Extraits de la Clef de la Théosophie– H.P. Blavatsky
Extrait des Echos de l’Orient– W.Q. Judge
L’Immortalité pour un petit nombre ? – W.Q. Judge
Réponses à des questions sur l’immortalité – R. Crosbie
L’Alchimie au dix-neuvième siècle - H.P. Blavatsky
Extraits de la Clef de la Théosophie (pp. 117, 179-9, 181, 183)
Le Théosophe ne croit pas à l’immortalité : « de l'« âme » , mais à celle de l'Esprit divin, ou plutôt à l'immortalité de l'Ego qui se réincarne. […] Nous disons que l'Esprit (le « Père dans le secret », selon Jésus), ou Âtman, n'est la propriété individuelle d'aucun homme, mais est l'essence Divine qui n'a ni corps ni forme, qui est impondérable, invisible et indivisible ; on peut dire de lui qu'il n'existe pas mais pourtant qu'il est, comme le disent les bouddhistes en parlant du nirvâna. Il étend son influence sur le mortel, sans être enfermé en lui. Seuls les rayons omniprésents d'Âtman — ou sa lumière — diffusés à travers Buddhi, son véhicule et son émanation directe, entrent dans l'homme et pénètrent tout son corps. C'était le sens secret des affirmations de presque tous les anciens philosophes quand ils disaient que « la partie rationnelle de l'âme humaine » (1) n'entrait jamais entièrement dans l'homme mais étendait sur lui son influence, d'une façon plus ou moins marquée, par l'intermédiaire de l’Âme spirituelle irrationnelle, ou Buddhi (2).
« Le matérialiste, sans le savoir, a raison. Car, pour celui qui n'a aucune perception intérieure de l'immortalité de son âme, ni aucune foi en elle, dans cet homme, l'âme ne peut jamais devenir Buddhi-Taijasî mais restera tout simplement Manas ; or il n'y a pas d'immortalité possible pour Manas seul. Et, pour vivre d'une vie consciente dans le monde suivant, il faut avant tout y croire dans cette vie, pendant l'existence terrestre. C'est sur ces deux aphorismes de la Science Secrète que s'érige toute la philosophie de la conscience post mortem et de l'immortalité de l'âme. L'Ego reçoit toujours selon ses mérites. Pour lui, après la dissolution du corps, commence, selon les cas, une période de conscience pleinement éveillée, ou un état de songes chaotiques, ou encore un sommeil entièrement dépourvu de rêves que l'on ne saurait distinguer de l'annihilation. Et cela correspond précisément aux trois modes de sommeil. Si nos physiologistes voient la cause des rêves et des visions dans la préparation inconsciente où leur trame se forme pendant les heures de veille, pourquoi ne pourrait-on admettre une élaboration analogue pour les rêves post mortem ? Je le répète : la mort est un sommeil. Après la mort, commence, devant les yeux spirituels de l'âme, une représentation qui se déroule selon un programme que nous avons appris et très souvent composé nous-mêmes inconsciemment : là se déploie, dans des faits vécus, la réalisation des croyances correctes, ou bien des illusions que nous avons nous-mêmes créées de toutes pièces. Celui qui a été méthodiste y est méthodiste, le musulman, musulman — au moins pendant quelque temps —dans un paradis parfaitement imaginaire, que chacun s'est créé et construit lui-même. Tels sont les fruits post mortem de l'arbre de vie. »
(1) Dans son sens générique, le terme « rationnel » désigne ce qui émane de la Sagesse Éternelle. [Selon Plutarque la raison (logos) dans l'homme résulte de l'interaction entre l'âme (psuchè) et le noûs, le pouvoir d'intelligence et d'entendement, dérivant lui-même du Soleil, symbole du Logos, du Verbe].
(2) Irrationnelle, dans le sens qu'étant une pure émanation du Mental Universel, Buddhi n'a aucune raison individuelle propre sur notre plan de matière, mais, de même que la Lune emprunte sa lumière du Soleil et sa vie de la Terre, Buddhi reçoit sa lumière de la Sagesse d'Âtma, et ses qualités rationnelles de Manas. Per se, en tant qu'essence homogène, Buddhi n'a pas d'attributs.
« Votre « Moi » spirituel est immortel ; mais de votre soi actuel il ne peut emporter dans l'éternité que ce qui est devenu digne d'immortalité — l'arôme seul de la fleur que la mort a fauchée. »
« II semble donc que, pour la personnalité terrestre, l'immortalité soit toujours conditionnelle. Cependant, l'immortalité elle-même n'est-elle pas inconditionnelle ? Pas du tout. Mais l'immortalité ne peut toucher ce qui est non existant ; car, pour tout ce qui existe en tant que SAT [la Vérité, la Réalité ultime, l’Absoluité, l’Être-té], ou émane de SAT, l'immortalité et l'éternité sont absolues. La matière est le pôle opposé de l'esprit et pourtant les deux ne sont qu'un. Et l'essence de tout cela — je veux dire l'essence de l'esprit, de la force ou énergie et de la matière, ou les trois en un — est sans commencement ni fin. Mais la forme acquise par cette triple unité pendant ses incarnations, son aspect extérieur, n'est certainement que l'illusion de nos conceptions personnelles. Voilà pourquoi nous n'appelons réalité que nirvâna et la vie universelle, tandis que nous reléguons la vie terrestre, sans en exclure sa personnalité terrestre ou même son existence en devachan, dans le domaine chimérique de l'illusion. » [Retour Sommaire]
Extrait des Echos de l’Orient (p. 30)
« La Religion-Sagesse demeure logique d'un bout à l'autre. Elle affirme que l'homme est un être spirituel, et elle n'admet aucune solution de continuité dans la chaîne de vie de quoi que ce soit, une fois qu'elle l'a déclaré immortel. L'Ego profond (1) de chaque homme est immortel, « a existé de tout temps, existera toujours et ne pourra jamais cesser d'exister » ; apparaissant à intervalles successifs, et réapparaissant, revêtu d'un corps à chaque fois différent, il donne seulement l'impression d'être mortel ; cependant, il reste toujours le fondement et le soutien de la personnalité qui agit sur la scène de la vie. Et dans ces apparitions sous une forme mortelle, les questions soulevées plus haut, concernant les conditions prénatales et post mortem, sont pour l'homme d'un intérêt vital car, selon qu'il connaît ou ignore les réponses à leur sujet, sa pensée et son comportement comme acteur sur la scène de la vie changeront ; et il n'est pas moins nécessaire pour lui d'avoir cette connaissance de manière à pouvoir vivre en apportant son aide au grand mouvement ascendant de la vague évolutive.
(1) [En langage moderne, l'ego signifie presque toujours le moi psychologique, lié à l'histoire de la personne, alors que l'Ego, selon la Théosophie, renvoie à ce que l'on tend à appeler notre alter ego supérieur. Cet Ego supérieur est notre principe permanent d'identité : source de notre sentiment du je individuel, indépendant du temps et de l'espace.] [Retour Sommaire]
L’Immortalité pour un petit nombre ?
Question. – Un instructeur en Théosophie dit qu’il n’y a guère qu’un homme entre dix mille qui soit immortel. Cette affirmation est-elle correcte ? Dans l’affirmation, quelle est l’utilité de la réincarnation et dans quel but les Théosophes travaillent-ils ?
Réponse du Théosophe – La seconde question n’aurait pas été posée si on avait accordé plus d’attention à l’acquisition d’une compréhension correcte de la Philosophie Théosophique. Cela n’a jamais été une doctrine secrète que « peu d’êtres parmi les mortels luttent pour la perfection, et que parmi ceux-là, un seul sur dix mille atteint le but désiré ». Ces paroles se trouvent dans la Bhagavad-Gîtâ, qui fut imprimée en anglais pour la première fois, il y a cent ans. Mais, même si nous n’avions pas l’affirmation directe de la Bhagavad-Gîta, les doctrines Théosophiques fondamentales nous obligeraient à conclure que beaucoup d’êtres n’atteindront pas l’immortalité. Toutefois, puisque ces mêmes doctrines nous enseignent à analyser et à déterminer ce que signifient les termes « beaucoup » ou « nous-mêmes », nous voyons que la théorie en question s’applique uniquement à l’égo inférieur, ou strictement humain, et non à l’Esprit. Par conséquent le but de la Réincarnation, c’est que tous les égos puissent avoir l’occasion de devenir immortels en s’unissant à l’Esprit. S’ils ne le font pas, ils sont perdus. En outre, toutefois, on enseigne que les périodes d’évolution se suivent en une succession infinie, et que tous ceux qui sont « laissés en arrière » sans être sauvés à la fin d’une quelconque de ces périodes, sont repris par l’évolution suivante dans le but de leur permettre d’arriver à la perfection. Ainsi, à chaque Manvatara un certain nombre d’Egos atteint la perfection, car cette période est très longue si on l’évalue en années mortelles. Je dis « un certain nombre » car en vérité, ce nombre est très important, quoique, si on le compare au tout, il puisse encore paraître minime.
C’est pour cela que les Théosophes travaillent, non seulement en vue d’atteindre eux-mêmes la perfection, mais afin d’aider tous les autres hommes à faire de même. Et ils devraient se souvenir que, le désirant ou non, les lois de la vie les ramènent sur terre maintes et maintes fois, jusqu’au moment où ils croiront à la doctrine, acquerront l’aspiration et transformeront les deux en action.
[Retour Sommaire] W.Q. Judge - Theosophical Forum, mars 1890
Extrait de l’ouvrage Réponses aux questions sur l’Océan de Théosophie
Question (chapitre I – 17) – J’ai toujours pensé à l'"Âme" comme à une sorte d’abstraction.
Réponse du Théosophe – Il est étrange que nous pensions à la partie Réelle de nous-même comme étant irréelle. Ce qui existe, c'est Ce qui en nous voit, entend, sent, indépendamment du corps et du mental : l’Homme Réel. Buddhi [l’Âme spirituelle unie à l’universel] est l'Ego Immortel. Buddhi ne peut être décrit. Il est ce qui ressent les expériences accumulées. Toute notre expérience réside dans ce pouvoir de ressentir. Manas est le Mental Supérieur, cette partie de Buddhi qui est impliquée dans l’action, le pouvoir créateur de Buddhi. Il existe une ligne continue d'expérience en tant que « Perceveur » ‑ par laquelle la perception vient.
Question (ch. XI – 8) - J'ai compris que l'Ego est immortel et spirituel par nature ?
Réponse du Théosophe - L'Ego est spirituel et immortel dans sa nature essentielle mais comme il possède le pouvoir de percevoir et d'agir, et qu'il illustre en lui-même la loi d'action et de réaction, à mesure qu'il œuvre des plans supérieurs vers les plans inférieurs de substance, il se trouve impliqué dans les plans inférieurs par l'attachement que ceux-ci lui inspirent et il souffre en conséquence jusqu'à ce qu'il surmonte son manque de sagesse et il affirme sa nature réelle sur les plans inférieurs. En tant qu'Ego, nous n'agissons que partiellement dans les corps ; en tant que race [collectivité], nous n'employons pas encore complètement le Manas. [...] Il nous faut forger le lien entre le supérieur et l'inférieur, pendant que nous sommes incarnés.
Question (ch. XV – 16) - Peut-on dire alors que le but ultime de l'homme est la réalisation de sa propre nature ?
Réponse du Théosophe – Pour utiliser une expression, nous pouvons dire que « le but ultime » est la réalisation de la propre nature immortelle et éternelle de l'homme. Nous atteignons cette réalisation seulement par l'expérience, à travers presque toutes sortes de contacts, mais nous avons à comprendre que nous ne sommes pas ces contacts, ni leur ensemble réuni, pas plus que nous ne sommes l'expérience gagnée par eux. L'homme ne peut réaliser sa nature immortelle tant qu'il ne comprend pas qu'en tant que Perceveur [Esprit], il est absolument distinct de tout ce qu'il traverse et non identifié à cela. Il n’est aucune de ses perceptions. Il les regarde toutes, en tire de l'expérience, les utilise comme une base pour des actions ultérieures, en recueille des résultats, bons ou mauvais, mais il n'est aucune de ses perceptions. [Retour Sommaire]
L’Alchimie au dix-neuvième siècle (extrait de l’article)
« Écoutez ce que dit Alipili dans un de ses ouvrages traduits : “Celui qui a la connaissance du microcosme ne peut rester longtemps ignorant de celle du macrocosme. C'est pourquoi les Egyptiens, les zélés investigateurs de la nature, disaient si souvent : « Homme CONNAIS-TOI ». Mais leurs disciples bornés, les Grecs, prirent cet adage en un sens allégorique, et dans leur ignorance l'inscrivirent dans leurs temples. Mais, je te le déclare, qui que tu sois, qui désires plonger dans les profondeurs de la nature, si, ce que tu cherches, tu ne le trouves pas en toi-même, tu ne le trouveras jamais au dehors. Celui qui ambitionne la première place dans les rangs des étudiants de la nature ne trouvera jamais un champ d'étude plus vaste ou meilleur que lui-même. Or, suivant en ceci l'exemple des Égyptiens, et d'accord avec la vérité qui m'a été démontrée par l'expérience, c'est à haute voix et du plus profond de mon âme que je répète les paroles mêmes des Egyptiens : « Oh ! Homme, connais-toi toi-même ; car le trésor des trésors est enseveli en toi ! ».- Extrait de l’article d’H.P. Blavatsky, « L’Alchimie au dix-neuvième siècle » (Cahier Théosophique n°99). [Retour Sommaire]