Quand notre présence s'impose auprès du lit de mort d’un être cher, le meilleur service que nous ne pouvons lui rendre est résumé en deux mots : silence et respect. Il est absolument nécessaire de garder le silence le plus grand et le plus profond qu’il soit possible. En effet, comme nous l’apprenons en Théosophie, quand les docteurs déclarent que le corps est mort, il ne l’est pas réellement : l’âme, l’homme réel, est encore retenu au corps, le temps de revoir les événements de cette vie qui se termine. Il y a quelque chose que nous pouvons offrir au mourant : c’est notre courage, notre foi dans la Loi, que tout ce qui est arrivé dans sa vie, le fut pour le bien.

Au moment de la mort, l’Âme spirituelle, Atma-Bouddhi, [Esprit-Âme spirituelle] rayonne d’en haut sur l’Ego incarné qui va quitter son corps. Alors rayonne sur l'âme du défunt une paix, une force, une sorte de bénédiction ; c'est comme un cadeau d’adieu de celui qui s’en va, probablement le plus grand cadeau qu'il n'ai jamais reçu. Ordinairement, nous portons attention aux derniers messages du mourant ; ce n’est pas par simple superstition, car les messages du mourant, même quand on ne les entend peu ou pas, sont précieux.

Nous qui sommes auprès d’un lit d’un mourant, nos larmes et nos lamentations, nos bruits et notre confusion, ne peuvent que nous faire perdre le message qu'il nous confie, et perturber le processus solennel qui se passe en celui qui n’est plus complètement sur la terre, ni totalement parti. Demeurez silencieux, tenez votre mental et vos oreilles ouverts pour recevoir ce qui peut venir, très souvent inaudible, intangible, invisible. Le respect que demande le cœur nous aide à accueillir et assimiler ce qui est donné. Évitons la confusion, la hâte, les discussions, l'anxiété devant le corps mort et pensons à la réalité de l’âme vivante encore auprès du corps ! Faites au corps ce qu’il convient, sans précipitation inutile, en silence et calme, et avec une attitude de respect. Souvenons-nous que le premier des cinq sens qui s’éveille est l’ouïe, et qu’il est le dernier à mourir.

Silence et respect, sont la première leçon. Quelle est la seconde ? N’usez d’aucun moyen ni procédé pour tenter d’entrer en contact avec ceux que l’on appelle les morts, n’essayez pas de recevoir des message d’eux ; ne désirez ni suppliez leur retour. Leur tâche accomplie sur terre, leur vie finie, ils ne peuvent revenir et nous devons le respecter. Aucune de nos prières ou cérémonies ne peuvent les aider de l’autre côté de la vie ; bien au contraire, elles ne peuvent, et hélas, cela arrive quelquefois, que perturber le processus qui s’accomplit à notre insu afin qu’il puisse rejoindre la condition bénite du dévachan, la vie béatifique et de paix céleste de l'état post mortem.

Revenons à nous-mêmes. Que devons-nous apprendre de notre réflexion ? D’abord, apprendre à regarder la mort non pas comme une expérience fâcheuse ou inutile, mais au contraire comme une expérience sacrée et spirituelle. Soyons confiant de nous en aller plutôt qu’anxieux de rester. L’ignorance nous pousse souvent à tenir à cette vie comme les enfants qui grandissent tiennent à leurs jouets. Ne craignez pas la mort et ne repoussez pas la pensée de votre propre mort ; mais gardez dans votre mental la pensée que mourir est le fait de chacun, et qu’il est préférable d’être libéré des contingentements du corps et du monde, afin de pouvoir jouir de l’expérience de la mort, pour en apprendre la leçon complète de la vie passée et en tirer vraiment un ultime bienfait.

Pour tirer le meilleur parti de l’expérience de conscience en dévachan nous devons vivre pendant la vie incarnée un idéal spirituel fraternel et responsable, accomplir tous nos devoirs et chercher la vérité. La personnalité ne peut emporter en dévachan que ce qui est de la qualité du Vrai, du Bien, du Beau ; tout le faux, mal ou laid, l’Âme l’écartera d’une façon aussi tangible et radicale qu’elle avait fait en abandonnant le corps derrière elle. Une fois le corps physique abandonné, toutes les tendances erronées, mauvaises et viles des désirs, pensées et sentiments entretenus durant la vie, sont écartés par l’âme, pour être abandonnés sous la forme d’une coque astrale, le kama-rupa (coque astrale des désirs), dans l’espace du kama-loka, le lieu des désirs. Pendant notre vie terrestre nous devons faire en sorte de nous n’abandonnerns qu’une coque astrale la plus minime possible qui puisse se dissiper aisément et rapidement.

Si nous cultivons dans notre mental et notre cœur des idées impersonnelles et généreuses, de grands idéaux et de bons sentiments envers les autres, nous tirerons deux avantages de cette attitude : par le moyen de ces pensées et de ces sentiments nobles et altruistes, non seulement nous laisserons derrière nous qu’une faible coque astrale, un kama-rupa inoffensif, et nous nous serons riches de pensées propres à une fructueuse assimilation en devachan. Nos aspirations jointes à nos idées, nos espoirs et efforts, sont les ingrédients nécessaires pour qu’une nouvelle personnalité se réincarne dans les meilleures conditions en temps opportun.

La leçon qui nous concerne tous est de mener une vie responsable vis-à-vis des autres, car c’est pendant la vie du corps, que nous pouvons faire le plus pour les autres.

En étudiant la Théosophie et en appliquant ses enseignements, c’est ici et maintenant que nous devons maîtriser et purifier nos désirs (kama), et c’est encore ici et maintenant que nous préparons notre future vie en devachan.

Pour étudiant de l’Occultisme accompli la mort deviendra le passage conscient et délibéré de l’âme, non pas en devachan mais dans un autre état – la demeure ou ashram de son propre Gourou, pour un bilan et pour recevoir des instructions, avant de retourner dans le monde pour rendre plus de service à la cause de la Fraternité Universelle et à l’élévation spirituelle de toute l’humanité.

Dans une Loge Théosophique nous pouvons tous recevoir cette connaissance sur la mort et la vie gratuitement ; et ainsi apprendre à mourir à nos erreurs et notre ignorance, pour vivre et travailler au mieux de nos moyens pour les Êtres Immortels qui sont les Maîtres de la Mort et les Seigneurs de la vie.

Extrait d’une conférence sur la Mort donnée
à la Loge Unie des Théosophes de Mumbai.
Publié dans la revue Théosophie, Volume X, n°11.


 

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