LETTRE N°28 – LE PRINTEMPS ET LE MYSTÈRE DE LA RÉSURRECTION
Mars – Avril 2016 - La prochaine Lettre paraîtra le 1er mai 2016. Elle aura pour thème : Isis Dévoilée (le premier ouvrage de H.P. Blavatsky).
Vidéo (disponible sur ce site) : « Pâques : comment retrouver le sens du sacré ».
Voir la vidéo sur YouTube :
Audio (disponible sur ce site) : « La résurrection : de quoi s’agit-il vraiment ? »
Programme des activités– Nouvelle Page de la LUT de Paris sur Facebook
PENSÉE DU MOMENT
« L’homme qui sait tirer parti de ses réminiscences, initié sans cesse aux mystères de l’absolue perfection, devient seul véritablement parfait » ‒ Platon, Phèdre, 249c (traduction É. Chambry, éd. Garnier Flammarion).
« De tous les devoirs le principal est d’acquérir, au moyen de l’étude des Upanishad, la connaissance de l’Âme (Âtma) suprême, c’est la première de toutes les sciences ; par elle, en effet, on acquiert l’immortalité. » ‒ Lois de Manu (Livre XII, n°85), traduction Loiseleur-Deslongchamps.
« Que chaque homme soit à lui-même sa propre révélation. Que l'esprit immortel de l'homme prenne une bonne fois possession du temple de son corps, qu'il en chasse les marchands et toute l'impureté qui s'y trouve, alors sa propre humanité divine le rachètera ; car, lorsqu'il sera ainsi en communion avec lui-même, il connaîtra le "bâtisseur du Temple" » […] « La Théosophie maintient au contraire que l'homme est une émanation de l'Essence Divine, Inconnue bien que toujours présente et infinie, et que son corps, comme toute autre chose, est impermanent et n'est en conséquence qu'une illusion, et que seul l'Esprit en l'homme est l'unique substance permanente, qui finit même par perdre son individualité séparée au moment de sa réunion complète avec l'Esprit Universel. »‒ H.P. Blavatsky, La Clef de la Théosophie, pp. 68, 232.
« Chaque homme est son propre créateur, et chacun doit être son propre sauveur en apprenant à faire bon usage du Pouvoir Unique ». « Chaque homme doit être à lui-même une loi morale et spirituelle » – R. Crosbie, traduction du Friendly Philosopher, pp. 213, 233.
CŒUR DE LA THÉOSOPHIE
Le symbolisme du Printemps
Le Printemps et Pâques
« Pâques est l'aboutissement de Noël. La date de cette fête est calculée, elle aussi, selon un cycle solaire, celui de l'équinoxe de printemps, en tenant compte, de plus, d'un cycle lunaire. C'est la promesse réalisée. La graine sous terre a accompli son travail de gestation, les bourgeons se sont emplis de sève jeune et forte, les œufs dans les nids des oiseaux, les milliers de vies qui partout semblaient endormies, s'éveillent et s'épanouissent. Pâques est le « passage » de la mort apparente à la vie réelle. C'est la preuve éclatante de la jeunesse éternelle de la vie qui infatigablement élabore des formes. Quel meilleur symbole naturel que l'Œuf en cette saison du renouveau ? Quelle meilleure période pour fêter la promesse réalisée par l'Instructeur spirituel ? Mais en quoi consiste cette promesse ?
« Pâques, c'est le moment où l'Initié réalise l'immortalité : la résurrection de la vie en esprit. Selon les termes de St Paul : « Le corps est semé corruptible ; il ressuscite incorruptible ; il est semé méprisable, il ressuscite glorieux ; il est semé infirme, il ressuscite plein de force ; il est semé corps animal, il ressuscite corps spirituel. S'il y a un corps animal, il y a aussi un corps spirituel ». Puis il explique que l'homme est double : le premier homme tiré de la terre est terrestre, le second homme est du ciel. « Ce que je dis, frères, c'est que la chair et le sang ne peuvent hériter le royaume de Dieu et que la corruption n'hérite pas l'incorruptibilité ». « Nous ne mourrons pas tous, mais tous nous serons changés ». […] La résurrection, ou immortalité, est le couronnement de cette naissance spirituelle, car l'Adepte forge, au fur et à mesure de ses progrès spirituels, un véhicule permanent — un « corps glorieux » — qui deviendra le siège de sa conscience ininterrompue. » ‒ «Le symbolisme de Pâques », Cahier Théosophique, n°34, pp.4/5.
Lire tout l’article « Le symbolisme de Pâques ».
L’Equinoxe
« Comme les aiguilles de l'horloge marquent l'heure, de jour en jour et d'année en année, le soleil parcourt les signes du Zodiaque ; mais en même temps il régresse lentement. En traversant cette période, il revient de nouveau au même point, prend du retard ou rétrograde. C'est ce qu'on appelle la précession des équinoxes et cela fait un certain nombre de secondes, pendant une période donnée. Ces secondes dans le ciel prises dans le cycle du temps vous montrent que le soleil prend 25.000 et quelques années pour revenir à l'endroit d'où il est parti à un moment donné. Autrement dit, si vous imaginez que le 1er avril de cette année, le soleil était à un certain degré du Bélier, l'un des signes du Zodiaque, il ne reviendra pas à ce signe dû à la précession des équinoxes avant que 25.000 ans ne se soient écoulés.
« En considérant la nature, nous trouvons aussi qu'il y a l'été et l'hiver, le printemps et l'automne. Ce sont des cycles et chacun d'eux affecte la terre avec les êtres humains qui s'y trouvent. La doctrine ésotérique […] enseigne que la loi des cycles est la loi suprême gouvernant notre évolution ; que la réincarnation […] est une loi cyclique en activité et elle est suprême. Car qu'est-ce que la réincarnation si ce n'est la renaissance (le retour à la vie), justement ce que les anciens Égyptiens enseignaient et dont nous découvrons la véracité, car il n'est d'autre moyen que cette loi cyclique de réincarnation pour faire comprendre les problèmes de la vie qui nous assaillent. Ceci explique notre propre caractère, chacun différent de l'autre et une force particulière à chaque personne. » - W.Q. Judge, article « Impressions cycliques, leur retour et notre évolution », Cahier Théosophique, n°89, pp. 4, 9.
« Les principaux traits de la vie de chacun sont toujours en accord avec la « Constellation » sous laquelle il est né, ou dirions-nous, avec les caractéristiques de son principe animateur ou de la divinité qui y préside, que nous l'appelions un Dhyan Chohan, comme en Asie, ou un Archange, comme dans les églises grecque et latine. Dans l'ancien Symbolisme, c'était toujours le SOLEIL (le Soleil Spirituel, et non le soleil visible), qui était censé envoyer les principaux Sauveurs et Avatars. D'où le lien entre les Buddhas, les Avatars et tant d'autres incarnations du SEPT le plus élevé. Plus un mortel se rapproche de son Prototype « au Ciel », mieux en est-il pour celui dont la personnalité fut choisie, par sa propre divinité personnelle (le septième principe), comme demeure terrestre. Car, pour chaque effort de volonté accompli pour la purification et l'union avec ce « dieu-Soi », un des rayons inférieurs se brise et l'entité spirituelle de l'homme est attirée plus haut et toujours plus haut vers le rayon qui le supplante, jusqu'à ce que, de rayon en rayon, l'homme intérieur soit attiré dans le rayon unique le plus élevé du SOLEIL-Parent. Ainsi, « les événements de l'humanité se déroulent effectivement en accord avec les formes des nombres », car les unités individuelles de cette humanité procèdent chacune et toutes de la même source ‒ le SOLEIL central et son ombre, le SOLEIL visible. En effet, les équinoxes et les solstices, les périodes et les diverses phases du cours du Soleil, exprimés astronomiquement et numériquement, ne sont que les symboles concrets de la vérité éternellement vivante, bien qu'ils passent pour des idées abstraites aux yeux des mortels non-initiés. » ‒ H.P. Blavatsky, La Doctrine Secrète, (trad. Vol. I, pp. 638-9).
« Ils sont loin encore les temps où « tous les peuples de l'univers ne formeront qu'un seul troupeau sous un seul Pasteur » ; avant qu’ils n'arrivent, il faut que la nature humaine se modifie complètement ; il faut que nous atteignions, d'après la prophétie du livre de Dzyan (1), à la septième race ; car c'est alors que le « Christos » — désigné par ses divers noms païens, comme par celui des gnostiques « hérétiques » — régnera dans l’âme de chacun, dans l'âme de tous ceux qui auront d'abord accepté le Chrest (2) — Je ne dis pas simplement de ceux qui seront devenus Chrétiens, ce qui est une tout autre chose. Car, proclamons-le une fois pour toutes, le mot Christ, qui veut dire [en grec] glorifié triomphant, et aussi « oint », ne peut s'appliquer à Jésus. D'après les Évangiles mêmes, Jésus ne fut jamais oint, ni comme Grand Prêtre, ni comme Roi, ni comme Prophète. « […] Il ne fut oint qu'une seule fois, par une femme, et non parce qu’il se posait en roi ou en Grand Prêtre, mais, comme il le dit lui-même, pour son enterrement. » Jésus fut un Chrestos : [du grec signifiant : bon est le Seigneur], comme dit saint Pierre (1re Epitre II, 3), qu'il ait vécu réellement pendant l'ère chrétienne, ou un siècle auparavant, sous le règne d'Alexandre Jannès et de sa femme Salomé, à Lud, ainsi que l'indique le Sèpher Toladoth Jehoshua (3).
« Et il y a eu d'autres ascètes dans la condition du Chrestos, même de son temps : tous ceux qui, entrant dans le sentier ardu de l'ascétisme, marchaient dans la voie qui conduit au Christos — la lumière divine — tous ceux-là étaient des Chrestos, des ascètes appartenant aux temples oraculaires […]. Tout cela entrait dans le cycle de l'initiation ; quiconque veut s'en assurer n'a qu'à faire ses recherches. Aucune « victime sacrificielle », ne pouvait s'unir au Christ triomphantavant de passer par cette condition préliminaire de Chrest souffrant et mis à mort.
« Astronomiquement, c'était la mort du soleil (4) mais la mort précurseur du Nouveau soleil ; la mort engendrant la vie au sein des ténèbres (5).
« Psychologiquement, c'était la mort des sens et de la chair, la résurrection de l'Ego spirituel, Christos, en chacun de nous.
« Oui, c’est bien le Christos lui-même qui dirige ce mouvement occulte. » ‒ H.P. Blavatsky, article « Notes sur l’ésotérisme du dogme chrétien », Cahier Théosophique, n°62, pp. 8-10.
(1) Mot tibétain, du mot sanscrit djnyan ; sagesse occulte, connaissance.
(2) Mot qui n'est ni la Krest (croix) des Slaves, ni le « Christ » crucifié des Latins. Le rayon rendu manifeste de ce Foyer de la Vie qui est caché aux yeux de l'Humanité pour et dans l'Éternité, leChristos, crucifié comme un corps de chair et d'os !!!
(3) Ayant fait remarquer à Mme Blavatsky que, d'après quelques savants, cette assertion serait erronée, voici ce qu'elle nous répond : « Je dis que les savants mentent ou déraisonnent. C'est nos maîtres qui l'affirment. Si l'histoire de Jehoshua ou Jesus Ben Pandira est fausse, alors tout le Talmud, tout le Canon juif est faux. Ce fut le disciple de Jehoshua Ben Parachia, le cinquième président du Sanhédrin depuis Ezra qui récrivit la Bible. Compromis dans la révolte des Pharisiens contre Jannœus en 105 avant l'ère chrétienne, il s'enfuit en Égypte emmenant le jeune Jésus avec lui. Bien plus vrai est ce récit que celui du Nouveau Testament dont l'histoire ne dit mot ».
(4) Sur la croix de l'Équinoxe d'automne, point où l'écliptique croise l'équateur et où le soleil descend dans ce dernier cercle, annonçant l'hiver, la mort.
(5) Noël quand le soleil remonte vers l'Équateur, après avoir passé le solstice d'hiver, annonçant le printemps, le renouveau, Pâques.
Les cycles, la Nature et l’évolution de l’homme
« Aide la Nature et travaille avec elle » est-il dit dans La Voix du Silence [p. 29]. L'un des moyens d'aider la Nature et de travailler avec elle consiste, pour nous, non seulement à découvrir les cycles naturels qui régissent notre nature sur les plans physique, psychique, intellectuel et spirituel, mais aussi à créer des cycles qui favoriseront notre évolution. […]
« Le caractère absolument universel de la loi des cycles ou de périodicité est l'une des propositions fondamentales de La Doctrine Secrète. Dans l'infiniment petit comme dans l’infiniment grand, l'Univers se présente à nous sous forme de phénomènes cycliques, rythmiques, vibratoires. La nature n'est jamais immobile ; tout est en perpétuel mouvement. Mais lorsque nous observons les phénomènes sous leur aspect dynamique, en les considérant dans le temps, nous constatons que, bien qu'en continuelle transformation, ils repassent périodiquement par des états apparemment identiques. La période d'évolution qui s’étend entre deux états identiques constitue un cycle. À vrai dire, en approfondissant cette étude, nous serons amenés à admettre qu'une identité absolue entre deux phénomènes n'est pas possible. La fin d’un cycle et le début d'un autre ne sont jamais réellement identiques, mais analogues ou semblables. C'est pour cela que la meilleure image de la loi cyclique n'est pas le cercle, mais le mouvement en spirale. […]
« Deux conclusions importantes de cette étude sur la Loi des Cycles peuvent se résumer ainsi :
« 1°) Nous sommes les créateurs de certains cycles : par l’opération du karma individuel, nous traçons le cercle de nos réincarnations individuelles ; par nos actions collectives, nous traçons les cycles de contraction ou d’expansion de ce qui sera la croissance ou le déclin de la communauté ou de la nation ; par le karma spirituel, nous progressons lentement mais sûrement, vers le bord du « Cercle primordial » — qui est le Nirvâna (*) lorsqu'on y entre soi-consciemment et le Pralaya (**) lorsqu'on y entre inconsciemment.
(*) Nirvâna : l'état d'existence absolue et de conscience absolue dans lequel l'Ego d'un homme qui a atteint le plus haut degré de perfection et de sainteté au cours de la vie entre, après la mort du corps, ou exceptionnellement pendant la vie, comme ce fut le cas de Gautama le Bouddha et d'autres Sages.
(**) Pralaya : Une période d'obscuration ou de repos entre deux périodes de manifestations de l’univers
« 2°) Chaque être humain vit en étroite communion avec la Nature, évolue au milieu de la Nature et doit réaliser que son Être est la Nature. De roue en roue, de cycle en cycle, la Vie Une en manifestation trace le Cercle du Temps dans l'Espace Abstrait, qui est la Durée.» ‒ B.P. Wadia, article « La Loi des Cycles», Cahier Théosophique n°10, pp. 1 à 5.
LA CHRONIQUE (PASSÉ, PRÉSENT, FUTUR)
Résurrection et immortalité
La résurrection
Une croyance ancienne : « La théorie de la résurrection du corps provient de la corruption de l'antique et véritable enseignement. La résurrection est fondée sur les paroles de Job [19, v. 25/6] qui dit avoir vu son rédempteur dans la chair, et sur la remarque faite par Saint Paul que le corps était ressuscité incorruptible. Mais Job, un Égyptien, disait par-là avoir vu son maître ou initiateur, qui était le rédempteur, et Jésus et Paul ne faisaient allusion qu'au seul corps spirituel. » ‒ W.Q. Judge, L’Océan de Théosophie, p. 70.
Pas de résurrection de la chair : « Vous niez aussi la possibilité de la résurrection de la chair ? Le Théosophe : Absolument ! Comment nous, qui croyons à la philosophie ésotérique archaïque des Anciens, pourrions-nous accepter les spéculations non philosophiques de la théologie chrétienne ultérieure, empruntées aux systèmes exotériques égyptien et grec des gnostiques ? » ‒ H.P. Blavatsky, La Clef de la Théosophie, p. 110.
« Nous pouvons apprendre [d'après le sens] de l'évangile selon st Luc [20, 35-36] que ceux qui étaient « dignes » étaient ceux qui avaient été initiés aux mystères de la Gnose : « ils étaient jugés dignes » d'atteindre cette « résurrection d'entre les morts » dans la vie actuelle [...] « ils savaient qu'ils ne pouvaient plus mourir, étant semblables aux anges ; ils étaient fils de Dieu, étant fils de la résurrection ». En d'autres termes, ceux-là étaient les grands adeptes de n'importe quelle religion ; et les mots sont également valables pour tous ceux qui, sans être des Initiés, s'appliquent et réussissent, par leurs efforts personnels, à vivre la vie et à atteindre l'illumination spirituelle qui résulte naturellement de l'union intime de leur personnalité (le « Fils ») avec le « Père », leur Esprit divin individuel, le Dieu qui est en eux. En aucun cas cette résurrection ne saurait être monopolisée par les chrétiens : elle est le droit spirituel de naissance de chaque être humain qui est doué d'âme et d'esprit — quelle que puisse être sa religion. Un tel individu est un homme-Christ. Par contre, ceux qui choisissent d'ignorer le Christ (comme un principe) en eux-mêmes, sont condamnés à mourir comme des païens non régénérés — sans que baptême, sacrements, prières du bout des lèvres et croyance dans les dogmes y puissent rien.
« S'il veut suivre cette explication, le lecteur ne doit pas oublier le vrai sens archaïque de la paronomase offerte par les deux termes Chrêstos et Christos. Á coup sûr, le premier a plus que le simple sens d'homme « bon », ou « excellent », tandis que le second n'a jamais été appliqué à aucun être humain vivant, mais seulement à chaque Initié, au moment de sa seconde naissance et de sa résurrection (*). Celui qui découvre Christos en lui-même, et le reconnaît comme sa seule « voie », devient tout à la fois un fidèle et un Apôtre du Christ, même s'il n'a jamais été baptisé, s'il n'a jamais rencontré un « chrétien », ou, bien plus, s'il ne s'est jamais appelé lui-même de ce nom. » ‒ H.P. Blavatsky, article « Le caractère ésotérique des Évangiles », Cahier Théosophique, n°162, pp. 18-9.
(*) « En vérité, en vérité, je te le dis : “nul, s'il ne naît d'eau et d'Esprit”, ne peut entrer dans le royaume de Dieu » (Jean, 3, 5). Ici, il s'agit de la naissance d'en-haut, la naissance spirituelle, qui est réalisée à la suprême et dernière initiation. [Cf. Jean, 3,3 : « À moins de naître d'en haut (en grec : anôthen), nul ne peut voir le royaume de Dieu. »]
Le but de l’évolution : « La Nature préfère consciemment que la matière soit indestructible dans des formes organiques plutôt qu'inorganiques et travaille lentement, mais sans cesse, à la réalisation de cet objectif — l'évolution de la vie consciente à partir de la matière inerte » - Océan de Théosophie, p. 142.
Allégorie de la descente aux Enfers & Symbolisme du Gardien du seuil
« L'allégorie mal comprise de la « descente dans l'Hadès » a été la source de bêtises sans nombre. La « fable » exotérique d'Hercule et Thésée descendant dans les régions infernales, le voyage analogue d'Orphée qui trouva son chemin par le pouvoir de sa lyre (cf. Métamorphoses d'Ovide, X, 40-48), celui de Krishna et finalement du Christ « qui descendit en enfer et se releva le troisième jour d'entre les morts », tout cela fut déformé de façon méconnaissable par les adaptateurs non-initiés des rites païens, qui les transformèrent en rites et dogmes d'Eglise.
« D'un point de vue astronomique, cette descente en enfer symbolisait le mouvement du Soleil abandonnant les régions sidérales supérieures à l'époque de l'équinoxe d'automne, où il était censé livrer un combat avec le Démon des Ténèbres, lequel l'emportait alors sur notre luminaire : à ce moment, on imaginait que le Soleil subissait une mort temporaire et descendait dans la région infernale. Mais, du point de vue mystique, l'idée renvoyait aux rites initiatiques célébrés dans les cryptes du temple désignées comme le « monde souterrain ». Bacchus, Héraclès, Orphée, Asklépios, et tous les autres visiteurs de la crypte étaient tous descendus en enfer et en étaient tous remontés le troisième jour, car tous furent des initiés et des « constructeurs du temple inférieur ». « Les mots adressés par Hermès à Prométhée enchaîné sur les rochers arides du Caucase (entendez : enchaîné par l'ignorance à son corps physique et pour cela dévoré par le vautour de la passion) s'appliquent à chaque néophyte, à chaque Chrestos (*) soumis à l'épreuve : « À pareille épreuve n'espère pas de terme avant que ne paraisse un dieu, qui prenne sur lui tes tourments et accepte de se rendre au sombre Hadès, dans les ténébreux abîmes entourant le Tartare » (Eschyle, Prométhée enchaîné, 1026-29). Autrement dit, tant que Prométhée (ou l'homme) n'aura pu trouver le « Dieu, ou l'Hiérophante (l'Initiateur), acceptant de plein gré de descendre dans les cryptes de l'Initiation et de marcher avec lui autour du Tartare (**), le vautour de la passion ne cessera jamais de dévorer ses entrailles. Un Initié lié par son serment, comme Eschyle (***), ne pouvait en dire plus. Mais, moins pieux qu'Eschyle, ou plus audacieux, Aristophane a laissé transparaître le secret, pour ceux que n'aveuglent pas de trop forts préjugés, dans son immortelle satire où il met en scène Héraclès descendant aux Enfers (Les Grenouilles, 340-3). On y voit le chœur des « bénis » (les Initiés), les Champs Elysées, l'arrivée de Bacchus (le dieu Hiérophante) avec Héraclès, la réception à la lumière des torches, les emblèmes de la VIE nouvelle et de la RÉSURRECTION, hors des ténèbres de l'humaine ignorance, au grand jour de la connaissance spirituelle ― la VIE éternelle. Chaque mot de la brillante satire révèle le sens caché du poète :
Enflammez-vous, torches ardentes... car tu viens,
Les agitant dans ta main, Iacchos,
Phosphorescente étoile du rite nocturne.
Toutes ces initiations finales avaient lieu de nuit. Ainsi, dans l'Antiquité, dire de quelqu'un qu'il était descendu dans l'Hadès revenait à l'appeler un Initié complet.
(*) Pour le mot Chrestos, voir l'article d'H.P. Blavatsky, « Le caractère ésotérique des évangiles » (op. cit.), Cahiers Théosophiques n° 162/164.)
(**) Allusion à la région ténébreuse atteinte dans la crypte : le candidat soumis à l'initiation était censé y rejeter pour toujours ses passions et désirs les plus vils. D'où les allégories dépeintes par Homère, Ovide, Virgile, etc., etc. toujours acceptées littéralement par l'érudit moderne. Le Phlégéton était le fleuve du Tartare où l'Initié était plongé trois fois par l'Hiérophante, après quoi les épreuves étaient terminées et l'homme nouveau re-naissait. Il avait abandonné à jamais dans les noirs courants le vieil homme pécheur, et, la personnalité étant morte, il émergeait le troisième jour du Tartare, comme une individualité. Les personnages comme Ixion, Tantale, Sisyphe etc. représentent chacun une personnification de quelque passion humaine.
(***) Pour sa part (dans son Cours philosophique p.119, note 1), Ragon affirme qu'Eschyle n'était pas un tel Initié : « Eschyle faillit être lapidé pour avoir introduit sur le théâtre d'Athènes le costume des initiés. Il ne put être absous qu'en prouvant qu'il n'était pas initié. Pour éviter la fureur du peuple, il fut, un jour, obligé de se réfugier auprès de l'autel de Bacchus. Un ordre de l'aréopage l'acquitta, en considération des services que, dans la journée de Marathon, il avait rendus à l'État ».
Article d’H.P. Blavatsky, « Les origines du rituel dans l’Eglise et la Maçonnerie », Cahier Théosophique N°166, pp. 11-14.
Les épreuves et obstacles le long du sentier mystique : Note sur le thème du « Gardien du seuil ».
L’immortalité
« L'âme universelle, pénétrant tout, l'Anima mundi, est le Nirvana ; et le Boudhha en tant que nom générique est la monade anthropomorphisée de Pythagore. Lorsqu'il repose en Nirvana, la félicité finale, le Bouddha est la monade silencieuse, vivant dans les ténèbres et le silence ; il est aussi le Brahm sans forme, la Divinité sublime, mais inconnaissable, qui pénètre tout l'univers d'une façon invisible. Chaque fois qu'il se manifeste, désirant se faire connaître à l'humanité sous une forme intelligible pour notre esprit, que nous l'appelions un Avatar, ou un Roi Messie, ou une permutation de l'Esprit Divin, ou le Logos, ou Christos c'est tout un, c'est une seule et même chose. Dans chacun de ces cas, c'est "le Père" qui est dans le Fils, et le Fils qui est dans "le Père". L'esprit immortel adombre l'homme mortel. Il entre en lui et pénétrant tout son être, il en fait un dieu qui descend dans son tabernacle terrestre. Chaque homme peut devenir un Bouddha, dit la doctrine. Et ainsi, à travers l'interminable série des âges, nous voyons de temps à autre des hommes réussir plus ou moins à s'unir "avec Dieu", suivant l'expression reçue, avec leur propre esprit, comme nous devrions dire. Les Bouddhistes appellent ces hommes des Arhat » − Isis Dévoilée, éditions Adyar, Volume I, page 375.
Lecture complémentaire : Note sur « Immortalité ».
ARTICLES
Il est proposé à la lecture :
- Article : « Le symbolisme de Pâques » ‒ Cahier Théosophique, n°34.
- Article de W.Q. Judge : « Qu’est-ce que l’initiation quotidienne ?», Cahier Théosophique N°114.
- Article de W.Q. Judge : « Notre soleil et le vrai Soleil »
- Article de R. Crosbie : « L’homme visible et l’homme invisible ».
- La foi : La Bhagavad-Gîtâ, chapitre XVII : « Les trois sortes de foi ». Article de B.P. Wadia, « Le pouvoir de la foi ».
- Note : « Le Gardien du seuil », extraits d’écrits Théosophiques.
- Note : « L’immortalité », extraits d’écrits d’H.P. Blavatsky et de W.Q. Judge.
MÉDIATHÈQUE
Il est proposé :
Vidéo (disponible sur ce site) : « Pâques : comment retrouver le sens du sacré ».
Audio (disponible sur ce site) : « La résurrection : de quoi s’agit-il vraiment ? »