Que sont les dons spirituels ? Comment les obtenir ?

Que sont les dons spirituels ? Comment les obtenir ?

15 Mai, 2019

Les premiers pas sur le sentier de la Vie Supérieure, correctement compris et entrepris avec confiance, épargnent à l'aspirant beaucoup de déboires et de rancœurs. On trouvera à ce sujet des conseils précieux et des indications salutaires dans ce Cahier Théosophique qui présente au lecteur deux articles de la plume de W.Q. Judge. Le premier est extrait de Vernal Blooms, le second parut dans la revue américaine The Path en une série de trois articles, insérés dans les numéros d'août et octobre 1886 et février 1887, sous la signature : « American Mystic ».


Que sont les dons spirituels ? Comment les obtenir ? – « Comment puis-je progresser dans la vie supérieure ? Comment puis-je acquérir des dons spirituels ? » C'est une des questions qu'un Théosophe peut être amené à se poser avec une certaine ferveur. L'expression « dons spirituels », qui est plutôt ambiguë, est due à Saint Paul, Apôtre et Adepte, qui écrivit à l'Église Corinthienne : « Pour ce qui est des dons spirituels, je ne veux pas, mes frères, que vous soyez dans l'ignorance. » (Épître aux Corinthiens, 1,12-13.) Parmi les « dons » qu'il énumère à ce propos figurent : la Sagesse, la connaissance, la Foi, le pouvoir de guérir, d'accomplir des miracles, de prophétiser, le discernement des Esprits, le don des langues et de leur interprétation. Mais tout en exhortant les Corinthiens à « aspirer ardemment aux dons les plus grands » (l. ch. 12, 31), Paul s'évertue à leur montrer qu'il existe une voie bien supérieure, celle de la suprême loi de l'amour. « Maintenant », dit-il, « ces trois demeurent : la Foi, l'Espérance, l'Amour ; mais la plus grande c'est l'Amour » (l. ch.13.13).

Par conséquent, aussi désirable que soit leur possession, il est évident, selon l'opinion de cet Adepte, que les dons spirituels n'appartiennent pas au plan le plus élevé, ne constituent pas le but suprême que l'homme doit atteindre, et que leur acquisition n'est pas la voie la meilleure vers la perfection. Sans aucun doute, il est juste de les considérer comme des preuves de progrès sur les plans les plus hauts de la pensée et de la vie spirituelle, et ils peuvent être désirés et utilisés pour le service d'autrui. Ils ne sauraient, toutefois, représenter l'objet principal de notre désir, car le but suprême de l'homme est de devenir Dieu et « Dieu est amour ».

Mais examinons ce sujet d'un peu plus près. Et d'abord qu'est-ce qu'un « don » ?  Dans quel sens ce mot est-il employé couramment ? Pour être précis, c'est quelque chose qui est accordé à quelqu'un alors qu'il ne le possédait pas encore et qu'il n'était pas susceptible de l'acquérir par un processus de développement ou de croissance. Car, avec un tel processus, nous aurions affaire, strictement parlant, à un   fruit » et non pas à un « don ». Un arbre qui n'a rien produit d'autre que des feuilles et des branches pendant de nombreuses années se couvre finalement de fleurs et de fruits. Aucun nouveau don ne lui a été accordé. Il a simplement atteint un stade de développement dans sa croissance naturelle où certains pouvoirs, inhérents à lui-même dès l'origine, ont l'opportunité de s'exprimer.

Il en est de même pour les pouvoirs transcendantaux possédés par les Adeptes ; ce ne sont pas des dons, mais le résultat naturel d'une croissance dans certaines directions et, pour ainsi dire, l'efflorescence nécessaire du profond développement de ces potentialités spirituelles qui sont l'héritage de tous les hommes.

Si l'on considère le terme « dons spirituels » avec cette signification, je pense que tous les Théosophes admettront qu'il s'agit d'une mauvaise expression. Il n'y a et il ne peut y avoir aucun don que l'homme puisse recevoir. Ce qu'est actuellement l'homme qui recherche la vie supérieure est le résultat de ses efforts passés. Quoi qu'il puisse devenir dans l'avenir, il le devra à ses propres efforts. Il peut développer ses facultés latentes et, le moment venu, devenir un Adepte, comme il peut dériver au long des courants de la vie, sans but et sans efforts, pour sombrer finalement dans l'oubli. Sa destinée est dans ses propres mains et ne saurait dépendre de « dons ».

Gardant en mémoire, toutefois, l'idée que l'homme est de nature multiple, nous pouvons étudier le sujet d'un point de vue différent. On peut dire, en général, en vue d'applications pratiques, que l'homme est composé du corps, de l'âme et de l'esprit, l'Âme étant l'Ego véritable, et l'Esprit étant un avec le Suprême. Et si l'on considère, pour un moment, chacune de ces trois parties comme une entité distincte, il s'avère parfaitement vrai, comme le dit Jacques, un autre Apôtre, que « toute grâce excellente et tout don parfait viennent d'en haut ». (Jacques, ch. 1,17.). Chaque aspiration de l'âme pour ce qui est spirituel, chaque résolution prise par l'homme de mener une vie plus pure, chaque main tendue généreusement à un frère plus faible, chaque désir pour la Vérité, toute faim et soif de justice, tout ceci, les désirs ardents et les efforts de l'âme, proviennent d'en haut, du Divin en nous. En ce sens, on peut les appeler des dons, dons de la nature supérieure à la nature inférieure, du spirituel à l'humain. Et cette action du supérieur sur l'inférieur est perçue dans ces attributs humains, ces qualités, ces vertus — quel que soit le nom qu'on veuille leur donner — que Paul énumère ailleurs comme étant les fruits de l'esprit : l'amour, la joie, la paix, la patience, la bienveillance, la bonté, la fidélité, la douceur, la maîtrise de soi. (Saint Paul aux Galates, ch. V, 22-23.)

Que nous les considérions de l'un ou de l'autre de ces points de vue, comment pouvons-nous atteindre les dons spirituels ?

La réponse semble dépendre de la notion du véritable motif qui nous pousse à faire des efforts. Si les pouvoirs extraordinaires des Adeptes ont captivé notre imagination et enflammé notre ambition, nous devons alors armer nos âmes de patience. Bien peu d'entre nous, si même il en est un seul, sont prêts pour un processus de « forcing ». Nous devons nous contenter d'attendre et de travailler, de croître et de nous développer, pas à pas, progressivement, jusqu'à ce que nous atteignions, peut-être après des âges, la stature de l'homme parfait. Toutefois, si, reconnaissant prudemment nos limitations, nous nous efforçons cependant d'acquérir ce qu'on nomme couramment les manifestations de l'esprit, deux lignes évidentes de conduite s'offrent à nous.

Chaque impulsion d'en haut, chaque inspiration du Divin en nous, devrait aussitôt trouver un accueil chaleureux et un écho. Si vous avez fortement envie de visiter quelque ami ou voisin malade ou affligé, obéissez à la suggestion sans délai. Si le désir de changer de conduite s'élève dans votre conscience inférieure, n'attendez pas à l'année prochaine, faites-le sur-le-champ. Si quelque pathétique histoire de souffrance vous a ému, agissez sur cette émotion pendant que vos joues sont encore humides de larmes. En résumé, suivez dès maintenant les voies Divines, mettez-vous en harmonie avec les lois Divines. Plus de lumière, plus de sagesse, plus de spiritualité doivent nécessairement venir à celui qui s'est ainsi préparé et qui vit dans cette expectative. Comment une barre de fer peut-elle être pénétrée par le magnétisme de la terre si elle est placée en travers de la ligne du méridien magnétique au lieu de lui être parallèle ? Comment un homme peut-il espérer des dons ou des pouvoirs spirituels s'il persiste à ignorer les conditions spirituelles, à violer les lois spirituelles ? Pour obtenir le bien, nous devons avoir de bonnes pensées, de bons désirs doivent nous animer ; en résumé, nous devons être bons.

Ce qui est ainsi suggéré consiste à accomplir loyalement et consciencieusement chacun des devoirs qui nous incombent. C'est dans les incidents de la vie quotidienne et par eux, dans le travail bien fait, dans les devoirs consciencieusement accomplis, que nous pouvons aujourd'hui faire le plus de progrès dans la vie supérieure — un progrès lent, peut-être, mais certain. Tels sont les jalons vers un meilleur état de choses. Nous avançons plus rapidement lorsque nous nous arrêtons pour aider d'autres compagnons de route. C'est lorsque nous sacrifions le plus que nous recevons le plus. Nous atteignons l'amour Divin dans sa plénitude lorsque nous aimons nos frères avec un amour dénué de tout égoïsme. Nous nous unissons avec le Suprême lorsque nous nous oublions nous-mêmes dans le Service de l'Humanité.

W.Q. Judge.

© Textes Théosophiques – Cahier Théosophique n°2.

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