L’initiation
Les quatre degrés d’initiation
Une référence à la Bible
L’initiation
Comme chacun le sait, il y avait dans toutes les grandes religions du passé, des grades parmi les fidèles, et des étapes successives pour atteindre ces grades, jusqu’à l’initiation aux mystères [secrets].
Ces initiations existent toujours parmi les adeptes de la Religion-Sagesse. Étant par leurs natures même enveloppées d’un plus profond mystère, elles ont éveillé beaucoup de curiosités quant à leur véritable caractère. Beaucoup semble considérer que l’initiation est un procédé mécanique qui ne dépend que de la volonté de l’initiateur, et certains sont prêts à blâmer les dispensateurs des mystères pour ne pas publier, le plus largement possible, toute la connaissance qu’ils possèdent afin de toucher tous les curieux.
Mais la chose la plus importante dans l’initiation est la capacité du candidat lui-même. Il est dit dans la Bible qu’on ne met pas le vin nouveau mis dans des outres vielles, car autrement les outres éclatent [Matthieu, 9, 17], cela signifie que si la connaissance ésotérique est transmise prématurément par rapport au progrès accompli par le candidat, son équilibre mental sera détruit et la folie pourra s’en suivre.
Ainsi l’attitude que nous devons adopter n’est pas tant le désir intense d’être initié – qui n’est souvent qu’une forme d’ambition, un désir d’être supérieur à nos compagnons – qu’une intense détermination de faire tout ce qui est en notre pouvoir pour être digne d’être admis parmi les initiés.
S’il est vrai que « tout l’univers est un agrégat d’états de conscience, » il semblerait en découler que les réelles différences entre celui qui est un initié et celui qui ne l’est pas réside dans le fait que le premier regarde tout d’un point de vue totalement différent que la majorité des hommes. Ce n’est pas tant dans le fait d’avoir acquis des éléments de connaissance que les autres ne possèdent pas, ou de savoir manipuler les forces cachées de la nature, qui compte, mais le fait être conscient sur un plan de supérieur. Celui qui est pleinement conscient sur un plan supérieur, verra toutes ses idées de manière plus large que les autres et il sera sensible à l’action de causes de portée plus profonde de celles connues des autres. Il sera, pour ainsi dire, en possession d’informations d’un caractère plus élevées et supérieures et il sera capable d’un jugement plus juste qui lui confèreront un énorme pouvoir.
Le mouvement de tout l’univers n’est que la manifestation particulière et l’exemple de l’action de la pensée sur la matière, gouvernée du plus haut par l’action du mental universel. Entre le mental humain fini de l’individu ordinaire non-initié et ce mental universel, il y a un nombre infini de degrés ascendants, et plus la conscience s’élève de plan en plan et approche du mental universel plus elle s’unit, pour ainsi dire, à la source principale de tout. Bien qu’il n’y ait pas de ligne de démarcation pures et dures dans la nature cependant ces degrés variés peuvent être divisées en grandes étapes ; c’est le fait de les atteindre successivement, l’une après l’autre qui représente les degrés d’initiation. Quand toute l’expérience a été faite sur un plan, il faut, pour ainsi dire, une impulsion nouvelle et fraîche (*) pour permettre au candidat d’aller plus haut et c’est cette impulsion qui est fournie au moment de l’initiation.
Alpha
Publié pour la première fois en Juin 1886 dans la revue The Theosophist.
Theosophical and Notes – Traduction de l’article “Initiation”, pp. 60 – 61.
(*) Quelques citations complémentaires pour comprendre ce qu’est l’initiation, le statut d’un initié et la grâce invoquée dans cet article :
- « S’il est demandé : « Quand est-ce que se produit le changement décrit comme le passage d’un Bouddha, ou d’un Jivanmukta (Libéré vivant) au Nirvana, et où va résider la conscience originelle qui anime le corps ? […] La réponse est que si la conscience emprisonnée peut être « une certaine connaissance développée par observation et expérience » […] cette conscience désincarnée n’est plus un effet mais une cause. C’est une partie du Tout, ou plus tôt un Rayon, sur l’échelle graduée de son activité manifestée, de la Flamme illimitée, unique et pénétrant tout – dont les réflexions seules peuvent se différentier – et en tant que telle, la conscience est douée d’ubiquité, et ne peut être ni localisée, ni centrée sur ou dans aucun sujet particulier, ni ne peut être limitée. Ses effets seuls appartiennent au domaine de la matière, car bien qu’elle soit une énergie qui affecte la matière de diverses manières, sa conscience per se, telle que comprise et expliquée par la philosophie occulte, est de la qualité la plus haute du principe spirituel sensible en nous-mêmes, c’est-à-dire, l’Âme Divine (ou Bouddhi) et notre Ego Supérieur qui n’appartiennent pas au plan matériel. Après la mort l’homme physique, s’il est un initié, sa conscience sera transformée d’une qualité humaine en un principe indépendant ; l’Ego conscient devenant Conscience per se sans Ego, dans le sens que cette dernière ne peut plus être limitée ou conditionnée par les sens, ou même par l’espace ou le temps. » P. Blavatsky, extrait de “The Seven Principles”.
- Lire l’article « L’Idylle du Lotus Blanc » de Subba Row, éd. Adyar.
- Ce qu’est le moment du choix : voir. W.Q. Judge, Les Lettres qui m’ont aidé, p.7, Epitomé de Théosophie, pp. 162-3, 174-5 (éd. Textes Théosophiques).
- Platon : la naissance de l’âme immortelle : Timée, 90 a-d.
- Article d’H.P. Blavatsky, « Notes sur l’Évangile de Jean », Cahier Théosophique n°24. [Retour sommaire]
Les quatre degrés d’initiation
« (b) Il y a quatre grades d’initiation mentionnés dans les ouvrages exotériques et ces grades sont connus respectivement par les termes sanscrits suivants : Srôtâpanna, Sakridâgâmin, Anâgâmin, et Arhan [*]. Les quatre chemins du Nirvâna dans cette quatrième Ronde, – la nôtre, – portent les mêmes appellations. L’Arhan, quoiqu’il puisse voir le passé, le présent et le futur, n’est pas encore l’initié le plus élevé ; car l’Adepte lui-même, le candidat initié, devient le chêla (élève) d’un initié supérieur. L’Arhan doit encore conquérir trois grades plus élevés s’il veut atteindre le sommet de l’échelle. Il en est qui ont atteint ce sommet même dans notre cinquième Race, mais les facultés nécessaires pour y arriver ne seront pleinement développées, chez l’ascète ordinaire, qu’à la fin de cette Race-Racine, et surtout dans la sixième et la septième. Par conséquent, il y aura des Initiés et des profanes jusqu’à la fin de ce Manvantara mineur, le Cycle actuel de vie. Les Arhats du « brouillard de feu » du septième échelon n’ont plus qu’un degré à monter pour atteindre la « Rase Racine » de leur Hiérarchie, et cette hiérarchie est la plus élevée sur la Terre et sur notre chaîne terrestre. Cette « Base racine » a un nom qu’on ne peut traduire en langue occidentale qu’au moyen de plusieurs mots composés : « le Banyan humain qui vit toujours ». Cet « Être merveilleux » descendit, dit-on, d’une « région élevée » dans la première partie du troisième Âge, avant la séparation des sexes, pendant la troisième Race.
« On appelle quelquefois (collectivement) cette troisième Race les « Fils de la Yôga passive », ce qui veut dire qu’elle fut inconsciemment produite par la seconde Race, laquelle étant intellectuellement inactive est considérée comme vivante plongée dans cette espèce de contemplation abstraite qui fait partie intégrante des conditions de la Yôga. Dans la première partie de l’existence de celle troisième Race, pendant son état de pureté, les « Fils de Sagesse » qui, comme on le verra plus loin, s’incarnèrent dans cette Race Racine, produisirent par Kriyâshakti des descendants appelés les « Fils d’Ad « ou fils du « brouillard de feu », « Fils de la Volonté de la Yôga », etc. C’était là un produit conscient, car une partie de la Race était déjà animée par l’étincelle divine de l’intelligence spirituelle et supérieure. Mais ces descendants ne constituaient pas une race. Ils furent d’abord un Être merveilleux appelé « l’initiateur », et après lui vint un groupe d’Êtres semi-divins et semi-humains. « Mis à part » dans la genèse archaïque pour des œuvres spéciales, ce sont ceux en qui, dit-on, les Dhyânis supérieurs s’incarnèrent – « Munis et Rishis de précédents Manvantaras » – pour former la pépinière des Adeptes humains de l’avenir, sur cette Terre et durant le cycle actuel. Ces « Fils de la Volonté et de la Yôga » nés, pour ainsi dire, d’une façon immaculée, restèrent entièrement à part du reste de l’humanité.
« L’« Être » dont nous venons de parler, et qui doit rester sans nom, est l’Arbre duquel sont descendus, dans les âges suivants, tous les grands Sages et Hiérophantes historiques : Le Rishi Kapila, Hermès, Enoch, Orphée, etc. Comme homme objectif, c’est le mystérieux personnage (toujours invisible pour les profanes, quoique toujours présent) dont parlent toutes les légendes de l’Orient et dont s’entretiennent les Occultistes et les étudiants de la Science sacrée. C’est lui qui change de forme, et cependant reste toujours le même. Et c’est lui encore qui possède l’autorité spirituelle sur les Adeptes initiés du monde entier. C’est, comme nous l’avons dit, « le sans nom » qui a pourtant beaucoup de noms et dont, cependant, les noms et la nature sont inconnus. C’est l’initiateur, appelé le « grand sacrifice », car, assis sur le seuil de la lumiÈre, il regarde en elle du cercle d’obscurité dans lequel il se trouve et qu’il ne veut pas traverser ; et il ne quittera son poste qu’au dernier jour de ce Cycle de Vie. Pourquoi le Veilleur solitaire reste-t-il au poste qu’il a lui-même choisi ? Pourquoi s’assied-il près des bords de la Fontaine de la Sagesse primordiale dont il ne boit plus, – car il n’y a rien à apprendre qu’il ne sache déjà, ni sur cette Terre, ni dans son Ciel ? Parce que les Pèlerins solitaires, fatigués dans leur voyage de retour, vers leur patrie ne sont jamais sûrs, même au dernier moment, de ne pas perdre leur chemin dans ce désert sans limites d’illusion et de matière, qu’on appelle la Vie terrestre ; parce qu’il désire montrer, à chaque prisonnier qui a réussi à se libérer des liens de la chair et de l’illusion, le chemin qui conduit à cette région de liberté et de lumière d’où il est lui-même un exilé volontaire ; parce que, en un mot, il s’est sacrifié pour le salut de l’Humanité, quoiqu’un très petit nombre d’élus paissent profiter du grand sacrifice.
« C’est sous la direction silencieuse de ce Maha-grand-Guru que, depuis l’éveil de la conscience humaine, tous les autres Instructeurs de l’Humanité ont guidé les humanités primitives. C’est par l’intermédiaire de ces « Fils de Dieu » que les races en enfance reçurent leurs premières idées sur les arts, les sciences et la connaissance spirituelle ; c’est Eux qui posèrent la première pierre de ces antiques civilisations qui provoquent l’étonnement des générations modernes de chercheurs et de savants. (*).
(*) « Que ceux qui n’admettent pas cette assertion expliquent par des causes aussi rationnelles le mystère de la science extraordinaire possédée par les anciens, – les anciens que l’on croit les descendants de sauvages inférieurs, semblables à l’animal, des « hommes des cavernes » de l’âge paléolithique ! Qu’ils lisent, par exemple, des ouvrages comme ceux de Vitruve Pollion, du siècle d’Auguste, sur l’architecture, ouvrages dans lesquels les règles des proportions sont celles qui étaient enseignées autrefois pendant l’Initiation, et ils prendront connaissance de cet art vraiment divin et comprendront la signification ésotérique profonde cachée dans chaque règle, dans chaque loi de proportion. Nul descendant d’un habitant des cavernes paléolithiques n’aurait pu trouver, sans aide, une pareille science, même au cours de myriades sans nombre d’années consacrées à la pensée et à l’évolution intellectuelle. Ce sont les élèves de ces Rishis et Dévas incarnés de la Troisième Race-Racine qui, de génération en génération, transmirent à l’Égypte et à la Grèce leur sagesse avec la loi des proportions qui est maintenant perdue ; de même que les Initiés de la quatrième Race, les Atlantes, la transmirent aux Cyclopes (Fils des Cycles ou de l’Infini) dont le nom passa aux générations encore plus reculées des prêtres gnostiques. « C’est grâce à la perfection divine de ces proportions architecturales que les anciens pouvaient construire ces merveilles des âges, leurs Temples, Pyramides, Cryptes, « Cromlechs », « Cairns », Autels, démontrant qu’ils avaient des pouvoirs mécaniques auprès desquels l’habileté moderne n’est qu’un jeu d’enfants ; et notre art actuel, en parlant de ces travaux, dit qu’« ils paraissent l’œuvre d’un géant à cent mains » (Kenealy, Book of God, p. 118.). Les architectes modernes n’ont peut-être pas entièrement négligé ces règles, mais ils y ont ajouté assez d’innovations empiriques pour en détruire les proportions exactes. C’est Vitruve qui donna à la postérité les règles de construction des temples grecs érigés aux dieux immortels ; et les dix livres de Marc Vitruve Pollion sur l’Architecture, livres d’un homme, en [bref], qui fut un initié, ne peuvent être étudiés qu’ésotériquement. Les cercles druidiques, les Dolmens, les Temples de l’Inde, de l’Égypte et de la Grèce, les Tours, et les 127 villes d’Europe auxquelles l’institut français a reconnu une « origine cyclopéenne », sont tous l’œuvre des Prêtres architectes initiés, descendants de ceux qui furent d’abord instruits par les « Fils de Dieu » et qu’on nommait avec raison les « Constructeurs ». Voici ce que rapporte, au sujet de ces descendants, l’appréciation de la postérité : « Ils ne se servaient ni de mortier, ni de ciment, ni d’acier, ni de fer pour tailler les pierres ; et cependant elles sont travaillées d’une façon si artistique que dans bien des endroits on aperçoit à peine les jointures, et bien de ces pierres, – au Pérou notamment, – ont 38 pieds de longueur, 18 de largeur et 6 d’épaisseur. Dans les murs de la forteresse de Cuzco il y a des pierres plus grandes encore (Acosta, VI, 14.). Autre citation : « Les remparts de Syène, construits il y a 5 400 ans, lorsque cette ville était exactement sous les tropiques, ce qui n’est plus le cas, étaient de façon à ce qu’à midi, au moment précis du solstice solaire, le disque entier du soleil fût réfléchi sur leur surface, – résultat que le savoir de tous les astronomes d’Europe réunis ne serait pas capable d’accomplir maintenant (Kenealy, Book of God, p. 118. »
La Doctrine Secrète, éd. ebooks – BNF collection
(The Secret Doctrine, vol. I ; pp. 206-8, éd. originale).
Notes [*] voir Glossaire de la Voix du Silence. [Retour sommaire]
Une référence à la Bible
« L’Initiation, comprenant la naissance spirituelle comme Initié, suivie de sa résurrection après trois jours de transe (correspondant à un mode de purification) pendant lesquels son corps humain ou son Astral se trouve dans le Hadès, ou l'Enfer — qui est, la terre — et son Ego divin au Ciel, ou la sphère de Vérité. Le Nouveau Testament décrit la magie blanche, ou divine, qui est désintéressée. » - H.P. Blavatsky, extrait de l’article « Notes sur l’Évangile selon Saint Jean ». [Retour sommaire]