Le vrai progrès – Peut-on l'aider en observant la lumière astrale ?

Le vrai progrès – Peut-on l'aider en observant la lumière astrale ?

27 Fév, 2020

Ceux qui se lancent dans des discussions pour savoir s'il serait préférable d'entrer en rapport avec le plan astral et de voir ce qu'il renferme, plutôt que d'étudier la métaphysique et l'éthique de la Théosophie, seront peut-être aidés par l'expérience personnelle d'un de leurs compagnons d'étude. Il se trouve que pendant plusieurs années j'ai fait des recherches et des expériences sur la lumière astrale dans le but de développer, si possible, le pouvoir d'y exercer la vision et de contempler les images merveilleuses de ce plan qui tentent l'observateur. Mais bien que, dans une certaine mesure, le succès ait couronné mes efforts (pour ce qui est de voir ces choses étranges), je découvris que je n'en savais pas plus sur la façon dont ces images étaient rendues visibles, ni sur les sources d'où elles provenaient. J'avais en ma possession un grand nombre de faits, mais plus je les accumulais plus insaisissable me paraissait la loi qui les gouverne.

Je m'adressai alors à un instructeur qui me dit :

« Prends garde aux illusions de la matière ». « Mais », demandai-je, « Est-ce de la matière ce en quoi je plonge mon regard ? »
« Oui, et d'une nature plus grossière que celle qui compose ton corps ; elle est pleine d'illusions, grouillante d'êtres hostiles au progrès, et remplie de pensées de tous les méchants qui ont vécu. »
« Comment obtenir la moindre connaissance à son sujet à moins de l'explorer ? »
« Il sera bien temps de le faire lorsque tu te seras équipé des moyens convenables pour cette exploration. Celui qui s'aventure dans un territoire inconnu, dépourvu de tout le nécessaire, sans boussole et ignorant des habitudes des populations, celui-là est en danger. Réfléchis et vois. »

Laissé ainsi à moi-même, je me mis en quête de gens qui s'intéressaient à la lumière astrale en amateurs et avaient l'habitude d'y regarder chaque jour les images qu’elle contient. Je leur demandais des explications mais aucun d’eux n’avait de théorie ni de base philosophique. Ils avaient tous des vues confuses, qui ne s’accordaient pas entre elles. Également, presque tous étaient dans une ignorance complète à propos d’autres questions, d’importance vitale. Aucun n’était maître de lui-même, ou de ses humeurs ; mû par les vents contraires du désir, chacun donnait l’impression d’être anormal car, tout en possédant le pouvoir de voir ou d'entendre dans la lumière astrale, ces gens n'avaient aucun contrôle dans tous les autres domaines de leur être. Bien plus, ils paraissaient intoxiqués, dans une certaine mesure, par le caractère étrange de leur pouvoir ; car si, sous ce rapport, il les plaçait au-dessus des autres, dans les affaires couran­tes de la vie, il les laissait démunis de toute capacité.

Par un examen plus approfondi, je me rendis compte que tous ces « croyants » n'étaient en réalité que des « demi-voyants — et même pas cela. L'un pouvait entendre des sons astraux mais était incapable de visions astrales ; un autre voyait bien des images mais sans aucune perception auditive ou olfactive ; d'autres encore ne voyaient que des symboles — et chacun se gaussait du pouvoir spécial de l'autre. Je me mis même à étudier le grand Emanuel Swedenborg : je découvris en lui un voyant doué d'un merveilleux pouvoir, mais dont la constitution lui faisait voir dans la lumière astrale un ensemble d'images qui ne faisaient que prolonger ses propres croyances héritées. Et bien qu'il ait eu quelques visions réelles de scènes de la vie quotidienne qui se dérou1aient à distance, elles furent trop peu nombreuses pour retenir toute l'attention.

L'un des dangers, contre lequel j'avais été précédemment mis en garde, m'apparut alors clairement en évidence : c'était le risque de tomber dans la confusion et l'obscurcissement du mental par le fait de la récurrence d'images qui étaient dépourvues de tout effet salutaire sous l'angle de l'expérience. C'est pourquoi je retournai chez la personne qui m'avait enseigné et lui demandai :

« La lumière astrale n'a-t-elle aucun pouvoir d'instruire et, dans ce cas, pourquoi en est-il ainsi ? Et y a-t-il d'autres dangers que ce que j'ai découvert ?

Je reçus la réponse suivante :

« Le plan astral n'a en lui-même, aucune espèce de pouvoir de t'instruire. Il recèle les impressions laissées par les hommes dans leur ignorance et leur folie. Incapables de faire naître les vraies pensées, ils continuent d'infecter cette lumière du virus de cette vie que rien ne guide. Et toi, comme n'importe quel autre voyant qui y exerce sa vision, tu ne fais que fausser et déformer tout ce que tu y trouves. En général, elle te présente des images qui, dans une large mesure, ont des traits communs avec tes habitudes, tes faiblesses et les particularités de ta propre constitution. C'est ainsi que tu ne vois qu'une image déformée ou exagérée de toi-même. Elle ne t'enseigne jamais la raison des choses, car elle n'en a pas connaissance ».

« De plus, quand on poursuit dans cette voie, il se présente d'autres dangers que tous ceux que tu as pu rencontrer. C'est là que se trouve le gardien du seuil, formé de tout le mal que l'homme a pu faire. Nul ne peut échapper à son approche, et celui qui n'est pas préparé court le danger de trouver la mort, ou de sombrer dans le désespoir ou la ruine morale. Ainsi donc, tourne tout ton Être vers l'aspiration spirituelle et la vraie dévotion qui sera pour toi un moyen d'apprendre à connaître les causes qui opèrent dans la nature, ainsi que leur mode d'action et le domaine où elles s'exercent. »

Je m'engageai donc conformément à cette instruction, et je découvris qu'une base philosophique, une fois bien acquise, permettait de voir clairement comment arriver à l'affranchissement de toute passion (1), et rendait facile l'exercice à ce niveau. Bien plus, cela me permettait de disperser les milliers de doutes qui assaillent les autres qui fouillent de leur regard la lumière astrale. Cette démarche est aussi la pratique enseignée jadis par les écoles de l'antiquité d'où nous vient notre connaissance au sujet de cette lumière astrale. Elles obligeaient le disciple à renoncer formellement à toutes pratiques occultes en attendant le moment où il aurait édifié une base sûre de logique, de philosophie et d’éthique : ce n'était qu'à cette condition qu'il avait la permission d'aller plus loin dans cette étrange contrée d'où plus d'un explorateur parti sans préparation préalable était revenu les mains vides de toutes vérités et parfois dépouillé de sa raison. Je sais, de plus, que les Maîtres de la Société Théosophique (2) ont écrit ces mots : « que la Société Théosophique prospère par la force de la valeur morale et de la philosophie, et qu'elle renonce à rechercher les phénomènes [psychiques] ». Nous croirons-nous plus grands qu'eux, et allons-nous dans l'ignorance ouvrir la voie sur le sentier qui mène à la ruine ?

Bryran Kinnavan (W.Q. Judge)

Traduction d'un article de W.Q. Judge (signé du nom de plume Bryan Kinnavan) publié dans la revue The Path, (juillet 1890) sous le titre : « True Progress ».

Notes

(1) Le mot anglais est dispassion, qui renvoie à la clef de viraga évoquée dans la Voix du Silence (p.59) : « l'indifférence au plaisir et à la douleur, l’illusion conquise et la vérité seule perçue ». (N.d.T.)

(2) Allusion aux Maîtres de Sagesse qui furent es instigateurs de la fondation de la Theosophical Society par Mme Blavatsky, le colonel 0lcott et W.Q. Judge, et qui soutinrent le déve1oppement du mouvement théosophique au XIXe siècle. (N.d.T.)

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