Le silence et la parole

Le silence et la parole

02 Avr, 2019

La bouche de l'homme et son pouvoir de parole sont considérés comme un capital d'une grande valeur dans l'évolution humaine. Dans la philosophie ésotérique, l'éveil de Manas est un processus intérieur qui affecte la conscience humaine, et sa manifestation extérieure et visible est le développement du langage articulé.

À l'image du Logos Créateur, l'homme crée par la parole. Mais alors que l'Expression Verbale du Logos est vraie, mystique et divine, le langage humain ordinaire est loin d'être exact ou mystique comme l'est la Nature ; très souvent il est à l'opposé du divin ; il porte l'empreinte de la bête — la ruse du renard, la morsure du serpent, la soif de meurtre du tigre ou la tromperie de l'oiseau-moqueur.

Le Vœu de Silence a toujours été considéré comme une nécessité pour le néophyte. Si l'on veut donner à la mère Nature une chance de parler à notre mental cérébral, il y aura une raison de plus de cultiver l'habitude du silence au milieu de nos activités journalières. S'abstenir de parler sans interruption est un exercice négatif qui est nécessaire pour acquérir la faculté positive d'écouter la Voix du Silence. Un mental trop vif et un langage trop rapide apportent des entraves dans la vie du néophyte. L'habitude de maîtriser la vitesse du mental et de ne parler que d'une façon délibérée est purificatrice et aide le développement de la vie du disciple.

Nous avons tendance à vouloir imposer aux autres notre façon de raisonner ; nous avons tendance à ne pas écouter les réponses ou les explications données à nos questions ou à nos recherches ; nous avons tendance à être charmés par le ton de notre voix et par les mots que nous employons. Ce dont la plupart des aspirants souffrent c'est la maladie du langage incontrôlé et sans but. Papotages, racontars, plaisanteries, dégénérant en discussions sur des sujets personnels, en médisance, en calomnie, etc... sont considérées par la Science de l'Occultisme comme des péchés désastreux.

Il serait utile que l'aspirant se pose la question : Suis-je un ennemi dans ma propre maison ? Dans ma famille spirituelle ? Dans le sanctuaire de la Théosophie ? Qui sont mes compagnons d'élection ? — les studieux, les assidus, ou les traînards du matin ou les attardés du soir ?


« Pour l'amour du ciel, ne colportez pas aux autres ce qu'une personne vous raconte ou les renseignements qu'elle vous donne. Il arrivait parfois que l'on mette à mort celui qui apportait des nouvelles au roi. Le meilleur moyen de « faire des histoires » avec rien est de servir d'intermédiaire et de répéter ce qu'on a entendu. Interprétez les mots de la Gîta sur le devoir de chaque homme comme signifiant : je n'ai absolument rien à voir avec ce que les autres imaginent, racontent, ou font, etc., .. étant donné que j'ai déjà bien assez à faire à veiller à mon propre devoir. » (W.Q. Judge. -- Lettres qui m'ont aidé)

B.P. Wadia.

[Traduction d'un article paru dans la revue The Theosophical Movement, Vol. XXV, p.219.] Cahier Théosophique n°137, © Textes Théosophique. 

↑ Remonter la page