La guérison mentale et l'hypnose

La guérison mentale et l'hypnose

13 Jui, 2019

La guérison mentale, la guérison métaphysique, la cure mentale, la guérison spirituelle et la Christian Science [science Chrétienne] sont toutes à mettre sous la même rubrique ; elles ne diffèrent pas entre elles quant au domaine où s'étend leur action ou la base sur laquelle elles se fondent. Toutes sont des formes d’auto-hypnose. L’hypnose est quelque chose par elle-même et en elle-même qui exige un examen approfondi, car elle est fondamentalement une sorte de catalepsie artificielle. Toute personne hypnotisée se trouve rejetée hors de ses états de perception normale : elle est coupée de ses propres perceptions extérieures et elle voit uniquement en fonction de la base que lui présente l'opérateur. Les adeptes de la guérison mentale et de la Christian Science utilisent certaines idées et abstractions coulées dans des formules qui font sortir le mental du corps, même si l’on croit généralement que c’est la « pensée » qui effectue la guérison. Or la nature et les relations de la pensée varient entièrement selon la connaissance du penseur, et recourir à une formule toute faite, comme le font les membres de ces cultes guérisseurs, ne signifie absolument pas utiliser la pensée. Ce qui passe pour « pensée », c’est l’idée que les maladies sont causées par le fait d’y penser, et que le seul moyen d’en venir à bout est de penser à ce qui n'est pas la maladie. Bien entendu, il ne s’agit là que d’une formule.

De telles pratiques entraînent-elles des guérisons ? Très certainement, dans absolument tous les systèmes, et quelle que soit la concurrence qu’ils se fassent les uns aux autres. Il se trouve que des guérisons sont réalisées par toutes les sortes de « remèdes » qu’on peut trouver sous le soleil. Pour chacun des types de remède et de formule jamais proposés à l’humanité, on peut trouver des témoignages positifs. Les praticiens en médecine effectuent également des guérisons et même les remèdes de « charlatans » vantés dans la publicité des journaux suscitent quantité de témoignages de gens guéris de leur maladie, après avoir été abandonnés par leurs médecins. Des guérisons sont donc obtenues de manières très diverses, et il est évident que ni les guérisons effectives, ni le nombre des témoignages des gens guéris n’ont de valeur comme preuves que l’un quelconque de ces systèmes de guérison est un véritable système.

Nous devons examiner ces systèmes du point de vue de la Théosophie, étant bien entendu que le théosophe n'attaque aucune forme de croyance ou de philosophie quelle qu'elle soit : il se contente de les comparer avec la Théosophie. Si cette comparaison met en évidence un défaut dans leurs théories explicatives, avec une incapacité à offrir aux gens une véritable base de réflexion leur permettant de comprendre ce qu'est leur propre nature et les lois qui régissent toute chose, en tout lieu, on ne peut pas dire que la Théosophie est prise en défaut, mais que la philosophie limitée qui a été considérée n’a pas satisfait aux tests servant à l'éprouver.

C’est la promesse de la guérison des maladies qui attire les gens vers ces systèmes incomplets de pensée. Ce qu’ils devraient rechercher, ce n’est pas la guérison mais la cause de leur maladie. Le fait qu’aucune méthode particulière n’est une panacée devrait suffire à démontrer qu’il existe toute une variété de maladies ; les unes résultent de mauvaises habitudes, d’un manque d’exercice, d’un régime inadapté, de la non-observance des règles ordinaires d'hygiène ; d’autres, comme les maladies nerveuses, sont l'effet de modes de pensée défectueux, de toutes sortes d’angoisses. Certaines maladies sont mécaniques et organiques, certains organes ayant été affectés à un point tel qu’ils ne peuvent plus réagir normalement en harmonie avec les autres organes. Dans leur substance, nos organes sont faits de la matière des trois règnes inférieurs - minéral, végétal et animal - laquelle provient de la nourriture absorbée qui finit par se transmuter en organes. Par conséquent, si l’on découvre qu’un certain type d’élément fait défaut, l’apport d’un surcroît de cet élément de nature matérielle suffira, dans la plupart des cas, à rétablir la condition initiale de l’organe concerné. Les maladies provenant de mauvaises habitudes se guérissent, bien entendu, en corrigeant ces habitudes. Les opérateurs « mentaux » rencontrent leurs plus grands « succès » lorsqu'une irritation et un état nerveux ont été produits par une trop grande préoccupation du mental fixé sur un mal qui peut exister dans le corps. Lorsque le mental est détaché de ce mal, le corps a en lui-même le pouvoir de se rétablir à la condition normale et cela dans de très, très nombreux cas. Lorsque le mental est obnubilé et concentré sur ce mal, il ne laisse pas le corps reprendre une activité normale, mais aggrave plutôt la maladie, du fait que le pouvoir de conscience de l'être est fixé sur elle. Le corps dispose de son propre pouvoir d'immunisation lorsqu'on le laisse tranquille.

Le corps est un instrument mécanique qui a été amené à l'existence et est maintenu en activité par le penseur qui l'habite. Mais, ceux qui mettent en avant des idées concernant la guérison mentale ne se sont jamais préoccupés un seul instant de savoir pourquoi les humains ont de tels corps, pourquoi ils naissent dans ces corps actuellement sur la terre. Ils ne se demandent pas d’où ils viennent eux-mêmes, où ils vont, ni quel est le sens de la vie. Toutes ces panacées pour guérir les maux ne reconnaissent absolument pas l’action de la loi reliant cause et effet. Elles n’exigent aucune compréhension et ne proposent aucune base de juste réflexion, de juste conduite ni de juste progrès. C’est la raison pour laquelle les personnes qui adoptent ces méthodes n'arrivent nulle part. Si, par chance, en retirant leur mental de la pensée de la maladie, leur corps se trouve aller mieux de lui-même, elles n'ont retiré aucune connaissance de leur expérience ; elles ont simplement été rendues plus disposées à poursuivre leur voie ignorante : elles ne seront pas plus sages à leur mort qu’à leur naissance, et croiront que cette vie est la seule existence physique qu’elles n’auront jamais.

Pour un mental préoccupé d'idées universelles, telles que le Soi de toutes les créatures, la Loi Divine de Justice, l’évolution des êtres de tous les degrés, les grands cycles humains, planétaires et universels, le souci de guérir ces corps éphémères semble vraiment très accessoire. En effet, que signifie la guérison ? C'est nous débarrasser d’effets que nous avons produits nous-mêmes, consciemment ou non. Que signifie un corps malade, sinon que nous avons ignoré notre nature véritable en agissant comme si nous étions des corps, et que nous avons contrevenu à toutes les règles d’hygiène que nous connaissons ? Si nous vivions en accord avec les règles d’hygiène dont nous avons connaissance, ces maladies ne nous affecteraient pas. Les primitifs ne connaissent rien de la Christian Science ; les Peaux-Rouges d’antan ne savaient rien des guérisons mentales d’aucune sorte, mais ils avaient des corps jouissant d'une santé remarquable. Était-ce dû à la qualité de leur pensée ? Non, car les Peaux-Rouges commettaient beaucoup de crimes. Ce n’était pas leur pensée qui les rendaient sains, mais leur mode de vie : ils vivaient d’une manière naturelle. Ce sont nos modes de vie qui nous rendent malades. Ce sont nos modes de pensée qui nous font adopter ces modes de vie. Nous n’avons pas compris qui nous sommes, et en conséquence, nous avons agi par ignorance.

Tous ces systèmes de guérison nous sont proposés dans un seul but : nous permettre de nous libérer de la responsabilité de nos propres actes. En Occultisme, cela équivaut à un crime. Nous pouvons utiliser des méthodes physiques naturelles, mais nous ne pouvons tenter de rabaisser l’Esprit lui-même pour nous libérer de maladies que nous avons attirées sur nous. Penser un seul instant qu'on puisse faire descendre l'Esprit, la racine de tout être, assez bas pour nous soulager de ces troubles que nous avons fait venir sur nous est un blasphème, pour toute personne qui réfléchit profondément, et une dénégation du Soi Réel. Le corps est une machine, qui fait apparaître les effets de causes mises en action, par ignorance ou en connaissance de cause. Nous devrions reconnaître que, comme c'est une machine - un instrument formé de la matière terrestre - il peut se maintenir en équilibre si on lui rend les éléments qui lui manquent. Nous ne devrions pas trop penser au corps, et même ne pas y penser du tout, si ce n’est comme à un instrument - notre actuelle automobile physique, pour ainsi dire - qu’il nous incombe de maintenir en état de fonctionnement, et d’utiliser comme nous le ferions d'une machine quelconque. Nous devons le faire marcher selon les lois qui régissent son fonctionnement si nous voulons faire de ce corps un instrument parfait ; mais nous devrions maintenir notre conscience sur le plan qui est le sien, où elle n'est pas enchaînée au corps.

Ces méthodes de guérison mentale recèlent un grand danger. Les pouvoirs de l’Esprit sont beaucoup plus grands que tous ceux que nous connaissons et dont nous disposons - plus puissants que la dynamite ou les applications de l’électricité. Suivre aveuglément ces démarches, comme beaucoup le font, peut entraîner des désastres et a déjà conduit à la folie à plus d'une reprise. Nous entendons parler d'une « démonstration » de guérisons, mais jamais de la démonstration d'échecs. Et ils sont nombreux. La guérison mentale peut faire régresser la maladie à l'endroit d'où elle provient, en la ramenant au mental, d’où tout aussi certainement elle resurgira sous une autre forme, et même avec plus de force qu’auparavant. La nature spirituelle elle-même ne nous autorise pas à éluder les effets de causes que nous avons nous-mêmes mises en jeu. Ces belles formules abstraites qui ravissent le mental loin du corps, telles que « Dieu est toute Bonté », ou « Il n’y a pas d’imperfection » mettent en mouvement certains courants dans ce qu’on appelle le corps astral ou prânique [vital]. Ces courants agissent, réagissent et interfèrent entre le corps extérieur et l'intérieur, et finissent inévitablement par produire des dommages, en dépit de l’apparence bénéfique du résultat actuel. Dans le meilleur des cas, nous n'avons fait que retarder l’échéance de la dette.

Le seul moyen de rétablir le bon rapport et l’harmonie dans les affaires de notre vie consiste à comprendre notre nature véritable et à agir en conséquence. Cette démarche ferait de notre civilisation un paradis, en comparaison avec ce qu’elle est aujourd’hui. Elle remédierait aux neuf dixièmes, bien plus, à la totalité des maladies qui affligent aujourd'hui l'individu ou l'ensemble des hommes, qu'il s'agisse d'épidémies ou de maux sporadiques. En effet, toutes ces maladies sont causées par l’homme, individuellement et collectivement ; même les catastrophes naturelles résultent d’une mauvaise compréhension de la nature réelle de l’homme, ainsi que des pensées et des actions erronées qui en découlent. Le pouvoir spirituel inhérent à la pensée humaine dépasse de loin toutes les formulations qu’on peut en faire. Toute erreur commise par lui trouve son effet en retour provenant de toutes les parties de la Nature - du feu, de l’air, de la terre et de l’eau - tous ces éléments ne faisant que donner corps à autant de degrés d'intelligence, tandis que nous, en les affectant, allons à l'encontre de la nature de l'ensemble, qui consiste en une évolution synchrone. Nous entravons les vies élémentales et elles en sont perturbées. Même les forces de notre corps sont composées des vies de différentes espèces et nos organes eux-mêmes sont constitués de vies élémentales d'espèces variées, qui sont toutes en relation avec les diverses parties de la Nature.

Toutes ces méthodes de guérison, tous ces systèmes en « ismes » et ces religions, sont autant de moyens pour tenter d'esquiver nos responsabilités. Lorsque nous nous plaignons de notre environnement, nous tentons d'esquiver notre responsabilité. De même, notre foi en tel ou tel Dieu, tel ou tel système de croyance ou de rédemption, est encore un moyen pour essayer de fuir notre responsabilité. Or nous devons l’accepter, cohabiter avec elle, du début à la fin, sans cesse. Car nous sommes tous reliés par un grand lien unique ; nous ne pouvons nous dissocier les uns des autres, ni d’aucun autre être. Les grands êtres au-dessus de nous, qui sont passés par les étapes que nous franchissons aujourd’hui, sont tout aussi intimement reliés à nous - et même plus que nous ne le sommes les uns aux autres ; car Ils désirent nous aider de toutes les manières possibles, si seulement nous le Leur permettons. Les Sauveurs se sont succédé sur terre pour notre bien, mais nul ne peut nous faire plus de bien qu'en nous indiquant les vérités qui ont été transmises tout au long des âges. Nous devons tirer parti de cette connaissance et nous libérer de la condition où nous nous sommes placés. Aucun Rédempteur ne peut nous sauver, ni aucun Dieu nous protéger. Aucun diable ne peut nous tourmenter. Car Dieu et diable sont tous deux en nous. Le diable est une mauvaise compréhension de notre nature. Le Dieu c'est l'aspect de notre être que nous sommes amenés à connaître, à réaliser et à voir reflété dans les yeux de tout être vivant. C’est le Dieu intérieur qui exige l'auto-avancement, avec des efforts auto-induits et auto-déterminés, et la pleine acceptation de notre responsabilité.

Robert Crosbie

© Textes Théosophiques, Cahier Théosophique n°185.

↑ Remonter la page