peut réaliser la vie. On ne peut non plus y parvenir par les récits des expériences des autres hommes qui font cette étude. Car il y a de ces êtres qui ne réaliseront jamais la Vérité Divine elle-même, si on la leur présente par écrit, à moins qu'on y mette la ponctuation convenable ou qu'on l'exprime dans un style facile et fleuri.

« N'oubliez pas ceci : en vivant votre vie, jour après jour, avec un but élevé et un désir altruiste, chaque événement sans exception aura pour vous une profonde signification — un sens occulte — et dans la mesure où vous apprendrez à apprécier leur importance, vous vous préparerez pour une tâche plus élevée.

« Soyez tempérés en toute chose, et par-dessus tout dans la condamnation d'autrui. Il n'est pas sage d'être intempérant ou de s'enivrer avec du vin. Il est également insensé de s'enivrer de tempérance. Les hommes voudraient obtenir les pouvoirs surnaturels, ou connaître la façon de faire des miracles. Savez-vous réellement quels pouvoirs possède le Mystique ? Savez-vous que pour chaque don de cette espèce, il donne une partie de lui-même ?

« Ne faites pression sur aucun homme pour l'inciter à voir comme vous, car il est fort possible que vous voyiez différemment demain, lorsque vous vous réveillerez. Il est plus sage de laisser la question demeurer sans argument. Personne n'est absolument convaincu par ce procédé : c'est souffler contre le vent et rien de plus.

Extraits de l’article de W.Q. Judge : « Détruire les illusions » (Cahier Théosophique n° 20)

« Beaucoup de gens qui n'aiment pas faire de peine aux autres sont portés à ne pas intervenir dans les croyances d'autrui qui sont de pures illusions, de crainte de les blesser en arrachant ce voile.

« Est-il préférable ou non, charitable ou cruel, d'arracher le voile aussitôt que possible ? Et s'il faut accomplir cette œuvre iconoclaste, pourquoi hésiterions-nous à le faire, sous prétexte que cette façon d'agir provoquera des souffrances mentales ?

« La seule raison d'hésiter réside dans cette crainte de faire de la peine ; il ne peut résulter que du bien d'un tel changement, si à la place d'une croyance fausse et illogique, par suite avilissante, on offre un système complet et raisonnable.

« Si nous avions affaire à des enfants, ou à un mental racial qui, tout en habitant un corps adulte, serait celui d'un enfant, alors vraiment, il serait logique de les faire avancer à l'aide de ce qui peut être une illusion totale. Mais l'heure de l'enfance de l'homme, en tant qu'un être immortel, est passée. Il a atteint l'âge adulte ; son mental est arrivé au point où il doit savoir et où, si la connaissance lui est refusée, cette violation de son être donnera pour résultat la superstition la plus vile et la plus grossière, ou le matérialisme le plus terrifiant.

« Ne soyez pas troublés par l'argument qu'il est peu sage de dire la vérité. Ce n'est là que le chant de la sirène, destiné à conduire le voyageur à sa perte. Dites la vérité, mais ne l'imposez pas.

Extraits de l’article de W.Q. Judge : « L’urgence d’une éducation théosophique » (Cahier Théosophique n° 20)

« Le premier objet de notre Société est la formation d'un noyau de Fraternité Universelle. C'est là un but pratique et, en même temps, un fait de la nature. Longtemps, la plupart des hommes l'ont considéré comme un idéal utopique qu'on peut envisager, discuter, désirer, mais qu'on ne peut atteindre. Et il n'est pas étonnant qu'on l'ait considéré comme tel, étant donné que la conception religieuse ordinaire de Dieu, de la nature et de l'homme, se basait sur un fondement égoïste, attribuait une distinction personnelle au ciel aux saints qui mouraient en odeur de sainteté, rendant ainsi impossible la réalisation de ce beau rêve. Mais dès que la philosophie théosophique montre l'unité entre les êtres, non seulement dans leur nature la meilleure, mais aussi sur le plan physique, notre premier objet devient des plus pratiques. Car si tous les hommes sont frères en fait, c'est-à-dire unis les uns aux autres par un lien que nul ne peut briser, alors la formation d'un noyau de fraternité future est une chose ayant trait à toutes les affaires humaines, affectant les civilisations, et conduisant à une amélioration physique aussi bien que morale de chaque membre de la grande famille.

« Le premier but vise à la philanthropie. Chaque Théosophe ne devrait donc pas se contenter de poursuivre ses actes publics ou privés de charité, mais il devrait aussi s'efforcer de comprendre la philosophie théosophique afin de pouvoir l'exposer d'une façon pratique et aisément, compréhensible, et cela dans le but de devenir un philanthrope plus large qui pourvoit aux besoins de l'homme intérieur.

« Et comme les théories théosophiques ont toujours été, et sont encore très étranges, fascinantes et bien particulières si on les compare aux doctrines ordinaires concernant les hommes et les choses, beaucoup de membres se sont adonnés à des spéculations métaphysiques et à des recherches profondes dans l'occulte et le merveilleux, oubliant que la philanthropie la plus haute réclame la diffusion parmi les hommes d'une base juste de morale, de pensée et d'action. Nous rencontrons souvent des Théosophes discutant entre eux de doctrines compliquées qui n'ont aucune application immédiate dans la vie pratique, tandis que d'autres membres ou personnes qui viennent se renseigner poussent un soupir de soulagement quand quelqu'un dirige les questions dans le sens d'une application de toutes les doctrines à la vie quotidienne.

« Nous avons le plus grand besoin d'éducation théosophique qui nous donnera la capacité d'exposer la Théosophie sous une forme accessible à tout le monde. Cette façon claire et pratique de l'exposer est une chose tout à fait réalisable, et il n'y a aucun doute qu'elle soit de la plus haute importance. Elle vise et affecte la morale, la vie de chaque jour, les pensées, et par suite tous les actes.

« Une profonde érudition et une connaissance de la métaphysique sont certes des choses appréciables, mais la masse des gens ne sont ni savants ni métaphysiciens. Si nos doctrines sont d'une telle application pratique que les sages consacrent leurs efforts à aider à les répandre, il s'ensuit que ces mêmes sages — nos Maîtres — souhaitent voir ces doctrines présentées au plus grand nombre de personnes possible. C'est un peu difficile de descendre jusqu'au niveau ordinaire du mental humain en général ; mais c'est réalisable. Et lorsqu'on y parvient, il y a une grande récompense à voir le soulagement et la satisfaction évidente de l'interlocuteur.

« Notre devoir essentiel est donc d'être pratiques autant que possible dans notre exposé des doctrines. L'étude intellectuelle seule de notre Théosophie n'améliorera pas rapidement le monde. Naturellement, elle produira certains effets, par suite des idées immortelles qu'elle réveille, mais tandis que nous atten­drons que ces idées portent leurs fruits parmi les hommes, une révolution pourra éclater et nous emporter. Nous devrions faire ce que Bouddha enseignait à ses disciples : prêcher, pratiquer, promulguer et illustrer nos doctrines. Il touchait, par la parole, le plus humble des hommes, bien qu'il ait eu une doctrine plus profonde pour les esprits plus. Grands et plus érudits. Tâchons donc d'acquérir l'art d'expo­ser pratiquement la morale basée sur nos théories et enrichie par la réalité de la Fraternité Universelle.

Extraits de l’article de W.Q. Judge : « De l’étude de la Théosophie » (Cahier Théosophique n° 20)

« Mais qu'est-ce que l'étude ? Ce n'est pas la simple lecture de livres, mais la réflexion soutenue, persistante et sérieuse sur ce que nous avons absorbé. Si un étudiant accepte la Réincarnation et le Karma comme des doctrines vraies, le travail ne fait que commencer. Beaucoup de Théosophes acceptent de telles doctrines, mais sont incapables de dire pourquoi et en quoi elles consistent au juste. Ils ne se demandent pas ce qui se réincarne, ou comment, quand et pourquoi Karma manifeste ses effets, et souvent ils ne savent pas ce que le mot signifie.

« Il y a trop peu d'étude réelle de ce genre parmi les Théosophes et trop de lecture de 1ivres nouveaux. Aucun étudiant ne peut dire si le Bouddhisme Esotérique de M. Sinnett est un livre rationnel, à moins de l'avoir étudié et non simplement parcouru. Bien que le style en soit clair, la matière traitée est diffici1e ; il faut en pénétrer profondément le mental et en faire l'objet d'une méditation attentive. En se servant judicieusement de ce livre, de la Doctrine Secrète, de la Clef de la Théosophie et d'autres ouvrages traitant de la constitution de l'homme, on arrive à une connaissance des doctrines qui intéressent plus spécialement l'être, et ce n'est qu'après avoir acquis cette connaissance, qu'on est à même de comprendre le reste.

« Une autre branche d'étude est celle que poursuivent les disciples innés de la dévotion, ceux qui désirent entrer dans le travail lui-même pour le bien de l'humanité. Ceux-ci devraient étudier d'autant mieux toutes les branches de la littérature théosophique, afin de pouvoir clairement les expliquer aux autres, car un membre dont le raisonnement est faible, ou dont la crédulité est très grande, n'arrivera jamais à rendre probant son témoignage auprès des autres.

« Les Théosophes occidentaux ont besoin de patience, de décision, de discernement et de mémoire, s’ils n’espèrent jamais attirer et maintenir l'attention du monde sur les doctrines qu'ils répandent.

Extraits de l’article de W.Q. Judge : « Beaucoup de lecture, peu de réflexion » (Cahier Théosophique n° 20)

« [Dans la] Société Théosophique, [il y a] le défaut de lire trop de ces livres qui paraissent constamment, et de réfléchir trop peu sur ce qu'ils lisent est très répandu. Les Théosophes qui étudient sérieusement et qui savent que nous sommes dans ce monde pour apprendre et non pas pour notre plaisir seulement, commencent déjà à voir que quelques livres lus attentivement, bien analysés et complètement assimilés valent bien plus que beaucoup de livres lus une seule fois. Ils ont compris que la partie d'un livre qu'ils saisissent clairement à première lecture, fait déjà partie de leur acquit, et que le reste qui n'est pas aussi clair ou qui est même très obscur, est justement la partie qu'ils doivent étudier pour qu'elle aussi devienne, s'ils la trouvent vraie, une partie intégrante de leur pensée constante.

Extraits de l’article de W.Q. Judge : « Application universelle de la doctrine » (Cahier Théosophique n° 75)

« Mais le grand attrait que la théosophie offre à ceux qui suivent son enseignement réside en ce que ses doctrines sont universelles et résolvent toutes les questions en s'appliquant à tous les domaines de la nature, pour autant que nous les connaissons. Et les étudiants avancés assurent que cette même application universelle s'étend à des domaines situés bien au-delà de la portée de la science et de la compréhension de l'homme moyen. En conséquence, si nous découvrons par nous-mêmes, ou par quelqu'un d'autre, une loi ou l'application présumée d'une doctrine, nous pouvons la vérifier tout de suite. En effet, si elle ne peut pas être appliquée dans tous les domaines, grâce au principe de la correspondance, ou si elle n'est pas un aspect d'une doctrine déjà admise, nous savons que c'est une doc­trine fausse ou mal formulée. Toutes nos doctrines peuvent ainsi être prouvées et vérifiées à chaque degré.

« Si, au lieu de considérer égoïstement ces lois sous l'angle de l'effet qu'elles ont sur nos misérables sois, nous, cherchons à savoir comment elles s'appliquent partout, nous détenons le moyen d'élargir notre horizon et d'éliminer notre égoïsme. Et si nous essayons aussi d'appliquer les doctrines à toutes nos actions et à toutes les parties de l'être humain, nous avons des, chances de commencer à nous éveiller à la tâche réelle qui nous attend.

« Examinons Karma. Il doit être appliqué non seulement à l’homme mais aussi au Cosmos et au globe sur lequel il vit. Faute du terme anglais équivalent, vous savez qu'on appelle Manvantara, ou le règne d'un Manou, la période qui constitue un grand jour de l'évolution. Ces périodes de l'évolution se succèdent éternellement. En d'autres termes, chacun de nous est une unité, ou une cellule si vous préférez du grand corps ou être de Manou ; ainsi, de même que nous générons du Karma et nous réincarnons pour l'épuiser, de même le grand être qu'est ce Manou meurt à la fin d'un Manvantara et, après une période de repos, se réincarne comme la somme totale de ce que nous avons eu comme effets sur cette entité, ou ce corps. Quand je dis « nous », cela signifie tous les êtres sur quelque plan ou quelque planète qu'ils vivent au cours de ce Manvantara. Ce dernier est, par conséquent, le résultat de celui qui l'a précédé et, le prochain Manvan­tara, qui viendra dans des millions d'années, sera également le résultat de celui-ci et de tous ceux qui l'on précédé.

« Avez-vous déjà pensé à l'effet de Karma sur les animaux, les plantes, les minéraux et les êtres élémentaux ? Avez-vous pu être assez égoïstes pour supposer qu’ils ne sont pas affectés par vous ? Est-il vrai que l'homme ne porte aucune responsabilité pour le grand nombre d'animaux féroces et nuisibles, pour les scorpions et les serpents venimeux, les lions et les tigres destructeurs qui transforment en mornes déserts certains coins de la terre et terrorisent la population de l'Inde et d'autres pays ? Il ne peut en être ainsi. Mais, comme le disait l'Apôtre des Chrétiens, il est vrai que toute la création compte sur l'homme et gémit du fait qu'il retarde la venue de la lumière pour tous, Qu’arrive-t-il quand vous écrasez intentionnellement une vulgaire punaise ? Eh bien ! elle est détruite et vous l'oubliez. Si courte que soit sa vie, vous l'avez encore abrégée. Imaginez qu'on fasse de même dans des centaines de milliers d'endroits dans le pays. Chacune de ces petites créatures avait de la vie et de l'énergie ; chacune possédait un certain degré d'intelligence. La somme totale des effets de la mort de ces petites bestioles doit être appréciable. Sinon toutes nos doctrines sont fausses et il n'y a aucun mal à enlever la vie à un homme.

« Nous nous trouvons donc écrasés sous le poids du Karma de notre souche nationale, en sorte que nous sommes vraiment presque incapables de discerner parmi nos pensées celles qui sont les expressions plus ou moins déformées des pensées de nos ancêtres et celles qui sortent vraiment de notre propre mental.

« Examinons maintenant la Réincarnation, le Devachan [l’état post mortem] et Karma.

« Les théosophes ont pris l'habitude de ne considérer ces sujets que par rapport à l'homme dans son entier, c'est-à-dire en ce qui concerne l'égo.

« Mais que dire de leur application à chaque heure et à chaque jour ? Si nous croyons à la doctrine de la Vie Une, chaque cellule de nos corps matériels doit être régie par les mêmes lois. Chaque cellule doit être une vie et posséder son Karma, son devachan et sa réincarnation. En s'incarnant au milieu des autres cellules de notre organisme, chaque cellule est influencée par le caractère de ses voisines et c'est nous qui créons ce caractère. Chaque pensée, arrivée au terme de son existence, meurt. Elle renaît bientôt et, sortant de son devachan, elle trouve de bons ou de mauvais compagnons qui l'attendent. Chaque heure de la vie est donc pleine de danger ou riche d'aide potentielle. Comment quelques heures par semaine consacrées à des pensées et à des actions théosophiques pourraient contrebalancer ― fût-ce même dans les cellules matérielles et grossières ― l'effet d'une semaine presque tout entière passée dans l'indifférence, la frivolité ou l'égoïsme ? Cette masse de pensées médiocres ou mauvaises formera une marée irrésistible qui, à la première occasion, ne manquera pas de balayer toutes vos bonnes résolutions.

« C'est ce qui explique que des étudiants dévoués ont souvent rencontré l'échec. Ils ont attendu un moment ou un jour particulier pour éprouver leur force, mais quand le moment est venu ils s'en sont trouvés dépourvus. S'ils avaient résolu de vaincre la colère au lieu d'essayer de la dominer quand l'occasion se présentait ils se sont détournés sans saisir leur chance pour échapper à l'épreuve ; ou bien ils n'ont pas fait face aux petites épreuves de chaque heure qui, s'ils les avaient surmontées leur auraient donné une si grande réserve de force qu'aucune épreuve plus importante n'aurait pu avoir raison d'eux.

« Voyons maintenant la théorie de l'évolution du macrocosme et son application au microcosme, l'homme.

« Selon l'enseignement de la philosophie hermétique, l'homme est une copie du grand univers ; il est lui-même un petit univers régi par les mêmes lois que le grand univers ; il manifeste en lui, dans des proportions humaines, l'activité de toutes ces grandes lois réduites seulement dans leur durée et dans leur portée. C'est à cette règle qu'adhère H. P. Blavatsky et on la rencontre dans tous les mystères et les initiations de jadis.

« Il est dit que notre univers est un ensemble d'atomes ou de molécules ― appelés aussi « vies », vivant ensemble ; dans chacune d'elles l'esprit mène, pour atteindre la conscience, une lutte qui est gouvernée par une loi lui imprimant un rythme périodique. Pendant toute période de lutte certains des atomes ou des ensembles de molécules sont, pour ainsi dire, mis en réserve, pour reprendre la lutte dans une prochaine période ; c'est pourquoi l'état de l'univers, à un moment donné de la manifestation ― ou l'état de chaque univers nouvellement manifesté ― doit être le résultat de tout ce qui a été fait dans .la période précédente.

« Si nous en venons à l'homme nous voyons qu'il est constitué par un ensemble de molécules ou vies, ou cellules, luttant entre elles, influencées en bien ou en mal par les aspirations spirituelles, ou par l'absence de ces aspirations dans l'homme qui est le guide ou le dieu, pour ainsi dire, de son- petit univers. A sa naissance, les molécules, ou cellules, ou vies, qui doivent former son corps physique et son corps astral, sont, dès cet instant, sous sa domination ; au cours de sa petite vie, elles passent par un petit mavantara, tout comme les vies de l'univers, et lorsque l'homme meurt, il les abandonne tout imprégnées de la force et de la couleur de ses pensées et de ses aspirations, prêtes à être employées pour former les demeures d'autres égos.

« Nous sommes ici en face d'une grave responsabilité qui revêt un double caractère.

« Le premier a trait aux effets produits sur les molécules de ce que nous appelons matière, effets qui subsistent alors même que cette matière est employée par d'autres égos qui en sont affectés en conséquence en bien ou en mal.

« Le second aspect de cette responsabilité concerne les molécules elles-mêmes : il existe en elles des vies ou des entités ― ou plutôt toutes sont des vies ― qui sont aidées ou retardées dans leur évolution en vertu du bon ou du mauvais usage que l'homme a fait de cette matière qui lui a été confiée.

« Pendant un Manvantara, ou période de manifestation, les égos qui s'incarnent doivent réutiliser indéfiniment la matière qui appartient au monde dans lequel ils s’incarnent.

« C’est ainsi que nous employons actuellement dans nos incarnations la matière que nous et d'autres égos avons maintes fois utilisée, et que nous sommes influencés par toutes les tendances qui y sont gravées. Et, de même, nous laissons derrière nous pour l'usage des races à venir tout ce qui pourra les aider ou les retarder dans leurs vies futures.

« C'est donc une question d'une très grande importance' que la réincarnation soit une doctrine réelle ou non ; car si chaque nation nouvelle est formée seulement d'un ensemble d'âmes ou d'égos nouveaux, elle doit être fortement affectée par tout le milieu matériel que les nations ou les races à jamais disparues leur ont légué.

Mais pour nous qui croyons à la réincarnation, cette question a plus de poids encore, car elle nous donne une sérieuse raison de croire à la fraternité universelle et de la mettre en pratique.

« L'autre aspect de la responsabilité est tout aussi important. La doctrine qui supprime la 'mort dans l'univers et enseigne que tout se compose de vies innombrables qui changent constamment de place entre elles, implique nécessairement cette autre théorie que l'homme lui-même est rempli de ces vies et que toutes sont en train de parcourir la longue route ascendante de l'évolution.

« La doctrine secrète assure que nous sommes peuplés de familles entières d'entités qui dépendent de nous, pour ainsi dire pour atteindre leur salut.

« Dans ce cas, combien est immense notre responsabilité puisque nous ne devons pas être jugés uniquement sur la façon dont nous traitons notre être pris comme un tout mais aussi d'après notre attitude vis-à-vis de ces êtres invisibles qui dépendent de nous pour trouver la lumière. »

Extraits de l’article d’H.P. Blavatsky : « Que chacun donne les preuves de son travail » (Cahier Théosophique n° 90)

« L'Église (ou les églises) soutiennent que le seul principe rédempteur est la croyance en Jésus, ou le Christ fait chair : dogme destructeur de l'âme ; la Théosophie, non dogmatique et non sectaire, répond qu'il n'en est pas ainsi. Le seul principe rédempteur réside en l'homme lui-même, et n'est jamais sorti de son soi divin et immortel, c'est-à-dire que c'est le vrai Christos, comme c'est le vrai Bouddha, la divine lumière intérieure qui procède du TOUT inconnu, non manifesté et éternel. Et cette lumière ne peut être révélée que par ses œuvres, la foi en elle restant toujours une foi aveugle pour tous, sauf pour celui qui perçoit cette lumière en son âme.

« Les croyances des églises n'apportent pas aux hommes la lumière intellectuelle ni la vraie sagesse nécessaire pour faire de la philanthropie pratique une réalité accomplie par les vrais et sincères disciples du Christ. Les gens d'esprit « pratique » continuent à « faire le bien » sans discernement et font ainsi souvent beaucoup de mal.

« Chaque membre de la Société doit se montrer un philanthrope pratique, s'il veut être le moins du monde Théosophe, et notre travail, tel qu'il est esquissé dans les trois buts, est, en réalité, plus important et plus efficace que le travail dans le monde ordinaire qui porte des fruits plus apparents et plus immédiats, car l'effet direct d'une juste compréhension de la Théosophie rend charitables ceux qui ne l'étaient pas auparavant. La Théosophie crée la charité qui après, spontanément, se manifeste dans des œuvres.

« La Théosophie enseigne l'esprit de « non séparativité », le caractère éphémère et illusoire des croyances humaines et des dogmes ; c'est pourquoi elle inculque un amour et une charité universels pour toute l'humanité « sans distinction de race, de couleur, de caste, ou de croyance » ; n'est-elle donc pas la plus apte à soulager les souffrances de l'humanité ? Aucun théosophe ne devrait calomnier son frère, aucun ne devrait manquer d'aider un homme dans le besoin, aucun ne devrait offrir de bonnes paroles au lieu d'amour et de charité pratiques.

« Dès qu'il arrive à comprendre quel ami et quel instructeur la souffrance peut constituer, le théosophe reste interdit devant le problème mystérieux de la vie humaine, et quoiqu'il aspire à faire de bonnes œuvres, il craint également de se tromper en faisant le bien, tant qu'il n'a pas lui-même acquis une puissance et une connaissance plus larges. De bonnes œuvres accomplies à mauvais escient peuvent devenir foncièrement néfastes, comme sont obligés de le reconnaître tous ceux qui ne sont pas aveuglés par leur amour de la bienfaisance.

« C'est pourquoi les Théosophes ne peuvent prétendre être un corps de philanthropes bien que, en secret, ils puissent s'aventurer sur le sentier des bonnes œuvres. Ils s'intitulent simplement un groupe d'étudiants, ayant juré de s'aider les uns les autres, ainsi que tout le reste de l'humanité, à acquérir, dans la mesure de leurs moyens, une meilleure compréhension du mystère de la vie et une connaissance plus vaste de la paix qui règne au-delà de ce mystère. »

Extraits de l’article d’H.P. Blavatsky : « Le progrès spirituel » (Cahier Théosophique n° 106)

« La principale cause de la douleur se trouve dans notre recherche perpétuelle du permanent dans l'impermanent et non seulement dans cette recherche mais dans le fait que nous agissons comme si nous avions déjà trouvé l'inchangeable dans un monde dont l'unique caractéristique certaine que nous puissions affirmer est un changement constant; et, toujours au moment même où nous imaginons avoir une ferme emprise sur le permanent, il change là même où nous croyions le tenir et la douleur en est la conséquence.

« Encore une fois, l'idée de croissance implique aussi l'idée de rupture : l'être intérieur doit continuellement faire éclater ses limites ou sa coquille qui l'emprisonne et une telle rupture doit aussi s'accompagner de douleur, non physique mais mentale et intel­lectuelle.

« Le mal est souvent le résultat d'un excès d'anxiété et les hom­mes essaient toujours de faire beaucoup trop, ils ne se contentent pas de ce qui est bien seulement, de faire toujours ce que demandent les circonstances et rien de plus.

« L'une des formes les plus subtiles de ce mal est l'espoir et le désir de récompense. Nombreux sont ceux qui, bien que souvent inconsciemment, annulent tous leurs efforts en entretenant cette idée de récompense et en lui permettant de devenir un facteur actif dans leur vie, laissant ainsi la porte ouverte à l'angoisse, au doute, à la crainte, au découragement... à l'échec.

« Le but de l'aspirant à la Sagesse spirituelle est l'accès à un plan supérieur d'existence ; il lui faut devenir un homme nouveau, plus parfait, en tout point, qu'il ne l'est actuellement ; s'il réussit, ses capacités et ses facultés s'en trouveront accrues de façon correspondante dans leur portée et leur pouvoir, tout comme dans le monde visible nous constatons que chaque degré de l'échelle évolutive est marqué par un accroissement de capacité. C'est ainsi que l'Adepte devient doté de merveilleux pouvoirs qui ont été si souvent décrits ; mais le point principal à garder en mémoire est que ces pouvoirs vont naturellement de pair avec l'existence de l'être sur un plan supérieur d'évolution.

Extraits de l’article de B.P. Wadia : « Le pouvoir vivant de la Théosophie » (Cahier Théosophique n° 134)

« Seuls quelques individus semblent reconnaître le caractère synthétique de la Théosophie, c'est-à-dire qu'elle est tout à la fois la religion de l'Esprit, libre et immortel, la philosophie du Cœur, que nous devons mettre universellement en pratique à tout instant, la science de la Vie, qui nous instruit des méthodes auto-déterminées mettant en jeu des énergies qui ne meurent jamais et tendent vers la Soi-Conscience universelle, et, finalement, l'instructeur qui enseigne l'Altruisme supérieur qui demande une réforme individuelle et une croissance de chacun, procédant de l'intérieur, et entraînant la croissance de tous.

« Chacun vit par quelque pouvoir présent au-dedans de lui-même, et dont l'influence est si éclipsée, et même oblitérée, qu'il demeure sans pouvoir être reconnu. Ceci a lieu parce que, dans le domaine des actions, la volonté des autres guide nos organes d'action ; pareillement, sur le plan des sentiments, notre cœur est stimulé par les émotions des autres ; de même, sur le plan de la pensée, nous pensons par procuration alors que souvent notre tête n'est remplie que des pensées d'autrui.

« L'étudiant devrait reconnaître, dans toutes leurs implications, deux principes fondamentaux : à savoir, que la Théosophie est une grande synthèse de la Religion, de la Philosophie et de la Science, et que, en tant que synthèse, elle vise, touche et affecte, essentiellement, les Forces causales du Soi, produisant comme effets des myriades de formes. Dès lors, sa tâche deviendra moins difficile.

« Une telle reconnaissance le conduira inévitablement à étudier chaque vérité théosophique de trois points de vue — esprit, mental, matière — et à appliquer également chaque vérité dans les trois sphères distinctes du cœur, de la tête et des mains. Une telle étude et une telle pratique convaincront très vite l'étudiant que cette synthèse a sa racine dans son propre Être spirituel et qu'elle en émane, mais qu'elle affecte, par ses actions humaines, les actes des autres, par ses attirances et ses répulsions, les plaisirs et les peines des autres, par ses pensées, le mental des autres, tandis qu'il est lui-même, à son tour, ainsi affecté par les autres. Si l'étude de la Théosophie la fait apparaître comme une synthèse de la religion, de la philosophie et de la science, en appliquant ses enseignements et ses doctrines, nous ne tardons pas à pressentir en outre un quatrième facteur — une sorte de sur-âme — l'Altruisme supérieur.

« L'Altruisme dont les trois aspects sont la religion que nous devons vivre, en fonction de la philosophie que nous devons apprendre et de la science que nous devons mettre en pratique. Mettre en pratique, apprendre et vivre pour et comme le TOUT, c'est manifester le Pouvoir vivant de la Théosophie.

« Ce pouvoir vivant de la Théosophie gît latent, profondément enfoui dans le cœur de chaque homme. Par conséquent, celui qui n'est pas un théosophe est un théosophe à l'état embryonnaire. Il devrait être clair pour un étudiant intelligent que sa tâche, quelque difficile qu'elle soit, n'est pas complexe. La Théosophie préconise la vie simple en soulignant avec insistance, de mille façons, que le pouvoir par lequel nous vivons est de nature simple, tant dans son origine que dans ses opérations. Les hommes se sont écartés de cette simplicité et se sont accablés de mille complexes en recherchant la connaissance en dehors du Soi et la divinité ailleurs que dans le Soi. Ainsi engagés sur le plan incliné de la régression, nous voyons de la division là où existe une solidarité — division entre science et religion, entre inanimé et animé, entre profane et sacré. Au lieu de proclamer « l'immanence de Dieu et la solidarité de l'homme », on proclame Dieu au ciel et les hommes, enfants de poussière et vers sur la terre.

Cette erreur, et sa correction que la Théosophie apporte, chaque étudiant doit en prendre connaissance et en trouver les applications à lui-même, dans sa propre vie. S'il ne le fait pas, la Théosophie restera une religion, une philosophie, une science, un type de charité, une méthode philanthropique par opposition à d'autres religions, philosophies, sciences, types et méthodes d'efforts altruistes.

Le Pouvoir Vivant de la Théosophie doit devenir le pouvoir par lequel nous vivons. Puisque nous avons un instrument matériel et un mental qui fournit de l'énergie, et que nous sommes spirituels en essence, nous devons vivre comme des êtres spirituels notre Religion d'Immortalité Joyeuse qui anime et illumine le mental. Avec l'aide de la philosophie de la Théosophie, nous devons faire en sorte que le mental stimule notre demeure de chair de façon à ce que celle-ci ne soit plus un palais du plaisir, mais un Temple du Dieu Vivant, le Régent qui gouverne de l'intérieur.

Extraits de l’article de B.P. Wadia : « Défendre la Théosophie » (Cahier Théosophique n° 134)

« La faculté d'être fidèle à soi-même résulte d'un processus par lequel on montre sa fidélité à ce que l'on juge vrai, que ce soit par le pouvoir de la pensée et de la raison, ou par la force de l'instinct et du sentiment. Même par le vice du fanatisme, l'âme immortelle de l'homme acquiert la vertu de fidélité à la vérité. Le processus est lent et pénible, comme le sont tous les processus de la nature. Être fidèle avec agressivité à ce qui nous semble correct est le commencement d'une lente et épuisante ascension vers l'altitude sereine, indomptable et conquérante, où l'on se tient, inébranlable dans la défense de la vérité perçue, débarrassé de toute agressivité, inimitié ou haine, animé par un esprit d'aide à l'égard de ceux dont la critique hostile a appelé une telle défense, pénétré par la dévotion et stimulé par la connaissance.

« L'une de ces expériences a trait à la défense de sa propre foi : celle-ci peut être une simple croyance, ou la perception directe de la connaissance acquise, qui s'accompagne de sa propre conviction naturelle.

« Il y a deux principales méthodes auxquelles nous pouvons avoir recours. La première est une contre-attaque pour faire face à l'offensive et aux attaquants qui la mènent : elle consiste à relever les failles dans leurs méthodes et leurs mouvements… La seconde méthode consiste plutôt à faire découvrir l'utilité, la cohérence, la beauté et la vérité de la philosophie et de la position qui sont les nôtres.

« Répandons la bonne nouvelle de la Théosophie et faisons découvrir à tous ceux que nous rencontrons la force, la beauté, la vérité universelle de la Théosophie. Par cette méthode, certains se débarrasseront sûrement de leur carapace d'ignorance et de préjugés. Lorsque, par des efforts répétés, notre propre connaissance aura grandi et notre capacité de discernement se sera épanouie, nous serons prêts à manier les armes de la première méthode.

« Répandre le plus largement possible les enseignements de la Théosophie de façon à ce que le pouvoir de la Sagesse agisse comme son propre défenseur, voilà tout un art pratique.

« Tout d'abord, il faut comprendre que la défense de la Théosophie et l'effort actif pour répandre son message vont de pair. À mesure que nous assimilons les enseignements, nous devrions rayonner le pouvoir de la Théosophie. Ceci réalisé, il reste encore à aider les autres à réajuster leur contenu mental. C'est un tort de supposer que c'est l'absence de connaissance qui amène les attitudes ou expressions anti-théosophiques ; souvent, c'est l'existence d'idées erronées, de pensées fausses, de raisonnements incorrects.

« Rappelons-nous que la manifestation vigoureuse de sentiments anti-théosophiques fait suite à une accumulation silencieuse et passive de façons de voir non-théosophiques. Pour contrecarrer cette accumulation silencieuse, nous devons nécessairement travailler en silence à l'accumulation de sentiments inspirés par la Théosophie. Les gens qui adhèrent à de fausses croyances ne doivent pas être abordés en essayant de leur faire adopter des principes théosophiques. La connaissance doit chasser la croyance, et la conviction éclairée faire crouler la foi inintelligente. Pour obtenir la connaissance et posséder une telle conviction, il faut nécessairement passer par l'étude, la réflexion et l'écoute de la doctrine répétée, non seulement pour notre propre avancement personnel, mais aussi comme une discipline instituée pour aider les étudiants moins « avancés » que nous à réajuster leurs conceptions mentales. L'acquisition de la connaissance par une étude persévérante ne devrait pas être entreprise dans un but égoïste mais comme un devoir visant l'évolution de la race elle-même. »

Extraits de l’article de B.P. Wadia : « Le Vœux de Silence » (Cahier Théosophique n° 134)

« Apprendre la valeur du silence est la première exigence de la vie spirituelle. La conservation de l'énergie spirituelle demande que s'arrête toute dispersion des forces de l'âme. Rares sont les voies par où l'on gaspille autant la divinité de l'homme que par le son et la parole. Les déchets et les rebuts de notre nature kâmique trouvent souvent un exutoire dans des paroles inutiles ou injurieuses. Il y a un rapport étroit entre ce qui entre par la bouche, en tant que nourriture, et ce qui en sort, en tant que paroles — et ceci n'est pas une simple analogie métaphorique. L'ingestion des aliments s'accompagne de leur assimilation et de l'élimination des déchets ; la santé du corps s'améliore, ou pâtit, avec chaque morceau que nous absorbons. L'un des moyens importants de déterminer l'état du corps est d'examiner le processus de la digestion et les produits qu'elle élimine. Notre nature psychique a ses propres voies d'assimilation et d'élimination, ses façons propres de se maintenir en bonne ou en mauvaise santé. L'un des modes d'élimination est en rapport avec le pouvoir de la parole.

« Dans le développement spirituel, apprendre et écouter vont de pair ; enseigner et parler viennent ensuite.

« Un vœu de silence n'implique pas de devenir muet et de ne pas parler du tout. Il comprend les obligations suivantes : l) s'imposer un silence périodique ; 2.) ne jamais se laisser aller à des paroles blessantes et mensongères ; 3.) ne pas se livrer à d'inutiles discours ; 4.) ne pas poser de questions sur la philosophie ou la pratique tant qu'on n'a pas examiné en profondeur tout ce qui a été enseigné, ou qui est à portée de la main, du point de vue des questions particulières envisagées ; 5). ne pas tomber dans le parler ahankarique, c'est-à-dire ne pas tenir de propos sur le Soi ou Ego Divin avec les termes de la nature kâmique, ou inférieure ; 6.) ne pas s'abandonner à des diatribes injurieuses contre la nature inférieure, ses propres défauts et faiblesses, de peur de leur prêter, en en parlant, la force qui résulte du pouvoir de la parole ; 7.) ne pas parler même de ce qui est vrai si ce n'est aux moments opportuns, aux personnes voulues, dans les circonstances appropriées.

« Pendant que l'on pratique ce septuple exercice, il faut en garder le secret. »

 

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